3 bouteilles furent descendues lors de ce petit dîner où j'ai officié dans mon petit studio. Au menu : St-Jacques (en réalité pétoncle argopecten), sabayon d'agrume au champagne, suivi d'une gigue de chevreuil cuite en cocotte avec radis japonais, navets boule d'or, pommes au four, un peu de confiture de fruit de bois et la marinade réduite et épaissie. Pour parachever l'oeuvre une mousse au chocolat bio Madirofolo de Magadascar.
Le champagne a été ouvert 1h à l'avance, le CNdP 4h et 3h pour le liquoreux (@Benoit Hardy protocole).
Champagne, Egly-Ouriet, Les Vignes de Vrigny 1er Cru
100% Meunier, Base 2017 (50%) , D 09/2021, 38 mois de repos sur lies, dosage : 1g/L
Oeil : Une robe d'un doré cuivrée d'une surprenante intensité pour un BSA si jeune. Bulle très apaisée.
Nez : Le premier nez est assez ouvert avec des senteurs de fruits blancs (pêches et poires, un tout petit peu de litchi), l'aspect pâtissier n'est pas absent ensuite (brioche, amande) et finalement quelques épices.
Bouche : Belle vinosité plutôt portée par des amers d'agrumes tels le pomelo et l'orange sanguine avec un volume assez important pour un vin qui titre à 12%. La bulle est très discrète et n'est plus qu'un perlant. La finale est longue et persistante avec un rappel de craie, une petite note oxydative et des agrumes frais.
Conclusion : TB. 1ère bouteille de ce vigneron star de champagne. Style particulier et séduisant pour moi. Champagne qui a déjà assez de matière pour passer à table.
Accord : 4/5. Avec les St-Jacques et ce sabayon au agrumes (dont quelques gouttes de champagne ont contribué), ce fut une vraie réussite sur l'accord des semblables.
CNdP, Domaine André & Lucien Brunel, Les Cailloux 2010
70% grenache - 17% mourvèdre - 10% syrah - 3% cinsault (2019), élevage 18 mois en cuve béton sauf pour les syrah qui passent en fûts de 1 ou 2 vins. Vignes de 50 ans. Terroir de galets roulés. Millésime dont le domaine est très satisfait sur leur site.
Oeil : Le disque permet d'apercevoir un début d'évolution avec un éclaircissement sur le bord qui tend sur le rubis. Larmes relativement fines.
Nez : Le vin a continué à s'ouvrir durant le dîner, initialement la mûre fut l'arôme dominant avant que la cerise et d'autres fruits rouges apportent leur écot. Une note boisée légère et un peu de cuir se sont joint à la fête au moment de se resservir du gibier.
Bouche : La texture presque sirupeuse/sucrailleuse que j'avais perçu avec une grande force dans les Beaucastel de Vinapogée n'est pas aussi évidente, même si la grenache est évidente en bouche. Cette matière repose plus sur la finesse et les arômes majoritairement primaires même si un début d'arômes tertiaires était plus présente au deuxième tour : garrigue, cuir, sang. La finale est assez longue mais stoppée assez nettes par quelques tannins qui ne sont pas encore tout à fait fondus. J'en déduis que le vin était en début de fenêtre d'évolution mais aurait encore eux de nombreuses années devant lui.
Conclusion : TB. Un vin pas tout à fait à point mais bien construit et dont la matière pas trop extraite le rendait bien agréable. A 14,5%, c'est une grenache qui ne tape pas trop. Potentiel pour être excellent voire plus à 16 ans & plus.
Accord : 4/5. Avec le gibier et la réduction de marinade, cela fonctionnait sur la texture et le volant aromatique. La sauce notamment permettait de prendre le relais des tanins en terme d'amertume de caractère.
Autriche, Burgenland, Weingutshof Landauer, Zweigelt BA 2015
Liquoreux à base de zweigelt qui est un cépage rouge, 80% de baies botrytisée, 20% de baies en surmaturité, 130° Ochles (113g/L de sucre résiduel), méthode aszu.
D'après mes renseignements, même si le vin n'a pas été produit en Ruster, il suit la méthode de fabrication traditionnelle du village qui est similaire à celle de son célèbre voisin hongrois du Tokaj. La classification est différente mais il y a d'abord un vin tranquille qui est fabriqué avec les baies en surmaturité, puis ensuite des paniers de baies botrytisées triées sont ajoutés et pressés.
Oeil : Robe rouge délicate, presque rosé. larmes grasses par contraste.
Nez : Le rôti du botrytis est là mais contrairement au Sauterne, l'aromatique s'oriente nettement plus sur les fruits rouges et le vieux vinaigre balsamique.
Bouche : Bel équilibre entre le sucre et l'acidité qui donne une texture finalement similaire à celle du CNdP. Le volant aromatique porte à la fois les caractéristiques du botrytis et d'un macvin de pinot noir avec des fruits rouges et noirs croquants puis en rétro, la cerise au kirsch, le balsamique et un peu de rancio. Le tout s'étire de façon étonnante par sa fermeté enrobée de douceur.
Conclusion: TB+. J'aime bien les liquoreux, le botrytis me donne le sourire et j'ai beaucoup aimé le contraste entre la robe et la persistance du breuvage. Je suis content d'avoir pu goûter du botrytis sur un cépage rouge et percevoir les nuances aromatiques sur un liquoreux. J'ai trouvé ça assez clair et j'espère que ce serait le cas à l'aveugle également. Par ailleurs, ce vin là n'a rien à voir en terme de goût ni d'équilibre avec un Tokaj dont l'acidité incandescente du Furmint est beaucoup plus impressionnante. C'est un liquoreux d'équilibre et de finesse que celui-ci.
Accord : 3/5. Assez neutre avec la mousse au chocolat aux fruits rouges et noirs. Chacun vit sa vie de son côté sans ternirssement mais sans accord non plus. La mousse était cela dit l'une des plus belles réussite par ses très nombreuses bulles, ses inclusions de noix du Brésil et de petits morceaux de chocolats Dulcey également. Le chocolat Madirofolo pousse dans une plantation de tamarandiers à Madagascar et il y a une finale sur la mandarine nette dans ce chocolat. De plus, je pense avoir réussi l'appareil de la mousse avec une bonne liquidité avant macaronnage des blancs en neige, et un bon temps au frigo (15h), c'était vraiment divin!
Extras:
Jura, Stéphane Tissot, Arbois, Macvin du Jura en Pinot Noir
base 2014
Le fruit du macvin est très expressif, la pointe de chaleur en finale est bien gérée. C'est très bon comme un porto.
Allemagne, Mosel (Ruwer), Maximim Grünhaus, Absterg GG 2017 AP 06 18
GG de l'un des 3 terroirs d'un grand nom de la Ruwer. raisins cueillis à 94° Oechles, 93 MSF de notre ami David R.
Le vin a mis un temps considérable à s'ouvrir (12h). Au début, une acidité très vive donnait une énergie brûlante à ce vin dont autrement le corps était léger.
A 1h du matin, comme extra, l'équilibre a été trouvé avec un perlant un peu moins perlant, une trame dominée par le cassis et le panel d'herbes plutôt sucrée de style menthe et basilic reposant sur une minéralité agréable mais pas trop présente. La persistance est très grande et surprend pour un vin dont le corps est si fin. C'est par analogie, la taille d'Ant-man, le punch de Roman (NIEWODNICZANSKI) ! C'était initialement trop laser et prenant mais maintenant que le vin a trouvé son équilibre, c'est vraiment très bon. Au tout début de sa vie évidemment, et parfait pour des accords avec des poissons légèrement gras cuits à basse température.
N.B : Roman Niewodniczanski est le propriétaire de Van Volxem et est une armoire à glace absolument monumentale.
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