Belle petite soirée avec un couple d'amis, rdv pris semaine passée pour une dégustation à l'aveugle (comme on en faisait beaucoup il y a quelques années), non que l'envie ne manque mais désormais quelque peu cernés par les marmots nous sommes ...

Préparation en ordre de bataille :

 
 

Toujours un grand plaisir et une jolie tension quand on se retrouve avec un  crayon en mains et un tarin pour seuls compagnons d'infortune  de fortune.

Mon ami passionné de vin depuis plus de 20 ans officie...

 

 

L'aveugle démarre...

Procédure strictement personnelle : j'ai passé un long moment sur chaque verre sans jamais ne rien goûter et ainsi tenter d'avoir quelques certitudes (notamment placer 2 de mes 3 vins à l'aveugle que je connais plutôt pour les boire régulièrement) puis tous les goûter à la file pour mieux percevoir leur identité propre. Disons que çà me permettra de ne plus avoir de doute sur la localisation du pirate apporté, clairement le Vin E.

VIN E :
Nez friand, paradoxalement mur et évolué sur les fruits rouges,
En bouche il est très sensiblement moins structuré que les autres, le fruit est un peu chaud avec même une pointe de sucrosité.
Le bât blesse clairement, austère en finale et manque de longueur, il ne souffre pas la comparaison et son profil est singulier.
Je le trouve un peu surjoué avec un manque de délicatesse, un comble pour un bourgogne qui devait nous aplanir en douceur.
Bon dernier de la série.
Par élimination, je propose puisque c'est mon apport pirate et qu'il s'agit de :
Morey Saint Denis - Domaine Arlaud - 2018
14/20

VIN D:
Celui ci c'est le seul vin au nez pour lequel j'avais 99% de certitudes.
Nez fumé de tabac blond, de cassis mur, touche cerise burlat, beaucoup de profondeur prolongée dans ce boisé noble de bois de santal.
Nous sommes à Pessac je pourrai le jurer...
En bouche nous sommes sur un vin d'une grande fluidité qui allie simplicité du fruit encore avec un côté terrien voire terreux, un vin longiligne, minéral et presque salin avec une longue finale tonique avec une acidité bienvenue qui équilibre le tout. Cristallin avec un côté ferreux.
Il s'agit de :
Haut Bailly 203 - Pessac Léognan
17.5/20 (allez il lui manque juste un peu de mâche et de longueur pour boxer dans la catégorie du 2005 mais c'est un très très beau 2003)

VIN C :
Celui ci je pense le reconnaître sur son côté profond ,épicé (poivre) fruits rouges et touche violette sur fond d'élevage de pain grillé, cacao / moka d'une belle justesse dans le dosage.
Concrètement çà sent la syrah et les caractéristiques en bouche m'amènent à conclure qu'il s'agit de la côte rôtie apportée...
Un vin goûteux, capiteux et plutôt doux mais néanmoins sanguin avec beaucoup d'allonge et de profondeur mais un côté frais qui soulage le palais de tant de cabernet sauvignon
Très très belle bouteille, nerveuse, qui ne cessera de s'améliorer tout au long de la soirée avec une richesse et  persistance aromatiques encore plus folles, une amplitude toute en quiétude et un côté délicat et reposant.
Je pense qu'il s'agit de mon dernier apport et bingo je me retrouve à 3/3 avec ce très très beau vin
Domaine Gangloff - Cote Rôtie Barbarine - 2015
18/20... 

VIN B :
Bon là çà rigole plus, le nez est très expressif (fraise écrasée, cerise), harmonieux, toujours beaucoup de noblesse et d'aristocratie (fruits noirs cassis mur, et boisé noble).
En bouche c'est d'un volume tannique impressionnant qui tranche avec les 3 vins précédents, côté mur mais maitrisé, pas de sur-extraction ni de travers putassiers..
C'est très très bon, d'ailleurs après quelques hésitations il sera placé finalement premier dans cette soirée magnifique car simplement exempt de défaut.
Très beau vin que je place en rive droite citant pavie 2001 ou 2002, nope... il s'agit de :
Lynch Bages 2006 (Pauillac) - 5ème Cru classé
18+/20 (pour une fois très belle réussite de ce château dans un millésime moyen et viril)

VIN A :
Nez assez mutique au départ avec une touche lactée étrange, touche menthol et eucalyptus. Il a Besoin d'air. Les fruits apparaissent. C'est profond et très droit.
Beaucoup d'agitation l'aidant nous revoici sur des notes de fruits noirs (cerise, cassis) avec un côté paradoxalement exotique et viandé.
En bouche c'est plus lisible, tannins en nombre incalculable mais l'armée est disciplinée et bien rangée et le volume et la mâche impressionnants restent dans un cadre d'une rectitude mais d'une justesse rare.
Vin très sérieux, masculin et viril, archétype de la classe bordelaise au rdv... (presque encore un peu jeune).
Je propose saint estèphe puis Montrose sur 2001 par exemple, pas loin du tout car il s'agit de :
Cos d'Estournel - Saint Estèphe - 2004 - Second Cru classé
17+/20


Plus ou moins Pirate Bis (aveugle puis étiquette découverte) :
En fait ce sera même le premier vin bu de la soirée, à l'ouverture mon ami avait un doute et sa femme (adorable mais moins expérimentée (sans misogynie aucune)  l'a renvoyé aussi sec le qualifiant de vinaigre éventé ).
Bref je le sens et rapidement je pars sur rive gauche à Bordeaux et le nez très fumé avec ce côté poivron mur, cèdre, bois de santal associé aux fruits noirs me faire dire saint julien 88 car c'est quand même vertical en bouche et non dénué d'un certain déséquilibre (touche tannique rugueuse et une acidité un peu saillante) mais j'invite mon ami à le laisser de côté quelques heures qu'il se refasse la cerise comme on dit (on ne louera jamais assez les vertus de l'oxygénation lente sur les vieux vins)...
il s'agit de :
GRUAUD LAROSE 1989 - Saint Julien - Second Cru classé
Au final bue avec les autres la magie aura "à moitié opéré" car lez nez est devenu beaucoup plus propre et profond et en bouche c'est meilleur mais çà reste plutôt fluet et à la limite du fruit décharné (je pense que Gruaud a un peu raté son 89 honnêtement vu la qualité des raisins de cette année là, en accord avec Parker pour le coup qui, quand il donnait encore des notes qui avait du sens,  l'avait noté 89.)
15/20 pour son côté dandy assumé.

Mon classement :
1) Lynch Bages 2006
2) Gangloff Barbarine 2015
3) Haut Bailly 2003
4) Cos d'Estournel 2004
5) Gruaud Larose 1989
6) Morey Saint Denis Arlaud 2018

 

les basiques les amis les basiques, y'a que çà de vrai :
 
Honnêtement à part le saint julien et le bourgogne un net cran en dessous c'était très homogène et de haute volée et le classement relève plus du bunto qu'autre chose.
Ça fait plaisir de retrouver un maniaque du Bordeaux, on a commencé comme çà y'a plus de 20 ans et ma foi c'est un retour aux sources rafraîchissant avec des bouteilles qui avaient toute une belle histoire à conter.

Puis les verres se vident, les conversations s'animent, le vin s'en retournera à sa vocation première (celle qu'il faut toujours avoir en tête)  : un vecteur de partage, un catalyseur de convivialité et un prolongement de l'amitié... Les amis, çà égaye la vie

Alex


 

c'était très homogène et de haute volée

Belle dégustation.