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Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 1)

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Cela fait plus de 20 ans que que je croise le chemin de Daniel Gureghian sur la toile oenophile française. Avant même que LPV existe, pour tout dire, puisque les premiers échanges se firent via Iacchos (où sévissaient aussi Thien, Vinozzy, P'tit Philou, Francis Boulard et Thierry Michaud). Mais nous ne nous étions encore jamais rencontrés en vrai. Daniel ayant déménagé il y a peu en Nouvelle Aquitaine, il m'a gentiment proposé de passer chez lui. Des vacances inopinées la semaine dernière m'ont permis de répondre favorablement à son invitation.  Je suis donc parti dimanche matin à 8h30 de mon Limousin. A 11h00, j'étais à Surgères, charmante petite ville connue dans toute la France pour l'excellence de son beurre. Je n'ai même pas eu besoin de sonner à la porte de Daniel. Il m'avait déjà repéré alors que je me garais,  et m'a salué dès que je suis sorti de ma voiture. Comme souvent lors du passage du virtuel au réel, cela s'est fait très naturellement, avec l'impression de se connaître depuis toujours. 

 
Après une balade apéritive dans le parc du château, nous sommes descendus dans la cave pour choisir les vins du déjeuner. Comme j'ai dit à Daniel que j'aimais les très vieux champagnes, il a sorti une antiquité sans me garantir le résultat. Et pour les huîtres qui allaient constituer l'essentiel du repas, nous avons choisi un Muscadet. 
 
Le champagne est un Blanc de Blancs Sélection Réserve de la  coopérative  Le Mesnil (haut lieu du chardonnay champenois). Au vu de l'étiquette, de l'état de la bouteille et du vin, je dirais qu'elle a une cinquantaine d'années. La robe, sans la moindre bulle, est entre l'or et l'ambre. Le nez est intense, complexe, sur la brioche toastée, les fruits secs, l'encaustique, la truffe, le sous-bois. Je passe pas mal de temps à le humer, retardant le moment de le boire, craignant d'être déçu. La bouche est ronde, ample, enrobante, avec une matière dense au toucher moelleux, d'une grande intensité aromatique ... mais manque cruellement de bulles qui lui apporterait la fraîcheur et le peps nécessaires (j'aurais dû amener mon Sodastream  ). La finale bien dosée souffre encore plus de cette absence, devenant pesante.  Bref, difficile d'en boire plus de deux gorgées : on fatigue vite...
 
Je crois n'avoir mangé autant d'huîtres dans un même repas. Je dois tout de même être assez loin du record mondial  en la matière. Par contre, Daniel pourrait être un sacré compétiteur dans un concours d'écailler : il ouvrait les bestioles à la vitesse de l'éclair ! 

 
 
Elles sont accompagnées admirablement par un  Muscadet Sèvre et Maine 2005 de Michel Brégeon. La robe est pâle pour un vin de quasi 18 ans. Le nez sur le citron, le mousseron et la pierre humide ne fait pas son âge non plus. Quant à la bouche, elle n'a pas besoin de bulles; car elle ne manque ni de fraîcheur ni de peps : on se prend une brise océanique force 7 dans le palais, avec une matière concentrée et fougueuse qui semble taillée pour l'éternité. Le vin s'avère encore trop jeune et pas assez complexe pour être qualifié de grand. Mais lorsqu'il se décidera à basculer vers le tertiaire (dans 10 ans ? dans 20 ans ?), il devrait être magnifique. 

Nous nous sommes arrêtés là pour ce midi, car il vaux mieux éviter un sprint dès le début du marathon ;) 

L'après-midi, ce fut balade, puis séance ramassage au potager de fèves (pour le plat) et de fraises (pour le dessert). Puis je me suis mis au fourneaux pour préparer un plat que je n'avais jamais fait  : une blanquette de lotte au safran.  La recette n'a donc rien d'académique. C'était une impro totale... J'ai d'abord fait un fumet avec les arêtes des queues de lotte, des oignons, une brunoise de carotte que j'ai faits revenir dans de l'huile d'olive. J'ai mouillé ensuite avec du vin blanc que j'ai réduit quasiment à sec. Puis reversé dessus de l'eau, porté le tout à frémissement, ajouté une première dose de safran iranien, et laissé mijoter une bonne demi-heure avant de filtrer. Dans une cocotte, j'ai fait revenir rapidement des gros dés de lotte avant de les mettre de côté, puis des oignons nouveau, des gros dés de carotte, avant de mouiller avec le fumet précédent et une seconde dose de safran. Le tout à mijoté une quarantaine de minutes à couvert. Puis j'ai ôté le couvercle, ajouté de la crème épaisse (environ 150 g) et  laissé mijoter encore un bon quart d'heure. J'ai épaissi avec de la maïzena pour avoir une texture plus crémeuse. Ajusté les assaisonnements (sel, sucre, poivre, piment d'Espelette). Au moment où le repas commençait, j'ai coupé le feu, attendu quelques minutes, et ajouté alors les dés de lotte et les fèves qui n'ont donc qu'infusé dans la sauce. 

 
J'ai perdu mes réflexes de blogueur. Je n'ai pris la photo que lorsque je m'en suis resservi une assiette. Alors que la cocotte pleine avait une autre allure. Mais cela donne une idée du résultat final. 

 
Pour accompagner le plat, un Châteauneuf blanc 2016 du domaine Charvin. (90 % Clairette rose, 10 % Bourboulenc, vinif et élevage en cuve). La robe est la plus claire des CDP blancs que j'ai bus – c'est mon premier Charvin. Le nez est fin, sur des notes d'amande fraîche, de poire, de fenouil, d'épices, de fleurs séchées. La bouche éclate de fraîcheur dès l'attaque avant d'emplir le palais d'une matière ronde, croquante, très finement pulpeuse, à l'opposé total des roussannes exubérantes que j'ai déjà croisées. La finale délicatement citronnée poursuit dans le registre de la fraîcheur. Une belle découverte !  Avec le plat épicé et crémé, on est beaucoup plus dans le contraste que dans la fusion, ce qui n'est pas plus mal en terme de digestibilité globale. 

 
 
Pour le dessert, Dorothée, l'épouse de Daniel, avait préparé des cannelés.  Il a fallu patienter une vingtaine de minutes après la sortie du four pour pouvoir les savourer à leur optimum : l'extérieur caramélise et devient croustillant alors que l'intérieur est encore chaud et moelleux. 

 
 
Pour leur tenir compagnie, Daniel a sorti une belle bouteille surprise : un Sauternes GCC 2001 du Château La Tour Blanche. La robe est entre l'or en fusion et le cuivre. Le nez est superbe, sur le safran, la truffe, l'orangette, l'abricot sec...  La bouche est une merveille d'équilibre, entre la fraîcheur ciselée qui tient lieu de fil conducteur et la matière confite / onctueuse qui vous emplit le palais, libérant au passage une profusion d'arômes enivrants : agrumes confits, fruits secs, épices, safran en tête. La finale magnifique monte encore dans l'intensité et la sensualité, rendant le vin inoubliable. 2001 est décidément un énorme millésime en Sauternais. 

Sur ce, nous allons nous coucher. La journée de demain sera longue ;)

 

Eric
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28 Mai 2023 20:43 #1

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 2)

 
Je ne vous ai pas encore parlé de Samson qui m'a pourtant beaucoup occupé durant ces 3 jours à Surgères. Ce berger des Pyrénées m'a rappelé une chienne que j'avais il y a 25 ans, qui me tenait compagnie lorsque je travaillais dans les vignes. J'avais l'impression d'être en contact avec sa réincarnation tellement son comportement était proche. Lorsque je suis en salon professionnel, je commence  souvent à déguster à 9-10 h le matin. Cela ne m'a donc pas choqué lorsque Daniel m'a proposé de découvrir deux vieux millésimes de Jurançon moelleux du Clos Uroulat vers 10h15. Cela relève presque de l'apéro ;) L'étiquette est très abîmée : je ne vous montre donc que le verre de ce 1980. La robe est  magnifique, entre or et cuivre liquide. Le nez très expressif est dominé par la  truffe noire (et non blanche comme souvent en Jurançon), complétée par le safran et l'écorce d'orange. Le bouche  est élancée, étirée par une fine acidité tranchante, avec une  matière concentrée, intense, presque tannique, devenant même légèrement accrocheuse . L'aromatique est très confite, avec une pointe d'encaustique, et la  truffe qui n'a pas dit son dernier mot.  La finale est intense, séveuse, avec une liqueur bien intégrée et une grande fraîcheur, le tout persistant longuement sur l'orange confite et le safran. Dommage que la texture un brin rustique ne soit pas à la hauteur du reste, car on passe pas loin d'un grand vin. 
 
L'étiquette de l'Uroulat 1979 présente mieux. Sa robe or-angée est superbe. Le nez est très fin, rappelant la crème catalane qui vient d'être caramélisée. La bouche est ample, aérienne, caressante, avec une matière d'abord très douce, puis plus rustique en fin de bouche, avec une accroche plus marquée que 1980. Mais on l'oublie vite avec une finale explosive sur l'orangette, prolongée par la mangue séchée et une légère truffe. Là encore, s'il n'y avait cette imperfection de texture, le nirvana serait proche. 
 
Non, nous ne sommes pas tombés dans l'alcoolisme, puisqu'il fallu patienter deux heures jusqu'au verre suivant. Cette cuvée Nath 2022 signée Cantillon a accompagné le repas de midi. C'est une macération de rhubarbe dans un Lambic de deux ans d'âge. Cela me rappelle le vin de rhubarbe vosgien que j'ai déjà eu l'occasion de déguster, si ce n'est que la pétillance est plus fine, et la finale totalement sèche. Ce qui lui donne un côté assez austère (les SR, c'est tout de même bien venu, de temps en temps). 
 
L'accord avec les praires gratinées vaudrait 2/5 sur l'échelle de Jean-Loup. Aussi me suis-je resservi du Châteauneuf blanc de Charvin (voir épisode 1). C'était beaucoup mieux (3.5 /5)Deviendrais-je sobre ? Je n'ai pas réclamé ma bouteille de rouge avec le très bon boudin rôti sur la braise accompagné de sa purée robuchonnesque. Avec les fraises qui amenaient leur dose de sucre, la Nath de Cantillon gagne beaucoup en gourmandise. On a même l'impression qu'il y a de la fraise dedans (accord 4/5). 
 
Mon après-midi s'est passé entre l'observation de tortue, la promenade du chien et des heures en cuisine à préparer une sauce inédite. L'objectif est de créer un lien gustatif entre une pièce de boeuf et trois châteauneufs rouges (nous y reviendrons plus tard). J'ai d'abord fait revenir une vingtaine de grosses échalotes dans de l'huile d'olive avec du guanciale finement tranché. Puis j'ai versé une  bouteilles de  Lantignié un peu entamée (que j'ai goûté pour la science, c'était bon), à laquelle j'ai ajouté des olives du jardin désamérisées, du thym, du romarin, de l'origan, une orange (zeste et jus), et laissé réduire jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de liquide. J'ai alors versé une bouteille d'un Lussac-Saint-Emilion 1986 dont Daniel n'avait pas l'utilité (là aussi, j'ai goûté : pas mauvais, mais ne cassait trois pattes à un canard), et j'ai laissé réduire à petit frémissement [ce qui m'a permis d'aller faire une longue balade avec Samson en ne m'inquiétant pas trop ]Dans le même temps, le jus d'une douzaine d'oranges a commencé à réduire  tout aussi tranquillement afin de faire la sauce des asperges blanches qui seront servies en entrée. Quand la sauce au vin rouge a eu la texture idéale, je lui ai ajouté de du piment d'Espelette maison (sic), un carré de chocolat noir, une grosse noix de  beurre, et un tour de moulin de poivre des cîmes. Elle a ensuite reposé tranquillement jusqu'au repas du soir. Quand le jus d'orange a commencé à devenir sirupeux, j'ai ajouté du beurre et du sel et bien fouetté le tout. En toute fin, j'ajouterai deux jaunes d'oeuf pour faire une sorte de sabayon. Mais juste quelques minutes avant de servir afin qu'ils ne surcuisent pas.
 
[justify]C'est apéro time sur la terrasse, avec une bulle que je ne connais pas : un Champagne Brut Coup de foudre 2018 de Pierre Leboeuf.(Grand Cru de Aÿ, 50 % Pinot noir, 50 % Chardonnay). La robe est or pâle. Les bulles sont très fines. En bouche, on est presque plus  sur du frizzante que sur une effervescence classique (ça rappelle Pierre Charlot). La matière ronde, ample, est d'une grande finesse tactile, avec une subtile vinosité apportée par le PN. L'aromatique délicate, entre cédrat et fruits secs, est totalement raccord. Le dosage brut ne se fait pas sentir dans une belle finale finement crayeuse. Un Champagne tellement fin que nombre de personnes risquent de passer à côté, habitués qu'ils sont à des bulles plus percutantes  (euphémisme)[/justify]
 
[justify]
Aïe, aïe, aïe, une autre bulle d'Aÿ : cette Cuvée Réservée Brut de René Roger m'a quasiment plus séduit, car elle encore plus sobre que le vin précédent, avec une minéralité plus marquée. Les bulles sont un poil plus présentes, mais toujours aussi fines. Aromatiquement, on est sur la poire et la caillasse, avec une toute petite pointe d'agrume pour rafraîchir. C'est fin, très rafraîchissant, élégant. Et correspond bien dans ce que je recherche dans un BSA  "de base". Le prix au domaine est ahurissant (15.60 €). Je vais en acheter rapidement avant que ça n'augmente ou qu'il ait été dévalisé...
[/justify]
 
 
[justify]Les asperges ont été cuites al dente environ 5 mn dans une eau tout juste frémissante. Puis elles ont été refroidies de suite pour stopper le cuisson. Elles ont été tiédies au moment de servir. 
[/justify]
 
[justify]Je m'en veux un peu d'avoir choisi ces Vieilles Vignes Eparses 2002 de Bellivière dans la cave de Daniel. Je m'étais dit qu'avec une grande cuvée en grande année d'un grand producteur, ça allait tout péter. Et en fait, pas du tout. Alors, oui, il est raccord aromatiquement avec le plat, mais en terme de puissance, il est totalement écrasé par la sauce. Il aurait mieux fallu dégotter un demi-sec en Vouvray ou Montlouis. Je l'ai rebu le lendemain midi : on est un sur un vin très fin, aérien, avec une matière caressante, délicate, tendue par une belle acidité  ciselée, et finissant bien sec, sur la gelée de coing et l'orange. Plus un vin pour un carpaccio de Saint-Jacques ;)
[/justify]
 
 
[justify]Lorsque nous étions descendus à la cave le matin, Daniel m'avait demandé quels vins je voulais goûter. Je lui avais dit avoir gardé un très bon souvenir du Mont Olivet 2008 bu il y a une dizaine d'années. Je serais ravi de voir son évolution. Daniel m'a alors proposé de le comparer ) à deux autres vins du même millésime : celui de Charvin et de Ferrand. Banco !

CDP Domaine de Ferrand 2008 : la robe est vermillon légèrement évolué.  le nez est fin, épicé, sur les fruits compotés et les épices douces. La bouche est fine, élancée, déployant une matière soyeuse, presque séveuse, avec une aromatique dominée par les fruits bien mûrs et les épices. La finale toute aussi épicée présente une mâche qui contraste un peu trop avec la finesse perçue en bouche. C'est pas mal, mais ça manque un peu d'harmonie. 

CDP Clos du Mont Olivet 2008  : la robe est proche. Le nez plus frais, plus friand et plus complexe, avec même une touche florale. La bouche est plus tendue, plus fraîche, avec une matière très fine, tonique, et un fruit pur, sans surmaturité ni trop d'épices.  La finale est fraîche, savoureuse, pleine de peps, sur des notes garrigue et de framboise. Un régal !

CDP Domaine Charvin 2008 : la robe est proche. Le nez est plus confit, plus lourd. La bouche est ample riche, suave, avec un alcool plus marqué, La finale est toute aussi riche et exubérante. Fatiguant. 

Je m'étais fait une (belle) idée  de ce millésime à travers ce Mont Olivet et les vins de Reynaud (Fonsalette, Pignan, Rayas). Après cette dégustation, je me dis que tout n'est pas du même tonneau...[/justify]

 
Et voici la viande et la sauce qui accompagnaient ce trio. Je crois que c'était du paleron. Je n'en avais jamais mangé de l'aussi bon. L'accord fonctionnait très bien. 
 
Nous avons fini sur un Pineau des Charentes François 1er Grande réserve du Domaine des Gatinaud. (15 ans de vieillissement en vieux fûts de Cognac). Une robe cuivrée / ambrée. Un nez très complexe sur le rancio, le café, la figue et les épices douces. Une bouche opulente d'une grande fraîcheur, toujours aussi complexe aromatiquement. Une longue finale sur les épices et les fruits secs, avec une pointe d'agrume confit et de café.  Une sacrée soirée, aurait dit JP ;)

Eric
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29 Mai 2023 07:55 #2

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 2)

(Petit Up pour le jour 2, maintenant complet) 

Eric
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29 Mai 2023 13:48 #3

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 3)

 

Si je vous disais que nous sommes partis dès potron-minet au marché de Rochefort, je mentirais. Mais pour un duo vacancier / retraité, c'était relativement tôt (9h30). Le marché en lui-même n'était pas très fourni, car nous sommes un mardi "hors vacances".  Par contre, j'ai été impressionné par la halle qui accueille tous les poissonniers. Là, il y avait un sacré choix, avec des produits ultra-frais à des prix très raisonnables. Un truc à rendre dingue un amateur de poissons et crustacés. Daniel m'a suggéré de faire tout le tour pour voir ce qui m'intéressait le plus. Lorsque j'ai aperçu des rougets dodus qui faisaient au moins 25 cm de long, j'ai dit ÇA ! Je n'ai jamais cuisiné des bestiaux pareil, et c'était bigrement tentant. La poissonnière les a écaillés et vidés, tout en me gardant les incontournable foies. Daniel a pris également un bar de belle taille pour préparer un tartare. 

Sur le marché, nous avons pris des jeunes courgettes, deux fenouils et de l'ail nouveau pour l'accompagnement des rouges. Et nous sommes rentrés, car il y avait tout de même le repas de midi à préparer. 

 
Dès le retour à la maison, j'ai levé les filets, car il fallait que je démarre rapidement le fumet. Pour avoir une idée de la taille des bestiaux, l'assiette doit faire 27 cm de diamètre. Dans une cocotte, j'ai mis un trait d'huile d'olive, puis les arêtes et les têtes des rougets, une grosse échalote. Fait revenir le tout quelques minutes jusqu'à ce que soit un peu roussi, puis versé 30 cl de chaque bouteille "perdante" de la mini-horizontale de la veille : moitié Ferrand, moitié Charvin. Vae victis. Puis j'ai ajouté des herbes du jardin, quelques olives maison, de l'ail nouveau, les chutes et les pluches des deux fenouils, et j'ai laissé mijoter tranquillement une petite heure. Après filtration, j'ai encore réduit un peu, et assaisonné avec sel, poivre blanc, piment d'Espelette maison. Et puis du  beurre, tout de même. On est à Surgères, pas à Saint-Rémy de Provence ! Je pense bien sûr aux foies, mais je ne les ajouterai qu'à la dernière minute, car ils ne doivent pas trop cuire. 

Les courgettes et les fenouils ont été coupés en petits dés, et cuits séparément à la poêle afin d'avoir la cuisson la plus précise possible (les deux al dente). Ils ont été réunis ensuite. Ils ont juste été parfumés avec le thym du jardin et du poivre. 

Pour l'apéro, nous avons fini les deux champagnes d'hier. Je les apprécie toujours autant !
 
Le tartare de bar préparé par Daniel : je me suis régalé ! J'ai tenté avec lui le Vieilles Vignes Eparses 2002 de Bellivière. Il est beaucoup plus à son aise que sur les asperges d'hier soir.  C'est un vin d'une grande délicatesse qui détonne avec les autres 2002 ligériens que j'ai pu boire, souvent très concentrés (probablement parce que le chenin le plus septentrional de la région, me souffle Daniel). 
 
Les rougets ont été cuits à l'unilatéral côté peau. Dès que la chaleur a commencé à monter sur les côtés, j'ai coupé le feu et couvert deux minutes. J'en ai profité pour ajouter les foies à mon fumet avec un mixer plongeant. Ils se sont avérés nettement moins corsés que ceux que j'avais cuisinés quelques mois plus tôt (beaucoup plus petits). On avait presque l'impression d'avoir ajouté du foie gras. J'ai donc rajouté un peu plus de poivre et de piment d'Espelette pour corser un peu. 

 

Il était prévu de servir avec ce plat un Tavel Postérité Soixante Dix 2020 de Gaël Petit. Mais il avait tendance à l'écraser. Nous nous sommes rabattus sur le CDP 2008 du Mont Olivet : l'accord était superbe !

Par contre, bu pour lui-même, le Tavel était bien. Le nez avait un fruit (noir) séducteur complété par des notes florales, très loin des Tavels que je connaissais (hors Anglore, dont on pourrait le rapprocher).  La bouche est ronde, finement pulpeuse, au fruit gourmand. Par contre, la finale m'a semblé un peu déséquilibrée, avec un alcool un peu trop marqué, et une légère sensation de sucrosité. 
 
Daniel a également ouvert cette bouteille de L126 by Ferrand. Ca, c'est plus mon kiff : un nez avec un poivre canaille évoquant la syrah. Une bouche croquante, juteuse, pétante de fruit. Une gourmandise et une digestibilité qui vous inciteraient à boire toute la bouteille !

 
En dessert, avec des fraises, nous nous sommes régalés d'étonnantes madeleines de Dax  qui n'ont rien à voir avec celles de Commercy. On est plus proche de la Daquoise, en fait. On se demande bien pourquoi ;) Merci à la LPVienne qui les a envoyées 


Eh bien, ce sera tout, car j'ai quitté cette accueillante demeure à 15h30. Direction un addict du vin dans le 33...   


Merci à Dorothée et Daniel pour leur accueil et leur générosité 
 

Eric
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29 Mai 2023 18:21 #4

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Réponse de tht sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 3)

Magnifique !
Merci Éric. Cela me fait très plaisir d’avoir de nouvelles de Daniel que je n’ai pas vu depuis longtemps. 

Des bises
Thien

Thien
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29 Mai 2023 18:52 #5

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 3)

Nous avons pas mal causé le premier soir de la fameuse bande du TGJP dont vous faisiez partie. Je pense qu'il serait ravi de vous revoir. N'hésitez pas à lui faire signe !

Eric
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29 Mai 2023 19:24 #6

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Réponse de KosTa74 sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 3)

C est bien des soles à 28€ le kg ? Les prix sont plus que corrects on dirait ... 

Romain
29 Mai 2023 21:01 #7

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 3)

Oui, ce sont des soles. Elles étaient bien épaisses. Le bar sauvage et le Saint Pierre à 19.90 €, ça laisse rêveur aussi. 

Eric
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29 Mai 2023 21:18 #8

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Réponse de daniel.gureghian sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 3)

Salut à tous,

Avant toutes choses, un grand merci à Eric dont l'écoute et la gentillesse n'ont d'égales que son inlassable curiosité à découvrir le monde.
Partager des moments avec lui est un privilège.

- Pour les halles du marché de Rochefort, c'est une source d'approvisionnement top pour ce qui vient de la mer. Il est courant de trouver des langoustines vivantes à moins d'une quinzaine d'euros le kilo mais aussi de jolis poissons qu'a déjà évoqués Eric. Pour les amateurs d'huîtres, il faut aller voir la maison Chauvet qui fait, en saison, des pousses en claires: les plus belles qu'il m'ait été donné de goûter.

- Concernant le 2008 de Charvin qu'Eric a fort peu apprécié, il faut avouer que cette dernière bouteille est la moins avenante que j'ai eue sur les deux douzaines bues. Problème d'herméticité de bouchon (donc hors TCA), problème de bouteille ? Je n'en sais rien.

- Le pineau François 1er Grande Réserve du domaine des Gatinauds est exceptionnel. J'ai eu beau demander quelques adresses de beaux pineaux en arrivant en Charentes, cet excellent choix est encore du à un lpvien (mgtusi) qui avait fait il y a quelques années un message enthousiaste. Jamais trouvé mieux.

Portez vous bien et grapillez de bons moments,
 
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30 Mai 2023 10:14 #9

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Réponse de denaire sur le sujet Quand le bonheur surgit à Surgères (jour 3)

- Le pineau François 1er Grande Réserve du domaine des Gatinauds est exceptionnel. J'ai eu beau demander quelques adresses de beaux pineaux en arrivant en Charentes, cet excellent choix est encore du à un lpvien (mgtusi) qui avait fait il y a quelques années un message enthousiaste. Jamais trouvé mieux.


 

Merci beaucoup Eric pour ces beaux CR.

Sur le pineau François 1er (également découvert grâce à LPV, en l'espèce grâce à une recommandation de Bernardo sur le fil dédié au pineau) la qualité est en effet remarquable, en particulier les vieux pineaux vieillis en barrique. Je n'imaginais pas que le pineau puisse atteindre ce niveau avant de les goûter. Au-delà de la qualité du produit, j'étais passé au domaine il y a 6 ou 7 ans à l'occasion d'un passage dans la région, c'est un de mes plus beaux souvenirs de visite, un lieu hors du temps - si on oublie les voitures garées dans la cour, on pourrait être à n'importe quelle époque pré-industrielle - un accueil attentionné de M. Rivière, ces splendides vieux alambics, les barriques sans âge, la fragilité, aussi, de ce modèle qui perpétue une façon de faire éloignée de tout souci de rationalisation économique. C'était beau et assez émouvant, pour tout dire.

Mathieu
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30 Mai 2023 14:12 #10

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur re-surgit à Surgères (jour 1)

 
 
En mai 2023, j'avais passé un délicieux week-end chez Daniel et Dorothée (voir plus haut). Je ne pouvais qu'y revenir quelques jours de plus, histoire de faire le plein de soleil (en alternance) et de joie de vivre. Ca fait beaucoup de bien en cette période de grisaille !
 
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Arrivé un peu avant 11 h, je me suis mis en cuisine pour le repas de midi. J'ai levé des filets de deux superbes bars de 50 cm de long, utilisé les "déchets" pour en faire un fumet, puis une sauce crémée à l'orange et herbes du jardin.. Puis nous avons épluché et coupé des panais qui ont été poêlés au beurre. Et puis c'est tout ! 

Deux bouteilles ont été ouvertes pour ce repas, dans des styles très différents. [/justify]
 
 
 
Riesling 2019, Clos Velicane

La robe est d'un bel or brillant. Le nez est intense, sur la cire d'abeille, la pêche séchée,  pomme chaude et une pointe de térébenthine, donnant l'impression qu'il est plus vieux que son âge. 

La bouche est très ample,  enveloppante, aérienne, avec une fraîcheur diffuse, une matière au toucher doux, presque moelleux, et une belle amertume tenant lieu de colonne vertébrale. L'aromatique évoque la pêche de vigne, la poire, l'orange amère et les épices. 

La finale prolonge la dynamique de la bouche avec plus de concentration et de moelleux, souligné par de superbes amers sur l'orange et le gingembre, avec une  persistance sur des notes épicées et terpéniques. 
 
Muscadet Gorges 2013, domaine Bregeon 

La robe est or clair.

Le nez est plus discret  sur le zeste de citron et la craie humide 

La bouche est vive,  tendue par une acidité citrique traçante, et offrant une matière fine, saline,  au toucher doux (sensation alcaline) sur des notes caillouteuses. 

La finale gagne beaucoup en ampleur et en générosité, avec une texture plus enrobante, tonifiée par une acidité citrique, et se prolonge sur des notes salines prononcées.  

L'après-midi, nous avons profité pour nous balader avec Samson, le malicieux berger des Pyrénées. Et le soir, j'ai laissé bosser mes hôtes en cuisine (je suis en vacances, tout de même).  Au menu, un tendrissime paleron à la plancha et pommes de terre sautées. 

Mais avant, en apéro, servi dans des Italesse étoilé Sparkle 
 
Champagne Blanc de Blancs GC non dosé, Fallet-Gourron non dosé 

La robe est dorée, avec des bulles plutôt discrètes, 

Le nez est fin,  intense, sur les fruits secs grillés, la pomme tapée et la brioche toastée.  

La bouche est longiligne,  tendue par  acidité quasi tranchante  contrebalançant une  matière mûre, concentrée, séveuse, dominée par le pralin complété par l'amertume du caramel brun.  L'effervescence est très fine, délicate, avec un toucher crémeux. 

La finale est puissante,  intense, avec une amertume encore plus marquée, sur la noix, le café et le caramel qui persiste longuement.  
 

Le Sparkle effekt 

 

Le bouchon
Avec la viande, deux vins rouges
 
 
 
Bordeaux 2005, domaine de Cambes (mon apport)

La robe est rubis avec des reflets évolués. Le nez est puissant, sur le poivron rouge grillé, le café, avec une touche de créosote. 

La bouche est ronde,  ample,  enveloppante, avec une matière plutôt dense à l'accroche un peu rustique, sur des fruits très mûrs,  confits,  et une surprenante fraîcheur acidulée.

La finale conjugue une acidité presque acerbe et une aromatique ultra mûre, avec une persistance sur des notes boisées / toastées. 

Je pense que j'aurais dû l'ouvrir plus tôt. La matière s'est étiolée, ne réussissant plus à équilibrer un boisé pas tout à fait digéré. 

Saint Estèphe 2ème GCC 1991, Château Montrose

La robe est proche du précédent. 

Le nez est assez austère, sur le poivron vert, le cassis et un très léger toasté.

La bouche est plus ample, plus aérienne, avec une matière élégante  plutôt dense, aux tannins totalement fondus, sur un cassis frais gourmand rehaussé de notes précieuses  

La finale est fraîche, savoureuse,  encore plus fruitée, sur le cassis, le poivron rouge grillé et le tabac.

Un vin d'une jeunesse impressionnante qui peut tenir 20 ans de plus. Soulignons que le domaine, proche de la Gironde, fait partie des rares domaines épargnés par le gel. 

C'est tout pour ce soir ! 

(On est super raisonnables)

Eric
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11 Fév 2024 19:28 #11

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur re-surgit à Surgères (jour 2)

 
Le jour 2 démarre à la halle de Rochefort, avec une offre de poissons absolument saisissante. On voudrait tout prendre ! J'ai finalement craqué sur des petites queues de lotte à la chair nacrée et dodue. Mais je crois que fois prochaine, on tentera le Saint-Pierre qui devrait nous ouvrir la porte au paradis :)
 
  
 
Daniel a aussi acheté une bourriche d'huîtres Perle blanche n°1 de Marennes-Oléron. qui serviront d'apéro (sur la photo, c'est la ration par convive).
 
Avec les restes du bar d'hier, j'ai préparé des rillettes. Les morceaux ont juste poché en douceur dans un fumet réalisé avec les arêtes des mini-lottes (+ oignon, branches de fenouil, écorce d'orange, vert de poireau, maceron). Pour apporter du croquant, j'ai ajouté une brunoise de radis rose. Pour la fraîcheur, du zeste finement râpé de citron vert. 
 
Les filets de lotte ont été enveloppés de fines tranches de guanciale fumée.  Je les ai passés sous le grill durant quelques mlnutes, puis je les ai laissés reposer  dans la plat de cuisson (couverts par un papier alu). Et servis avec une fondue de poireau. 
  
Pour la deuxième fournée, je les ai repassés sous le grill, et là, c'était vraiment top, car le guanciale était devenu bien croustillant, et la chair avait une texture un peu plus ferme, mais très moelleuse. 
  
Avec tout cela, nous avons bu deux blancs secs 

Muscadet Gorges 2013, Huchet et Mourat  : la robe est or clair. Le nez est fin, sur le citron, le  beurre frais, la craie mouillée et des légers embruns marins.  La bouche est aussi ample qu'élancée, avec une matière dense, moelleuse,  enrobante, une fraîcheur diffuse, et une grande finesse aromatique sur la pomme fraîche et le beurre blanc citronné.  La finale est  plus dense, avec une fine mâche crayeuse et une persistance délicate  sur le citron. 

Un très joli muscadet qui coche toutes les cases de la réussite dans un millésime difficile. On peut presque lui reprocher un manque de folie. 

Muscadet L'ancestrale 2015, Le coing de Saint Fiacre : la robe  est dorée. Le nez est fin,  riche,  profond, sur le lemon curd, la pierre chaude, le citron confit et le zeste de mandarine.  La bouche est ronde, ample, déployant une matière voluptueuse au toucher moelleux /sensuel, équilibré par une grande fraîcheur aromatique (cédrat, pomme verte, notes minérales). La finale est intense, séveuse,  sur le citron confit, le kombu et des notes salines épicées.  

Là, il y a un haut niveau, rappelant un Chablis de Raveneau (pour un prix nettement moindre)
 
Après une nouvelle balade dans Surgères, je me lance dans un pigeon en trois cuissons adaptés au thème du soir : Châteauneuf du pape. Après avoir levé les suprêmes et les cuisses, les carcasses vont longuement mijoter avec du romarin, du thym, de l'ail, des baies de genièvre, des parures de fenouil, de l'orange  et du cacao. A la dernière minute, les foies seront mixés avec pour donner un côté plus sanguin et animal, mais aussi une texture quasi crémeuse. Les cuisses ont été confites dans de la graisse de canard puis dorées jusqu'à devenir croustillants. Les suprêmes sont cuits rosé. En accompagnement, des courgettes et des fenouils encore croquants, de la betterave crapaudine cuite au feu de bois et l'écorce de l'orange qui a mijoté dans le jus de pigeon. 
 
Châteauneuf du pape 2010, domaine Mercier : la robe est entre le rubis et vermillon, légèrement évoluée. Le nez est fin, sur l'écorce d'orange séchée, le cuir, la  prune compotée et le cacao La bouche est ample, aérienne, éclatante de  fraîcheur, avec une matière soyeuse, élégante, profonde, mêlant les fruits confits et les agrumes – et un léger (et bienvenu) perlant. La finale est plus concentrée,  tonique, savoureuse, sur le  chocolat, l'orange amère et les épices (dont le piment d'Espelette)

Châteauneuf du pape  Mercier 2007 : la robe est rubis sombre translucide. Le  nez est plus mûr, plus confit , plus complexe, sur l'orange, les  fleurs fanées, l'encens, les épices orientales, avec une pointe de volatile La bouche est plus ample, plus chaleureuse,  avec une matière  charnue, veloutée, sur l'orange sanguine, la fraise confite et les épices douces. La finale prolonge la bouche sans rupture, dans un style e encore plus riche et généreux, avec de l'orange à donf', du  poivre et du laurier. 

Le deuxième est une bombe, mais je préfère la fraîcheur du premier, moins lassant. 
 
J'avais amené cette demi-bouteille car je savais que nous serions peu nombreux. Et que Daniel connaît assez peu les vins allemands. 

Mosel Riesling Auslese 2017,  Fritz Haag : la robe est or clair. Le nez est intense, sur l'ananas, le fruit de la passion  et la citronnelle. La bouche est  vive, élancée,  tendue par une acidité hyper traçante renforcée par du gaz carbonique, et offrant une  matière douce, saline, à l'aromatique intense sur les fruits exotiques. La finale généreuse est percutante et crépitante, sur l'ananas rôti  et la mangue. 

Comme je trouvais que l'aromatique me faisait penser à un Jurançon, Daniel est parti en chercher un  ;) 
 
Jurançon Au Capceu 2010 : la robe est orangée / cuivrée. Le nez est fin, profond, sur les fruits confits, le  Grand Marnier et la mangue séchée.  La bouche est vive, fraîche, fine, élégante, offrant une  matière douce, moelleuse, relevée par un joli Triple A (acidité amertume astringence)  La finale est  tonique, vibrante, avec une acidité aussi décapante que  jouissive, sur la pomme, le  caramel, l'orange amère et la gelée de coing . 

Comme je suis surpris qu'il n'y ait pas du tout de truffe, mais plutôt une aromatique de chenin liquoreux. Daniel va chercher un chenin ;) 
 
Coteaux du Layon Saint-Lambert prestige 1996, domaine Ogereau : la robe est entre l'or en fusion et le cuivre, Le nez est intense, sur la gelée de coing, l'orangette, avec une sensation de  fraîcheur dinguissime. La bouche est fine, élancée , alliant une fraîcheur vivifiante à une matière douce, suave, magnifiquement équilibrée. La finale est très concentrée, dotée d'une fraîcheur hyperlative, sur la gelée de coing, l'orangette, le safran et une pointe de truffe  

Grand vin, tout simplement. 

Comme je dis que ce n'est pas la peine qu'il amène le Bonnes blanches du même millésime dont il me dit le plus grand bien, Daniel va en chercher une bouteille ;) 

 

Coteaux du Layon "Clos des Bonnes Blanches"  1996, domaine Ogereau : la robe est proche du précédent.  Le nez est plus fin, plus  aérien, plus profond, avec un peu plus de volatile, dominé par l'orange confite.   La bouche est longiligne, à l'acidité hyper-traçante, avec une  matière plus concentrée, plus suave, plus riche, mais paradoxalement plus aérienne. La finale est  tonique, très fraîche, sur l'orange confite la gelée coing et la bigarade.

Encore un cran au-dessus, mais je crois que je préfère le premier, plus en finesse.  

 C'est tout pour ce soir ;) 

Eric
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13 Fév 2024 20:20 #12

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur re-surgit à Surgères (jour 3)

 

Ce matin, je délègue en cuisine, ce qui me laisse le temps de me balader avec mon toutou préféré. Ce dimanche coincide avec la rencontre mensuelle des collectionneurs de vieilles voitures. 
 
Il y en a de superbes. (la 301 ci-dessus, une traction avant de Citroën et aussi une Jaguar des années 60). D'autres, moins (la R14, c'était vraiment laid, avec le recul). 
 
Je laisse lâchement Dorothée et Daniel s'activer en cuisine en m'adonnant à la lecture du très intéressant n° spécial des 40 ans du Rouge & le Blanc .  
 
Pour l'apéro, j'ai amené une autre bouteille de Riesling allemand. Sec, cette fois-ci. 

Mosel Schiefer  Riesling 2015, Weingut Van Volxem : la robe est dorée. Le nez est intense sur le fruit de la passion la citronnelle et le yuzu (et un peu marqué par le soufre) La bouche  est vive, élancée, dotée d'une acidité éclatante évoquant une lame d'acier, complétée par un léger perlant. La  matière est fine,  fraîche, digest,e tout en présentant  une aromatique mûre et exotique. La finale est plus concentrée, légèrement astringente (pomelo), avec un, perlant plus marqué, sur le fruit de la passion et une persistance sur une légère note herbacée (herbe froissée). 
 
 
 
Au menu, du poulet rôti accompagné de rondelles de pommes de terre qui ont cuit en sa compagnie dans le four.
 
Pour l'accompagner, Daniel ouvre une bouteille ramenée du Jura par l'ami Marc de Wolf

Poulsard 2021, Lulu : la robe est rubis bien translucide. Le nez est discret, sur la cerise, la framboise, la terre humide, avec une légère pointe de volatile. Des notes florales apparaissent à l'aération. La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec une matière souple, digeste, au fruit pétulant et acidulé. La finale démarre sur un  mordant canaille,  sur la griotte,  le petrichor et les épices, mais finit un peu (trop) court. Effet millésime...

Et c'est déjà fini, car je ne voulais pas rentrer trop tard...
 
   

Merci à Dorothée et Daniel pour leur chaleureux accueil !

Eric
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17 Fév 2024 17:52 #13

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Réponse de marc de wolf sur le sujet Quand le bonheur re-surgit à Surgères (jour 2)

Eric,

Est-ce que tu as eu déjà la chance de gouter d'autres cuvées du domaine Van Volxem et en plusieurs millésimes ?

Marc

cordialement,
Marc
17 Fév 2024 21:53 #14

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Réponse de Eric B sur le sujet Quand le bonheur re-surgit à Surgères (jour 2)

Oui, je suis même allé deux fois au domaine. Cf la rubrique ad hoc. 

Eric
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17 Fév 2024 21:57 #15

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