On est vendredi, 5ème jour de la semaine et donc 5ème étape de ma semaine marathon de dégustations…
Après un aller-retour rapide en région parisienne pour une très intéressante
dégustation de LPV78
, me voici de retour à Bourges, à nouveau avec le club Amphores, cette fois-ci pour le traditionnel repas de l’année, avec accords mets et vins. Nous avons maintenant nos habitudes dans ce qui est pour moi le meilleur restaurant de Bourges.
On commence par trois vins blancs du Maconnais pour l’apéritif.
Domaine Guillemot-Michel – Macon – Quintaine – 2020
La robe est teintée d’un or clair.
Le nez intense développe des fruits blancs, de l’acacia et une touche crayeuse. C’est toujours pareil avec cette cuvée : j’ai l’impression d’avoir du chenin dans le verre !
La bouche élégante présente une harmonie remarquable avec un beau fruité et une fraîcheur vivifiante. C’est dans la finale salivante que la sensation crayeuse ressort.
Très Bien (+)
Domaine de la Bongran – Viré-Clessé – Quintaine –- Cuvée E.J. Thévenet – 2018
La robe se présente sous un or de densité moyenne et bien brillant.
D’une grande intensité, le nez affiche des fruits très mûrs partant sur les fruits exotiques, complétés par des accents floraux qui apportent de la complexité.
La bouche est rondement assise sur une matière riche en fruit et en sucre (10 à 15 g / l de SR ?), tout en préservant une vivacité réjouissante. La finale pure et précise laisse un palais net, prêt pour la gorgée suivante.
Très Bien + et pour moi le vin de la soirée.
Domaine Auvigue – Pouilly-Fuissé 1er cru – La Frérie – 2021
Le nez moyennement ouvert livre un boisé prégnant, avec du clou de girofle, et une touche végétale, certainement due à l’effet millésime.
La bouche est à l’avenant, confirme le boisé dominant qui apporte certes de la rondeur mais aussi cette aromatique qui gomme le cépage et le terroir. Une bonne acidité est à mettre à son actif, ou plutôt à celui du millésime…
Bien parce que je ne suis pas totalement réfractaire à un élevage trop marqué (pour ceux-ci, ce serait bof) et encore plus loin d’être un fan (pour ceux-là, ce serait Très Bien +).
Attendre au moins cinq ans pour que la matière ait une chance de ressortir, mais je suis pessimiste.
Domaine François Cotat – Sancerre – Monts Damnés – 2008
Cette bouteille est sortie directement de la cave de l’ami Claude.
La robe se situe quelque part entre paille et or.
Le nez expressif exhale de l’angélique, des senteurs de tisane et des touches végétales bien présentes.
L’attaque est large puis une tension, combinée à une grande densité, emporte tout, d’autant qu’elle s’accompagne de saveurs végétales en rétro-olfaction. Vous l’aurez compris, le style de ce vin est droit et bien cadré, la finale de bonne allonge étant dans la même veine.
Bien ++ / Très Bien mais loin du style habituel de François Cotat, avec des vins démonstratifs et luxuriants, y compris dans l’aromatique combinant exotisme et rigueur kimméridgienne.
Alors, effet millésime ? Dégustateur fatigué ? Celle bue en juillet 2022 en Belgique avait été appréciée par tous, y compris par moi, et les autres commentaires de LPV sont tous très bons. Seul celui de Pierre (peterka) en mars 2021 souligne le caractère austère et végétal de cette cuvée, mais c’était du Pascal Cotat…
Donc dégustateur fatigué…
Le plat qui l’accompagne est un bavarois d’asperges vertes et queues de langoustines, coulis de carapaces. Le vin est à son aise (3,5 /5), plus sur les asperges que sur les queues de langoustines.
Domaine Alphonse Mellot – Côtes de la Charité – Les Pénitents – 2019
La robe bien sombre ne présente aucun indice sur son âge.
Le nez intense et avenant propose des fruits rouges et des notes légèrement épicées.
La bouche à la trame charnue et lissée est habillée de tanins poudrés et d’une aromatique tout aussi agréable qu’au nez. Le toucher est fin et une belle vivacité lui apporte suffisamment de nervosité jusqu’à une finale épurée.
Très Bien (+)
Nous avons donc bu la même cuvée avec Amphores à deux jours d’écart, seul le millésime variant entre 2020 et 2019.
Et les deux vins n’ont rien à voir ! Autant le 2020 était chaleureux et sudiste (un beau C9P !) autant le 2019 est classique et équilibré.
Avec un mignon de veau rôti, jus tranché à l’estragon, tombée de jeunes légumes, l’accord est très réussi (4 / 5), autant en finesse qu’en texture.
Domaine Trapet – Alsace – Beblenheim – Riesling – 2019
La robe scintille d’un beau doré.
Le nez très ample déploie une aromatique qui ne laisse que peu de doutes sur le cépage : pétrole bien net et une pointe de citron.
L’attaque finement perlante précède une bouche en demi-corps, égayée par de légers sucres résiduels. L’aromatique en cœur de bouche est toujours terpénique alors que la finale se montre plus gourmande.
Bien +(+)
Le vin est malheureusement écrasé par un munster de compétition (2,5 / 5).
L’accord avec un gewurztraminer sec aurait certainement mieux fonctionné.
Domaine Matignon – Cabernet d’Anjou – Gourmandise – 2022
La belle robe saumon fait envie.
Le nez intense est d’abord teinté de vernis avant que des arômes fruités de pêche et de groseille viennent cacher cet intrus.
Moelleuse, mais avec un sucre bien intégré dans la matière à l’étoffe fruitée, la bouche ne se dépare pas d’une franchise minérale bienvenue, offrant un équilibre réussi. La finale assez courte se rattrape par sa netteté et sa finesse.
Bien ++ et une bonne surprise pour moi, d’ordinaire pas fan de cette appellation.
Le dessert proposé est « La gariguette, comme un fraisier revisité », pour un accord salué unanimement (4 / 5) : couleurs, saveurs, finesses sucrées, l’accord coche toutes les cases !
Encore un excellent diner à La Suite, en bonne compagnie.
Je veux parler des vins et des convives !
Jean-Loup