Quedubon encore et toujours
Après une brève
soirées à domicile chez Romain,
le groupe se retrouve quelques jours après pour une nouvelle soirée. Un désistement du grand Oliv à la dernière minute suite à un bordel sans nom dans le RER à Chatelet réduit notre nombre à 7 personnes. Toujours aussi bien accueilli, la soirée peut commencer.
Pour se faire la bouche et en attendant les retardataires, je propose mon premier blanc (un spécial pour Guillaume qui déteste le cépage).
Vin 1 : Domaine Anne Boisson, Bourgogne Aligoté, 2016
Le nez est au départ discret puis le réchauffement lui permet de prendre un peu d'amplitude sur le citron, une légère touche florale et aussi un elevage présent sur un léger sésame. Cela reste assez simple et me fait penser aux bons aligotés voire à certains chardonnays à cause de l'élevage.
La bouche ne trompe pas elle sur le cépage avec une attaque sur l'acidité, une matière assez fine (voire faiblarde), un milieu de bouche rond et une finale citrique et pop corn. La longueur est moyenne (10 secondes).
Un aligoté bien fait même si l'on peut sentir les limites du cépage.
Je m'enqueri de l'avis de Sieur Legui qui reste tranché et mesuré avec un simple "en bouche, c'est pas bon". Bref, mission accomplie et un avis divergent des autres convives bien fait, pas extraordinaire mais parfait pour rincer le palais ou en apéro.
Vin 2 : Champagne Thibault Tassin, Les Fioles, 2019
Le nez est assez charmeur sur un mélange de fruits rouges (Pinot ?), du citron confit, de la pomme rôtie (tatin) et du brioché.
La bouche possède un côté rond sur les agrumes. Cela reste assez unidimensionnel et l'acidité en finale permet de rincer le palais sans persistance. La longueur est moyenne aussi (10/15 secondes).
Seconde rencontre avec ce producteur, j'avais beaucoup plus apprécié le chardonnay.
Vin 3 : Champagne Jacques Lassaigne, La Colline Inspirée
Base 2017 - l'un de mes apports
Le nez est joli sur le pop corn, le sésame, du citron et de l'orange confite, des herbes séchées. Assez complexe, assez chardonnay dans son expression (l'un de mes camarades signale que ça a le nez d'un joli Bourgogne). Cela reste encore dominé par l'élevage même si c'est assez joli.
La bouche présente une attaque avec une acidité importante donnant une belle tension au vin, les arômes de citron confit arrivent ensuite donnant une certaine ampleur en milieu de bouche complétée par une petite amertume. La finale est au départ sur le sésame et donne une impression ensuite de salinité. La longueur est bonne (20+ secondes) et donne envie de se resservir.
Un beau champagne certes trop jeune et pleins de promesses mais que je voulais goûter. En l'état c'est quand même bien bon.
Vin 4 : Domaine des Comtes Lafon, Meursault, Clos de la Barre, 2020
Dès les premières effluves, je suis conquis avec un côté réservé et tout en retenue mais en même temps une évidence et complexité comme si tout était en place. L'aromatique n'est clairement pas sur l'exubérance avec du jus de citron frais, des notes florales (muguet) et une note de cacahuète. C'est juste très joli, en place et je passe quelques minutes le nez dans le verre.
La bouche elle ne laisse pas de doute : l'attaque est fraîche et déroule une belle matière qui emplit le palais, un léger gras en milieu de bouche compensé par l'acidité et des arômes sur les agrumes et les fleurs. Une très belle longueur (30+ secondes) tout en délicatesse.
Deuxième rencontre sur les blancs : ici, on est face à un vin tout en délicatesse sûrement moins facile que d'autres chardonnays bien élevés. Clairement un gros coup de cœur.
Vin 5 : Domaine Pernot Belicard, Puligny Montrachet 1er cru, Les Champs Gains, 2014
Le nez est au départ sur le menthol/eucalyptus, du citron frais, quelques légers fruits exotiques, léger boisé fondu et même une petite croûte de fromage qui me fait dériver quelques secondes vers Dauvissat.
La bouche présente une bonne acidité en attaque sur des arômes assez simple de citron et de floral, un léger gras au milieu et une finale citronnée. La longueur est moyenne (15 secondes) sur une persistance avec un léger boisé.
Un chouette chardonnay classique qui fait très bien le job.
Vin 6 : Val Volxem, Scharzhofberger 2016
Oh quel joli nez là encore sur le citron extra frais, du zeste de citron, du citron vert, le pétrole et même de l'ananas en boîte. Très jolie complexité et ce petit truc qui m'oriente directement vers l'Allemagne.
La bouche me plaît avec une belle acidité en attaque, donnant une belle fraîcheur, le milieu présente une belle tension et une matière sphérique et en même temps traçante. La finale est légèrement exotique (mangue) et la matière s'impose avec une très jolie longueur (30/40 secondes).
Un autre coup de cœur.
Vin 7 : Manseng & Cie, Marcel, 2021
Un vin apporté pour Florent, grand fan de Lajibe et dont cette cuvée est sensée être le top de son négoce.
Le nez fait penser à certain nature avec ce côté fermentaire et en même temps de la pomme pas trop mûre mais aussi un léger fruit exotique. Je peux comprendre d'être rebuté par le nez presque "acide".
La bouche elle présente une acidité presque violente mais qui ne me déplaie pas et porte le vin. Cependant la matière est trop faible pour contenir cette acidité et on a du fruit exotique et une amertume en milieu de bouche. La longueur est moyenne voire courte (10/15 secondes).
Clairement pas un vin à mettre entre toutes les mains et l'acidité peut être trop importante pour certains.
Vin 8: Domaine Labet, Côtes du Jura, La Bardette, 2016
Le nez est extrêmement réduit sur la conserve de thon en boîte, le cul de cheval et un léger citron. Avec l'aération ça va beaucoup mieux avec le pop corn caractéristique de labet. Ça gagne en complexité et revient comme je goûte (les deux reduc-sniffeurs disent que non, ça pue toujours).
La bouche présente elle directement une jolie texture sur l'acidité en attaque tout de suite compensée par une belle matière remplissant le palais. Le citron frais et confit est bien présent et la longueur bonne.
Au départ fortement réduit, on sent quand même un beau jus derrière mais beaucoup moins de plaisir qu'habituellement pour ce producteur.
Après cette "paire de l'enfer", revenons à quelque chose de plus consensus.
Vin 9 : Domaine Damien Laureau, Savennieres, Les Genêts, 2018
Le nez me fait directement partir sur le chenin mur avec du coing, du zeste de citron, un léger fruit exotique (passion) et ce côté bonbon anglais que je retrouve sur les chenin chauds.
La bouche présente une matière ronde et confortable sur le citron, un bel équilibre général. Pas une grande complexité même si la finale présente de beaux amers. La longueur est moyenne.
Beaucoup plus consensuels que les vins précédents.
Vin 10 : Domaine Emmanuel Rouget, Bourgogne, 2019
Le nez pète le fruit tout en étant élégant sur le noyau de cerise, un petit côté végétal, du menthol. Assez immédiat.
La bouche est sur le fruit rouge et une légère acidité en attaque et un fruit assez pur. Très délicat, la finale s'étire sur la petite mûre fraîche avec un peu de menthol. La longueur est moyenne mais l'ensemble reste assez aérien après ce fruit presque sensuel en attaque.
Belle découverte de ce producteur sur ce Bourgogne générique. Ça se boit facilement.
Vin 11 : Domaine des Capreoles, Regnié, Diaclase, 2018
Le nez est assez intense, sur les fruits noirs et une légère ronce. On dirait plutôt un vin sudiste.
La bouche est plus fraîche que prévue avec une attaque sur le jus de fruits noirs, un côté herbacé et des le milieu de bouche, les tannins saillants se font sentir. La finale reste sur les fruits rouges avec une persistance moyenne (10/15 secondes).
Difficile de placer le vin en beaujolais, je l'aurais vu beaucoup plus au sud.
Vin 12 : Alvaro Palacios, Priorat, Les Terrasses, 2009
Le nez fait encore sudiste sur un mélange de fruits noirs mûrs, du jus de mûre, du menthol. L'ensemble possède une belle profondeur et une certaine complexité.
La bouche surprend par des tannins arrivant presque en attaque pour laisser ensuite des fruits noirs prendre leur place. Le milieu de bouche oscille entre réglisse et pruneau tout en gardant cette trame tannique. La finale s'étend sur le pruneau sans laisser les tannins. La longueur est plutôt bonne (15/20 secondes).
Palais de fillette s'abstenir, même moi je n'y retourne pas.
Vin 13 : Domaine Tempier, Bandol, La Tourtine, 2006
Le nez est d'emblée enchanteur, évolué sur le fruit noir enrobé , un léger animal, du pruneau, du poivron, un côté fruit écrasé et même un petit côté herbacé. Très joli et à point.
La bouche confirme sur une attaque élégante sur les fruits noirs compensés par une acidité et un côté herbacé. Le milieu de bouche s'oriente plus vers le pruneau tout en gardant une rondeur qui laisse l'ensemble gourmand et rond. La longueur est bonne (plus de 20s).
Un beau plaisir sur ce vin que j'ai clairement trouvé à son apogée.
Vin 14 : Domaine Jean Louis Chave, Saint Joseph, 2014
Le nez me plaît d'emblée sur le jus de fruits noirs (cassis, groseilles), du poivre, un léger menthol. Jolie complexité, je suis conquis par ce nez qui m'oriente vers un Montcalmes à maturité.
La bouche est jolie mais plus austère /serrée qu'envisagé même si l'on a une certaine jutosité et une aromatique assez simple sur les fruits noirs. La finale est légèrement herbacée. La longueur est sympa sans être extraordinaire (20+ secondes).
Encore jeune, un peu sérieux même si le jus reste beau.
Vin 15 : Domaine Gonon, Saint Joseph, 2014
Encore un très joli nez qui m'oriente plus vers une belle syrah avec pèle-mêle du fruit noirs profonds, du lardé, de la légère violette, des herbes de Provence fraîches. C'est plein, assez profond en restant en même temps frais.
La bouche est ronde, pleine, fruitée sur le jus de cassis, la longueur est bonne, l'ensemble juteux et gourmand.
Conquis par le nez et la bouche lui donnant un vrai z avantage sur le Chave (qui pourrait aller plus loin).
Vin 16 : Domaine Pierre Ménard, Coteaux du Layon. Cosmos, 2018
Le nez est frais équilibré sur le jus d'ananas tout juste centrifugé, de la peau de pamplemousse, une légère orange confite. C'est joli et assez énergique.
La bouche présente une belle acidité en attaque qui donne une impression de sucre facile à boire sur un très bel équilibre avec de l'orange et de l'ananas. Très belle longueur avec une matière qui tapisse le palais sans être pataud grâce à l'acidité.
Un beau sucre qui fait partir rapidement vers la Loire.
Vin 17 : Château Loubens, Sainte Croix du Mont, 1990
Peu de notes mais globalement le nez était un peu passé au départ mais a repris du poil de la bête ensuite sur un léger rôti, de la mangue, un petit caramel qui donne à l'ensemble un côté sympa.
La bouche possède une rondeur et une aromatique assez simple sur le rôti. La longueur est moyenne (10/15s) et la finale fuyante.
Sûrement un peu passé, difficile de suivre un Loire jeune avec cette belle acidité.
Encore une très jolie soirée : j'avoue que la fatigue était bien présente pour ma part (en plus des pensées de boulot) mais c'était très sympa de se revoir en comité assez large.
Sur la soirée, les tops sont simples :
- En blanc le meursault clos de la barre sublime et délicat malgré sa jeunesse suivi par le Val Volxem
- En rouge, le Gonon et la Tourtine ont dominé les débats
- Mention honorable au Lasseigne et au sucre de Ménard
Merci encore pour cette superbe soirée les copains,
Bonne dégustation,
Matthias