Le plat de résistance
Eliane et Olivier se remettent aux fourneaux pour nous proposer un superbe magret de canard aux cèpes (un magret entier par personne s'il vous plaît…), agrémenté d'une partie de la récolte de champignons réalisée dans l'après-midi même, dont quelques amanites qui, heureusement, ne sont ni phalloà¯des ni tue-mouches.
Pour nous faire patienter, et alors que nous discutions de la qualité des vins portugais, Olivier va chercher dans sa cave un de leurs meilleurs représentants.
Quinta da Gaivosa 1999 – Douro DOC
La robe est brillante, profonde et très jeune. Le nez est superbe, soutenu, complexe, sur les fruits noirs très mûrs, cassis et mûre, la cerise, le pruneau, avec des arômes évoquant la mine de crayon et la truffe. En bouche, l'équilibre est superbe grâce à une très belle fraîcheur empêchant toute sensation de lourdeur. Les tannins sont mûrs et fondus, grande longueur, ce vin est une véritable gourmandise. (8,5/10)
Le magret arrive pour notre plus grand bonheur, saignant à souhait, sauf celui d'Eliane que nous n'avons pas su convaincre de la justesse de ce choix… L'atmosphère est embaumée par l'odeur enivrante des ceps concoctés par Olivier, de la manière la plus simple mais la plus efficace qui soit. N'est-ce pas à la manière qu'ils ont de respecter les saveurs originales des meilleurs produits que l'on reconnaît les vrais cuisiniers de talent ? Olivier en fait assurément partie. Cinq vins seront servis avec ce plat succulent, sur un thème choisi par Eliane, à savoir les Bordeaux du millésime 1990. S'y trouvait un intrus apporté par Laurent, qui s'est révélé n'être pas si intrus que cela finalement…
Château Sociando-Mallet 1990
Voilà enfin l'occasion pour moi de boire cette bouteille dont on a déjà tant parlé et que j'ai acquise grâce à un échange avec un éminent confrère Jurassien que tout le monde connaît sur LPV et que je remercie par cette occasion…
La robe est brillante, profonde et encore jeune, sans aucun signe de fatigue. Le nez est superbe, déjà bien expressif, sur le cassis, le poivron rouge bien mûr, le cèdre, la boite à cigare, les épices et le cuir. En bouche, le vin se montre puissant, l'équilibre est magnifique, de même que la longueur. Les tannins sont mûrs, pas encore fondus mais sans sécheresse. Superbe vin, dont le potentiel est encore considérable. Merci Olif… (8,8/10)
Mas de Daumas Gassac 1990
Voilà un vin qu'il était intéressant de comparer aux Bordeaux du même millésime, rien que de par son assemblage à majorité de cabernet sauvignon. Il a tenu sa place sans problème.
La robe est moins soutenue que celle du Sociando Mallet, elle montre également des signes d'évolution légèrement plus avancés. Le nez est également superbe, sur les fruits rouges et noirs, la pivoine, de légères notes de poivron rouge mûr, la réglisse et le sous-bois. En bouche, il se montre plus fin que puissant, très bien équilibré, avec des tannins moins imposants que Sociando. Très belle longueur pour un vin qui a encore au moins 5 à 10 ans devant lui. (8,5/10)
Château Pavie Macquin 1990
Voici à mon sens le plus beau rouge de la soirée ! La robe est très soutenue, encore jeune. Magnifique nez sur les fruits noirs, les cèpes, la truffe, les jus de viande et une remarquable minéralité. La bouche n'est pas en reste, très puissante, elle est parfaitement équilibrée grâce à une belle acidité, les tannins sont mûrs, la finale est très longue, la plus longue de la série. Remarquable vin et encore un excellent choix de DidierD. (9,3/10)
Château Gazin 1990
Il a un peu souffert de passer après Pavie Macquin. La robe est moins soutenue, un peu plus évoluée. Beau nez sur les fruits noirs, le pruneau et le cuir, avec également des notes de sous-bois et d'épices, type spéculoos (et oui, on est belge ou on ne l'est pas…). Le vin se montre bien équilibré en bouche, les tannins semblent fondus, belle longueur. Très bon vin dans l'absolu, qui aurait sans doute bénéficié d'être servi avant le précédent. (8,3/10)
C'est à ce moment, alors que nous discutions avec DidierD de la semaine qu'il a passé chez Robert, qu'il lui prit une envie subite de me parler des effets de la pleine lune sur sa capacité à traverser un bois en pleine nuit sans lampe de poche. Tout cela pour essayer de me faire admettre son influence sur la croissance de la vigne et d'accréditer ainsi certaines théories fumeuses dynamico-cosmoculturesques. Mais vous me connaissez, je ne me suis pas laissé faire et la discussion a ainsi perduré jusqu'à ce qu'Olivier se décide enfin à nous servir le vin suivant… (Pardon ? Vous dites que cela ne s'est pas passé comme çà ? Insinueriez-vous que je serais de mauvaise foi ? Que je travestirais la vérité ? Je n'ose le croire…)
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Château Lynch Bages 1990
Nous terminons cette superbe série de grands rouges 1990 par Lynch Bages, qui présente la robe la plus noire de tous et la moins évoluée. Le nez est très fermé au départ mais s'améliore bien après aération. Fruits noirs, notes florales évoquant la fleur de lys, notes minérales de type mine de crayon, tabac, cachou et notes torréfiées. La bouche confirme ce que l'on pressentait au nez, à savoir que ce vin a été ouvert beaucoup trop tôt. En effet, il est encore campé sur des tannins imposants et est encore très loin de l'épanouissement. L'équilibre et la longueur sont cependant là pour nous inciter au plus grand optimisme pour dans une bonne dizaine d'années. (8,3/10)
Suite et fin au prochain numéro…
Luc