J'ai vu que José était de retour, alors il me vient à l'esprit cette question que je lui destinais depuis cet été.
Robert Plageoles, intarissable sur les cépages du sud ouest nous a certifié que le duras qui est sans doute le plus vieux cépage autochtone dans le sud ouest de la France aurait des parentées italiennes qui porteraient d'ailleurs un nom similaire. Gaja en aurait d'ailleurs planté...
En sais-tu davantage José? (Ou tout autre pouvant répondre, bien sûr!)
Merci pour cette intéressante question, j'aime être mis à contribution concernant les cépages autochtones.
Duras dans le sud ouest de la France
Dureza en Ardèche
Durize en Valais (Suisse)
Duraca en Sicile
Durasa au Piémont
Durella en Italie
(Je ne sais pas lequel Gaja a planté)
Tous ces cépages n'ont qu'une chose en commun: leur étymologie, dérivant probablement de "dur", ces cépages étant tous caractérisés par des baies à peau épaisse. Même si l'étymologie d'un cépage est toujours discutable, il n'y a à ma connaissance aucun lien de parenté entre ces cépages, ni entre le Duras et des cépages italiens. Selon ma base de données (analyse succinte et non publiée), le Duras serait peut-être plutôt proche de cépages comme l'Ardonnet du Jurançon ou le Camaraou du Béarn et Jurançon, cépages que Plageoles doit certainement connaître (ces données sont préliminaires et restent à vérifier, à les prendre comme telles).
Quant à Plageoles, je goûterais volontiers ses vins mais je ne sais pas où les trouver (en Suisse ou Italie).
Robert Plageoles, dans son style propre, nous disait que ce n'etait pas a lui de prouver aux ampelographes qu'il y a avait une parente entre le Duras gaillacois et le cepage utilise par Gaja, mais aux ampelographes a lui prouver qu'il n'y en avait pas.
Avec cette vision, on est au moins sur que le metier d'ampelographe ne va pas disparaitre ces prochains siecles.
Jerome, le caviste ligerien qui etait present semblait en savoir plus sur ce que Gaja avait plante. As-tu toujours son e-mail pour lui demander ?
P.S. pour Jose: le Vent d'Autan 2001, c'est une pure merveille ...
Si j'avais su que "durize = duras", je n'aurais pas manqué de t'en faire goûter une bouteille lors de tes venues en Suisse. Je n'en ai pas en cave mais je dois pouvoir trouver une bouteille de durize, qui est un cépage que l'on rencontre surtout dans la région de Fully (je crois). C'est un cépage peut-être un peu trop tardif pour être intéressant en Valais. J'ai eu l'occasion d'en déguster il y a de cela quelques années et je me souviens d'un vin coloré et structuré, mais aussi rustique et vert.
Averroes,
c'est un plaisir de pouvoir partager ma passion/mon travail. Petite précision tout de même sur "durize=duras": ce n'est pas le cas, ces 2 cépages n'ont pas de parenté, seulement une étymologie commune, comme d'ailleurs les autres cépages mentionnés plus haut. J'ai eu l'occasion de goûter plusieurs Durizes récemment, il y a 6 ou 7 producteurs qui en font, et outre les notes de fraises (parfois même de fraises trop mûres), la Durize présente souvent des notes de fumée assez typiques, et sans passer en barrique. Cela provient donc du cépage, ou peut-être de la surmaturité du cépage comme c'est souvent le cas avec les rouges valaisans (je déteste les Pinots cuits qui constituent la majorité des Pinots valaisans, Dieu sait ce que nous réserve le caniculaire 2003 pour les Pinots...).
Jérôme et Anthony,
merci pour le conseil avec la cuvée d'Autan, je me réjouis de pouvoir en goûter. Et Plageoles a raison, c'est à nous (enfin, nous, je ne suis qu'un ampélographe de laboratoire...) de prouver s'il y a ou non parenté entre les cépages, pas au vigneron.
Je suis toujours intéressé de savoir ce que Gaja a planté. On dit aussi qu'il a fait des essais avec la Petite Arvine valaisanne mais qu'il n'a jamais commercialisée car insatisfait du résultat...
Salutations
Nous avons une chance immense de pouvoir bénéficier sur LPV des éclairages d'un spécialiste aussi pointu que toi en matière de cépage, je dirais même DU spécialiste en la matière.
Au plaisir de faire - enfin - ta connaissance
Yves
PS Je déteste aussi les pinots cuits. 90° oechslé, c'est à mon avis un max en Valais pour les pinots. Par ailleurs, il ne faut pas oublier lse pinots de la rive gauche, Bramois (mon village natal) et Charrat notamment, qui sont souvent plus frais que leurs homologues de la rive droite.
Jérôme
ça ne nous empêchera pas d'ouvrir une bouteille de durize à la première occasion, ne serait-ce que pour faire un peu de poésie et apprécier ensembl e cette étymologie commune (aaa)