Voici quelques jours, « la France d'en haut » recevait les vignerons dans ses salons, que ce soit aux portes de Versailles, de Champerret et d'ailleurs.
Et voilà que le STAF de LPDV, à grand coup de TGV de notre chère SNCF, et avec l'aide de la RATP, voire des RER A, B ou C, se retrouve au cÅ“ur de PARIS pour évoquer l'avenir sur le WEB, sans faire appel, ni à la NASA, ni aux prévisions horoscopiques des tenants de la biodynamie !… ;-)
Pourtant, on pourrait croire qu'ils sont superstitieux, s'apprêtant à fêter le troisième mois de « leur bébé » un vendredi 13 décembre, alors même qu'il est apparu un vendredi 13 septembre !… Bon anniversaire !
Pendant ce temps-là , « la France d'en bas » profite largement des journées « Portes ouvertes » de Pessaac-Léognan pour repartir à la découverte des vignobles.
Le terrain ! Rien ne vaut le terrain !… ;-)
En ce moment, me direz-vous, il vaut mieux éviter d'oublier sa polaire pour un tel périple, même du côté de Léognan ou de Martillac.
Le paysage a pris ses couleurs hivernales. Plus de feuilles sur la vigne. Pas davantage sur les feuillus alentours. Seuls les pins des Landes girondines et leur vert bronze, presque noir, tranchent sur le gris uniforme du ciel de décembre. Parfois, d'élégantes façades de pierre blanche, légèrement halées, attirent l'Å“il, au détour d'un chemin.
La vigne montre des perspectives et des alignements parfaits, renforcés par les fils de fer, et les nuances de sols de graves, tantôt pyrénéennes, tantôt gà¼nziennes. Les ceps semblent torturés par les premiers froids. Les bois rouge bordeaux (bien sur !) sont encore en place pour quelques jours. Bientôt, de courageux « tailleurs », engoncés dans de solides et chaudes tenues thermiques, tous sécateurs en batterie, viendront ébaucher le futur millésime, en rêvant à la pause, autour d'un feu de sarments, et au vin chaud à la cannelle.
Je m'égare, je m'égare…
Ce samedi donc, dès 10 h, les portes s'ouvrent. Et commençons par un des quatre Classés (c'est plutôt peu !…) qui participent à ce week-end : le Domaine de Chevalier :
- Chevalier blanc 2000 : de jolies notes citronnées. Fraîcheur et nervosité. L'acidité est assez soutenue, mais le vin est persistant. Cette impression est renforcée par les notes citronnées. Délicat et fin. Le bois est tout à fait discret !
- Prieuré de la Solitude rouge 2000 : jolie robe. Nez assez typé graves, sur le pruneau. Un peu léger en bouche avec une fin amère.
- Esprit de Chevalier rouge 1999 : nez assez subtil. Bouche souple, mais manquant de volume.
- Chevalier rouge 1999 : beau nez franc et net. Notes tabac, puis fruits cuits ; subtile, agréable. Bouche solide et ferme. Tannins fins mais assez soutenus en fin de bouche. Du potentiel !
Il ne faut que quelques minutes pour se rendre à Martillac, où se situent quelques domaines intéressants. En premier lieu, un autre classé, le Château Latour-Martillac qui appartient à la famille Kressmann. Une élégante tour ronde, coiffée d'ardoises, prend place dans la cour d'une jolie demeure.
Trois millésimes du Grand Cru blanc proposés à la dégustation, deux en rouge :
- Blanc 1997 : or brillant. Tendance vanillée pour un vin un peu uniforme.
- Blanc 1998 : or brillant, légers reflets verts. Nez tendance fruits exotiques. Assez agréable.
- Blanc 1999 : Assez belle élégance, du gras, de la nervosité. Arômes nuancés, sans être monotones.
- Blanc 1991 : pour l'anecdote. Acidité très présente !… Finit amer.
- Rouge 1999 : nez de fruits mûrs, puis nettement animal. Tannins assez marqués.
- Rouge 1998 : nez pruneaux, confits. Tannins asséchants. Manque d'équilibre, acidité soutenue.
Les rouges sont plutôt décevants. A noter, que pour le millésime 2002, les vendanges ont été faites en cagettes, avec un tri soigné. Faut voir !…
Peut-être le château qui propose le plus de millésimes à la vente pour l'occasion : 91, 92, 96, 97, 98 et 99 en blanc.96, 98, 99, plus 81 (!) en rouge.
Après la pause de midi, retour à Léognan pour un passage au Château La Louvière. Dégustation rapide :
- Cruzeau blanc 2000 : Très sauvignon, frais, mais finissant sur une pointe végétale.
- La Louvière blanc 2000 : nez acidulé et fruité, très typé sauvignon. Sans plus.
- La Louvière rouge 2000 : nez assez agréable de fruits rouges confiturés. Ferme, tannins assez présents. Assez belle matière. Equilibre assez intéressant. Semble pouvoir bien évoluer !
Petit tour dans les coteaux alentours pour se rendre au Château Smith-Haut-Lafitte, à l'architecture assez remarquable. A tous les étages, rien que de très classiques, cuves inox, foudres, barriques neuves multi-provenance, batônnage, etc…, sauf quand même pour la tonnellerie, dans laquelle un jeune tonnelier fabrique, bon an, mal an, 400 des 800 barriques bordelaises nécessaires ! Il n'y a que quatre châteaux dans le bordelais qui sont dans ce cas : Margaux, Haut-Brion, Lafite-Rothschild et Smith-Haut-Lafitte !… Très beau chai souterrain (immense !) dans les tons vert bronze datant de l'époque Eschenauer (avant 1990).
Très belle salle de dégustation pavée, mais rien (ou presque !) pour les visiteurs !…
Seuls sont proposés Cantelys blanc 1995 et Cantelys rouge 1996. Etonnant, non !… Passons, donc…
Retour à Martillac, pour une bonne surprise du jour : Château Haut-Nouchet, de Louis Lurton (pas André !). Un vignoble en bio. En culture biologique quoi ! Du genre « je grappille dans toutes les méthodes, sans revendiquer de label… »
Très très intéressant ! Le blanc et le rouge 1999 sont proposés à la dégustation. Très belles sensations avec un blanc élevé en demi-muids, dans un duo fruité-floral. Le rouge est assez puissant et expressif, très typé graves. Respectivement 8 et 12 € pour l'occasion ! Une adresse du genre très recommandable !
Passage-éclair ensuite au Domaine de la Solitude, très fréquenté ! Dégustation-éclair également des blancs 2000 et 2001. Et un air de famille flagrant avec Chevalier. Etonnant !…
Prenant la route de Saucats, la dernière visite du jour sera pour le Château Le Sartre, non loin du Château de France et de Fieuzal.
C'est la famille Perrin, du Château Carbonnieux qui administre ce cru depuis 1981. Les aménagements sont assez récents et l'accueil se fait à l'extrémité du chai à barriques.
Dégustation de Sartre blanc 2000, assez sauvignonné, mais plutôt agréable. Après un Château Bois Martin rouge 1999 tout en rondeur, un Sartre rouge 2000 dont la matière exprime, là aussi, une intéressante typicité. Le tout à 10 € la bouteille. Rien d'absolument exceptionnel, mais une découverte non négligeable.
Au total, 25 domaines à découvrir. C'est beaucoup pour un week-end, mais une occasion d'entrevoir qu'il faut de tout pour faire un monde… du vin !
L'an prochain, rendez-vous dans les Graves de Pessac-Léognan !
PhR