Marion et Martin se sont donc mariés religieusement ce samedi 8 septembre, après s'être mariés civilement l'an dernier. Un mariage, surtout quand les invités sont nombreux (plusieurs centaines dans le cas présent), ne se prête pas beaucoup au service de grandes bouteilles pour des raisons que tout le monde comprendra. Mais quand le père de la mariée d'appelle Thierry Debaisieux, l'assemblée est néanmoins assurée de boire bon. Ce fut effectivement le cas avec, à l'apéritif, un
Saint-Péray 2000 du Domaine Alain Voge, qui montre un début d'évolution oxydative, mais qui a parfaitement tenu son rôle et se révèle un excellent rapport qualité-prix. Que dire du simple
Côtes-du-Rhône blanc 2005 de Guigal hormis le fait qu'il m'a véritablement épaté par son côté charmeur et directement accessible, floral et remarquablement équilibré, un superbe choix sur l'entrée de poisson. Mais le coup de maître viendra du
Chinon Clos de la Dioterie 1996 du Domaine Joguet, parfait compagnon de la volaille, d'une finesse et d'une longueur qui ne sera mise à mal que par le
Clos de la Dioterie Vieilles Vignes 1995 (réservé à quelques tables, mais chuuut, il ne faut pas le dire...
), qui a tout ce que le précédent possède, en mieux. Les vins étaient très bons, la mariée était étincelante, je renouvelle ici tous mes voeux de bonheur à ce couple éminemment sympathique qui a devant lui un avenir qui s'annonce radieux.
Le lendemain, nous nous retrouvons en petit comité chez Thierry et Sophie, avec entre autres Yves Zermatten, Didier Thibaud et leurs épouses respectives.
Nous sommes tout de même le lendemain de la veille, certaines mines sont patibulaires (mais presque...), Thierry nous annonce alors qu'il a décidé d'être raisonnable et de ne servir qu'un seul vin à l'apéritif (ooohhh!), à savoir un
Hermitage Chevalier de Sterimberg 1995 de Jaboulet, mais en magnum (aaahhh !
). Un vin en tous points superbe, d'une étonnante jeunesse, un peu réduit à l'ouverture mais qui s'ouvrira ensuite sur des notes florales, minérales (pierre à fusil) et exotiques, légèrement encaustique, d'une remarquable fraîcheur, d'un équilibre et d'une longueur qui ne le sont pas moins.
Viendront ensuite pour accompagner la côte à l'os deux bouteilles de
Château Lagrange 1990, que Thierry voulait comparer car provenant de deux caisses différentes, avec surtout un bouchon qui n'était pas identique. Deux excellentes bouteilles, à mon avis à point, avec encore un beau fruit bien mûr et un début d'apparition de notes tertiaires sur le tabac et le sous-bois, une bouche pleine, ample, aux tannins fondus et soyeux, un vrai moment de plaisir. Une des deux bouteilles semblait cependant légèrement supérieure à l'autre, plus fruitée et plus longue, mais sans que cela soit à mon avis très marquant.
Viendra ensuite un
Château Grand Puy Lacoste 1986, lui aussi remarquable, plus marqué par le tabac au nez, avec des tannins encore présents, mais d'une grande finesse et très long. J'avoue lui avoir légèrement préféré Lagrange 1990, mais cela ne lui enlève rien de ses qualités. Il n'y a pas à dire, un grand Bordeaux à maturité, c'est tout de même excellent, même si la suite était à mon goût encore meilleure...
Pour accompagner le fromage, Thierry nous propose en effet une série de trois Châteauneuf-du-Pape. Tout d'abord
Charvin 2000, d'une élégance folle au nez, qui m'a pour la première fois fait comprendre pourquoi certains le comparaient à Rayas. En bouche, c'est tout de même un autre style, mais c'est fin, d'un équilibre parfait et d'une longueur étonnante. J'adore ! Le
Clos des Papes 2000, qui suivait, se montrait plus explosif, plus puissant aussi, avec un fruité très mûr, peut-être un peu moins fin à ce stade que le Charvin, mais tout aussi jouissif.
Beaucastel 1995 qui suivait était quant à lui d'un style diamétralement opposé, plus rigoureux, droit, à la limite de l'austérité, marqué par le mourvèdre, et devrait mieux convenir aux amateurs de Bordeaux. Un très beau vin assurément qui, même s'il offre un peu moins de plaisir à ce stade, possède un équilibre et une longueur qui lui permettront d'affronter les années sans crainte.
Pour mettre tout le monde d'accord, Thierry nous sert alors la bouteille qui tue, j'ai cité
Rayas 1997. Que dire, sinon que même dans un millésime réputé faible, il a à mon sens surclassé tout ce beau monde sans aucune difficulté, dans le style qu'on lui connaît bien et que j'ai déjà eu la chance d’apprécier à de nombreuses reprises. A noter que c'est la bouteille qui est arrivé en dernier lieu sur la table et celle qui s'est vidée en premier (dans la série des CNP), signe qui trompe rarement sur la qualité d'une bouteille.
Il me reste à remercier Sophie et Thierry pour leur accueil comme toujours d'une générosité sans faille et laisser place à la description de la suite des festivités, qui se sont déroulées sans moi, travail oblige.
Luc