Pour cette nouvelle dégustation de printemps à thème de LPV Grand Centre, nous avons eu la joie d’accueillir deux nouveaux, Oliv et Yann ! C’était super chouette et ce ne sera pas la dernière fois…
Ce thème était un peu casse-gueule car si 2009 est un superbe millésime pour les rouges, on pouvait craindre des vins trop lourds pour les blancs… On pouvait aussi redouter des vins trop boisés comme cela a été le cas avec de grands bourgognes blancs bus récemment lors de dégustations éclectiques…
Dans la sélection figuraient dans la première partie de grands vignerons et dans la deuxième de grandes appellations. J’avais choisi de servir les vins par paires, toutes homogènes sauf la deuxième, afin de mieux comparer les nuances… Le nombre total de vins était limité à onze, avec un sucre pour finir, car après il fallait rentrer à Limoges, Paris, Reims, Orléans, Saint-Etienne ...
Pour accompagner des gougères maison et des galettes de pomme de terre (qu’il fallait bien faire découvrir à Oliv !) : deux Chablis 1er cru de la Rive Gauche du Serein et pas très éloignés.
Domaine Jean-Paul et Benoît Droin – Chablis 1er cru Vaillons – 2009
Pas de photo d’étiquette (Vivien est très fort pour faire un faux
) car cadeau de Benoît Droin sorti de sa cave de réserve. Un grand merci à Benoît !
Selon conseils du géniteur, la bouteille a été ouverte et épaulée la veille et carafée juste avant service.
La robe se situe entre paille et or.
Le nez bien ouvert est finement beurré et offre des fruits blancs bien mûrs ainsi qu’une note de coquille d’huître, juste pour rappeler son origine (mais peut-être parce que je la connaissais).
La bouche est enrobée d’un léger gras mais c’est sa très belle minéralité crayeuse qui marque avant tout. Elle n’empêche pas une bonne sapidité de s’exprimer, donnant un ensemble très réussi et vraiment classieux. La très longue finale est soutenue par de forts beaux amers.
Très Bien ++
Domaine Vincent Dauvissat – Chablis 1er cru La Forest – 2009
Dans un souci d’homogénéité, la bouteille a également été ouverte et épaulée la veille et carafée juste avant service.
La robe présente un or clair.
Le nez fait son timide et paraît plus austère que celui de son compagnon, notamment par son arôme de croute de fromage ; il est quand même adouci par une touche vanillée, que j’avais d’ailleurs ressentie plus prégnante à l’ouverture de la bouteille.
La bouche présente une belle rondeur et est plus expressive qu’au nez. Elle a un léger déficit de nervosité, sauf dans la finale peu persistante mais plus épurée et qui s’est avérée saline lors de la dégustation du fond de bouteille le soir.
Ce vin a très certainement souffert de la comparaison avec le Vaillons.
Bien ++ et donc très loin du niveau attendu.
Les deux vins se sont bien comportés sur les deux mises en bouche qui étaient neutres.
Pour accompagner une nage de lotte aux petits légumes, lait de coco et citron vert, un plat de caractère : deux vins de vignerons à la forte personnalité.
Domaine Leflaive – Puligny-Montrachet 1er cru Les Folatières – 2009
La bouteille a été épaulée pendant trois heures et carafée pendant une heure supplémentaire.
La robe affiche un bel or.
Le nez vraiment très intense virevolte d’arômes pâtissiers (beurre, vanille) et de fruits jaunes à des fruits jaunes mais également de la poire, le tout agrémenté d’un léger grillé.
La bouche est bâtie sur une chair généreuse et dense qui prend toute sa place dans un beau volume. Les superbes saveurs se battent pour prendre le dessus sur la très belle vivacité et les deux se retrouvent dans une finale élancée et élégante.
Très Bien ++ / Excellent
J’ai trouvé l’accord correct sans plus (3 / 5) car le plat très goûteux domine un peu le vin.
Domaine Guffens-Heynen – Macon-Pierreclos – Tri de Chavigne – 2009
La bouteille a été épaulée pendant trois heures et carafée pendant une heure supplémentaire.
La robe est tout aussi dorée.
D’une bonne intensité, mais moins que le Puligny-Montrachet, le nez se révèle très fruité, principalement sur les fruits jaunes bien mûrs qui confinent à l’exotique.
Très large en attaque, moins exotique qu’au nez, la bouche adopte ensuite un profil rectiligne procuré par une grande tension qui l’emmène assez loin.
Très Bien +
L’accord est en revanche magnifique (4+ / 5) : toutes les qualités du vin sont exacerbées alors qu’elles paraissaient un peu en dedans et pas totalement fondues, et la finesse du vin se fait jour.
Pour accompagner des noix de Saint-Jacques snackées, au beurre vanillé : deux vins d’un même domaine.
Domaine Chanson Père et Fils – Chassagne-Montrachet 1er cru Les Chenevottes - 2009
La bouteille a été épaulée pendant quatre heures et carafée pendant une demi-heure supplémentaire.
L’or de la robe est bien prononcé.
Le nez allie puissance et complexité, associant fruits jaunes, notes grillées, des touches florales et d’autres épicées.
En bouche acidité structurante et matière fruitée font corps pour aboutir à un ensemble remarquable tout en élégance. L’allonge est de bonne facture et s’affirme dans une finale saline.
Très Bien ++ / Excellent
Le mariage est très réussi avec le plat (4 / 5), l’accord se trouvant aussi bien sur la texture que sur les saveurs.
Domaine Chanson Père et Fils – Corton Vergennes - 2009
La bouteille a été épaulée pendant quatre heures et carafée pendant une demi-heure supplémentaire.
L’or ambré de la robe fait poser des interrogations.
Le nez très intense confirme malheureusement nos craintes : les arômes d’un vin blanc très évolué sinon d’oxydation sont dominants, avec de la noix et des épices lourdes. En cherchant bien on peut trouver de la mirabelle.
Mais si robe et nez accusent un vieillissement prématuré, la bouche reste étonnamment alerte : une très belle tension qui lui confère un style droit et long, une matière plutôt riche, des arômes d’oxydation beaucoup moins prégnants, c’est beaucoup mieux ! J’espère ressembler plus au caractère de cette bouche qu’à celui de la robe ou du nez !
La notation normale est ED car au vu du superbe Chassagne-Montrachet du même producteur sur le même millésime, ce vin ou sans doute plutôt cette bouteille a eu un problème. Mais en tant que plaisir ressenti je lui octroie quand même
Bien + pour la bouche.
Le plat redonne un peu plus d’ampleur au vin mais accentue en même temps son acidité, pour un accord très moyen (2,5 / 5).
Pour accompagner un effiloché de poulet à l’estragon : deux grands crus de la colline de Corton.
Domaine Chandon de Briailles – Charlemagne – 2009
La bouteille a été épaulée pendant quatre heures et carafée pendant une petite heure supplémentaire.
La robe affiche un bel or.
Le nez très intense et complexe nous fait voyager entre fruits jaunes, notes minérales de caillou, un côté floral élégant, des épices orientales et un léger grillé.
La bouche assure une synthèse formidable entre l’élégance des saveurs et la droiture apportée par une bonne acidité. La finale ciselée s’exprime de façon remarquablement persistante.
Excellent
Vin et plat réussissent un beau mariage (4 / 5), chacun relançant l’autre.
Domaine Faiveley – Corton Charlemagne – 2009
La bouteille a été épaulée pendant trois heures et carafée pendant deux bonnes heures supplémentaires.
L’or de la robe est assez dense.
Le nez puissant est encore marqué par l’élevage classieux mais il reste très fin, sur de la vanille certes, mais encore des fruits jaunes et de jolis arômes floraux qui apportent une fraîcheur bienvenue.
La bouche est hors norme, par sa puissance, son volume, ses saveurs exacerbées où le boisé est à peine sensible et bien intégré à la matière riche. La vivacité n’est pas absente et ressort dans la finale étirée et dynamique.
Très Bien ++ / Excellent en l’état mais pour moi le vin de la dégustation qui devrait atteindre les plus hauts sommets dans dix ans, quand il sera encore plus affiné.
On en a d’ailleurs un aperçu sur le plat qui réussit à l’assagir et ainsi signer un accord remarquable (4+ / 5).
Pour accompagner les fromages (Gruyère suisse, comté, chèvre mi-sec et chèvre sec) : deux grands crus d’un même domaine du secteur de Montrachet.
Domaine Faiveley – Bienvenues Bâtard Montrachet – 2009
Le vin a été carafé pendant cinq bonnes heures avant service.
La robe présente un or prononcé.
Très intense, le nez est masqué par son boisé envahissant, laissant percer quelques senteurs de fruits jaunes comme la mirabelle.
La bouche est riche et étoffée, elle aussi marquée par un élevage certes classieux mais encore envahissant. Cela ne manque pas de finesse, notamment dans la finale étirée, mais on regrette que la belle matière ne puisse mieux se dévoiler. A attendre longtemps, bien entendu, en espérant que le temps rééquilibre tout cela.
Très Bien + si on n’est pas réfractaire au boisé.
Je n’ai pas noté les accords car il y en avait quatre possibles, sans compter le Brie noir affiné pendant 22 mois apporté par Didier spécialement pour Oliv !
Domaine Faiveley – Bâtard Montrachet – 2009
Le vin a été carafé pendant cinq bonnes heures avant service.
La robe est un copier-coller de celle de sa comparse, donc or prononcé.
Le nez est intense sans plus, au boisé un peu plus subtil que pour le Bienvenues, plus fin par ses arômes floraux, le fruité étant également plus léger, plus sur des fruits blancs comme la poire.
La bouche est compacte et concentrée mais se montre un peu stricte, comme si elle était bloquée dans son expression par la forte acidité. Là encore le boisé est plus élégant que sur le Bienvenues et la persistance très belle mais à ce stade je l’ai trouvé moins confortable que son cousin alors que je suis plus confiant en son avenir.
Très Bien (+)
J’ai noté que le Gruyère, le vrai, celui que l’on produit à Gruyère près de Fribourg
, l’arrondissait et donc lui était bénéfique (4 / 5).
Il est intéressant de noter que les trois vins de Faiveley ont été élevés de la même façon, 18 mois dont 50 à 60 % de fûts neufs. Et manifestement c’est le Corton Charlemagne qui a le mieux accepté cet élevage.
Pour accompagner un tiramisu d’anthologie et ses tuiles en dentelle au pralin et à la nougatine :
Domaine Sarda-Malet – Rivesaltes ambré – Le Serrat – 2000
Il s’agit d’un assemblage de 60 % de grenache gris et 40 % de grenache blanc, issu de vignes de 45 ans sur argilo calcaire, argilo siliceux et galets roulés, et d’un rendement de 18 hl/ha.
La bouteille a été épaulée pendant six heures, en fait juste pour vérifier que le vin n’avait pas de défaut assez tôt pour préparer le remplaçant au cas où.
La robe est très ambrée.
Le nez profond et baroque envoute par sa puissance et sa complexité : celle-ci nait de l’association d’arômes de raisins secs, de figues, d’épices, de fruits confits et de marmelade d’orange.
La bouche est fusionnelle entre une aromatique reprenant celle du nez, une acidité formidable et juste ce qu’il faut de sucre. La finale très persistante, raffinée et toute en nuances, invite à une nouvelle gorgée, même en fin de dégustation.
J'aime beaucoup ces VDN ambrés lorsqu'ils sont aussi réussis :
Très Bien ++
L'accord est magique sur la tuile (4,5 / 5) car il avait été conseillé par Jérôme Malet lui-même (merci Jérôme !
), moins (3,5 / 5) sur le tiramisu (c'était mon idée
) car celui-ci l'éteint un peu.
Eh bien au final plutôt une bonne surprise avec des vins en général frais et pas trop boisés sauf les derniers, mais pour moi pas de grand vin en tout cas à ce stade.
Je retiendrai une nouvelle fois la bonne ambiance et la très bonne entente entre les petits jeunes, les vieux jeunes, les jeunes vieux et les autres…
Un remerciement tout spécial à ma chère et tendre qui a encore réussi de très beaux petits plats. Comme elle annonçait être bien heureuse que la période à venir ne comportait pas de nouvelle dégustation jusqu’à l’automne, Oliv l’a encouragée :
« C’est un sacerdoce ! Mais pour toi qui as été élevée chez les bonnes sœurs, cela devrait bien continuer ! ».
Au revoir les amis, l’an prochain c’est quasiment le même thème : grands bourgognes 2009, mais en rouge cette fois !
Jean-Loup