24 heures en pays berruyer se terminent en apothéose avec l’exceptionnel repas dominical concocté à 4 mains par Nicole (aux fourneaux) et Jean-Loup (à la sommellerie).
Ces 24 heures avaient follement débuté le samedi après-midi par une magnifique rencontre avec le talentueux Matthieu Delaporte à Chavignol relatée avec brio
ici
par Jean-Loup. En fait, ce n’est pas tout à fait vrai me concernant puisqu’avant d’aller rencontrer Matthieu, je suis allé quelques kilomètres après Chavignol découvrir la Chèvrerie des Gallands qui propose de délicieux crottins (4 affinages différents) que je recommande vivement.
www.chevrerie-des-ga...
Le temps des plus exécrables, je l’ai supporté pendant que je tentais de prendre quelques photos sur les hauteurs d’Amigny et de Chavignol juste avant notre rendez-vous chez Matthieu…
Le samedi soir a été raffiné également avec les reliefs d’un goûteux lièvre à la royale d’Éric et d’un superbe plateau de fromage digne de notre Oliv national.
Le dimanche matin était donc dévolu à une petite marche revigorante autour du lac de l’Auron. 10 km et quelques jolies photos plus tard, il était enfin temps de mettre les petits pas dans les grands.
Le jour du centenaire de l’Armistice, il est temps de nous saisir d’armes autrement moins barbares et sanglantes. En effet, le verre sera notre meilleur allié en la circonstance dans la cave autour du célèbre tonneau, bien accompagné de papier et d’un stylo….
Vin n°1 :
Le premier vin accompagne les mythiques galettes de pomme de terre, il s’agit d’une bulle. La robe est or pâle avec une bulle très fine. Le nez est fin et complexe, à la fois floral, crayeux et finement citronné. La bouche est de grande intensité, de beau volume. Le vin est crayeux, floral, alliant les fruits blancs et de belles notes citronnées, il est salin, de très belle acidité, alliant droiture et largeur. Que voici un magnifique vin en losange.
Excellent. Si un Champagne Blanc de Blancs extra-brut du millésime 2008 est assez vite évoqué, ça m’évoque assez le style Agrapart Minéral pour les rares fois où j’ai pu goûter cette superbe cuvée. Bingo !!!
Il s’agit de :
Agrapart et Fils – Champagne Grand Cru (Avize) – Blanc de Blancs – Minéral 2008 Extra-Brut (lot mai 2009, dégorgé septembre 2014)
Vin n°2 :
Le vin accompagne de délicieux blinis au saumon. La robe est or pâle, brillante. Lez est caillouteux, d’abord floral, puis fruits jaunes, évolue clairement vers un bel exotisme très complexe, avant de revenir fruits jaunes. La bouche se présente avec une très grosse attaque de grande largeur, avec de très belles agrumes, avec un côté caillouteux, du pamplemousse et un bel équilibre acides/amers. C’est un vin qui se prolonge sur une belle finesse, avec une jolie salinité, le vin s’assagit et devient smart. Très belle rémanence fumée. Le plat fait d’autant plus ressortir les épices du vin et lui donne un peu plus de profondeur.
Très bien + Ce style nous évoque avec Claude une Grande Côte de François Cotat entre deux âges, genre 2008. Pas si loin…
Il s’agit de :
Gérard Boulay – Sancerre – Comtesse 2008
Vin n°3 :
Ce vin sera accompagné d’une lotte au beurre safrané et à la ciboulette. La robe est or jaune brillante. Le nez est très riche, fruits jaunes, caramel, abricot, pêche caramélisée. La bouche est relativement élevée, avec des notes de fruits jaunes sur de la fumée, de la réglisse, des fruits jaunes acidulés, de la matière, avec une finale réglissée gentiane qui apporte une amertume un peu trop forte. Le plat permet d’estomper ces notes de réglisse et de gentiane et fait ressortir les fruits jaunes acidulés. C’est un vin pour qui aime les chardos élevés… Perso, je suis mitigé.
Bien sans plus seul, bien + avec le plat.
Il s’agit de :
Marc Colin et Fils – Chassagne-Montrachet 1er Cru – Les Champs Gain 2008
Vin n°4 :
Ce vin est servi avec des pétoncles au lait de coco et citron vert. Les papilles sont en émoi…
La robe est or soutenue. Le nez est sublime, complexe, profond, miel, rose, orange, fruits confits, presque ananas, acidulé, citron vert. La bouche est très longue, puissante, superbe matière, fruits exotiques, miel, superbes épices, grande fraîcheur avec cette fine acidité, un très fin sucre résiduel (20 grammes pour moi lorsque la question sera posée, en fait 22 d'après Jean-Loup). Malgré cette puissance phénoménale, le vin ne fatigue pas. Un côté caillouteux, granitique ressort. Un vin qui allie de façon superlative largeur sur longueur.
Excellent +. On est à peu près unanime sur le gewurztraminer. Ce côté intensément minéral, granitique me fait évoquer le Clos Saint-Urbain de Zind-Humbrecht. Eric, à côté de moi me dit que si c’est granitique, c’est plutôt Schlossberg. Aaaah ??? Bon bah Weinbach alors ??? Remarque judicieuse de Jean-Loup, toujours rester sur sa première idée. Confondre granitique et volcanique, c’est caïman la même chose pour moi en termes de minéralité ressentie, mais ce vin respire profondément son terroir !!! Le plat adoucit un peu le vin et fait ressortir le peu de sucre résiduel présent, tout en apportant un côté plus épicé.
Il s’agit de :
Domaine Zind-Humbrecht – Alsace Grand Cru – Rangen de Thann – Clos Saint-Urbain – Gewurztraminer 2007
A noter que ce vin titre 16,5% de volume d’alcool, parfaitement intégrés à l’ensemble
Vin n°5 :
Ce vin accompagne la terrine de pintade aux cèpes, à se mettre à genoux devant, mamma mia !!!
La robe est rubis brillante. Le nez est très fin, que voici un magnifique cabernet qui pinote, ce nez est de grande finesse, racé, intense. Ce vin est absolument jouissif en bouche, le fruit est pur et acidulé, tirant sur un côté pinotant. Le toucher est délicat, de grande subtilité, raffiné, alliant la cerise, la fraise avec un côté terrien profond. Le vin est fin, lissé, un pur bonheur pour des pdf comme le mien avec une acidité de grande justesse. Un vin de génialissime constitution, tout ressort pur, le fruit, les épices (poivre), l’acidité, la race.
Grand vin. Il n’y a eu aucun doute pour moi dès le nez pour le Clos Rougeard. Pour aller plus loin… Allez Poyeux 2008 du fait de cette fraîcheur remarquable. Et... presque!!!
Il s’agit de :
Clos Rougeard – Saumur-Champigny – Les Poyeux 2007
Vin n°6 :
Le vin accompagne toujours cette admirable terrine.
La robe est grenat assez soutenue. Le nez est très puissant, sanguin, orange amère, fraise écrasée, rose, poivre, avec un léger fumé et même une fine note lardée derrière tout ça. C’est très complexe. La bouche est de très grande puissance, très forte en alcool, avec une matière colossale (je souffre !!!). Voici un vin de très haute maturité, avec des épices très présentes. Voici un vin sanguin, presque hémoglobine, avec une grosse allonge très épicée, des notes d’orange sanguine. C’est bon en mangeant, mais ça fatigue drôlement, pas plus d’un verre pour moi !!!
Bien seul, surtout grâce au nez et
bien ++ avec le plat. Dans la galaxie Reynaud, quel peut bien être ce vin ???
Il s’agit de :
Pignan – Châteauneuf du Pape 2006
La déception est grande à la découverte de l’étiquette…
Vin n°7 :
Ce vin accompagne des brochettes de canard marinées aux épices et au poivre de Sichuan, un monument en termes gustatifs !!!
La robe est très sombre, presque noire, avec des reflets violine. Un nez de fruits noirs, avec un petit côté lardé qui évoluera à l’ouverture avec des notes de cèdres et de tabac brun (oui mais ça n’y était pas au départ !!!), ce qui m’intrigue quant à son origine. La bouche est très aristocratique, presque austère, avec une acidité bien présente et une matière dense et compacte, avec des tanins encore légèrement présents. Il y a des fois où l’on ferait mieux de se taire en plaçant ce vin chez un grand producteur de Cornas…
A l’ouverture, le côté cabernet mûr apparaît, allié à des fruits sombres et noirs, avec des notes de bois précieux et de cèdre. Il en ressort un côté terrien, presque carboné, avec des notes de sang. Le plat adoucit totalement les tanins et c’est là que le vin prend toute sa place et fait ressortir sa grande classe. C’est un vin encore très jeune, au tout début de sa vie.
Très bien + seul mais excellent avec le plat. L’accord est remarquable d’évidence.
Il s’agit de :
Château Léoville-Barton – Saint-Julien 2ème Cru Classé 2003
Vin n°8 :
Le vin accompagne un sauté d’agneau à l’espagnole. Plus les plats de Nicole avancent et plus la magie de la complexité et l’évidence des goûts et textures est là. Ce plat est tout simplement transcendant et aurait clairement sa place sur les meilleures tables. Bravo !!!
La robe est rubis très sombre. Le nez est marqué par des notes profondes de café, de poivre de Sichuan, de fumée de cheminée d’un château médiéval, avec un très beau fruit pur. Quelle finesse !!! La bouche est de grande classe, le jus est quintescent, avec une pureté aromatique, un superbe jus profond, goûteux, salin, sapide, avec un magnifique fruit, une grande floralité, une grande acidité conférant à ce vin une incroyable fraîcheur et une immense longueur. Elle est là la grande syrah !!! Que voici un vin somptueux. Le plat ressort une sensation poudrée du vin et intensifie le côté fruité et floral du vin et lui conférant une rémanence finement poivrée simplement éblouissante.
Grand vin et accord simplement évident.
Il s’agit de :
Yves Cuilleron – Côte-Rôtie – Bassenon 2009
Vin n°9 :
En accompagnement du même plat. La robe est grenat sombre. E nez est très mûr, très riche, très fruits sombres, très balsamique, olive. La bouche est très alcooleuse, de très grosse puissance, de très grosse matière, on dirait un bulldozer pour mon palais… Un vin fatigant, asséchant, fort en alcool, très épicé, à la limite du fruit cuit, absolument too much. Je n’apprécie absolument pas ce genre de came, très violente pour mon pauvre pdf nordiste… Pas mon style, mais certains doivent aimer et c’est leur droit le plus légitime.
Moyen. Je me sentirais bien en Roussillon, chez un producteur assez démonstratif…
Il s’agit de :
Alvaro Palacios – Priorat – Finca Dofi 2009
Vin n°10 :
Avec un Beaufort d’alpage et un Comté 18 mois. La robe est or. Le nez associe des notes assez surprenantes de miel, d’hydrocarbures et de térébenthine. La bouche est miellée, avec des fruits blancs, des fleurs, de la noisette fraîche, une sensation de sucres résiduels, des épices et particulièrement des épices douces. Un vin qui associe la largeur, la profondeur et une grosse longueur. J’apprécie particulièrement l’aromatique sur ce vin : floralité et fruits blancs, associés à une très belle acidité. C’est très bon.
Très bien +. Cela m’évoquerait potentiellement un beau Marestel de Dupasquier entre deux âges… Complètement à côté de la plaque !!!
Il s’agit de :
Domaine Peyre-Rose – Coteaux du Languedoc – Oro 2000
Vin n°11 :
L’avant dernier vin est servi avec des cannelés maison (délicieusement bons) et des macarons (véritables). La robe est or ultra brillante. On retrouve un nez de botrytis très pur, avec un fruit confit tout aussi pur, de fines notes de coing confit, de l’orange confite, une palette épicée digne de celles d’Olivier Roellinger avec un safran délicat et un léger curry très finement relevé et un grand ensemble floral (surtout fleurs fanées). Le volume en bouche est démentiel, intégrant la matière première de grande noblesse et une finesse époustouflante qui apporte l’équilibre transcendant. Un vin fusionnant la salinité sur l’acidité, la pureté du fruit sur la floralité. Quelle élégance. Le vin est éblouissant, le grain et le jus sont magiques. C’est un vin d’immense fraîcheur, d’équilibre impérial, avec un sucre très fin et délicat intégré dans un immense ensemble. L’allonge est kilométrique, la rémanence presque infinie…
Très grand vin. De par l’équilibre, je mentionne, enfin un sucre qui va plaire à Henri… et c’est le cas en écoutant sa réponse !!!
Il ne fait aucun doute que l’on est à Sauternes et de par l’équilibre et la pureté, notamment du botrytis, c’est 1988 qui me vient tout de suite à la bouche. J’entends en face Guiraud ou Clos Haut Peyraguey. C’est très largement supérieur à mon sens, sans rien renier des qualités de ces deux très beaux châteaux, et j'évoque Fargues 1988. On ne devrait jamais avoir peur de citer le maître absolu des lieux…
Il s’agit de :
Château d’Yquem – Sauternes– Premier Cru Classé Supérieur 1988
Quel vin absolument hééééénauuuuurme, même Éric à côté de moi a aimé et cela n’est pas peu dire !!!
Vin n°12 :
Éric nous propose en bonus de goûter un Madère de 1988. La robe est acajou. Le nez est très puissant, avec des notes de café, de chocolat, de caramel et de noix fraîche. La bouche est imposante, de grande puissance, avec une grosse acidité, de légères notes de cacao, de sous-bois. Voici un très bel ensemble oxydatif, avec une belle déclinaison de noix, de noisette fraîche, d’épices, de poivre, de girofle, et même de fins fruits secs, d’immense longueur, sur un équilibre sec tendre à demi-sec. Très beau vin pour initiés.
Très bien +
Il s’agit de :
D’Oliveiras – Madeira – Terrantez 1988
Le débrief…
Pas étonnant qu’une fois encore, l’exigence qualitative nous retourne et nous secoue tellement l’évidence et le plaisir sont à la fois dans l’assiette, dans le verre et dans l’amitié qui règne dans la cave la plus fameuse de Bourges (et non vous n’en connaîtrez pas l’adresse, même sous la torture…). Je suis toujours impressionné par l’inventivité de Nicole dans la création de ses délicieux mets. Je n’ai plus de mots, mais l’émotion elle est de plus en plus présente. Quant à Jean-Loup, les pépites dont regorge sa cave sont toujours aussi incroyables et ce que j’apprécie d’autant plus ce sont la sensibilité et la susceptibilité individuelles de chacun des membres de
cette confrérie secrète ce groupe de joyeux drilles, car la diversité du ressenti mais surtout le fait que nous nous connaissons depuis maintenant un bon moment nous permet d’échanger en toute franchise, sérieusement ou pas, toujours dans la bonne humeur, en allant parfois jusqu’au bon gros fou rire. Ceci, c’est peut-être le plus important et je remercie encore Jean-Loup et Nicole de nous permettre de nous rassembler ainsi.
Je pense qu’Oliv a bellement résumé la chose : « les amis, c’est la vie ».
Bon, et si nous débrieffions enfin un peu ces vins ???
Cet Yquem 1988, nom de Zeus !!! Au panthéon des grands liquoreux dégustés à ce jour, tout comme le 1983 à mon sens. Feel the magic in the air !!! A des années lumières, au firmament de la galaxie.
Allez retour sur terre, grand Poyeux 2007 du Clos Rougeard, le cabernet franc produit en Loire bourguignonne, c’est l’élixir du cabernet !!! Au moins, il y aura eu du débat concernant ce vin... Autre magnifique mention pour Bassenon 2009 d’Yves Cuilleron, un vin qui s’est sublimement présenté. Je retiens le gewurz Rangen 2007 de Zind, pour quelqu’un comme moi, qui n’est pas convaincu par ce cépage, eh bien il n’y a que les c..s qui ne changent pas d’avis !!!!
Voilà, les échanges et les deals pas nets s’effectuent à l’extérieur
au cul du camion entre les différentes voitures.
Il est l’heure de repartir chacun dans sa chacunière, mais ne l’oublions pas, grâce à Nicole et Jean-Loup, tous les chemins culinaires et viticoles mènent à Bourges…
Portez-vous bien +++