Les vins de la semaine de Noël (partie 2)
Suite des réjouissances.
Domaine Pierre et Jérôme Coursodon - Saint-Joseph - La Sensonne, 2018
Epaulée 4h avant service, et carafée 1h30 dans cet intervalle.
En accompagnement d’un civet de sanglier.
Nez sur les fruits noirs intenses, qui tire sur le chocolat, profonds, complexes, L’ensemble est soyeux et souligné d’un élevage boisé vanillé encore présent. La matière, enveloppée dans un élevage boisé vanillé très présent mais élégant, est sublime.
La bouche est soyeuse, charpentée, puissante, doté d’un magnifique équilibre.
Une sacrée bouteille, la Sensonne est vraiment une immense cuvée de Saint Jo, d'ailleurs les courses sont déjà faites pour le 2022 sans même l'avoir goûté (ce qui est rare).
Garde : Déjà très bon, mais à attendre, dans 4-5 ans, nous aurons là une admirable bouteille.
Domaine Michel Chapoutier - Châteauneuf-du-Pape - La Bernardine, 2010
Dégusté il y a 2 ans, ce vin était d'une effroyable simplicité, un Côtes du Rhône tout au plus. Ici, et même si je suis fâché avec le domaine, je prends du plaisir avec ce joli nez de Châteauneuf puissant mais qui montre d'une certaine délicatesse, fondu. Petits fruits rouges, garrigue, épices. Bien au dessus (pour une fois) du C9P Guigal du même millésime dégusté récemment. La bouche est en revanche plus simple et légèrement capiteuse. On prend du plaisir malgré tout.
Bouteille agréable, largement surclassée par la Sensonne au cours du repas (ce pourquoi je recommandais à table de la boire en premier).
Château Haut-Marbuzet - Saint-Estèphe, 1990
En magnum
Epaulée 1h avant dégustation. Achat sur internet.
Ce magnum accompagnera de non moins délicieux filets de boeufs Rossini relevés au poivre du moulin, concocté par mes soins. Je m’inspire ici de ma récente expérience au
restaurant à Honfleur
, et l’envie de le marier à ce Saint-Estèphe était grande.
Lors de la mise à l’épaule, le vin est étonnamment clairet.
Mais une fois un verre bien servi, le premier nez confirme que nous sommes en présence d'un magnifique Saint-Estèphe sur des notes puissantes et complexes de cuir, de boîte à cigare, de terre. Tout est en place. En prime, des notes très distinctes de truffe complètent le panorama d'une grande profondeur. C’est un très très beau nez, non en fait, c’est un nez splendide, harmonieux et aboutit.
Et la bouche ne déçoit pas, on y retrouve les éléments du nez dans une bouche ample et veloutée. Elle s'exprime avec une grande intensité.
L’ensemble est long et l’accord magique.
Grand Haut-Marbuzet, à boire.
Château Thivin - Côte de Brouilly - Zaccharie, 2020
Dégusté autour d’une jolie fondue savoyarde.
Un nez pas tout à fait ouvert, malgré 3h de carafe.
Comme pour le Gangloff, le profil me plaît ainsi (j’aime les beaujolais jeunes), mais là le vin est encore sur la réserve.
Pour autant, beaucoup de plaisir : une aromatique autour d’un joli fruit rouge gourmand, principalement cerise, framboise, c’est très joli et classe.
Garde : à revoir dans 2-3 ans (pour mon goût)
Domaine Fréderic Berne - Chiroubles - Les Terrasses, 2020
Une aromatique similaire au Thivin bu la veille, à la différence que ce Chiroubles se livre, et à merveille. Là aussi une aromatique sur les petits fruits rouges très gourmands. Beaucoup de plaisir, y compris pour le père un peu fâché avec le gamay.
J'ai beaucoup aimé, comme l'ensemble de la tablée.
Domaine Vincent Dauvissat - Chablis Premier Cru - La Forest, 2009
En accompagnement d’une tranche de saumon fumé.
Très beau nez d’un Chablis évolué, avec une typicité que je commence à discerner sur ce climat : à savoir une noble austérité. De fait, au milieu de nombreuses erreurs que l’on peut faire lorsqu’on déguste à l’aveugle, je me souviens avoir réussi à deviner ce climat lors d’une dégustation à l’aveugle au domaine, il s’agissait d’un 2003 de mémoire.
Pour en revenir à notre Forest 09, on a ici un nez intensément miellé, surtout à J+1, conjugué à des notes de coquille d’huître. La trame globale de ce vin est soulignée par cette noble austérité pré-citée.
On retrouve ces notes de miel intenses dans une bouche riche, bien dans son millésime, cependant bien contrebalancée par une tension laser.
Fermé il y a 2 ans, ce Chablis se livre désormais sans complexe pour le plus grand bonheur du dégustateur.
Château Poujeaux - Moulis en Médoc, 1990
Pour accompagner des pavés de rumsteck sauce poivre.
Je poursuis mon exploration du splendide millésime 1990 avec cette bouteille achetée également sur internet. Millésime qui confirme, s’il en était besoin, sa grandeur avec ici un excellent Poujeaux. Peut-être le meilleur dégusté jusqu’alors et en tout cas largement au-dessus du
1988 dégusté il y a 3 mois
.
Très beau nez, tellement bordelais, flamboyant sur les fruits noirs, le cuir, un peu épicé, le sous-bois. L’ensemble est profond et vraiment expressif.
Seule la fin de bouche un peu courte rappelle que nous ne sommes pas sur les plus grands terroirs du secteur. Mais pour une trentaine d’euros - et je ne parle pas du prix de l’époque - c’est un excellentissime RQP.
Garde : à boire, mais aucune presse, contrairement au 1988.
Domaine Gérard Dupplessis - Chablis Premier Cru - Vaillons, 2018
Invité dans ma belle famille, je suis venu notamment avec un joli Premier Cru. Jolie bouteille qui a provoqué chez moi deux regrets : le premier, mais indépendant de sa volonté, de devoir se limiter à un verre, prenant le volant dans la foulée du repas ; le second, d’avoir ouvert certains Chablis de ce producteur, mais aussi d’autres, trop tôt… Déjà dit précédemment, je ne suis pas un ayatollah de la garde mais celle-ci me paraît incontournable pour mon goût en Chablis. Ah, mais si on avait une place illimitée en cave aussi, les choses seraient plus simples…
En tout cas, ce vin cause bien mieux que ma précédente dégustation, et pour 20 balles à l’époque, c’est un super RQP. Les marqueurs chablisiens sont bien là avec un nez citronné et iodé ; j’aime ce climat pour son intense minéralité que j’ai retrouvée bien exprimée ici.
Très beau volume en bouche, rappelant que nous sommes sur un Premier cru. Belle finale évolutive.
Le vin prend son envol avec des tagliatelles, homard et aneth.
Garde : bien maintenant et nul doute qu’il sera encore mieux dans 2-3 ans.
Bonne année LPV !