Nous avons 2354 invités et 32 inscrits en ligne

Un déjeuner d'exception

  • dfried
  • Portrait de dfried Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Administrateur
  • Enregistré
  • Messages : 4951
  • Remerciements reçus 330

Un déjeuner d'exception a été créé par dfried

Bonsoir,

J'ai eu l'immense privilège de déguster au cours d'un déjeuner gastronomique qui réunissait une quarantaine de personnes 3 vins qui se sont montrés merveilleux. Les mets rivalisaient de finesse avec des breuvages dont l'idée était de nous permettre de remonter le temps de décade en décade :
Château Léoville Las Cases 1995
Château Margaux 1985
Château Gilette 1975
Il serait donc dommage de ne pas en profiter pour partager avec le plus grand nombre mes impressions. Je vous prie d'excuser par avance le peu de professionnalisme de mes notes.

Accompagnant une entrée composée de langouste tiède et de crônes relevés de quelques épices asiatiques façon «saté», un Château Léoville Las Cases 1995.

CR:CHATEAU LEOVILLE LAS CASES 1995 : (en Magnum)
Carafé presque 5 heures avant d'être servi dans des verres dégustation inao. Le nom et le millésime du vin ne sont pas dévoilés aux convives avant de servir le 2e vin.

Robe : pourpre aux reflets carmins.

Bouche : après les longues heures de décantation le vin reste tannique et épicé, il se marie d'autant mieux avec le plat subtilement relevé. Le vin est fort, mais il n'est pas fermé dévoilant une palette riche de fruits noirs et de minéral. Loin d'être fermé ou trop alcoolique il arbore déjà  un équilibre flatteur même si une certaine vigueur persiste.
2 heures plus tard dans les fonds de verre (ou même un peu plus pour ceux qui ont eu la chance de se faire servir à  nouveau) cette vigueur ne se dément pas. Je considère que ce vin peut d'ors et déjà  être bu (après une bonne aération), mais je suis aussi serein que les heureux dégustateurs LPViens de ce millésime : ce Léoville Las Cases a de très longues années devant lui.
Qu'elles qu'aient été les préférences et saveurs perçues par chacun des convives, l'unanimité féminine comme masculine a salué une grande réussite.

Puis ce fut le tour du plat principal. Un magnifique bar de ligne légèrement rôti et agrémenté de quelques légumes nouveaux. Pour accompagner ce met sublime dont le chef a laissé s'exprimer toute la saveur, un Château Margaux 1985.

CR:CHATEAU MARGAUX 1985 : (en Magnum)
Magnums non carafés et simplement débouchés entre 1 heure et 1h1/2 avant le service.
Vin servi dans des verres dégustation inao. Son nom et son millésime ne sont pas dévoilés aux convives avant de servir le 3e vin.

Robe : pourpre très sombre, bien plus opaque que son jeune prédécesseur de Saint-Julien.

Bouche : Les personnes en charge du vin avaient peur de voir cet honorable Margaux de presque 20 ans noyé par la puissance du Las Cases qui venait de le précéder. Quelle merveilleuse surprise ! Point d'extinction ou de discrétion. Ce vin est tout entier de noblesse et de finesse. Les saveurs de ce nectar s'immiscent dans le moindre recoin du palais. Dès son entrée en bouche on ne ressent que velouté. Le vin de velour est riche, gras, apaisant. On pourrait presque dire qu'il désaltère. Pour autant il ne manque pas d'opulence et le fruit reste bien présent offrant une longue et douce finale.
Quelques convives en profitent pour tenter de déguster de concert le Las Cases.
Chacun tient son rang à  merveille, la finesse des mets permettant une transition suffisante.
Certes la puissance du jeunot et son fruité encore un peu démesuré n'a pas le charme hypnotique de l'aà¯eul et le Margaux est plus largement et facilement préféré. Néanmoins tous s'accordent à  penser que le Las Cases se révèlera à  sa façon aussi équilibré dans quelques années.

Le repas s'avançant dans le temps et certaines bouches continuant à  aller vers un vin puis vers l'autre rien ne fissure l'unanimité : quelle que soit la préférence de chacun, pas une goutte ne reste dans les verres, et personne ne rechigne à  se voir proposer quelques gorgées supplémentaires.

Petit entremet de salade et de fromage helvète «Tête de Moine» qui permet de confirmer que ce type de fromage (en quantité raisonnable) et vin rouge font très bon ménage. C'est l'occasion de finir totalement les dernières gouttes à  notre portée.

Un petit quart d'heure de détente et de discussions enjouées, et c'est au tour du dessert.
Une magnifique tranche d'omelette norvégienne et quelques minis tartelettes au citron.
C'est l'occasion d'un autre saut dans l'espace et le temps avec un Barsac Château Gilette crème de tête 1975.

CR:CHATEAU GILETTE CREME DE TETE 1975 : (en bouteilles)
Bouteilles non carafées, ouvertes juste au moment de servir, à  12° environ.
Servi dans des verres dégustation inao. Nom et millésime dévoilés aux convives au bout d'un quart d'heure.

Ce petit cru de Preignac (4,5 hectares) dont les propriétaires continuent à  mettre en bouteille leur vin entre 10 et 20 ans après leur vendange ne produit du même coup que quelques milliers de bouteilles annuelles. Ainsi ce 1975 n'a été embouteillé qu'il y a une dizaine d'année.

Robe : Jaune orangée, très légèrement ambrée.

Bouche : Incroyable. Alors que l'on s'attend à  trouver un goût de rancio aussi léger soit il, il n'en est rien. C'est un sirop au fruit présent et à  l'acidité suffisante pour équilibrer le tout. Frais et encore très jeune ce Barsac offre des arômes d'agrumes, de miel et une pointe vanillée. Crémeux et doux il n'écoeure pas tant il glisse harmonieusement au palais. Il est grisant et tout le monde se ressert. 1 heure après il ne présente toujours pas de trace d'oxydation ou une quelconque saveur de «madérisation». Et quelle finale… Plus de trente secondes après quelles saveurs en bouche !
J'ai vu dans le petit forum dédié à  ce cru que quelques LPViens ont été déçus par le 1976. Quoi qu'il en soit, ce 75 est stupéfiant et quelques personnes ayant eu le privilège de goûter le D'Yquem de la même année me disent qu'il lui tient parfaitement tête.
Il semble pouvoir tenir encore quelques longues années sans heurt.

CONCLUSIONS :
. Les poissons et les crustacés peuvent parfaitement s'harmoniser avec les grands vins rouges s'ils sont préparés dans cet objectif.
. Les années se terminant par 5 des 3 dernières décennies nous offrent toujours la possibilité et pour longtemps encore de moments d'exception.

Pensez-vous qu'en bouteille le Margaux eux été aussi merveilleux ?

Le sommeil fut heureux et sans soubressaut ;).
25 Jan 2005 00:39 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 19663
  • Remerciements reçus 4832

Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Un déjeuner d'exception

Bravo pour ce beau CR et merci d'avoir franchi le pas et d'être passé à  la rédaction pour notre plus grand plaisir. A bientôt pour d'autres notes de dégustations ou dans d'autres débats.
Cordialement,

J P

Jérôme Pérez
25 Jan 2005 06:34 #2

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1162
  • Remerciements reçus 1

Réponse de paski55 sur le sujet Re: Un déjeuner d'exception

Effectivement, très beau CR qui ne manque pas de nous mettre en appétit et en soif (aaa)

Pour avoir pu goûté Margaux 1985 en bouteilles, j'ai retrouvé les mêmes impressions que décrites lors de la dégustation de ce magnum avec la même envie d'aller m'en reservir (bbb)

Il me reste une bouteille de 1985 mais je ne me fais pas de soucis pour ce vin !

Encore bravo

Pascal


Santé - Pascal
25 Jan 2005 08:34 #3

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck