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Ganesh da Capo n° 16 : repas/dégustation

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Repas chez Laurent Gibet
Vendredi 21 janvier 2005

Une production Ganesh da Capo

Le contexte :

Un soir d'hiver, chez Laurent, quelques passionnés réunis pour manger, boire et disserter : la vie quoi.

Participants : Denis Marniesse, Jérome Rey, Laurent Navarro, Jean Luc Germain (JLG), Eric Fonta, Roger Tauzin, Vincent Mercier, Jacques Prandi (JP), Laurent Gibet (LG), Pascal Perez (PP).

Le menu :

- Toasts à  la crème de truffe blanche d'Alba

- Croustillant de bar (service traiteur du restaurant à” Saveurs à  Rouffiac)

- Civet de chevreuil (service traiteur du restaurant à” Saveurs à  Rouffiac)

- Fromages

- Tarte au chocolat de la maison Pillon

Les vins sont présentés à  l'aveugle.

Les commentaires de dégustation sont synthétisés par Pascal Perez.

Les vins :

1. Champagne – Bollinger – Grande Année Rosé 1995 :

JLG16 – JP16,5 - PP16,5/17 – LG17

- 66% pinot noir, 34% chardonnay. Apport de 7,5% de vin rouge tranquille de pinot noir.

- La beauté de la robe saumonée parcourue de myriades de bulles scintillantes accroît, si besoin est, le caractère festif de l'instant.

- Nez complexe de fruits rouges (framboise, fraise, prune) et secs (raisin, mendiant) et de mousseron.

- Tout d'abord la bulle, fine, se montre un rien envahissante. Elle finit par se faire discrète. Des traces d'évolution (fourrure, oxydation) posent question pour un vin aussi jeune et, tout à  la fois, enrichissent l'ensemble, mettant en relief fraise et autres fruits rouges. Le milieu de bouche est particulièrement suave. Une belle vivacité le soutient et prolonge la finale. Un peu déroutant mais non dénué de classe.

2. Champagne – Ruinart – Dom Ruinart 1990 :

JLG17 – JP18 - PP18 – LG18

- Blanc de blancs.

- Une partie de l'assemblée est gênée par une première impression, fugace, de réduction (carton, liège). Elle s'efface rapidement et laisse alors place à  de la pomme au four, de la poire et du nougat blanc.

- Le vin est droit comme un « i ». Sa sève, sa richesse, son raffinement et sa minéralité impressionnent. Il fait preuve d'une définition extrême et la finesse de sa bulle est admirable. Il exprime de la pomme et des fleurs. Il est déjà  très abordable mais on peut aussi parier sans trop de doute sur son avenir. Grande longueur.

3. IGT Chardonnay-Ribolla Gialla delle Venezie – Livio Felluga – Shà rjs 2000 :

JLG15 – JP15 - PP15 – LG15

- Olfaction élégante de lierre et de miel d'acacia.

- Il brille plus par sa subtilité aromatique (menthe, mirabelle, noisette) que par son ampleur ou sa fraîcheur, toutefois suffisante. Du gras et une longueur correcte. Le voisinage des 2 Champagnes précédents le fait souffrir.

4. Rheinhessen – Klaus Keller – Riesling Spà¤tlese Trocken S 2002 (L27/03; 12,5°) :

JLG15 – JP16 - PP16 – LG16,5

- Le nez est typé germanique : minéralité, verveine, bergamote, agrumes et miel.

- On retrouve cette typicité en bouche, pointée par un léger CO2 résiduel, une fraîcheur et une minéralité exacerbées. Le taux d'alcool ne nous entraîne pas vers la moselle. Le vin est tendu comme un arc, sec, relativement puissant, sur la verveine et les agrumes. Très belle introduction à  ce domaine de réputation, pour un vin déjà  goûté au même niveau lors de notre voyage en Moselle.

5. Chevalier-Montrachet – Louis Jadot – Les Demoiselles 1988 :

JLG14,5 – JP15 - PP15 – LG15

- Senteurs capiteuses et baroques. On y trouve, pêle-mêle, du nougat, du froment, des fruits secs, des épices douces, du gingembre, du miel et des fruits blancs à  l'alcool.

- On retrouve cette prodigalité en bouche : tout d'abord, une note mentholée lui apporte un ersatz de fraîcheur ; la suite n'est qu'oxydation et sur-maturité (froment, raisin sec, reine-claude blette et poire séchée). Son volume est conséquent, de la chaleur apparaît en final. Elle exprime certes beaucoup mais, finalement, pas l'essentiel de ce que l'on attend d'un telle origine : minéralité et race.

6. Vosne-Romanée 1ier Cru Aux Brulées – Méo-Camuzet 2002 :

JLG16 – JP15,5 - PP15,5 – LG17

- Nez fougueux sur la cerise noire, les fleurs et les épices (girofle, poivre vert, cannelle).

- Le vin partage. Une partie de l'assemblée loue son fruit, son volume et se montre optimiste sur son évolution (en particulier sur sa capacité à  digérer son élevage). L'autre lui reconnaît des qualités de volume et de densité mais lui reproche un boisé insistant, une longueur moyenne et, au final, un manque d'éclat général. Ce dernier point se trouvant renforcé une fois son origine dévoilée.

7. Châteauneuf-du-Pape – Henri Bonneau – Cuvée Marie Beurrier 1997 :

JLG16 – JP16 - PP15 – LG16,5

- Le nez est complexe, empreint de douceur (laurier, huile d'olive), mais aussi des notes évoluées (cèpes secs, sauce soja).

- Après une attaque plein fruit, le vin se raidit quelque peu et finit sur une pointe de sécheresse. Il possède du volume, de la fraîcheur et maîtrise correctement son degré alcoolique. Il pâtit toutefois des limites de son millésime. Mieux goûté il y a 2 ans, déjà  dans un registre de fermeté.

8. Montepulciano d'Abruzzo – Valentini 1993 :

JLG15 – JP17 - PP17,5 – LG17,5

- Il y a de la jeunesse, de la profondeur et de la minéralité dans ce nez qui exhale le cassis, le végétal noble (bourgeon) et le café (sans être grillé).

- Il se présente aristocratique, avec un grain serré d'une insigne finesse, de la densité, de la fraîcheur, de la minéralité et de l'élégance. Encore austère, il possède des tannins admirables. Un modèle d'équilibre taillé pour la garde.

9. Priorat – Clos Erasmus 1989 :

JLG15 – JP16 - PP16 – LG16,5/17

- Nez précis et subtil, floral (iris), amande et havane.

- Beaucoup de fraîcheur ici, avec un style tout en fluidité, un fruit vivant (cerise) mais une finale un rien bousculée. Pas totalement conforme à  l'idée que l'on se fait d'un Priorat moderne mais vraiment attachant.

10. Pomerol – Château Gazin 1989 :

JLG15,5 – JP14 - PP14 – LG14

- Le bouquet est à  un tournant. Il conserve de la fraise et de la menthe mais laisse apparaître des feuilles séchées, de l'humus et des fruits à  l'alcool.

- La bouche ne convainc qu'à  moitié. Elle délivre de la fraise poivrée mais aussi un peu d'amertume. Les tannins commencent à  sécher et l'alcool domine la finale. Elle semble sur le déclin.

11. Vin de Table de France – Vinum Rectoris (Domaine de la Rectorie) – Fleur de Pierre NM :

JP14 - PP13 – LG14

- Parfums printaniers de fleurs blanches, de bergamote et de gelée de fruits rouges, le tout drapé d'un léger voile oxydatif.

- Le style est simple, un peu fluet, valant surtout par sa fraîcheur, son côté désaltérant et l'originalité dûe à  une oxydation light. Sans défaut mais peu passionnant.

12. Rheingau – Geheimrat Wegeler Erben – Oestricher Lenchen Riesling Eiswein 1992 (L28/93 ; 8,5°) :

JLG15,5 - JP15,5 - PP15,5 – LG16,5

- Orange et abricot frais complétés par une noble et délicate amertume (quinquina).

- Un vin propre, caractérisé par un fruit frais monolithique (orange, mandarine), une densité moyenne et une vivacité suffisante. Une bonne surprise.

13. Moût de Raisin Partiellement Fermenté – Causse Marines – Graal 1999 :

JP16 - PP15,5 – LG15,5

- Millésime non revendiqué.

- A l'agitation, la liqueur nappe les parois du verre de lourdes traînées.

- L'impression de sucre est intense : confiture d'orange, zestes confits, fruits confits.

- La conjugaison de l'impressionnant taux de sucre (580g) et du faible alcool résiduel (5,5°) donne à  ce breuvage (peut-on encore parler de vin) une impression de sirop. La texture est huileuse. Les arômes tirent sur la confiture de nèfle, le safran, la gelée royale et la marmelade d'orange amère. Il possède suffisamment de fraîcheur malgré tout. Un ovni loin d'être désagréable, concocté par le facétieux propriétaire de ce domaine gaillacois bien connu.

14. Recioto della Valpolicella – Tedeschi – Capitel Monte Fontana 1997 :

JP12 - PP12 – LG12

- Nez de cerise avec la profondeur du noyau, mais aussi bizarrement iodé.

- Une acidité dissociée et une forte composante végétale rendent la bouche brutale, désagréable et courte. Vin raté ou problème de bouteille ?

15. Porto – Dow's 1977 :

JLGED – JPED - PPED – LGED

- Le vin est bouchonné.

Conclusion :

- Un parcours éclectique passionnant.

- Les 2 Champagnes et le Montepulciano de Valentini dominent la série.

- Les vins de Jadot, Gazin, Vinum Rectoris et Tedeschi déçoivent.

- Méo-Camuzet alimente le débat.

- Le Graal de Causse Marines affole les compteurs.

Laurent
28 Jan 2005 17:19 #1

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Ganesh da Capo n° 16 : repas/dégustation

Ce qui me vient à  coup sûr quand je déguste les liquoreux lmes plus riches de Lescarret comme Délire, Folie Pure ou Graal, ce sont ces arômes de thé incroyables au milieu des autres très bien décrites ci dessus. Comme une marque de fabrique.

Jérôme Pérez
02 Fév 2005 22:55 #2

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Ganesh da Capo n° 16 : repas/dégustation

Jérôme,

OK.
Thé fermenté, safran me ramènent invariablement vers les collines de Darjelling en Inde.
Cette nuance de thé m'apparaît parfois dans d'autres liquoreux de Loire, en passito italien ou ailleurs ...

Noté du thé vert dans :
Pomerol : Château La Fleur de Gay 1990
Château La Mission Haut-Brion 97

Noté du thé fermenté dans (au moins) :
Masi – Amarone della Valpolicella « Campolongo di Torbe » 1990
Chambertin 98 prop. Leroy
Rivesaltes "Vintage" 1998 Dupéré-Barrera

Et dire que certains consacrent leur vie, développent leur expertise dans le seul thé (ou le poivre) : quels champs de connaissances insoupçonnés !

Laurent

Message edité (03-02-2005 16:02)
03 Fév 2005 15:51 #3

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Réponse de Olif sur le sujet Re: Ganesh da Capo n° 16 : repas/dégustation

Et dans le Valais, aussi! "A propos d'îles" de Ch. Abbet, c'est de l'infusion d'Earl Grey! Donc indépendant du cépage, à  mon avis, puisqu'ici, c'est marsanne-petite arvine.

Olif
03 Fév 2005 17:48 #4

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Ganesh da Capo n° 16 : repas/dégustation

nuance earl grey cosmopolite et multi-cépages :

==> Gaillac doux - Les secrets de Palvié 2001 :

Une remarquable bouteille (2 h de carafage, servie à  11°) :

> Belle robe brillante, orangée.

> Nez très fruité, débridé, corinthé, déployant une palette aromatique avenante : abricot sec, verveine, safran, fruits confits, miel, rose, ...

> Bouche onctueuse mais fine, élégante, joliment soulignée par des notes originales et affriolantes complémentaires d'agrumes (bergamote et ce côté thé earl grey, pamplemousse, orange pressée, mandarine, ...), de coing, de datte, gourmande en diable. Force contenue et finale corsée (gingembre, kumquat).
L'acidité est bel et bien là , noble et conférant du rythme, de la tonicité et beaucoup de persistance.

Au final, une expression accomplie, portant haut très les couleurs de l'appellation. Un caractère lisible, ambitieux mais maîtrisé et franc, qui plus est sans prétention (et prix très raisonnable).

Très bonne tenue à  l'air. Il sera intéressant de suivre son évolution.
On doit être aux alentours de 250/300g de sucre résiduel, parfaitement amalgamés. 13° d'alcool annoncés.

Note accordée (après 3 dégustations début 2004) : 17/20.

==> Grand frères, Côtes du Jura "vendanges tardives"(savagnin, 37,5 cl), 1996
Note moyenne : 13,5 vers 13,5 - Prix : 120 F
• Robe jonquille, brillante et grasse.
• Très joli nez, pénétrant mais délicat : pâte de coing, curry, tilleul.
• La bouche est en dentelle, la jolie liqueur est tenue en respect par une forte acidité ; les arômes de pâte de coing, de datte et de thé Earl Grey sont superbes mais l'alcool désunit un peu la finale.

==> Italie : Cantine Colosi – Malvasia delle Lipari – Passito di Salina 1999 :
DS : 15 vers 15,5 - LG : 15,5 - PP : 15,5 - PC : 15 . Note moyenne : 15,3
- Doré orangé.
- Nez puissant et assez complexe : écorce d'orange, mandarine confite, chocolat, notes herbacées de thé Earl Grey.
- Bel équilibre en bouche, savoureux et pas lourd malgré une acidité discrète, les notes d'herbes sèches méditerranéennes complexifient la finale.

==> Espagne – Alicante – Gutierrez de la Vega – Casta Diva – La Diva 2001 :
PC17,5 – PP17,5 – LG18 – DS17,5. Note moyenne : 17,5 - Prix : 21 € (les 37,5 cl) -14°
- Robe légèrement turbide.
- Tonalités baroques en diable pour ce nez dévoilant de superbes notes d'abricot sec, de vanille, de lavande, d'agrumes et d'épices (avec une évocation d'orange cloutée à  la girofle). La dominante balsamique nous fait penser au vin de Constance.
- Bouche fine, fraîche, safranée, persistante et affriolante, avec ses goûts purs et très personnels de lavande, de romarin, de thé earl grey et d'abricot. Ce vin généreux et somptueux de naturel déclenche l'enthousiasme.

==> Italie – Moscato passito di Pantelleria – Salvatore Murana – Martingana 1998 :
PC16/16,5 – PP17 – LG16 – DS15. Note moyenne : 15,5 - Prix : 45 € (les 37,5 cl) - 15°
- Nez corinthé, dominé par un miel puissant (châtaignier ?) mais sans exclure des nuances de cire et de vieux fromage (mimolette), de havane, de feuilles infusées et d'agrumes (thé earl grey).
- Bouche baroque, possédant une parenté avec celle du vin du Val d'Aoste (mais avec un supplément de cohérence). Du caractère dans cette expression fine et fraîche, originale de par ses notes de figue et de datte.

==> Massandra Kokur Suroz (Ukraine/Crimée - 2 ans d'âge)
PC16/16,5 – DS15,5 – PP16,5 - LG16,5 – RT16 – VM16. Note moyenne : 16.
Teinte ambrée, vieux rose, un peu voilée. Nez très expressif, captivantes notes de thé earl grey, d'agrumes, de fruits secs, d'épices douces (muscade), de rose fanée. Matière savoureuse, le sucre résiduel est équilibré par une bonne acidité. La finale un peu chaude et simple (mutage perceptible) fait que la bouche n'est pas vraiment à  la hauteur du nez.

==> Toro Albala – Montilla-Moriles “Don PX” 1975
PC16 - PP16 – DS16,5 - LG16,5/17 – HL16 - VM16. Note moyenne : 16
Centre brun-noir, dégradé du café jusquâ€˜à  l'ambre. Nez pénétrant, typé Pedro Ximenez, thé earl grey, mélasse, fruits frais (mûre et fraise des bois). Beaucoup de sucre en bouche, bien maîtrisé par la structure acide, grande saveur généreuse de mûre épicée ; l'alcool est présent, mais il reste derrière les saveurs.

==> 9. Château d'Yquem 1947 (bouteille claire) :
DS : 20 - PC : 19,5. Note moyenne : 19,5/20
- Robe très solaire, orange doré intense, lumineux.
- Pratiquement aucune trace d'oxydation au nez, au contraire une fraîcheur explosive, une jeunesse presque insolente ; on est happé par une première bouffée énorme de marmelade d'orange, qui se complexifie à  l'aération, déployant une profondeur et un charme subjuguants, des notes de bergamote, de thé earl grey, de noix de coco, de miel, de menthe fraîche…
- La bouche confirme cette extraordinaire jeunesse : une très grande richesse de texture, un fruit abondant et frais (écorce d'orange confite, abricot) – d'une finesse, d'une netteté aromatique exceptionnelle, une rémanence succulente. La perfection semble atteinte, grâce à  une acidité que l'on peut qualifier de miraculeuse.

Laurent
03 Fév 2005 18:50 #5

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