Ca faisait longtemps, une chouette soirée autour d'une aveugle libre.(chacun amène ce qu'il veut à partir du moment où il ne n'a jamais goûté lui-même son vin)
Configuration classique, au grand complet.
Et pour commencer en apéro à découvert, une jolie chose, un Sauternes Rabaud Promis 90. Rien à redire, c'est nickel, certes encore très jeune, mais déjà classieux; prometteur !
Et la suite, l'aveugle sur les 4 rouges ?
Eh bé ... premiers nez en carafes pour le moins désarçonnants:
- vin n°1: agressivement herbacé ... on se dit: tiens, un bourgogne qui va encore se prendre une claque ...
- vin n°2: nez assez fermé ??
- vin n°3: c'est carrément l'horreur, il pue les latrines, qu'est-ce que c'est que cette daube ?
- vin n°4: ça sent vaguement le détergent, c'est sûrement pas fait avec du raisin, ça !
Les premières évolutions au bout d'une heure en verres sont un peu encourageantes, sans plus:
- vin n°1: la bouche remonte l'impression par son élégance, sa légèreté; on se dit: tiens, un bourgogne qui va peut être s'en sortir ?
- vin n°2: aromatiquement il a beaucoup de mal à parler, la bouche fait penser à un bordeaux, avec toutefois plus de chaleur.
- vin n°3: l'odeur nauséabonde tourne au cendré épicé, le vin bizarrement bruni et complètement trouble continue de désarçonner.
- vin n°4: un fort céleri prend le pas sur le détergent, c'est le brouillard total.
Encore une heure ou deux après, voilà ce que ça donnait:
- vin n°1: et pan, ça pouvait pas durer, la bouche est de plus en plus acide, après un court passage où elle a semblé sucrée ce qui a orienté quelques dégustateurs vers un vin roumain ... mais pour être aussi acerbe, ça sent quand même un peu le bourgogne qui, c'est sûr, va s'en prendre une.
- vin n°2: ça y est, ça vient et c'est pas trop tôt ! Cela dit, ça valait le coup d'attendre, une jolie olive apparaît au milieu des petits fruits rouges, c'est probablement un rhône nord encore sur la réserve.
- vin n°3: sur une tonalité toujours animale mais disons acceptable, la bouche offre là une matière ma foi assez dense et plaisante, avec une pointe acide qui le place aussi sec en bourgogne.
- vin n°4: le céleri se caramélise, c'est vraiment pas bon, bien que la bouche ait l'air structurellement intéressante; et puis pour l'origine, faudrait Mme Irma !
Le verdict ??
- vin n°1: pinot noir Schoffit 2001 cuvée Alexandre
- vin n°2: Hermitage Sizeranne 90
- vin n°3: Morey St-Denis Clos Sorbès Dominique Laurent 93
- vin n°4: Rioja Marquès de Murrieta Ygay 99
Ce qu'on en retient, au-delà du fait qu'on s'est franchement bien marré à essayer de retrouver les provenances, c'est que d'une part ce genre de dégust nivelle trop les vins, et est particulièrement sévère avec les plus fins d'entre eux si ceux-ci sont encore sur la réserve: la Sizeranne 90 a mis en gros 3 heures pour commencer à laisser poindre le début du commencement de sa classe, et la compagnie des autres n'a certainement pas contribué à mettre en valeur son expression mais plutôt à polluer sa perception chez les dégustateurs.
Du coup, on va probablement s'orienter vers des séances thématiques les prochaines fois.
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