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Projet P90

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PROJET P90

Réunion entre amis dans le petit village de Tharoul à  11 heures, fin janvier, pour une dégustation “mémorable” du millésime 1990, sans prétention, uniquement avec nos fonds de cave, dans quelques régions de France mais principalement à  Bordeaux.

Riesling, Grand Cru Brand 1990 de Paul Buecher, Wettolsheim

La robe est légèrement dorée et tout à  fait limpide, dès le premier nez, des arômes violents de gaz, de mazout plus que de pétrole jaillissent hors du verre. Dans le contexte économique actuel, je suis sûr que certains pensent à  creuser ce nouveau filon.
L'aération parvient à  faire disparaître quelque peu ces notes et une belle complexité sur le citron un peu confit, la banane verte, le fruit de la passion, voire le camphre se révèle progressivement. En bouche, l'attaque est encore très vive, et le vin tapisse agréablement les muqueuses. La finale est sèche et un peu courte pour un grand cru. Un vin très agréable malgré tout.

Bourgogne Hautes Côtes de Nuits Blanc, Alain Verdet

Ici la robe est très légèrement opalescente et propose des nuances orangées ; la bouteille montre un dépôt très important. Verdet travaille en bio depuis toujours et ne filtre que peu ses vins. L'utilisation du SO2 est souvent parcimonieuse. Ceux qui ont déjà  rencontré les vins de ce vigneron reconnaissent immédiatement le style des premiers arômes, grillés, l'odeur du bon pain toasté, la noisette bien sûr. Les arômes évoluent graduellement vers plus de complexité, la crème brûlée, la pâte de pâtisserie, la liqueur d'avocat, et même l'Å“uf brouillé. Si le précédent offrait un beau gras en bouche, alors celui-ci est massif. Il semble plus alcoolisé mais l'équilibre avec la matière et l'acidité est parfait. Unanimement apprécié !

Bourgogne, Pernand Vergelesses, Clos Berthet, Dubreuil-Fontaine

Probablement inquiet de ne pas avoir assez de bouteilles pour la dégustation, Philippe nous remonte de sa cave cette bouteille qui n'était pas initialement prévue au programme. Le vin présente des reflets verts encore assez jeunes, mais le nez est très peu expressif. Certains ne le trouvent pas très net, tirant vers le fromage fort …. Il est en tout cas légèrement soufré. En bouche c'est un peu mieux, encore boisé, avec des notes agréables de réglisse. Apogée dépassé ou encore corseté par du sulfite, juste correct en tout cas.

Andy nous a entre-temps rejoint et il est temps de passer aux choses sérieuses : les Bordeaux ! 3 séries sont au programme ; on dit " flights " maintenant, nous pencherons pour des salves. Les vins sont rassemblés selon leur cépage ou leurs caractéristiques. Ils sont généralement dégustés dans l'ordre croissant d'intensité de couleur.

Château Picau Bellevue, St Emilion Grand Cru

Un vin inconnu qui aurait pu le rester ; son seul mérite étant de jouer le faire valoir pour les autres vins. La robe tuilée est très claire, clairement diluée ce qui en 1990 est impardonnable ! Un peu de caramel, voire de pruneaux, mais le reste c'est du raisin sec pas net et du végétal assez grossier. Certains le trouvent métallique en bouche, il est en tout cas aussi dilué que sa robe ne l'indique. Il est temps de passer au suivant.

Château Chauvin, St Emilion grand cru classé (80% merlot, 15 CF, 5CS)

Chauvin est un classique de l'appellation, de bonne tenue, mais plutôt de demi garde. (88 Parker, apogée 2005) . Le premier nez légèrement truffé est aussi acescent et lactique ; ensuite les fruits rouges à  l'eau de vie se manifestent. En bouche c'est léger mais velouté, sans sécheresse, un peu déséquilibré sur l'alcool. On y découvre aussi, selon les humeurs de chacun, des arômes de cuir, de chocolat, de goudron et de charbon. Pas mal, mais il semble avoir dépassé son apogée.

Château St Georges, St Georges St Emilion (60% merlot, 20CS, 20 CF)

Une appellation satellite de St Emilion qui sort de la dégustation avec tous les honneurs. La robe est brunâtre et opaque, plus dense que le Chauvin. Le nez est assez flatteur ; le caramel, le fruit très mûr, légèrement anisé, une pointe de bon céleri. La bouche est onctueuse, avec encore la présence d'agréables tannins poudreux, du chocolat et une finale réglissée. Très bon !

Château Pavie-Decesse, st Emilion Grand Cru classé (90%merlot, 10 CF)

1990 est le dernier millésime de ce château à  avoir été honoré par Parker avant sa reprise par Gerard Perse en 1998 (propriétaire de Pavie, Monbousquet). Attention, il le cote 90 (apogée 2010), la barre fatidique en dessous de laquelle les vins n'intéressent plus personne ;-).
La robe est très profonde et le disque à  peine tuilé. Le nez est puissant, très aromatique, sur la framboise, les épices, le santal. Très agréable, la bouche est gourmande, parfaitement alignée sur le nez, un vrai grand vin aurait dit Deiss ! On commente finalement peu ce vin, manifestement, on le déguste !

Deuxième Série

La Grave à  Pomerol, Pomerol (90%merlot, 10 CF)

La robe est légèrement tuilée, des notes lactiques, crème fraîche, et végétales sont perçues. En bouche c'est très fondu, sur le pruneau et les raisins secs. On aurait admis un peu plus de longueur en bouche, mais c'est agréable, certains le trouvent très bon, je suis déçu. (89 Parker)

La Lagune, Haut Médoc (50% CS ; 20 CF, 20 Merlot, 10 petit verdot)

Le plus bourguignon des médocs aura été placé avec des vins de la rive droite en raison de ses caractéristiques gustatives (90 Parker , 2010). La robe n'est pas des plus profonde mais encore jeune. Le premier nez de cuir laisse place à  des arômes de yaourt aux myrtilles. D'autres y perçoivent des notes de rose. En bouche c'est encore sur les fruits et le caramel, assez intense, c'est encore très très bon !

Château Grand Renouil, Canon-fronsac

Grand Renouil est une des valeurs sûres de l'appellation, et il va le confirmer haut et fort (82 Parker).
Il possède la robe la plus noire des 3 vins, et dégage un nez puissant d'épices et de lard fumé. Des notes florales apparaissent ensuite alors que le café est apprécié en bouche. Cette bouche dense est toutefois plus rustique, avec des tannins encore bien présents, un peu bourrus. On aurait pu le situer plus au Sud ou plus à  l'Est, mais c'est très bon !

Troisième série

Château d'Issan, Margaux (70 CS, 30 M)

La robe est la plus pâle des 3 vins et aussi la plus tuilée. Le nez est végétal, sur la feuille morte, l'humus, la tisane. La bouche est ronde, simple mais agréable. La finale est par contre un peu trop sèche, il se serait probablement mieux comporter à  table. Certains apprécient (Stéphane), d'autres moins. Une déception quand même au vu de son rang, (Parker 85, a boire)). Pour amateur de vrais vieux vins !

Château Lascombes, Margaux (50CS, 40M, 5CF, 5PV)

La robe est peu évoluée, le nez est très beau, sur les fruits noirs malgré les notes de céleri (rave) trouvées par certains. En bouche, cela manque un peu de chair et les tannins sont un peu rustiques. Pas mal, devrait se valoriser à  table (Parker 86 à  boire)!

Château Montus Cuvée Prestige, Madiran , A. Brumont

Le vrai pirate de la soirée, et tout le monde s'y accorde. Le nez est beaucoup plus violent et peut-être moins distingué que les précédents. C'est animal, le lapin fraîchement éventré, des arômes de sang pas encore coagulé. Certains en profitent pour se lâcher et sont fidèles à  leur réputation, Waterloo, le 19 juin 1815 (le lendemain du 18 quoi !), la chaussette en laine mouillée, l'huître bien iodée. Plus classiquement, on y trouve aussi des fruits noirs ou secs et de la sauge. Il faut avouer que c'est un peu rustique, mais pas mauvais du tout. Je le trouve plus aromatique et meilleur qu'il y a quelques mois (voir DBA VI) en tout cas.

Andy nous quitte, mais Anne nous a rejoint et refait son retard rapidement tout en crachant, les fromages sont excellents, mais il est temps de faire une petite balade, il fait froid mais sec et le coin est superbe.

Deux heures plus tard, les papilles à  nouveau alertes, nous attaquons une petite série de Bourgognes.

Monthélie
Il est bouchonné, ce n'est que le début d'une longue déception

Monthélie 1er cru

Un peu framboise, panade banane pour bébé, lait de coco. En bouche, l'attaque est veloutée, mais diluée, et la finale sèche, rêche, archi-sèche, sur le vieux bois. Très bof !

Pommard

Robe claire et très tuilée, nez peu aromatique, c'est sec, dur, pas bon !

Vu la qualité des vins, je m'abstiens d'en citer le propriétaire

Il est temps de se refaire les papilles et pour cela, rien de tel que du waterzooi et puis du du Rauzan ségla.

Le millésime 93 n'est pas le meilleur de la décennie en médoc, et ce vin a déjà  déçu à  plusieurs reprises. Ici l'impression est plutôt favorable, la robe encore noire dégage des arômes de fruits noirs, bien cabernet, cassis, poivron, mais aussi d'encre et de suie. C'est un peu métallique en bouche, mais plus rond qu'attendu. Ce n'est pas mauvais du tout. Tout le monde se dépêche de terminer son verre (enfin certains plus que d'autres), car il y a deux bouteilles à  finir avant un Cos d'Estournel 1999 que nous allons déguster devant l'âtre. Je n'ai encore eu que de bonnes surprises avec le millésime 1999. Ce n'est probablement pas le rapport Q/P de l'année, mais c'est super bon. Des arômes profonds de prune, d'olive, de tapenade. En bouche c'est du velours et c'est dense et long. Fallait même être très bon pour encore nous marquer à  cette heure tardive.

Mais notre hôte ne contrôle plus son tire bouchon et nous goûtons ensuite un Corbières Etang des colombes, cuvée bois des dames 1986. La robe est trouble ou alors c'est ma vue qui faiblit. Par contre le nez est très agréable, sur les épices chaudes, la garrigue et la confiture de vieux garçon. En bouche cela manque d'acidité et le vin a maintenant manifestement dépassé son apogée. Dégusté avec les mêmes convives, il était meilleur il y a 10 ans (putain 10 ans !).

Mais c'est une bonne transition pour déguster le Châteauneuf du pape 90 de Guigal. Il y a longtemps que je ne prends plus de notes et celui-ci ne marquera pas les esprits. C'est malgré tout une surprise agréable, avec quelques arômes de poivre et un corps très fondu. Agréable c'est le mot.

Il est plus que temps, voire trop tard pour goûter le Sauternes. Le Sauternes, enfin j'en vois deux ; ouf ce n'est pas mon état, mais c'est notre hôte qui remonte inlassablement des bouteilles de sa cave. Le premier nez du Romer de Hayot (2eme cru classé) ne semble pas des plus net à  certains, mais la liqueur est encore très agréable, fine, sans lourdeur. Le suivant, le Château Ménota qui faisait le bonheur des linéaires GB ou Delhaize est par contre bien avancé, sur la tisane ou le fond de theière. Il a " mangé " tout ses sucres, ce n'est pas désagréable, mais le jugement est-il encore fiable, il est temps de se déglacer à  l'Orval

On loge tous sur place, bonne nuit !

Laurent M
19 Fév 2005 10:09 #1

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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: Projet P90

Laurent,

Merci pour ce superbe compte-rendu.

Je suis heureux de voir que Pavie-Decesse 90 a su vous séduire.
Mes rencontres avec lui l'an dernier ont eté d'agéables moments.

Je suis un peu surpris pour La Grave Trigant de Boisset 90.
Les bouteilles bues en 2004 l'ont été au milieu d'illustres rivaux et ont su se faire une place...

La Lagune 90 est bon mais, à  mon avis, a un défaut: il vient après le 89 qui me semble beaucoup plus complet... Ceci explique que j'ai terminé mes 90 en fin d'année dernière pour garder précieusement mes 89.

Peux-tu copier quelques notes dans les rubriques spécifiques?
Elles constitueront un beau complément d'information.

cordialement,
Thierry
19 Fév 2005 10:47 #2

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Projet P90

Bonsoir Thierry, j'avais lu les commentaires sur pavie decesse et sur la Grave,
je me réjouissais de les regoûter, Pavie Decesse fut sans conteste un si pas le meilleur vin de la soirée, connais-tu le millésime 88, j'en ai 1-2 qui dorpment dans ma cave?
La grave m'a déçu pour la seconde fois, mais il a par contre été plus apprécié par d'autres. On met souvent en cause les différences entre lots et bouteilles, mais ici, manifestement les goûts des dégustateurs allaient aussi dans des sens très différents

Je n'ai hélas jamais goûté La lagune 89, j'ai un bon souvenir du 82

je copie dans les rubriques dès que possible

cordialement

Laurent M
23 Fév 2005 16:40 #3

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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: Projet P90

Laurent,

Je ne pense pas avoir bu du Pavie-Decesse 88.
Les saint-Emilion 88 que j'ai pu boire ne m'ont pas séduits, à  part quelques rares exceptions, comme Troplong-Mondot, Larmandes et Clos des Jacobins.
En dégustation de vins jeunes, je n'avais pas aimé Pavie.

Cordialement,
Thierry
23 Fév 2005 21:02 #4

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