Petite dégustation entre amis

Vendredi soir, autour d'un repas simple (saumon mariné, faux-filet et légumes, fromages et tarte Tatin),
nous nous sommes retrouvés (Jean-Pierre, Pascal, Patrick et moi-même) afin d'apprécier quelques bouteilles apportées par chacun de nous.

Au programme (et dans l'ordre de dégustation: verres Spiegelau "standards" pour tous les vins et pas de prise de notes)

Pur Sang 2000 de Didier Dagueneau :

Beau jaune clair, cristallin; robe très jeune d'aspect.
Premier nez typé sauvignon, puis évolution vers des arômes d'agrumes, belle évolution dans le verre.
Grande minéralité en bouche, persistance des saveurs qui augmente au fil de l'aération du vin.
=>très belle bouteille qui semble être proche de son stade optimal d'évolution avec cependant un potentiel de garde pour 4/5 ans sans aucun problème.

Château de la Liquière : cuvée Tucade 2001:

Robe grenat, signe d'une belle concentration et aussi de l'utilisation de raisins (mourvèdre, je crois) provenant de vieilles vignes.
Le nez est méditerranéen (parfums de garrigue), sans la trace d'un élévage trop appuyé.
En bouche, en dépit d'un taux d'alcool assez élevé (14°), c'est une sensation d'équilibre qui domine avec des tannins déjà  bien "enveloppés". Belle longueur.
=>Plus profond que Cistus (du même domaine), Tucade peut se boire dès maintenant et devrait pouvoir se maintenir sur 5/6 ans.

Hermitage "Gambert De Loche" 1999 de la Cave de Tain l'Hermitage :

Par rapport au vin précédent, la robe est encore plus sombre, presque noire.
Le nez est très beau : arômes mentholés, épices (signature olfactive typique d'une belle syrah bien mûre).
Belle évolution vers des notes encore plus raffinées avec une aération prolongée.
La bouche est d'une grande suavité ("velours" sur la langue), les tannins sont extrêmement fondus et la persistance est d'un bon niveau.
=>Cet Hermitage est à  situer à  un niveau qualitatif équivalent à  "La Sizeranne" de Chapoutier, cependant il nous a semblé être de moins longue garde.
Actuellement il est vraiment délicieux; pourquoi attendre ?

Taurasi Radici Riserva 1997 de Mastroberardino (Campania /Italie) :

Déception avec cette bouteille d'un vin considéré en Italie comme le Barolo du sud.
Le flacon de vendredi avait un gros défaut (malgré un bouchon normal) : nez affreux, arôme de moisi, de poussière, et en bouche le vin était inexistant.
Pris de remords et fort déçu, j'ai donc ouvert aujourd'hui (dimanche) la seconde bouteille que je possédais de ce vin.
Heureusement, cette fois-ci, il s'est présenté sous un meilleur jour :
La robe est d'un beau rouge (rubis foncé), sans trace d'évolution.
Le nez, bien que peu expansif, révèle des notes épicées et de petits fruits rouges qui, déjà , peuvent permettre une comparaison avec un Bourgogne.
En bouche, contrairement à  beaucoup de vins du sud de l'Italie, c'est une certaine finesse qui prévaut et qui, une fois encore, incite à  rapprocher les caractéristiques de ce vin de celles d'un Bourgogne (un Volnay 1er cru de bonne qualité par exemple).
=> Bon vin finalement, mais certainement pas exceptionnel comme on me l'avait laissé entendre en Italie (où je l'ai acheté).
Une dernière remarque sur l'Italie (cf la première bouteille) : les cavistes (un bon nombre d'entre eux) ne conservent par toujours très bien leurs bouteilles. CQFD

Château Climens 1986 :

La robe est d'un beau jaune d'or.
Au nez, ce sont des arômes de fruits exotiques et de miel (d'acacia) qui ressortent; à  ce stade de son évolution, le boisé est complètement fondu.
En bouche, le vin fait preuve d'une belle fraîcheur et la liqueur est exempte de lourdeur, au contraire il s'agit d'un Barsac fluide (mais pas fluet).
Belle longueur.
=>Ce très bon liquoreux est certainement à  son apogée.

PASSITO Fiano Irpinia I.G.T. 2000 de TERREDORA (Campania/ Italie) :

Pour finir, un autre vin italien de Campania mais liquoreux cette fois.
Il est issu du cépage Fiano (qui donne de très bons blancs secs dans cette région).
Pour plus d'infos, suivez le lien :

La robe est d'un jaune prononcé mais plus claire que celle de Climens.
Le nez offre des senteurs de miel et de fruit (pêches jaunes). Par contre, le boisé qui était très présent lors d'une première dégustation (été 2003), a fortement diminué.
En bouche, l'attaque est plaisante puis le vin tourne un peu court avec une persistance moyenne.
=>Mal placé après Climens, ce Passito semble plutôt destiné à  être bu à  l'apéritif et il ne faut pas envisager de le garder trop longtemps (1 ou 2 ans pas plus).

Des bons vins, des très bons vins et surtout une soirée sympathique entre amis amateurs. La formule est simple et elle n'appelle qu'une seule remarque : recommencer bientôt !!!

Cordialement

Philippe

TAURASI "Selve di Luoti" 1997 Feudi de san Gregorio

Belle robe rubis foncé avec un petit début d' evolution sur le cercle.
Nez de fruits rouges murs, prune ,garrigue, legèrement animal.
Legère deception en bouche car on s'attend à  plus de fruit . Je partage l'avis de Philippe: vin plus en finesse que d'autres vins du sud de l'Italie(Primitivo ou negroamaro) mais manquant un peu de fondu.Longueur moyenne . C'est vrai qu'on peut y touver une certaine analogie de matière avec des Bourgognes modernes(je pense à  Charlopin)
Des amateurs italiens m'avaient signalé Taurasi comme le plus grand vin au sud .....du Piemont ! Cette première expérience ne confirme pas !
Peut être que 1997 n'est pas la bonne année dans cette région.

Raymond

Gambert de Loche 1995 bu l'an dernier se comportait très bien !
Mais en effet pas besoin de 4/5 ans de plus.

Gouté toute la gamme de Mastroberardino en 1999 (ou 2000) et je n'ai pas "compris"...

Climens m'avait paru bien, mais sans plus (16/20).

Je prends en compte dans ce jugement la sveltesse consubbstantielle des vins de Barsac en général et du domaine en particulier. le vin manquait un peu de complexité, longueur, profondeur.

petit rappel récent (visite au domaine en fév 2005 - cr à  suivre) :

Barsac – Château Climens 1998 : 16/20
- Bouche peu sucrée, fine et fraîche, marquée par des goûts subtils et complexes (à  défaut d'être fracassants) de citron confit, d'épices, de zeste d'agrumes, d'abricot, de fruits confits, de pêche, de vanille. Homogène, longiligne, humble et longue.

Barsac – Château Climens 1978 : 17/20
- Robe peu atteinte par les outrages du temps. Ici aussi, le vin sublime un millésime peu doté en pourriture noble en offrant une matière délicate « griffée Climens », à  la race apéritive certaine. Saveurs multiples : pastille vichy, verveine (pour le côté aérien mosellan, mentholé et végétal), fumé léger, sous-bois, truffe blanche (et le côté prégnant de l'ail, si valorisé dans ce champignon), curry, ananas, abricot sec, angélique, coco. Belle fluidité sur une belle assise (un rien minérale), finale corsée, où les épices (galanga, presque piment) et l'amertume viennent tenir longuement le palais en alerte. Fraîcheur distinguée pour un vin qui n'est assurément pas une bête de concours.

Laurent

Raymond,

J'ai dégusté aussi le TAURASI "Selve di Luoti" 1997 de Feudi de san Gregorio
().
Je lui ai trouvé plus de concentration que celui de Mastroberardino dans le même millésime et cependant, comme toi, j'ai été surpris par la finesse de ces vins alors que ceux de la région voisine (les pouilles) sont régulièrement plus massifs. Une exception toutefois, chez Feudi di San Gregorio, le vin nommé Serpico (aglianico majoritaire ou 100 %, je ne suis plus sûr), goûté dans le millésime 1999 et qui s'est révélé très impressionnant, très moderne (dans le bon sens du terme).

Pour ce qui est de l'année 1997, elle est considérée comme très bonne en Campanie.

Cordialement
Philippe

Serpico a eu je crois pas mal d'éloges sur LPV. Il ne me reste plus qu'à  en trouver(bbb).

Cordialement,
Raymond