Pour ceusses qui n'étaient pas au courant, les grands vins s'installaient à Paris le temps d'un week-end... Nous avions été très frustrés l'année dernière de n'avoir pas pu goûté tout ce qui nous intéressait: nous avions décidé cette année d'y passer deux journées: samedi et dimanche...
Sincèrement, on n'en passera pas 3 l'année prochaine, car déjà deux, c'est tout de même assez épuisant, sans parler que l'on est pas habitué à boire tant de bons vins d'un seul coup (aaa).
Est-ce le coût certainement rédhibitoire de ce genre de salon qui opère une étrange sélection des producteurs, ou correspond-elle vraiment au goût des organisateurs? Je pencherais plutôt sur la première solution, ce genre de salon frôlant plus l'opération de prestige que commerciale...
En tout cas, le résultat de cette sélection fait que la moitié du salon était occupée par les bordelais, et l'autre pour le reste de la france et du monde (jjj). Le seul souci, c'est que boire des Bordeaux 2002 ou 2001 à 20° voire plus, c'est pas la joie... Ca fait vraiment jus de planche. Et aucun n'en ressortait grandi... Ceux qui s'en sortaient le mieux étaient les 2nds vin, à l'élevage et à l'extraction plus "soft". Et je ne vous raconte pas la dégustation à la chaîne des 9 "exceptionnels" (crus bourgeois) servi sans âme par des p'tits jeunes qui ont l'air de s'en f... comme de l'an 40 à une foule attirée par ce stand mégalomaniaque (photos géantes "Harcourt" des propriétaires des chateaux dans le style vedette de cinéma des années 50).
Le seul Bordeaux qui m'a plutôt plu est le Haut-bailly 2001, pas génial, mais bon (mais pas grand (bbb)).
J'ai conscience d'être passé à côté de bons Bordeaux, mais au bout du quinzième "pas terrible", je craque et passe à autre chose...
Autre chose, c'est le Bourgogne, par exemple... Nous avons eu la chance d'assister à la conférence-dégustation de Bonneau du Martray et ce fut, là , un grand moment (hhh). Les vins étaient excellents (Corton Charlemagne 1992, 1997 et 2002, corton rouge gd cru 2002), le propriétaire charmant, Bettane assez expansif... On ressort avec des petites étoiles dans les yeux... et on fonce au stand de la maison pour découvrir les autres millésimes de Corton Charlemagne (94 et 2001) et laisser son adresse pour recevoir les tarifs... Pour ceux qui en ont les moyens, achetez du Corton 2002: c'est absolument superbe, et ce pour des décennies...
Restons en Bourgogne: j'ai beaucoup aimé le Chablis les Clos 99 de William Fèvre. Je sais maintenant ce qu'est un GRAND chablis: un chardonnay épuré avec un nez tout en dentelles, et une bouche avec une tension et une puissance aromatique incroyable (pour moi en tout cas). Sur le même stand, l'on pouvait déguster avec beaucoup de bonheur un Volnay "les Caillerets" 2000, vin qui prouve que l'on peut allier puissance aromatique et finesse, et qu'un vin à la robe vermillon délicate peut vous impressionner plus qu'un vin à la robe noire et opaque...
Le vignoble alsacien était peu mais bien représenté: nousa avons passé de longs moments avec 3 de ses représentants, chacun parlant avec amour de leur métier et de leur terroir: Remi Gresser, JM Deiss et Etienne Sipp (enfin sa femme). On avait parfois l'impression que la dégustation était plus là pour illustrer les propos qu'une fin en soi... On était loin des Exceptionnels décrits plus hauts... Et pourtant l'exceptionnel était plutôt dans les verres alsaciens: émouvants et surprenants Altenberg de Bergheim et Schoenenburg 2001, élégant et racé Kastelberg 97 , pureté et minéralité du Kirchberg de Ribeauvillé 99, troublant Kirchberg VT 2000 qui transcende totalement le cépage, et pour finir magnifiques SGN de Sipp: l'une de Pinot gris d'une pureté qui laisse sans voix et l'autre de Gewà¼rtz d'une exubérance incroyable (paradoxalement d'une grande maîtrise). Ce furent vraiment des moments forts dans ce salon.
Moment humain fort également: la conférence-dégustation de Pierre Casamayor sur les Bandol, en présence de deux Eric (c'est dire(bbb)): de St Victor (Pibarnon) et Boisseaux (Vannières). Les vins, tous très bons, avaient le mérite d'être servis à bonne température, et surtout d'être commentés par Casamayor, et ça , c'est que du bonheur...
Les autres moments forts du salon: Mas amiel, évidemment (Dupuy 2002, Muscat 2004, vintage blanc 2002), Blot (le Haut de la Butte 03, Clos de la Bretonnière 03), Meursault 1er cru 2000 du Chateau de Meursault (mix Charmes/Perrières) malgré l"ambiance mercantile du stand, les sauternes(Tour Blanche, Suduiraut, Clos Haut Peyraguet, Coutet, Doisy Daene Filhot et Suau) très aimablement présentés par le propriétaire de Coutet, le Sauvignon de Cloudy Bay, et ... le Prieuré des Chaumes, domaine évoqué par Olif dans sa soirée "vins-étonnants". Je pense vraiment qu'un nouveau domaine est né en Vendée.... La RVF aussi puisque c'est elle qui leur a offert le stand en tant que "nouveaux talents" . J'aime beaucoup tous leurs vins (3 rouges, 1 rosé et un blanc): ils sont très originaux, surprenants, d'une grande concentration mais pas pesants, et ... bons!!
Je ne parlerai pas des grands vins qui m'ont déçu... Je me dis que ce n'était pas le bon moment ni le bon endroit pour les découvrir (jjj)
Le bilan général est évidemment satisfaisant: si je fais la somme des grands moments, cela fait plusieurs heures d'émotions rares. Alors je dis un grand merci aux organisateurs, même s'il serait souhaitable qu'il climatise le salon pour le maintenir vers 18-20°. Cela éviterait le massacre de nombre de vins bus trop chaud...
Eric