Grande dégustation LPV - 2e Série : Syrah
Vin n°7
La robe est intense, brillante, avec un tout début d’évolution. Le nez me semble au départ très réduit, fortement empyreumatique, fumé, grillé, évoquant le soufre. Il s’améliorera sensiblement mais pas complètement à l’aération pour faire place à un beau fruité mûr. En bouche, c’est frais, bien équilibré, minéral, droit et long, avec des qualités bien plus évidentes qu’au nez. Un vin encore sur la réserve, avec un élevage discret auquel je peine à donner un nom, puis par élimination, j’indique
Domaine Moulinier Terrasses Grillées 2001. Bon vin, voire même très bon si le nez s’était un peu mieux présenté. Un bon carafage lui aurais sans aucun doute été très bénéfique.
Vin n°8
La robe, un peu moins intense, paraît un peu plus jeune. Le nez me semble très (trop ?) boisé à ce stade, dans un style que d’aucuns qualifieraient d’international, avec de la vanille, de l’écorce d’orange et un fruité mûr, voire surmûr. En bouche, l’attaque est douce, peut-être même un peu sucrée, le vin se montre flatteur mais manquant un brin de tension à mon goût, mais il y a de l’ampleur et la longueur est belle. Je le trouve presque trop facile pour être honnête, dans un style moderne très marqué par son élevage et m’oriente sans trop de doutes vers le Californien
Sine Qua Non Midnight Oil 2001. Bon vin.
Vin n°9
La robe est très intense et très jeune. Le nez me semble vraiment se présenter comme un bloc, sur des arômes très intenses de truffe, jusqu’à en être presque désagréable, tant et si bien que j’ai du mal à sentir autre chose, si ce n’est de la confiture de cassis à l’arrière plan. La bouche présente une attaque doucereuse, avec un net sucre résiduel, avec une grosse matière mais manquant de tension, avec toujours ces arômes entêtants de truffe jusque dans la finale de belle longueur. Un vin que j’ai trouvé écœurant, mais finalement assez conforme à ce que j’ai déjà bu comme syrah australienne, en plus caricatural encore. Sans hésiter, j’indique donc
Clarendon Hills Syrah Moritz Vineyard 2002. Vin moyen.
Vin n°10
La robe est intense, d’une jeunesse éclatante. Assurément le plus élégant de la série au nez, le plus intense, le plus complexe également, assez boisé mais sans vulgarité et avec une remarquable intégration au reste de la palette aromatique qui se conjugue en minéralité, fruité mûr et épices. En bouche, le soyeux de texture est phénoménal, l’équilibre superbe, même si un peu plus de fraîcheur ne lui aurait sans doute pas nui, à moins qu’il soit servi un tout petit peu chaud. La longueur est remarquable. Un superbe vin, avec un potentiel considérable, dont le soyeux de texture m’évoque irrésistiblement ceux que j’ai déjà observé dans plusieurs vins de Guigal, raison pour laquelle, sans hésiter un seul instant, j’indique très sûr de moi
Domaine Guigal La Mouline 2001. Excellent vin.
Vin n°11
La robe semble très légèrement trouble, d’une belle intensité, avec des reflets violets. Le nez est difficile à cerner après le vin précédent, plus fermé, mais néanmoins d’une grande élégance, avec un léger grillé, des fruits noirs juste mûrs comme il faut, ni trop ni trop peu, très floral, tout en finesse, sans ostentation. En bouche, l’équilibre est très beau, les tannins sont serrés et fins, la longueur est superbe. Un vin qui semble fermé, austère, mais qui possède assurément un gros potentiel. Ce caractère strict m’oriente vers le
Cornas Reynard 2001 du Domaine Allemand. Très bon vin.
Mon ordre de préférence :
1. Vin n° 10
2. Vin n° 11
3. Vin n° 7
4. Vin n° 8
5. Vin n° 9
Et les résultats :
Vin n° 7 : Domaine Moulinier Terrasses Grillées 2001
Vin n° 8 : Domaine Guigal La Mouline 2001
Vin n° 9 : Clarendon Hills Syrah Moritz Vineyard 2002
Vin n° 10 : Sine Qua Non Midnight Oil 2001
Vin n° 11 : Domaine Allemand - Cornas Reynard 2001
Trois sur cinq, c’est déjà mieux, mais je reste totalement surpris par l’inversion effectuée entre La Mouline et Sine Qua Non. Bien sûr, mes a priori m’ont poussé à mettre La Mouline sur le vin que j’ai préféré, mais c’est surtout la texture soyeuse de Sine Qua Non qui m’a évoqué La Turque 1997 et quelques millésimes de Château d’Ampuis déjà dégustés. Ce que j’ai (à ma grande honte) nommé « The Guigal Touch », n’était donc qu’un fantasme de plus dans cette journée qui s’est montrée très riche de ce point de vue. Au final, grosse déception personnelle pour cette Mouline que j’ai mal goûté, alors que mon voisin de table était un des rares à l’avoir identifié. Le vin que j’ai envie de mettre en cave ? Le Cornas Reynard 2001 !
Luc