Dernier volet de cette éclectique dégustation, dont voici les disparates notes !... ;-)
- Sicile – Donnafugata – Sedàra – 100% Nero d’Avola 2003 : un très beau rouge profond. Le nez est assez fruité, mais dans un registre un peu monocorde. Belle structure, qui révèle sans doute une recherche d’un bon équilibre.
- Sicile – Mille e una notté 2002 : une débauche de fruits rouges et d’épices ! Très bel équilibre qui ne manque pas de fraîcheur. Longueur remarquable, les nuances aromatiques se succèdent. Une sélection au top !
- Passito de Pantelleria – Ben Ryé 2004 : explosion d’arômes, agrumes confits, miel et surtout abricots secs !... Etonnante fraîcheur intense ! Il suggère aussi les figues sèches et les plantes aromatiques. Une douceur un rien exotique que l’on retrouve toujours avec plaisir !...
Après un court passage sur le stand du Château Rimauresq, dont le « R 2002 » n’est guère convaincant, nous apprécions comme il se doit le pavillon des Côtes de Provence, qui est de ceux qui méritent le détour. Rencontre avec Philippe Riboud, propriétaire de Château Roubine, Cru Classé de Provence :
- Château Roubine blanc 2004, 60% sémillon, 20% ugni blanc, 20% rolle : agréable et tendre. Souple, au point de manquer d’un poil de gnac !...
- Cuvée de Bargemon blanc 2003, 100% sémillon : un ensemble plus élancé, plus raffiné, destiné aux repas de poissons et crustacés.
- Cuvée Philippe Riboud rosé 2004, 90% tibouren, 5% cinsault, 5% grenache : assez joli équilibre fruité, avec un je-ne-sais-quoi d’original !... Le tibouren sans doute !
- Cuvée Philippe Riboud rouge 2002, 60% syrah, 20% cabernet, 20% grenache : pas un corps phénoménal, mais plutôt tendre et souple. Sur le mode séducteur et enjôleur !
Nous sommes un peu en villégiature dans le sud !... Voilà Bandol et ce Domaine La Suffrène, dont la Cuvée Les Lauves 2001 nous avait mis sur le c… il y a deux ans !... Aucune hésitation, on y retourne !
- Bandol – Domaine La Suffrène blanc 2003, 70% clairette, 30% ugni : de la fraîcheur à revendre ! Vif et expressif. La clairette majoritaire tient la baraque, l’acidité soutenue de l’ugni est aussi bien présente.
- Bandol rouge 2002, 60% mourvèdre + grenache + cinsault + carignan : un assez bon compromis, où le mouvèdre apporte structure et fermeté, mais non dénué de souplesse homogène.
- Bandol rouge 2001 : belle puissance, tannique et ferme. Un vin solide qui a du potentiel.
- Bandol rouge 1999 : un vin dans sa plénitude ! Très belle expression aromatique et complexe : un peu de fumé, du laurier, des fleurs, iris, pivoine, puis une évolution vers la fourrure. Puissance et élégance, débordant de charme. On se dit qu’on aimerait en avoir dans sa cave, pour étonner ses amis en ce moment !... Si c’est le cas, n’hésitez pas, à vos tire-bouchon !... Beau vin !
- Bandol – Cuvée Les Lauves 1998 : très forte proportion de mourvèdre (90-95%). Montre tout le potentiel de cette cuvée : puissance, tannins soyeux, élégance.
- Bandol – Cuvée Les Lauves 1996 : puissance aromatique explosive. A ce stade, un vin d’une très belle densité, où l’ampleur le dispute à la fermeté et à une très belle tension. Un vignoble que l’on ne peut ignorer !
Pour partir à la découverte de l’Espagne, petit coup d’œil au Guide de poche. Et pourquoi pas cette bodegas de la DOC Toro ?... Le guide en question souffle un peu le chaud et le froid à propos de la Bodegas Fariña, mais le jeune homme qui nous accueille s’essaie au français !
- Espagne – Toro – Bodegas Fariña – Colegiata rouge 2004 : c’est le rouge de la gamme de base, issu à 100% de Tinta de Toro. Du fruit et une légère pointe amère un peu nuancée par la puissance. Un manque d’homogénéité, mais c’est peut-être un peu normal…
- Espagne – Toro – Bodegas Fariña – Gran Colegiata Crianza 1999 : une première cuvée élevée en barriques de chêne américain pendant huit mois, suivi de douze mois en bouteille. Puissance et alcool. Un peu de lourdeur générale.
- Espagne – Toro – Bodegas Fariña – Gran Colegiata 1999 : la deuxième cuvée élevée pendant la même durée, mais en chêne français, une pointe fruitée assez persistante, mais la bouche finit un peu asséchante.
- Espagne – Toro – Bodegas Fariña – Gran Colegiata Reserva 1998 : tout en puissance et en force. Un fruit élégant et riche, mais quelle sera l’évolution désormais ?...
Et c’est là qu’intervient le gag de la journée !...
Alors même que nous salivions à l’idée de déguster la dernière cuvée – Gran Colegiata « Campus », issue de vignes pré phylloxériques de tinta de toro, élevée pendant quinze mois, pour moitié en barriques de chêne français et pour l’autre partie en chêne américain, je respire un grand coup, me retourne… et me retrouve nez à nez (enfin presque !) avec un clone de Dementieva ou de Sharapova !... Sur le badge, je devine Loussovskaia, ou quelque chose comme ça ! Elle est accompagnée d’une petite demi-douzaine de chevaliers-servants made in Russia et, d’un seul coup, nous n’existons plus pour notre interlocuteur !... Balayé PhR !... Le jeune espagnol redresse sa cravate et devient littéralement muet devant… le décolleté de la jolie blonde. Tout ce petit monde est accompagné d’une traductrice, qui a l’air de bien s’amuser ! J’ai l’impression que personne ne se comprend très bien !... A priori, il y a au moins un représentant d’un importateur moscovite. Au final, tout le monde s’assoie, sauf moi !... J’hésite un instant à partir avec la bouteille de la dite cuvée, mais, le plus jeune toréador m’a à l’œil !... Je récupère les serviettes en papier sur lesquelles il reste des traces des vins dégustés, en fait une jolie collerette, avec laquelle je décore la bouteille en question, comme un mouchoir tâché de rouge à lèvres !... Olé !... Aaah, Vinexpo !...
Sur ce, quoi de mieux que le Lac de Neuchatel pour retrouver son calme ?...
Direction la Suisse donc, et notamment le Domaine De Montmollin, sur le stand duquel nous sommes accueillis par père et fille. Petit bonjour au passage à M. et Mme Bovard, de Cully, qui ne manquent de me demander des nouvelles de La Pipette.
Nous dégustons successivement, avec l’impression que notre bouche est quelque peu fatiguée, un Chasselas 2004, aérien, un Chardonnay 2003, passé en barriques, le bien connu Œil de Perdrix 2004, un rosé issu de pinot noir, puis un rouge 2002, à la jolie rétro acidulée, un autre, du même millésime, passé en barriques, puis, pour finir, un Pinot Gris VT 2003, frais et plein de charme, aux notes de gelée de coing nettes, précises et très agréables.
Mes pas me conduisent ensuite en Grèce. Je suis content de retrouver le Domaine Skouras, dont les vins du Péloponèse m’avaient sidéré, voilà quelques années ! Impression mitigée au final, avec certaines cuvées qui ne montrent pas l’originalité attendue…
Au début des années 90, le nombre de cuvées de ce domaine était assez limité. Comme beaucoup de vignobles de cette envergure, la logique économique semble tenir dans une sorte de cocktail expension-volume, donc augmentation des surfaces et des… cuvées ! Pas moins de douze aujourd’hui !... Les cépages autochtones sont toujours présents, mais cinq cuvées mono-cépage sont proposées, issues de chardonnay, de viognier, de cabernet-sauvignon ou de merlot ! Pour le reste :
- Domaine Skouras – Vin de Pays du Péloponèse - Moscofilero 2004 : mûr et vif, sur des notes fruitées, puis très légèrement résine. Bonne tenue.
- Cuvée Prestige 2004 : un peu de roditis dans cette cuvée. Frais et léger, mais aussi une belle longueur originale.
- Cuvée Prestige Rosé 2004 : rose tendre, des fruits rouges et une certaine personnalité (roditis et St George).
- Cuvée Prestige Rouge 2004 : St George, plus 20% de cabernet-sauvignon. Rouge rubis, beaucoup de souplesse et de fruit.
- Néméa – St George rouge 2003 : rouge profond, tannins fermes qui le font un peu raide à ce stade.
- Néméa – Grande Cuvée 2003 (18 mois en barriques de l’Allier !) : sombre, concentré, bouche solide et ferme. Droit et assez long.
- Megas Oenos rouge 2002 : St George et cabernet-sauvignon (20%), non filtré. Un vin concentré et puissant. Mais l’équilibre s’appuie sur les fruits rouges et un boisé fin et élégant. Belle persistance. Du bel ouvrage !
Autre passage par l’Espagne (plus calme !), pour découvrir une Denominacion de Origen peu connue et moins médiatique que Rioja, Ribera del Duero et autre Priorat : Almansa et la Bodegas Piqueras :
- Espagne – Almansa – Bodegas Piqueras – Castillo de Almansa 2004 : issue du cépage garnacha tintorera (ou alicante bouchet), beau nez fruité, bouche agréable et joliment expressive.
- Espagne – Almansa – Bodegas Piqueras – Collection Marius 2003 : garnacha tintorera et syrah, élevage de trois mois en barriques, beau fruit intense. Bouche dense et ferme.
- Terra Grande – Reserva 2001 : garnacah tintorera, syrah et monastrell, élevage de douze mois en barriques, boisé élégant au nez. Joli vin ferme et assez tonique, avec une belle cohérence aromatique.
- Castillo de Almansa – Reserva 2001 : garnacha tintorera, monastrell et 25% de tempranillo, très belle expression, plus classique, avec une dominante aromatique sur les fleurs au parfum puissant, les épices et des notes d’eucalyptus. Belle structure.
- Castillo de Almansa Seleccion 2000 : garnacha tintorera, tempranillo, nomastrell et syrah, une sélection qui vaut le détour ! Complexité aromatique évidente. Belle puissance ferme, solide, soutenue par un boisé choisi. Belle bouteille, qui nous réconcilie avec la grandeur de l’Espagne !...
Certains soutiennent que le Portugal est un des pays du Sud de l’Europe qui a le plus gros potentiel. Avant de reprendre une telle affirmation, lançons-nous à la découverte des vins du pays. De façon très sélective pour le moment, tant le vignoble est vaste et varié. Premiers pas au Ribatejo !... Vous connaissez ?... Les rives du Tage en fait. Le guide nous suggère le domaine appelé Casa Cadaval :
- Portugal – Casa Cadaval – Padre Pedro rouge 2003 : un assez curieux mélange de cabernet sauvignon, castelão, pinot noir et alicante bouchet ! Une bouche assez fruitée et une… tentative de complexité…
- Padre Pedro Reserva 2003 : fruits rouges mûrs, une touche fumée. Ferme et un peu raide.
- Herdade de Muge 2002 : un rouge issu de trincadeira et castelão. Un vin puissant, dans un style assez moderne.
- Pinot Noir 2002 : une bouteille qui se veut bourguignonne-new-age !... Sur la puissance. Tannins présents et denses. Le cépage est présent sur le domaine depuis 1953.
- Cabernet-Sauvignon 2001 : fruits mûrs, expression de cabernet très classique. Bof !..
- Merlot 2001 : fruité nuancé, discret. L’alcool est assez présent. Re-bof !...
- Trincadeira 2003 : issu d’un cépage portugais, le vin montre un très bel équilibre, avec une belle tension et de la fermeté. Beau vin !
A noter aussi un petit détour par le pavillon Porto et le stand Quinta do Infantado, ainsi que le pavillon Madeira. Deux destinations qui méritent mieux qu’un survol rapide ! Une autre fois, peut-être !...
PhR