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Ganesh da Capo n° 37 : repas chez Pascal Perez

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Repas chez Pascal Perez
Samedi 23 Juillet 2005

Une production Ganesh da Capo

Le contexte :
Pascal nous réveille quelque peu de la torpeur estivale par une rencontre axée sur une série de vins blancs. Le repas concocté par Jocelyne et Pascal est un régal :
- Nectarines au vinaigre, ricotta, prosciutto
- Gazpacho d’artichaut
- Rougets farcis aux herbes, purée de coco
- Fromages de chez Xavier
- Minestrone de fruits frais

- Les vins sont comme toujours dégustés à l’aveugle.
- Participants : Emmanuelle et Jean-Luc Germain, Jocelyne Puibusque, Pascal Perez (PP), Jacques Prandi (JP), Laurent Gibet (LG).
- Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet.

Les vins :
1. Champagne - Vouette et Sorbée (Gautherot) - Cuvée Fidèle Extra Brut (R02) :
JP15,5 – PP16 – LG15,5
- Dégorgé le 10/01/05 (2002 non revendiqué). Ecole Anselme Selosse.
- Olfaction plutôt douce, déclinant des senteurs encore ténues de pêche jaune, de citron, de fleurs, de brioche, de végétal, de miel, de minéral.
- Bouche en revanche assez intransigeante (presque spartiate en raison de son acidité et de son très faible dosage), très « Blanc de Blancs », qui active des goûts encore ordinaires (fermentaires) et légèrement oxydés.
- Bien mieux goûté toutefois que le récalcitrant 2001 (réveillon 2004).

2. Alsace - Léon Beyer - Tokay Pinot Gris Cuvée des Comtes d’Eguisheim 2000 :
JP15,5 – PP16,5 – LG16
- On extrait d’intéressantes senteurs très fruitées (presque passerillées ?) qui peuvent aussi vraiment rappeler un chenin d’Anjou (sur Savennières plus précisément) : mirabelle dodue, coing, miel, épices (gingembre en particulier).
- Bouche de très bonne tenue, ample, mûre, corsée et parfumée, avec une pointe de minéralité, de végétal et d’oxydation. Belle amertume finale.
- Une formulation intéressante du pinot gris, sans sucre, élancée, avec beaucoup de gnaque (voir aussi le strict mais palpitant Clos Winsbuhl 2000 de Zind-Humbrecht).

3. Alsace - Marcel Deiss - Riesling Burg VT 1994 :
JP16,5 – PP16,5 – LG16,5
- Le nez certes plus tout jeune est constitué de fragrances plaisantes pleines de caractère : gros fruit (raisin frais), melon confit, tarte à l’orange, tisane, thé, earl grey, minéralité.
- La matière est diaphane (malgré un taux d’alcool indiqué de 13° !?) : on la déguste sans aucune fatigue et elle nous transporte vers la Moselle allemande (minéralité exacerbée). Elle manque seulement d’un peu de punch pour passer dans la catégorie supérieure. Dire que l’expression était mutique il y a quelques années !

4. Pfalz - Müller-Catoir – Haardter Bürgergarten “Im Aspen“ Riesling Spätlese Trocken (Lot 13/04- 13,5°) 2003 :
JP14 – PP15 – LG14,5
- Nez développant des senteurs intenses mais peu caractérisées : lierre, fleurs puissantes, fruits exotiques.
- Bouche capiteuse, goûteuse, malheureusement peu typée.
- On est loin d’imaginer un Riesling allemand (évoquant au passage un muscat sec, un viognier (mais qui serait acide), un sauvignon, un chardonnay du mâconnais). On retrouvera bien ensuite (non sans quelque difficulté toutefois car la légèreté n’est pas tout à fait au rendez-vous) ces goûts mosellans de tisane et de minéralité (ici très discrète).

5. Meursault 1er cru Santenots – Marquis d’Angerville 1999 :
JP12 – PP13 – LG13
- Nez massif, sans grâce, qui lâche des arômes pâtissiers opulents (en partie passerillés ?) : cire, agrumes confits. Son boisé caramélisé, sans vergogne, est blasant.
- Morphologie vraiment bourrelée pour une boisson au goût vulgaire, étrangement enfarinée (voir aux antipodes l’excellent Puligny Caillerets 1997 produit par de Montille), qui de plus décroche en finale. Il faut désormais imaginer un miracle quant à l’avenir de ce vin …

6. Californie - Chalone – Chalone Vineyard Pinot Noir 1986 :
JP15,5 – PP14,5 – LG15,5
- Pour mes commensaux, nez proposant des notes de bois mouillé, avec la végétalité herbacée du cabernet.
- La bouche reprend ces notes, dans un format un peu étriqué, qui s’assèche à l’aération.
- Pour moi qui ai amené le vin : nez bouqueté, d’intensité et de complexité moyennes, sur la griotte, le fumé, la rose ancienne fanée, les épices, le cigare, le cèpe séché. Légère coquetterie olfactive (cour de ferme pour moi, aquarium pour Jacques !) du pinot âgé (que l’on retrouvera au goût, avec un petit manque de netteté). En bouche, l’expression pinote clairement (avec des notes de feuilles séchées rappelant le havane), reprenant les notes du nez à son compte en se déroulant de manière peu tannique, sur une longueur raisonnable. L’enrobage laisse à désirer pour une finale un tout petit peu sèche (comme celle d’un vieux Cahors).
- Il s’avère donc que le cépage n’est pas si simple à reconnaître, le cabernet étant jugé plausible (après avoir imaginé du Nebbiolo, du Sangiovese voire du Tempranillo).

6. Südsteiermark – Polz – Sauvignon Hochgrassnitzberg 2003 :
JP15 – PP16 – LG15
- On identifie ici une typicité de sauvignon très appréciable (que l’on peut situer à Pouilly-Fumé, le muscat et le gewurztraminer ayant aussi été proposés) : buis, fougère, lierre, fleurs, fruits blancs.
- Bouche dense, relativement acide, parfaitement corsetée, dont les goûts végétaux et floraux (mais mûrs) issus de ce terroir autrichien sont résolument typés (un peu comme pour les beaux sauvignons du Frioul de Vie di Romans).

8. Pfalz - Basserman-Jordan – Deidensheimer Höhenmorgen Riesling Auslese (Lot 20/03- 9,5°) 2002 :
JP16,5 – PP16,5 – LG16,5
- Fragrances spécifiques très aguicheuses : fruits exotiques conquérants, tisane, rose, fraise des bois.
- La substance est éthérée. Contrairement à celui de Müller-Catoir (qui semble avoir souffert des excès potentiels du millésime), le vin est ici typé, net et précis, soutenu par une acidité parfaite (donc forte vu le niveau de sucre résiduel), qui rend le vin très preste et digeste. Nous sommes en présence d’une expression riche pourtant, qui pourrait certainement revendiquer en Moselle un statut spécifique (style *** ou Goldkapsel).

Conclusion :
- Une belle soirée d’été, ponctuée par d’agréables libations :

- Un champagne exigeant, à boire à table dans quelques années sur un brochet au beurre blanc, quand son expression se libérera.
- Un pinot gris alsacien costaud, sans concession à une quelconque gourmandise (mais droit et très fruité), pour la table également.
- Deiss signe une belle vendange tardive, toute en retenue, joliment éthérée (comme dans le cas de l’auslese), qui fût pourtant très mal goûtée il y a quelques années (très fade). La rédemption par l’âge …
- Deux grandes références du Palatinat ; l’une plaît en raison de ses attraits évanescents si émoustillants (elle a l’avantage du sucre, évidemment, mais son équilibre est nickel), l’autre pas (gagnée par la pesanteur, nulle typicité et profil capiteux). L’accord de l’auslese sur le minestrone de fruits fonctionne très bien.
- Un meursault déconcertant, produit par un vigneron célèbre pour ses Volnay, qui peut rappeler un mauvais chardonnay américain.
- Un pinot noir américain de qualité très correcte après presque 20 ans de vieillissement.
- Un sauvignon autrichien fort typé, aux attributs un peu austères (je l’aurais plutôt vu sur la recette à base d’artichauts que sur les fromages). Pour amateurs de ce cépage végétal.
02 Aoû 2005 11:21 #1

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