Repas chez Jacques Prandi
Dimanche 31 juillet 2005
Une production Ganesh da Capo
Le contexte :
Un moment de convivialité au creux de l’été :
- Tapas gasconnes variées (foie gras cuit au sel, saucisse de canard, …)
- Poulet rôti et tian de légumes d’été à la mozarella
- Coupe de fraises poêlées, sorbet au melon, crème fouettée au basilic
- Les vins sont dégustés à l’aveugle.
- Participants : Pierre Prandi, Jacques Prandi (JP), Laurent Gibet (LG) et Pascal Perez (PP).
- Synthèse des commentaires de dégustation par Pascal Perez.
Les vins :
1. Champagne – Delamotte – Rosé :
JP16,5 – PP16,5 – LG17
- Belle couleur d’un rose orangé diaphane.
- Nez direct sur la mandarine, le jus de carotte et la framboise.
- Un rosé discret, de densité et de complexité moyennes, qui se distingue essentiellement par sa droiture et son élégance. Pur, équilibré, minéral et doté d’une bulle très fine, il se montre bien dans le style de la maison, sans esbroufe inutile. Sa douceur fruitée (mandarine subtile et framboise), sa fraîcheur et sa longueur sur le zeste d’orange le rendent particulièrement apéritif.
2. Bergerac Sec – Les Tours des Verdots – Le Vin 2000 :
JP15 – PP14,5 – LG15
- Combinaison olfactive de fruits jaunes très mûrs et d’élevage ambitieux.
- Ce boisé luxueux est toujours présent en bouche. Heureusement, il laisse le fruit et un peu de menthe s’exprimer. Un exercice de style international (il nous a entraînés un peu partout, terroir et cépage se montrant particulièrement difficiles à cerner) qui réussit toutefois à garder suffisamment de fraîcheur. Ample, bien réalisé mais impersonnel.
3. Gevrey-Chambertin 1er cru Aux Combottes – Domaine Dujac 1989 :
JP18,5 – PP18,5 – LG19
- La complexité et la race sautent au nez. On hume une fusion de fruits rouges frais (cerise, cassis, …), menthe, tabac, ronce, champignons secs, jus de viande et sauce soja. L’éclat, aiguillonné par un soupçon de volatile, est exceptionnel.
- Le vin bascule vers des notes évoluées (champignon, sous-bois) tout en gardant du fruit rouge frais et vivant. Déjà admirable aromatiquement, il se distingue également par une droiture et une fraîcheur exemplaires, un touché extrêmement soyeux, un végétal et une rusticité nobles et une grande longueur. Du grand art dans un millésime pourtant pavé d’embûches.
4. Châteauneuf-du-Pape – Château de Beaucastel 1985 :
JP15,5/16 – PP15,5 – LG15,5
- Passer derrière Les Combottes s’avère particulièrement délicat pour Beaucastel. Sa surmaturité et ses effluves de liqueur de fruits rouges le handicapent. Cette dernière est accompagnée de champignons secs, de menthe, de ciste, de laurier et d’eucalyptus.
- Le fruit est un peu cuit et l’impression quasi sirupeuse d’une liqueur de cerise ou de mûre persiste. Tout cela lui confère une certaine lourdeur. Il conserve toutefois un aspect juvénile étonnant et des qualités notables (fraîcheur aromatique suffisante, très beaux tannins, longueur) qui peuvent laisser espérer une évolution favorable.
5. Coteaux du Layon – Domaine Jo Pithon – Clos des Bonnes Blanches 1996 :
JP16,5 – PP16 – LG16,5
- Nez élégant et fondu sur l’abricot, le safran et la cire.
- Une fois n’est pas coutume pour les cuvées haut de gamme du domaine, la finesse est au rendez-vous et le taux de sucre résiduel mesuré. Il paraît curieusement déjà prêt à boire et propose de l’abricot et des épices douces. On note aussi une acidité un peu paresseuse et une bonne longueur.
Conclusion :
- Au milieu d’un parcours où seul le Bergerac nous laisse sur notre faim, le Gevrey de Dujac impose sa distinction et écrase la concurrence.
- Petite déception mâtinée d’espoir pour Beaucastel.
- Delamotte confirme un style droit et net.
- Pithon surprend, ne se situant pas tout à fait où nous l’attendions.