Vins Inattendus du Monde
Vendredi 16 septembre 2005
Une production Ganesh Club
Le contexte :
- Ce nouvel opus Ganesh est préparé par Laurent et hébergé par la cave Vinéa à l’Union. Merci à Jérôme et Laurent, les heureux propriétaires-animateurs de ce lieu bien connu des amateurs toulousains, qui, non contents de nous accueillir, nous gratifient aussi de quelques plats alléchants et forts bien tournés.
- La base de la dégustation est fournie par le catalogue SWAFFOU (Selected Winos Association for Fun and Flavour) du bruxellois Luc Hoornaert.
- Les vins sont dégustés à l’aveugle.
- Participants : Annie Ortet, Miguel Sennoun, Jean-Luc Germain, Jérôme Rey, Laurent Navarro, Patrick Moulène, Jacques Prandi (JP), Eric Cuestas, Philippe Lagarde, Pascal Perez (PP), Laurent Gibet (LG).
- Synthèse des commentaires de dégustation par Pascal Perez.
Les vins :
1. Stùrovo Region, Muzla (Slovaquie) - Château Bela - Riesling 2002 (Lot 7/03) :
JP15,5 – PP15 – LG14,5
- Propriété d’Egon Müller.
- Perception tout d’abord un peu voilée (soufre, sensation poussiéreuse) mais tout de même typée et évoluant bien sur de la minéralité, de la verveine et du citron (soda).
- La bouche est droite, vive, dotée d’un perlant important. Complète absence de sucre. Sa densité est intermédiaire. On trouve du pamplemousse et une finale sur le zeste et de bonne longueur. Bien mais moins impressionnant que le 2001.
2. Suisse – Martha et Daniel Gantenbein - Pinot Noir 2002 :
JP14 – PP14,5 – LG13,5
- Le domaine se situe non loin de la frontière avec le Lichtenstein.
- Nez proposant de la fraise, de la cerise (et son noyau), des épices (girofle, poivre), mais manquant d’éclat.
- Douceur de caramel au lait et glissant signent sa bouche. Elle est toutefois trop marquée par un élevage vanillé superficiel. De la réglisse et une finale chaleureuse aussi. Une déception eu égard au niveau annoncé pour les vins de ce domaine culte.
3. Arroyo Grande Valley - Talley Vineyards - Pinot Noir Rincon Vineyard 2000 :
JP16,5 – PP16,5 – LG16,5
- Olfaction de grande expression. On décèle pêle-mêle des fleurs poivrées (violette), d’autres plus lascives (rose, bougainvillée), de la fumée et de la suie, du gras de jambon et de la réglisse.
- Très beau jus tout à la fois solaire et dynamique, avec un fruit précis (framboise, mûre), du kirsch, du noyau et de la réglisse. La densité et la vivacité sont appréciables et s’harmonisent parfaitement. L’élevage notable est intégré. Tannins de qualité. Pourrait se rapprocher d’un pinot bourguignon réussi issu d’une année chaude.
4. Valpolicella Classico Superiore – Michele Castellani – I Castei Ripasso 2000 :
JP16 – PP15 – LG16
- 65% corvina, 20% rondinella, 10% molinara, 5% d’autres cépages du Veneto.
- Nez quelque peu déroutant avec ses scories (vernis à ongle, volatile, sensation lactique) mais aussi ses mérites (fruits surmûrs, ciste, cannelle). Tous les convives ne trouvent pas les problèmes cités. Très porto sec.
- Beau cocktail puissance/fruit/fraîcheur/sucre. Ces composantes sont fondues dans un ensemble de caractère au sucre mesuré, saupoudré d’épices douces, agrémenté d’amande et d’iode. L’élevage est discret, la longueur correcte et le caractère indéniable.
5. Mendoza (Argentine) - Cheval des Andes 2001 :
JP17 – PP16,5/17 – LG17
- Cheval Blanc en Argentine.
- 60% cabernet sauvignon, 40% malbec.
- Profondeur, complexité, netteté et exotisme mesuré sont au rendez-vous : paprika, huile d’olive, menthe, champignons, cannelle et encre.
- La bouche ne se livre qu’avec réticence. On peut malgré tout percevoir sa race. Sa matière dense, sa finesse aromatique, sa fraîcheur et sa longueur augurent du meilleur. Le jus est sanguin, avec de l’amande et de la minéralité. Les tannins sont légèrement grenus. Un coup d’essai (1ier millésime) qui se transforme en coup de maître.
6. Chili - Almaviva 1999 :
JP16 – PP15,5 – LG16
- Mouton-Rothschild au Chili.
- Cabernet sauvignon, cabernet franc et carménère.
- Nez un peu simple sur la liqueur de cassis, la cerise très mûre (burlat) et des champignons dévoilant un début d’évolution.
- Du volume et du gras, de la sucrosité également. Le fruit est très mûr (cassis), parcouru d’une trace végétale noble (feuille de cassis) et baigné d’épices douces. Sa longueur est correcte. Moins de classe que pour le Cheval des Andes.
7. Douro – Prats & Symington (P + S) - Chryseia 2001 :
JP17 – PP17 – LG17
- La déclinaison de Cos d’Estournel au Portugal.
- Touriga nacional, touriga franca, tinta roriz (tempranillo) et tinta cão.
- Nez profond et moderne, enveloppé dans un élevage luxueux (grillé et torréfaction subtils) laissant s’exprimer librement un fruit net (fraise poêlée, cerise), du noyau, de la menthe et de l’eucalyptus.
- Il s’agit du 2ième millésime de cette cuvée. La facture est moderne sans être internationale. Le jus est propre, empreint de douceur et le grain suave, magnifique. On décèle du laurier, de l’huile d’olive (savon d’Alep) et des fruits rouges mûrs mais frais. L’équilibre est irréprochable. Bonne longueur. Il convainc et clôt en beauté ce tour d’horizon de l’exportation du savoir-faire de certains de nos représentants vinicoles les plus célèbres.
8. Matakana (Nouvelle-Zélande) - Providence Vineyards - Providence 1997 :
JPED – PP12 - LGED
- 60% merlot, 30% cabernet franc, 10% malbec.
- Premier contact peu engageant (éther, camphre) et les notes de café, de viandox et de marc ne renversent pas la tendance.
- Grosse déconvenue pour ce vin creux à l’acidité dissociée, pourtant annoncé comme un cador et signé par James Vuleric.
9. Coteaux du Languedoc – Domaine Zumbaum-Tomasi - Clos Maginiai 2000 :
JP13 – PP14,5 – LG13,5
- Arômes profonds de cerise confite au poivre de sichuan, de cuir, de garrigue et de réglisse.
- L’attaque est suave, la matière prometteuse et le fruit dégagé. Pourtant un grain de sable vient rapidement enrailler cette belle mécanique. En effet, la conjonction d’un certain fléchissement de la matière en final et de tannins par trop abrupts amène l’assemblée à douter. Ce vin va-t-il sécher ? Certains le trouvent déjà. A-t-il un avenir ? Certains n’y croient vraiment pas. A revoir en tout cas.
10. Amarone della Valpolicella – Michele Castellani – I Castei Campo Casalin 1999 :
JP14 – PP14 – LG15,5
- A l’instar du Ripasso, quelques coquetteries indésirables (éther, volatile intense) émaillent le fond de cerise confite, de cacao et de gingembre.
- Le corps est extrêmement puissant, doté de fruits confits, de poivre, de réglisse et d’une bonne longueur. Par contre il offre peu d’unité, tiraillé entre son sucre résiduel, ses tannins rustiques et une acidité peu intégrée. Correct mais pas totalement convainquant.
11. South Dakota (Etats-Unis) - Valiant Vineyards - The Wild Grape 1999 :
JP?? – PP15 – LG14,5.
- Vin élaboré à partir d’un seul pied de vigne sauvage et âgé de 400 ans, dont les lianes ont colonisé tout un bois : la Vitis Riparia. Cette vigne est naturellement résistante au phylloxera et est très utilisée comme porte-greffe. Le fameux SO4 est un croisement de vitis riparia et de vitis berlandieri.
- Le nez est d’un noir encre, très extrait (essence de fleurs). Il livre de l’orange macérée et des parfums d’amaryllis ou de henné selon Eric.
- Bien sûr la bouche est un peu mince et acidulée (groseille), bien sûr elle peut passer pour un de ces élixirs pharmaceutique sucré, bien sûr elle confine aussi au vinaigre aromatisé ou de Xérès. On ne peut néanmoins s’empêcher de lui trouver des qualités, une âme. Nous avons là entre nos mains un ovni bien malaisé à cerner.
12. Recioto della Valpolicella Classico – Michele Castellani – I Castei Campo Casalin 2000 :
JP15,5 – PP16 – LG17
- Nez classique de fraise, cerise et amande fraîche.
- Un vin régressif, avec un fruit exacerbé très primaire (burlat), d’une gourmandise absolue (chocolat, sucre mesuré). Pour ne rien gâter, il présente un équilibre impeccable et des tannins légèrement poudreux (cacao). On ne peut lui reprocher que sa facilité extrême et un certain manque de structure.
13. Ukraine/Crimée - Massandra - White Muscat 2 years old :
JP17 – PP17 – LG17
- Premier nez douteux (liège, carton ?) qui bascule ensuite sur des huiles essentielles, du thé, de la grappa et de l’iode.
- La bouche offre un véritable carrousel de sensations, certaines fruitées (nectar de poire, abricot, mandarine), d’autres subtilement oxydées (noix discrète, touron), d’autres enfin plus personnelles (earl grey, vin de pêche), toutes idéalement mariées. L’impression tactile est pulpeuse. Equilibre et longueur finissent d’impressionner. Expérience après expérience, la maison se maintient dans l’excellence, livrant des produits élaborés, complexes et gourmands, qu’ils soient âgés ou très jeunes comme ici.
Conclusion :
- Un tour du monde (elliptique) fort enrichissant. En quelques heures, les Philéas Fogg présents découvrent une série rare.
- Les réelles découvertes, en tout cas les plus convaincantes, sont à chercher du côté de Talley Vineyards et de Chryseia.
- Confirmation pour Cheval des Andes, Massandra et, à un degré moindre, Château Bela et Alamaviva.
- Gantenbein déçoit et Valiant Vineyards intrigue avec cette production pour le moins inhabituelle.
- Castellani déroute avec des cuvées un peu disparates qualitativement : impressions à approfondir.
- Pour une première tentative, et alors que nous n’avions jamais entendu parler d’eux auparavant, difficile de jauger Providence et Zumbaum-Tomasi même si certains dégustateurs classent d’ores et déjà ces derniers dans la catégorie des déceptions.