Repas chez Jacques Prandi
Dimanche 25 septembre 2005
Une production Ganesh Club
Le contexte :
- A l’occasion de son anniversaire, Jacques (on n’est jamais aussi bien servi que par soi même) s’est glissé derrière les fourneaux. Le repas, excellent, est composé de :
- Salade buissonnière aux poissons fumés
- côte de veau en croûte de cèpes
- fromage Deux Chavanne
- Fraises rôties au jus caramélisé, glace au gingembre
- Les vins sont dégustés à l’aveugle.
- Participants : Camille, Anne-Marie et Jaques Prandi, Thierry Klopp, Vincent Mercier, Jocelyne Puibusque, Pascal Perez (PP), Laurent Gibet (LG).
- Synthèse des commentaires de dégustation par Pascal Perez.
Les vins :
1. Champagne - Jacques Selosse – Contraste :
JP17 – VM16,5 - PP17 – LG17,5
- Blanc de Noirs non millésimé.
- Olfaction très mûre de pêche jaune, de mangue, d’abricot et de framboise. Minéralité affirmée.
- Bouche compacte, dense, arrondie par son gras. Le style est plus policé que celui habituellement offert par le domaine et un seul des convives le démasque. On tangente ici le grand classicisme champenois : bulle très fine, droiture, grande maturité du fruit (jaune et fraise des bois) et une finale fouettée par un beau retour vivifiant et structurant.
2. Sancerre – Edmond Vatan – Clos La Néore 1996 :
JP18 – VM17 - PP18 – LG17
- Noble évolution de mousseron, de miel subtil, de nougat/calisson avec, toujours, les fleurs blanches, la pêche et la menthe des origines.
- Magnifique trame cristalline, élancée, minérale (craie), pétrie de caractère. Elle s’impose avec évidence, offrant beaucoup (fruits mûrs, menthe, mousseron et miel encore, …) sans faire dans l’épate, avec classe et distinction. Les recherches s’orientaient vers Chablis ou Puligny. Grande rémanence.
3. Meursault 1er cru Perrières – Domaine des Comtes Lafon 1998 :
JP15,5 – VM16,5/17 - PP16,5 – LG15
- Nez puissant, très (trop ?) mûr (essence de fruits jaune), exotique, heureusement rafraîchi par de la menthe.
- Il partage. Une partie de l’assemblée le trouve alourdi par sa maturité extrême, dépourvu de classe comme de minéralité et ne croit pas en son avenir. Sans nier ces faits, la 2ième moitié des convives pointe la pureté (pas d’oxydation) et la jeunesse de son fruit, une certaine fraîcheur mentholée et sa densité. Elle estime que ce vin peut évoluer favorablement même s’il n’atteindra probablement jamais, dans ce millésime difficile, le niveau reconnu à son terroir.
4. Napa Valley – Philip Togni – Cabernet Sauvignon 1993 :
JP17,5 – VM17,5 - PP17,5 – LG18
- Bouquet envoûtant, au point de rupture de la jeunesse (cerise, cassis) et de l’évolution (humus, cuir, champignon).
- Expression racée, pourvue de toutes les qualités requises : finesse aromatique (fruit et noble évolution), texture soyeuse, équilibre, minéralité et grande allonge. Les avis penchaient pour un grand cabernet de Loire ou du Médoc. A l’apogée et c’est peut être là la seule restriction qui peut lui être portée.
5. Pauillac – Château Lynch Bages 1990 :
JP18 – VM17,5 - PP18 – LG17,5
- Les arômes se livrent sans retenue, avec exubérance et classe : fumée, suie discrète, cerise noire, graphite, cuir et minéralité.
- Corps plein, ferme, corpulent, doté d’une pointe chaleureuse. Il ne peut cacher son origine solaire mais ses excès sont équilibrés par des notes herbacées et de la menthe. Le fruit noir et gras lui confère beaucoup de velouté. De la profondeur et de la longueur. Pas encore tout à fait prêt.
6. Romanée-Saint-Vivant – Domaine de la Romanée-Conti 1990 :
JP16 – VM16,5 - PP15,5 – LG16
- Nez quelque peu poussiéreux mais complexe : floralité timide, rose, kirsch, amande, champignon et cacao.
- Bonne attaque grasse avec un volume conséquent. Puis l’acidité déraille, se dissocie de la chair et durcit la finale. Il subit aussi les excès de son millésime et ne montre pas la grâce qui devrait être la sienne. Peut être faut-il encore l’attendre en espérant que ses éléments constitutifs se fondent et s’affinent. A revoir dans 5-10 ans.
7. Vouvray – Huet – Le Mont Moelleux 1ère Trie 1989 :
JP17 – VM16,5 - PP17 – LG16,5
- Expression délicate et très pure de pomme verte, de gelée de coing, de poire (bergamote) et de tilleul.
- Même pureté remarquable en bouche avec un corps arachnéen, jeune, élancé, pavé de minéralité, au sucre mesuré et parfaitement fondu. On retrouve ici aussi le coing (ténu) ainsi qu’une amertume subtile de peau de pamplemousse qui lui confère une sensation tactile quasiment tannique. Bonne longueur.
Conclusion :
- Un parcours haut en saveurs avec pour seuls relatifs regrets les expressions en dedans des Perrières des Comtes Lafon et de la Romanée Saint Vivant de la Romanée Conti.