Espagne Rouge
Vendredi 30 septembre 2005
Une production Ganesh Club
Le contexte :
- Cette dégustation est préparé par Pascal suite à un voyage récent en Catalogne.
- Les vins sont dégustés à l’aveugle.
- Participants : Miguel Sennoun, Jean-Luc Germain, Didier Robin, Guillaume Etchevarria, Patrick Moulène, Jacques Prandi (JP), Eric Cuestas, Philippe Lagarde, Pascal Perez (PP), Laurent Gibet (LG).
- Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet.
Les vins :
1. Vi de la Terra de les Illes Balears– An Negra – An 2001 :
JP14,5 – PP14 – LG13,5
- Nez poussiéreux, avec quelques notes de cassis, de bourbon, de cerise, de fleurs, de cacao, d'amande. Très (trop ?) mûre.
- Bouche austère (triste), alcooleuse, herbacée, amère, qui semble pour certains sécher. Fermeté tannique, manque d'harmonie patent en l'état. A reprendre car ce vin insulaire possède une belle réputation.
2. Bierzo – Bodegas Estefania – Tilenus Pagos de Posada 2001 :
JP17 – PP17 – LG16,5/17
- Nez profond, puissant mais fin, composé d’une kyrielle de senteurs : cacao, paprika, orange, fumée et réglisse accompagnent des notes plus traditionnelles de fruits et de fleurs plutôt décidés.
- Bouche nette, veloutée et ferme à la fois, relativement austère encore (minéralité d’encre). Hiératique mais fine, homogène, dotée d’un équilibre irréprochable (acidité souveraine, alcool modéré, en particulier). Grande longueur sapide réglissée avec en prime de fameux goûts de framboise. Le mencia confirme ici une qualité réjouissante (Bierzo – Descendientes de José Palacios – Corullon Las Lamas 2001et aussi Corullon Villa 2000, tous les 2 très bons).
3. Toro – Viñas Dos Victorias – Gran Elias Mora 2001 :
JP15,5 – PP15 – LG14,5
- Odeurs de noyau, de cerise, de cacao, de liqueur de cassis, de suie, de bourbon, d’encre et de réglisse. Un côté « forêt noire » (kirsch).
- La bouche est conséquente mais semble posséder moins de fond. Les tannins sont légèrement poudreux (le terme utilisé par Eric est « farineux »). Le boisé est honorable et la fraîcheur au rendez-vous pour cette expression plus agreste, qui s’achève en décrochant un peu abruptement sur des goûts intéressants de paprika, d’encre, de fruits noirs.
4. Priorat – Clos Mogador – Manyetes 2001 :
JP15 – PP15,5 – LG15
- Nez plutôt massif et très mûr déclinant ces notes : bourbon léger, viandox, fumée, cassis intense, encre, réglisse, amande. D’emblée, on « sent » l’alcool (et volatile légère).
- La bouche confirme, par son profil « rentre-dedans », alcoolisé, corsé et sanguin, alignant des flaveurs épicées de minéral, de cacao, de laurier. De la densité et de la longueur mais le vin, qui ne fait vraiment pas dans la dentelle, s’avère un peu lassant.
5. Priorat – Cesca Vicent – Abat Domènech 2000 :
JP16 – PP16 – LG15,5
- Le nez est crédité de belles notes de fruits (fraise, framboise, cerise … lactées), de noyau, de tabac. Il s’avère plus aérien (plus frêle ?), plus acidulé (groseille).
- Matière moyenne, issue d’un élevage qui paraît plus oxydatif (Laurent). Profilée, digeste, pour des goûts fringants qui pinotent légèrement, avec une pointe camphrée. On n’imagine pas les 2 vins issus de la même région.
6. Ribera del Duero – Bodegas Los Astrales – Astrales 2001 :
JP17,5 – PP17,5/18 – LG17+
- Notes efficaces et distinguées de moka, de mûre, de fleurs capiteuses, d’asphalte, de girofle. Une belle allure empyreumatique qui peut rappeler Cornas (en particulier les formidables cuvées de Thierry Allemand, excusez du peu).
- Plénitude et fraîcheur signent ce très joli vin élancé, concentré mais élégant (en raison d’une acidité idoine et de tannins particulièrement soyeux), pétri de classe et très personnel avec ses accents de cuir, de fourrure, de minéral. Sa voilure, sa complexité et sa vitalité forcent le respect.
7. Ribera del Duero – Emilio Moro – Malleolus 2001 :
JP16 – PP16,5 – LG16
- Nez plus évolué, dégagé, avec de la superbe, qui diffuse des émanations variées : encre, champignon, fraîcheur orangée, cuir et plus original : whisky.
- Ce vin (un peu bourguignon également selon Laurent) rappelle la cuvée Abat Domenech de Cesca Vicent. Plus prêt à boire, joliment rustique mais cohérent en raison de sa très belle mâche teintée de goûts de goudron et d’orange sanguine. De la prestance dans ce caractère guilleret.
8. Ribera del Duero – Hacienda Monasterio – Reserva Especial 1998 :
JP16,5/17 – PP17,5 – LG17
- Belle fraîcheur dans ces exhalaisons d’amande grillée, de fruit intense et mûr, de piment d’Espelette, de cuir. Elevage nickel.
- Bouche à la fois veloutée et parfaitement corsetée, avec du relief et un beau caractère longiligne. Complète, racée et un grand classicisme au potentiel souverain.
9. Rioja – San Vicente – Tempranillo 2001 :
JP15,5 – PP16 – LG16
- Nez fruité, fleuri, avec des senteurs profondes de cuir, de fumée, de moka, de cerise, d’épices et d’amande.
- Cette bouche élégante possède une belle tenue et s’avère à la fois austère et gourmande, équilibrée, pour une finale légèrement pimentée, sur du tabac et du cassis. Un style un peu plus convenu toutefois selon la majorité des dégustateurs.
10. Rioja – Sierra Cantabria – Amancio 2001 :
JP15,5 – PP16 – LG15
- Nez possédant noblesse et profondeur : cassis subtilement lacté, cassis, fleurs, chocolat basque au piment, goudron.
- Bouche très massive, mûre, juteuse et réglissée, mais la finale est durcie (et affadie) par un boisé trop intense. Pascal juge les tannins présents mais enrobés, avec un fruit très alerte. Une cuvée à revoir plus spécifiquement.
11. Rioja – Muga – Aro 2001 :
JP17/17,5 – PP17,5/18 – LG17,5
- Caractère giboyeux pour des odeurs profitables de terroir : noyau, havane, cacao, piment.
- En bouche, grand caractère pour une matière serrée (encore logiquement légèrement astringente), massive, sanguine mais équilibrée par une acidité adéquate. Très belle finale sur le tabac.
12. Rioja – Finca Allende – Aurus 1999 :
JP16 – PP16,5 – LG15
- Une belle noria d’inflexions corsées attend le dégustateur : viandox, genièvre, pivoine, bouquet séché, vanille, fruits (framboise et cerise).
- Trame assez grenue et ferme, solide et fraîche, mais qui manque un peu de longueur et d’éclat. Pas mal, mais cette cuvée n’égale pas la sublime cuvée Calvario (sur 2001, en tout cas).
Conclusion :
- Encore une fois, Pascal nous gratifie d’une dégustation très enrichissante.
- On y trouve des vins puissants, représentatifs du potentiel ibérique, dans des expressions multiples le plus souvent très satisfaisantes (en termes de boisé, d’équilibre, de caractère, de rémanence).
- Le mencia nous convainc une fois de plus de sa capacité à générer des vins originaux.
- Deux expressions de Priorat décidemment bien différentes.
- Trois vins de la Ribera surprenants de qualité formelle.
- Le formidable Muga Aro 2001, sculptural, domine la série de vins de la Rioja.
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