Dégustation chez un ami : il m'avait prévenu que nous allions boire grand, tout au moins sur les étiquettes. Donc je ne sais rien des régions, millésimes... Le vin est servi au verre ( grand !)

Bouteille 1 : robe profonde, je n'arrive pas à voir de l'évolution mais il fait sombre. Nez fabuleux avec un côté animal, sauvage, de la tapenade et une envie 'y goûter très vite ! En bouche c'est très bon, très très bon , l' ensemble est épicé et gras, une intensité presque énorme en bouche , me fait penser à une côte de boeuf
près de l'os quand la viande devient très forte. Pour moi c'est un très grand Chateauneuf... Après cette explosion buccale, je le trouve un peu court, cela étant relatif. Le copain revient avec la bouteille 1 dans une chaussette pour refaire le niveau avant de goûter la suite. Tiens un magnum de Bordeaux...

Bouteille 2 : la robe est peut-être encore plus profonde, le nez est moins démonstratif mais il est tout aussi grand. Plus resséré, moins épanoui, aucune note animale, il n'est pas loin de la démesure mais reste contenu. Bouche à l'unisson, très droit mais une sève énorme, une force inouïe. Il est beaucoup plus long que le premier, c'est de la très grande bouteille !

Bouteille 3 : moins d'intensité que les deux premiers. Nez intense sur le poivron, diffus, le moins bien des trois. Celui là sent moins bon, c'est certain.
On dirait descendre d'un cran d'un coup. Un Chinon ? La bouche elle aussi est diffuse, avec des arômes très cuits ... Nous n'aimons pas franchement voir pas du tout. Mais les deux premiers sont vraiment des bombes... Mon camarade semble dépité par sa troisième bouteille.

Bouteille 1 : Trévallon 90 ; je comprends maintenant mieux l'engouement pour le Trévallon. Je ne connaissais que 99 médiocre, mon ami ayant lui goûté 98 et ayant été fort déçu.
Bouteille 2 : Montrose 90 ; pas de mauvais futs ni de notes sauvages et désagréables parfois entendues. Très grand ! Je l'avais vu en 1993 à 80 FF par caisse de 12 dans une grande surface de Tours, j'avais préféré La Louvière 90 à 49 F...
Bouteille 3 : Cheval-Blanc 90... ; un faiblard et une guenille comparé au 2 autres, un problème de bouteille il faut espérer ( niveau et conservation parfaite ) . Pire, il semble au bout du rouleau. A la réflexion, me rappelle un peu le Figeac 90 bu Noel dernier, vraiment pas si grand que ça mais que quand même mieux que ce p'tit Cheval blanc bien derrière et les autres devant.

Demain soir, il m'annonce que trois autres vont suivre et que ça ne devrait pas rigoler !

merci pour cette intéressante comparaison. Rien ne vaut une dégustation àl'aveugle pour remettre quelques endules à l'heure.

J'ai adoré Trévallon 90 et Montrose 90, et je ne regrette pas de ne pas avoir acheté Cheval-Blanc 90, Mouton ou Pichon-comtesse de la même année.

comme quoi, en 90, mieux valait judicieusement choisir que de simplement viser les grandes étiquettes.

vivement la suite demain soir !

cordialement

Yves

Au début des années 90 un ami invité chez moi m'avait offert une bt d'un vin que je ne connaissais pas. Tombant dessus 6 mois après dans un coin de ma cave, je décide de la boire et ce fut la révélation: Trevallon 1987 !
Depuis j'ai acheté 1989,1990,1991 et j'ai bu un très grand 1985 au restaurant.
1991 n'était pas terrible, mais 1989 et surtout 1990 très grands aussi.

Ces vins ont quelque chose des bons Chateauneuf mais en plus une séduction qu'on trouve plutot dans quelques grands vins italiens toscans ou espagnols ( je pense à Alion comme qualité de plaisir ou à certains Tignanello ).

Trevallon est un peu à part en France et j'aimerais en boire plus souvent !

Je suis quasi tombe amoureux du 90 bu chez Yves. Je ne connaissais ce cru que de nom et depuis ce jour-la, je reve d'en encaver et d'en boire plus souvent, comme le dit si bien Raymond.

Oui, superbe comparaison !

J'ai goûté Montrose ainsi :
Saint-Estèphe – Château Montrose 1990 : sept 2004
VM17,5 - PP18 – LG17,5
- Le nez convoque des notes de cacao, de menthol, de réglisse, de fruits à l’eau de vie, de pruneau, de cassis, de truffe. Difficile de ne pas penser à un pomerol archétypal (de haut niveau).
- Bouche soyeuse, et même onctueuse, exotique par sa maturité extrême, permanente et racée. On sent une trame tannique dont on nous confirme qu’elle fût redoutable en début de vie du vin (versatile dans le temps d'après nos hôtes, étrange alliance de la férocité tannique et de cette douceur presque crémeuse). Il est probable que cette identité faste fût à l’origine de l'engouement anglo-saxon pour cette cuvée spéculative, (délibérément ?) paroxystique.

Il était servi à côté de Valandraud 94 et tous les dégustateurs présents ont inversé les rives !

Ce n'est pas la première fois que je lis un commentaire décevant sur Cheval 90 (je l'ai goûté jeune au domaine - le vin, pas moi) et il était magnifique, grandiloquent même)
J'ai noté au Printemps 2004 Cheval 82 : 20/20 (la perfection faite vin)
Mais j'ai peu aimé un Cheval 86 que j'avais triouvé bien mince (trop jeune ?)
Cheval 90 serait-il dans un passage à vide ?
Encore une fois, est-ce un pb de lot (cf notre très décevant récent Latour 90) ?

j'ai beaucoup aimé tous les millésimes de trévallon rouges que j'ai eu la chance de goûter (88, 94, 95, 2000 - 92 est propre mais en retrait).

Yves Zermatten a écrit:

---

> merci pour cette intéressante comparaison. Rien ne
> vaut une dégustation àl'aveugle pour remettre
> quelques endules à l'heure.

Quelles pendules ?

Tirer des conclusions sur une seule dégustation me semble bien hasardeux.
Ce qui semble acquis c'est que ce jour là Cheval Blanc 90 n'était pas au mieux de sa forme et que Trévallon 90 est un grand vin.

Ce qui est rageant en revanche c'est que Cheval Blanc 90 grandiose ou naze, c'est le même prix !!!

Amitiés,
M@nuel.

Manuel a écrit :

Yves Zermatten a écrit:

---

> merci pour cette intéressante comparaison. Rien ne
> vaut une dégustation àl'aveugle pour remettre
> quelques endules à l'heure.

Quelles pendules ?

Tirer des conclusions sur une seule dégustation me semble bien hasardeux.


Bien hazardeux en effet !
Pour avoir dégusté Cheval Blanc 90 de nombreuses fois et en différentes occasions, ce vin est loin d'être en fin de vie et chaque bouteille s'est toujours montrée digne de son rang, avec seulement des nuances dans son expression. Il semble évident qu'il s'agit d'un problème de bouteille.
En même temps je pense que Trevalon et Cheval Blanc ne jouent pas dans les mêmes registres d'expression.
Mes 2 dégustation de Trévalon me laisse le souvenir d'un vin certe puissant, concentré, surement plus que Cheval Blanc, mais manquant singulièrement de profondeur et de raffinement tactile.

Je remet ici mon commentaire sur ma dernière dégustation il y a quelques mois :

cheval blanc 90
robe d'un rouge bordeaux plus soutenue que celle de palmer, plus unie, frange évoluée.
1er nez : net, très fin, notes de mandarine, d'épices fines, de fruit, touche suave et complexe.
agitation : un peu plus intense mais toujours d'une grande finesse, fruité de cassis plus présent, réglisse, mandarine qui donne une touche fraîche, nez subtil d'une grande originalité !
bouche : le vin part plus ample que Palmer, une grande trame juteuse, puissante se déploie, dense de l'intérieur, serrée, le vin progresse sur un incroyable touché de bouche aérien, tout en saveurs, puissantes où se mêle réglisse, cassis (liqueur), mandarine, cèdre, épices et caramel. Superbe longueur raffinée. Quintessence du grand vin. Si je devais mettre une note 18.5/20


svefn

A l'aveugle ta dégustation, svefn ?

ah ! les étiquettes....

Belle étiquette qui tourne les sens, certes.
Mais je pense me rappeler du CR de Svefn avec une jolie photo.
Le vin semblait avoir délivré quelque chose d'assez magique.

Alors problèmes d'inégalité entre bouteilles ? Saint-Emilion 90 plus fragile que St-Estèphe de la même année ?

Cordialement,
dfried

Luc a écrit :

A l'aveugle ta dégustation, svefn ?


Il s'avère que des 1er crus 90 Cheval Blanc est celui que j'ai le plus dégusté 6 ou 7 fois. La première fois début 93, une explosion de superlatifs et la dernière, il y a quelques mois à côté de Palmer du même millésime.
Je me suis retrouvé avec les 2 verres devant moi sans savoir lequel était Palmer lequel était Cheval Blanc. J'ai reconnu Cheval Blanc tout de suite, ce vin, à l'évolution, présente au nez des notes particulières, notes que j'arrivent à identifier à l'expérience de plusieurs dégustations de millésimes comme 82, 83, 85, 88, 89 et 90.
Ce jour là cette bouteille était sublime et loin de montrer un vin en fin de vie , une grande trame tannique au toucher magique, le palais plein de saveurs originales et profondes. Dans la lignée de ce que j'avais goûté précédemment.
L'exemple parfait de la grande bouteille.

Il aurait été intéressant de savoir si c'était la première expérience de Alfredeau avec Cheval Blanc 90, s'il avait le moyen d'ouvrir une autre bouteille pour lever le doute. Eléments toujours utiles pour ceux qui vont lire ce genre de commentaires, mise en perspective etc...

Aucun cru même les plus réputés ne sont épargnés par les problémes de bouteille. J'ai eu la chance de n'avoir aucune mauvaise bouteille parmi tous les millésimes de Cheval Blanc dégusté et si cela arrivait je me garderai bien d'un jugement hâtif sur le millésime en question, préférant une somme de dégustations.

Les étiquettes, Yves, apparemment c'est tout ce qui reste comme argumentaire à ceux qui ne savent pas ce qu'il y a dans la bouteille.

svefn

svefn a écrit:

---

> > .
> Mes 2 dégustation de Trévalon me laisse le
> souvenir d'un vin certe puissant, concentré,
> surement plus que Cheval Blanc, mais manquant
> singulièrement de profondeur et de raffinement
> tactile.

Je suis d'accord sur le raffinement tactile mais pas sur la profondeur!
Et si on rajoute la sensualité de Trevallon......il faut un grand 1er GCC pour donner plus de plaisir !

Première expérience en effet avec Cheval-Blanc 90 et bien entendu pas de conclusions définitives. Je reste persuadé qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas dans ce flacon tant il était imprécis et peu profond; de plus c'est le seul vin ( parmi les 3 cités) qui n'a pas tenu longtemps à l'aération.
Par contre, et vu le peu de flacons dégustés, j'ai noté une évolution assez précoce, voir très rapide sur quelques autres S;Emilion du même millésime( Figeac 90, Dominique 90 ) avec des vins ne tenant pas vraiment leur promesse. Encore une fois, on prend les pincettes et pas de conclusions générales.

svefn,

Je ne pense pas que quiconque ait nié un éventuel problème de bouteille sur ce Cheval Blanc 1990 goûté par Alfredeau et je n'ai pas lu de jugement hâtif sur ce millésime.
Je vois simplement d'un côté une dégustation à l'aveugle (un vrai aveugle) de trois bouteilles où il arrive dernier, et de l'autre une dégustation bouteille découverte où il s'en tire nettement mieux.
Je n'accorde pas plus de valeur à l'une ou l'autre de ces dégustations, sauf peut-être un supplément d'objectivité dans la première.
Mais je suis cependant tout comme toi convaincu que celui goûté par Alfredeau devait être atteint d'un problème de bouteille.

Luc