Le retour au bercail de Mathieu et les fêtes de fin d’année, voilà deux beaux prétextes pour organiser un « OFF » (qui vont finir par être plus nombreux que les « IN » !) avec quelques copains de dégustation.
Olivier, David et moi-même nous nous retrouvons donc chez Mathieu pour déguster quelques quilles sur un thème volontairement large (car portant à différentes interprétations !) « Découvertes », sur de bons petits plats.
Deux blancs secs, quatre rouges et un vin sucré (dégustés à l’aveugle) nous ont apporté un grand plaisir, avec qualitativement une certaine homogénéité, tous s’étant bien goûtés.
Nous entamons notre dégustation par un vin blanc à la robe plutôt pâle, très légèrement dorée. Ce qui me frappe en premier lieu, c’est sa fraîcheur en nez portée par un arôme de fenouil que l’élevage, certes présent, ne masque pas. En bouche, ça claque ! C’est droit, avec une belle amplitude sur une acidité marquée (je dirais même « acidulé »). Assez déroutant ce
Puligny-Montrachet 2013 de François Carillon, que personnellement j’avais mis en Chablis (peu de gras, pas le côté « beurré – brioché »). Il est vrai que c’est un « village ». Après aération, sur l
e carpaccio de saumon au zeste de citron et aux baies, il se releva plus typique de son appellation.
Quelle couleur pour ce second vin blanc ! Une superbe parure dorée soutenue présageant un vin évolué. Au nez, les agrumes confits, associés à sa couleur, nous emporteraient presque vers un grand liquoreux… Mais en bouche, pas de doute, c’est bien un sec d’une grande fraicheur, voir même d’une certaine sapidité portée par une acidité qui se pose sur ta langue et qui porte le vin sur une belle longueur ! On sent tout de même du sucre résiduel. Il lui manque peut-être un peu de peps en milieu de bouche pour passer de « très bien » à « grand ». C’est un de mes apports, je ne le déguste donc pas à l’aveugle, mais mes collègues n’ont aucun doute sur son cépage et sa provenance. Ce
Riesling allemand Kabinet 1999, Jostock-Lammers et Sahn, avec ces 8.5 degrés d’alcool et ces 19 ans fut une belle surprise, même si personnellement, cela vient seulement conforter ma grande passion pour les Riesling de Mosel-Saar-Ruwer.
On attaque ensuite les rouges avec ce vin d’une robe foncée (cerise burlat, voir « encre de chine »). Quelques tourbillons dans nos verres révèlent un vin aux notes boisées, fumées et végétales. On part sur un vin plutôt jeune qui mériterait de « lisser » son boisé. En bouche, on retrouve ce côté végétal accentué par une trace tannique. Ça reste frais, et son accord parfait sur
le pigeon levé sur purée de chou et navets et betteraves en pickels et rôtis et sa réduction au banyuls a révélé par la suite plus de fruits qu’en dégustation. Certains ont trouvé le poivron « en rétro », ce qui n’était pas mon cas, d’où mon penchant « rive droite « pour ce vin qui semble bien être un Bordeaux. Les copains sont sur l’autre rive, et ils ont bien raison. On a tout de même été surpris du millésime pour ce Médoc,
la Tour de By 2009.
Le second vin propose une robe bien plus évoluée, trouble et d’un rouge orangé présageant d’un vin « qui a de la bouteille ». Le nez le confirme ! Celui-ci est assez complexe, j’attrape « à la volée » (ne commentant pas ce vin qui est mon second apport) clou de girofle, cannelle, muscade, réglisse, cerise à l’eau de vie, tabac… La bouche est tout aussi complexe, de fleurs séchées (pot pourri), de réglisse, et si c’est un peu « animal », le fruit est toutefois encore là, et une « attaque » tout en acidité le rend digeste. Les copains hésitent entre Bourgogne et un Châteauneuf-du-Pape « qui pinote ». Ce
Bosquet des papes Cuvée Chantermerle 1994 a été une belle découverte (100% grenache semble-t-il), sur un Domaine et une cuvée ne faisant pas partie des plus couramment dégustés par notre groupe. L’accord sur
la terrine de lapin était intéressant.
Le troisième rouge d’une robe grenat et d’un nez de fruits noirs macérés présagent d’un vin puissant. La bouche nous conforte dans ce caractère sudiste, on a de l’olive noire (tapenade), de la garrigue, c’est puissant ! Son petit côté « animal » me fait partir sur un Bandol avec une quinzaine d’année. Raté ! Les copains restent au sud, plutôt Languedoc, et ils ont bien raison… Même si on s’est tous plantés sur ce monocépage. Ce 100% carignan du
Domaine de la Marfée 2004, Cuvée « les vignes qu’on abat » (sic) est un très beau vin, gourmand, qui donne vraiment envie de gouter les autres cuvées de ce Domaine dont Mathieu nous a vanté les mérites. Pas mal sur
la terrine d’oie !
Le dernier rouge, en début de dégustation, va nous dérouter… Très belle robe rubis, d’une grande limpidité et transparence, avec un contour légèrement orangé au liseré lâche. Le premier nez est surprenant, j’avoue alors avoir été perdu, ça sent la liqueur aux herbes aromatiques (mais pas le mauvais côté « médicinal »). En bouche, il y a un peu de résiduel (sucrosité d’un vin cuit)… C’est quoi ce truc ?? On prend son temps, on le fait tourner, on sent, on goûte… Et petit à petit, on commence à trouver du fruit, des petits fruits rouges, fraise des bois… Bref, des arômes qui ne nous sont pas étrangers. Olivier et moi nous partons sur un « Reynaud », un vieux Côte du Rhône (j’avais bu un 2013 la veille) ou un Vacqueyras (perso, jamais bu)… Bingo ! Ce
Vacqueyras 2000 du Château des Tours est superbe, la « patte » Reynaud est bien là, même si en début de dégustation, son aromatique de liqueur de plantes nous a un peu déroutés.
En fin de repas, avec
une tarte à l’orange, nous dégustons un vin sucré d’une robe limpide d’infusion de thé (orangée). Le nez est sur la pâte de coing, le thé aussi. En bouche, on est paradoxalement plus frappé par sa fraicheur que par sa sucrosité, alors que cette dernière est bien là. On est tous d’accord pour dire que ce vin est incroyablement digeste, sans lourdeur, tout est en place et s’équilibre à merveille. De quoi adopter le Puttonyos comme unité de mesure universelle !! Il faut dire que pour mon premier Tokay hongrois, je commence par un grand Domaine avec ce
Oremus Tokay Aszu 5 Puttonyos 2006, d’une buvabilité impressionnante. C’est bien simple, même si sa contenance est moindre, c’est la seule bouteille terminée (et la moins recrachée) de la dégustation !
Encore un joli OFF bien orchestré par Mathieu !
Je laisse mes collègues compléter ce compte rendu, et RDV en janvier pour une dégustation « truelle » qui s’annonce d’ores et déjà épique !