Dans le cadre du LPV Jura Tour 2011, en notre camp de base de Cuiseaux, la séance de Samedi soir était consacrée à l’exploration du millésime 1999, une occasion de chercher à comprendre pourquoi Jo’ harcèle les vignerons Jurassiens (quoi, j’exagère ?) dans la recherche de cet inaccessible Graal.
Chris : Eh bien, moi qui doutait de l’effet millésime sur les vins de voile, je vais commencer à réviser mon jugement. 1999 est une grande année et ce soir, on s’est régalé.
Tophe : La dégustation s’est déroulée dans des conditions un peu plus tranquilles que celle de la veille, on était moins à la bourre, mais certains vins ont souffert d’une température de service peu adéquate, le local souterrain auquel notre hôtelier nous avait gentiment donné accès pour stocker les bouteilles depuis la veille n’avait de cave que le nom, pas la température. Mauvaise surprise donc au remontage de la « cave », et trop tard pour rafraîchir. Sur certains vins, ce problème de température trop élevée a été pour moi plus sensible que sur d’autres. Une dégustation menée à l’aveugle, y compris pour celui chargé de coordonner les apports (mézigue en l’occurrence) qui ne disposait que de quelques éléments succints (couleur, type de vinification) pour que la dégustation soit relativement équilibrée et que les vins puissent être présentés dans un ordre à peu près cohérent. Ceci explique la présence de doublons. Mais revenons à nos 99…
Des ROUGES
Arbois 1999 Poulsard P.Overnoy
Chris : Robe évoluée, au nez un renard détale à l’aération soutenue. La bouche est très fruitée, sur je jus de fraise. Belle longueur
BIEN+
Tophe : Robe déjà évoluée, couleur soutenue. Bouche très fruitée, sur la fraise, la cerise, encore du tannin. Tient quand même la route bien que servi trop chaud. Regoûté en fin de soirée un peu plus frais, il a développé de notes florales et gagné en finesse. Encore un peu de potentiel de garde.
Arbois Trousseau 1999 Cuvée des géologues L.Aviet
Chris : Nez fruité avec une légère réduction. En bouche, toujours du fruit, les tanins très fins sont encore présents et se manifestent par une légère astringence passagère.
BIEN+
Tophe : Robe assez claire, peu évoluée, bouche fruitée avec des traces d’arômes tertiaires, une bouche plutôt sévère, et une finale encore tannique.
Arbois Trousseau 1999 Cuvée des géologues L.Aviet
Chris : Robe brune, bouche vive, acide, l’astringence est plus marquée que le précédent et marque la finale.
BIEN
Oh le doublon ! Un air de famille mais pas tout à fait le même vin.
Tophe : Robe claire, bouche fruitée, plus souple que le précédent, alcool un peu trop sensible en finale. Il y a clairement une différence entre les deux bouteilles. Je ne sais pas où en est le domaine sur ce point là depuis la reprise par le fils Vincent, mais Lucien Aviet n’assemblait pas forcément ses différentes parcelles, on pouvait très bien selon la date d’achat et donc de mise, avoir une cuvée des Géologues 1999 provenant de deux terroirs très différents, et rien de précisé sur l’étiquette, il fallait poser la question à l’achat.
des vins sous voile
Arbois 1999 La Fauquette M.Gahier
Chris : Le nez est légèrement oxydatif, la bouche fruitée et gouleyante. J’adoorrre !
EXCELLENT
Tophe : Un vin sur la finesse et l’équilibre, malheureusement servi trop chaud. Le restant de la bouteille, mis à rafraîchir à l’extérieur et regoûté en 2e partie de soirée, a repris du poil de la bête. Il sera regoûté 4 jours plus tard (voir plus bas)
Arbois Pupillin 1999 P.Overnoy assemblage chardonnay savagnin
Chris : Le nez est réduit, la bouche acide, vive, longue et acidulée. Rond et un peu chaud en finale. Belle jeunesse
Tophe : Nez légèrement sur la réduction, en bouche une petite pointe de CO2. Un vin qui fait encore vif, très gras, il laisse une impression de moelleux, avec une longue finale sur les agrumes, une amertume fine, une grande longueur. Bel avenir pour cette bouteille qui fait tout jeune encore et montre une belle complexité, mais ma perception est gâchée par une température excessive. Regoûté 4 jours plus tard, pour mon plus grand plaisir.
Côtes du Jura 1999 Tradition Dom MACLE
Chris : Nez très peu typé, peu d’arômes. En bouche, un joli jus agréable. Un débat s’installe sur ce vin ; il ne ressemble pas à celle que j’avais ouverte en Novembre 2009 dont le nez de vieux vin façon serpillère était désagréable et la bouche pas tout à fait nette. De l’absence de ces défaut que je craignais, je trouve le vin bon mais il est vrai qu’il ne ressemble pas du tout à un CDJ de Macle. Problème de bouteille ?
Tophe : J’ai pour ma part clairement ressenti un nez pas net et des notes de serpillière mouillée. Pour moi oui, problème de bouteille voire de bouchon, qui aurait mérité un renvoi sans état d’âme si nous avions été dans un contexte commercial.
Arbois 1999 Les Bruyeres A&M TISSOT vinifié par Stephane TISSOT
Chris : Nez réduit encore sur l’élevage. En bouche malgré ce boisé perceptible, un joli jus acidulé, de la rondeur, un style bourguignon
BIEN
Tophe : Le nez fumé me fait partir sur un savagnin ouillé (pourtant j’étais bien attentif à la séance de TP du matin sur le style réducteur avec le professeur Labet) . En bouche, pas d’ambiguïté, il fait bien chardonnay. Ample, très bourguignon, avec une finale sur la vivacité, bien salivante et un joli retour d’acidité. Un poil alcooleux (mais toujours ce problème de t° de service).
Côtes du Jura Savagnin Prestige 1999 J.F.Ganevat
Le rescapé de la verticale qu’on n’a pas autorisé « Poulet » à apporter de sa Belgique natale pour prendre l'air du pays.
Chris : Le nez est typé Jura, avec une note d’amande amère. La bouche est souple, typée Jura (morilles, noix). De la vivacité et de la finesse, la finale est un peu verte, végétale voire amère.
TRES BIEN
Tophe : Beau classicisme jurassien pour ce vin bien typé. Des notes de noix, mais aussi d’amandes amères, beau nez complexe. Bouche pleine, citronnée, épicée, finale un peu trop sur l’amertume. Mais beau vin. Elevage 48 mois sous voile.
Arbois 1999 Savagnin 4ans de voile L.AVIET
Chris : Nez assez fin, sur la pomme. Acide, puissant, pas très typé
BIEN
Tophe : Un vin qui présente encore une forte acidité, avec des notes de surmaturité. Plutôt sur la puissance que sur la finesse, avec une belle longueur. Très bel accord avec le comté qui fait ressortir des notes miellées. 5 ans de voile, 10% de vendanges tardives.
Vin Nature de Champagne blanc de blancs, Ed.BESSERAT, Ay, Marne (fin années 60 ?)
Pirate hors thème région et millésime; ancêtre des Coteaux Champenois, fait avec les excédents, le vin de garde par excellence, quoi ! :
Chris : Nez réduit, bouche neutre, léger et fin de bouche fuyante.
Sauf erreur, c’est celui là que j’ai goûté avant service pendant la préparation des bouteilles, et il présentait une oxydation fine qui faisait furieusement penser à un jaune. Apparemment, ça n’a pas supporté l’aération. Ou alors c’était une autre Vendredi mais je crois pas…
Tophe : Nez de vieux chardonnay, léger, fuyant, ne reste pas en bouche, et termine sur une acidité sans finesse.
Arbois 1999 L’oubliée J.PUFFENEY
Une cuvée ouillée qui a été oubliée et a pris le voile spontanément, enfin c’est ce que dit la légende
Chris : Bouche acide, une pointe de surmaturité, puissant, légerement alcooleux. Je l’avais servi l’an passé en after de la soirée jaunes x9 ; il ne passait pas trop sur la crème brûlée mais était intéressant sur un reste de foie gras le lendemain.
Tophe : Surmaturité, un poil de sucre, le côté moelleux et le côté oxydatif s’opposent plus qu’ils ne s’assemblent.
les JAUNES
Côtes du Jura Vin Jaune 1999 Joel BOILEY
Chris : Nez sur la pomme blette, pas très net, de la noix, puissant voire alcooleux. La bouche est d’abord souple puis l’acidité perce avant d’évoluer sur la noix. Assez puissant, finale typique et agréable
BIEN
Tophe : Assez classique, avec une jolie finale.
[Boris, philosophe d’un soir dit à ce moment de Philippe "PP" : «Il a les yeux qui se brident à force de boire du jaune » ; je réclame votre indulgence Monsieur le Jury, on venait de passer les 100 bouteilles]
Château-Chalon 1999 M.P. CHEVASSU
Chris : Nez de jaune typique , très fin où domine la pomme. En bouche, l’attaque est souple, c’est fin, l’acide perce et ça vire sur la noix. L’ensemble est complexe et très fin
TRES BIEN
Tophe : Un vin fin, aromatique, sur la finesse d’un Château Châlon, un peu brûlant en finale.
Château-Chalon 1999 dom MACLE
Chris : Nez floral, un peu de pomme, de la croûte de comté fleuri, à l’agitation, quelques notes de vieux vin. L’attaque en bouche est souple mais vive sur une trame acide, de la réglisse. Puissant, une petite amertume en finale dérange un peu
BIEN++
Tophe : Nez fin, citronné, noix discrète, beau nez élégant, de la réglisse en bouche, un peu brûlant en milieu de bouche, mais une belle finale qui revient sur une amertume noble de pamplemousse. Encore jeune.
Château-Chalon 1999 dom MACLE
Le deuxième doublon de la soirée !!
Chris : Celui là, c’est le mien et n’ayant pas pris le soin de carafer ou masquer la collerette en cire, nombreux sont ceux qui ont reconnu avant de goûter. Semblable au précédent, la même amertume en finale gêne un peu, du pamplemousse un peu trop amer. A l’ouverture l’avant veille, j’avais trouvé ce vin fabuleux par l’équilibre de son jus très pur, vif et souple à la fois, très long.
Tophe : Vin très semblable au précédent, mais il est vrai que le jeu était un peu faussé.
Les SUSUCRES pour finir
Vin de Paille 1964 H.BOUVRET
Chris : Ah ! Henri BOUVRET, son Château-Chalon 1959 qui tutoyait le fameux Cartier… Ce Paille a mangé son sucre mais reste agréable.
Tophe : Le nez est oxydatif, il y a très peu de sucre, mais la bouche est encore pleine, avec des notes de café, de pruneau. Belle longueur sur une amertume et une trace d’alcool. Etiquette non millésimée, mais le bouchon indique 1964. L’oxydation est probablement en grande partie dûe à la fatigue du bouchon, mais le vin a su conserver malgré tout certaines qualités. Regoûté en fin de soirée, il a acquis une belle complexité et semble avoir « regagné » du sucre. Grande longueur soutenue par l’acidité, mais toujours alcooleux en finale. Je rêve à la même avec un bouchon intact.
SPIRALE 2007 B & Stéphane TISSOT
Chris : Trop tard pour commenter
Tophe : Une bête de sucre, mais l’acidité, voire une certaine salinité, sont là pour tenir le vin. J’en boirais pas tous les jours mais il faut reconnaître que c’est bon.
En AFTER
Crémant de LABET
Chris : Très bien de mémoire même s’il aurait pu être encore plus frais
Tophe : Il se faisait bien tard, mais j’ai souvenir d’un beau nez brioché et complexe.
Longtemps, longtemps après l’after, Tophe nous gratifie d’un «
P’tit coup de revenez-y » :
Tophe : Quatre jours plus tard…
2 fonds de bouteille sournoisement détournés lors de la dispersion générale du dimanche matin et regoûtés à papilles et neurones reposés le mercredi soir.
Arbois blanc chardonnay-savagnin 1999 Pierre Overnoy :
Belle robe bien claire pour un vin de cet âge. La réduction a disparu, le vin est très ouvert au nez comme en bouche. Beau nez avec des notes oxydatives, mais aussi presque un nez de paille, de moelleux, bien mûr. C’est complexe de chez complexe, avec des notes d’épices douces, fénugrec, orange amère, mine de crayon, de la minéralité. La bouche est souple en attaque, de volume moyen mais sans faiblesse, elle se développe sur des amers nobles et de grande longueur, et se termine sur une explosion d’acidité et de superbe amertume. Très équilibré, belle harmonie, et encore un grand potentiel de garde. Très bon vin.
Chardonnay de la Fauquette 1999, Michel Gahier :
Joli vin, mais qui a du mal à se hisser au niveau de distinction de l’Overnoy. La robe est or sombre, trouble. Un nez sur une oxydation fine, la noisette, l’amande, le curry doux, joli nez fin. Bouche un peu plus abrupte que ne le laissait espérer le nez, à peine brûlante, belle persistance en finale. Encore du peps, mais avec moins de longueur que l’Overnoy et sur une finale moins distinguée.
Toujours un CR à 4 mains par ............Tophe et Chris.............