N'écoutant que mon courage, je me suis dévoué cet été pour goûter divers vins jurassien un peu anciens… Pas de notes de dégustation très précises, mais voici quelques impressions en vrac.
- Arbois blanc Coteaux de Pupillin 1964, cave des Echansons, Bouvret père et fils, négociants-éleveurs à Poligny. (3 bouteilles dégustées à divers moments de l'été)
Robe jaune foncée, légèrement trouble. Il manque environ 1 cm par rapport au niveau moyen d'une bouteille. Nez grillé, quasiment café. (chardonnay ?) En bouche, oxydation pas désagréable, le vin est certes passé mais conserve des restes fort honorables avec encore un peu d'acidité et de structure, même s'il s'éteints vite, et toujours ces notes torréfiées. Ce vin qui constituait un gros point d'interrogation à l'achat (payé une misère soit dit en passsant) reste tout à fait buvable, même si c'est plus par curiosité et qu'on a bien passé l'apogée. Un vieux blanc un peu sénile mais pas mort. Expérience fort instructive.
- Arbois blanc chardonnay 1983 cuvée du Luron, Camille Loye.
Relative déception sur cette bouteille. C'est bon, c'est fin, notes oxydatives et grillées, c'est assez long en bouche, mais un peu creux en milieu et ça manque à mon sens du petit quelque chose en plus, du soupçon de magie qui sortirait la bouteille du lot… Je m'en étais sûrement trop fait un monde de cette première bouteille de Camille Loye. Cela dit, relativisons, c'est quand même bien bon !
- Côtes du Jura 1990 Cellier des Chartreux, domaine Pignier à Montaigu.
Superbe vieux chardonnay jurassien dans toute sa plénitude, il est juste à point et montre encore un peu d'acidité qui laisse encore présager quelques années de garde. Belle surprise.
- Arbois 1985 rouge, cuvée du Luron, Camille Loye.
Alors là , maximum respect à M. Camille Loye. Cette bouteille là m'a plus impressionné que le 83 blanc… Superbe robe, un vin qui fait preuve d'une étonnante jeunesse, un rouge d'une grande finesse, d'une grande délicatesse, tout en dentelle, fruits rouges et un peu floral. Délicieux. Et a scotché tous les convives qui s'attendaient à boire un vieux fond de cave. Je penche pour un assemblage trousseau/poulsard.
- Macvin 1988 Berthet-Bondet. (demi-bouteille)
« Le macvin, c'est dommage de le boire jeune » Plusieurs fois entendu dans la bouche de vignerons et d'amateurs, cet adage méritait d'être vérifié.
A signaler que théoriquement les macvins ne sont pas millésimés, mais cette bouteille et la suivante datent d'avant la création de l'AOC et ne sont donc pas soumises au décret. Il s'agit d'ailleurs d'un assemblage macvin cru/ macvin cuit. (Le macvin cru est celui qu'on l'élabore actuellement dans le cadre de l'AOC, en ajoutant du marc à du jus de raisin, le macvin cuit est la recette à l'ancienne qui préconisait de faire réduire le moût à petit feu pour concentrer sucre et arômes, en y adjoignant selon les recettes divers aromates, puis en ajoutant le marc. Certains vignerons vendent encore de ce macvin qu'ils n'ont plus le droit d'appeler macvin, par exemple la Liqueur du Domaine de Montbourgeau).
Pour en revenir à notre 88 : Bel équilibre sucre-alcool, marc bien intégré, mais il reste encore un peu de feu ! Des épices, du raisin, un quelque chose de vin de noix, et un petit côté minéral. C'est très bon. Une harmonie et une douceur de texture acquis au fil des ans.
- Macvin 1986 Berthet-Bondet.
Bien du plaisir également avec cette bouteille que je préfère au 88. L'harmonie entre le marc et le sucre est magnifique, très bien fondu, sur des notes discrètement caramélisées, épicées et allant sur des raisins de corinthe… Effectivement, le macvin, ça vaut le coup d'en oublier en cave…
Cordialement,
Tophe
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