Nous revenons donc à une dégustation thématique, en fait avec deux thèmes, un par couleur.
Celui-ci porte sur les vins blancs du Roussillon, avec sept vins à la clé.
Une triplette de haut niveau
Domaine Danjou-Banessy – Côtes Catalanes – Coste – Blanc – 2018
Il s’agit d’un monocépage maccabeu.
La robe est de couleur paille.
Le nez allie intensité et délicatesse, en exhalant une aromatique qui combine citron, caillou mouillé et fruits blancs, avec juste une touche d’hydrocarbure pour parachever le tableau.
L’équilibre en bouche est souverain, qui marie tension, volume et concentration, avec toujours cette aromatique avenante au boisé fin et intégré, le tout clôturé sur une finale fuselée.
Très Bien +(+)
C’était ma troisième bouteille de ce vin, dont je n’étais pas l’apporteur, et de loin la meilleure, la première, en novembre 2020, ayant été bien appréciée bien que bue sans doute trop jeune, et la deuxième, en janvier 2022, ayant sans doute eu un problème.
Domaine Arletaz – Vin de France – Ressaca – 2018
L’assemblage mêle le grenache blanc et le grenache gris, et le vin titre 14,4 °.
La robe détonne par son vieil or dense. Mais elle étonne aussi, voire elle détone...
Très intense, le nez évoque celui d’un chardonnay de bonne facture sur la réduction, par ses arômes grillés qui tirent nettement sur le popcorn, bien assis sur une base de fruits jaunes à peine perceptibles.
Un léger perlant va accompagner la bouche sur la longueur et, pour qui ce n’est pas rédhibitoire, va atténuer sa force issue d’une certaine densité, d’une grande ampleur et d’une aromatique aux accents levurés. L’acidité est calibrée au minimum requis mais la sensation pierreuse permet de relancer la finale.
Très Bien (+)
Domaine Olivier Pithon – Côtes Catalanes – D18 – 2019
Moitié grenache gris et moitié grenache blanc.
L’or de la robe brille de mille feux.
Le nez affiche une bonne intensité et une belle partition en aromatique, avec des fruits blancs, un fin grillé et des notes pierreuses.
Cette aromatique classieuse se retrouve en rétro-olfaction dans une bouche au volume généreux, dynamisée par une grande vivacité. La finale persistante fait ressortir les notes grillées et fait bien saliver.
Très Bien +(+)
Une bien belle triplette, donc, pour commencer !
Le style du Coste et de la D18 sont proches et correspondent mieux au style de vins que j’apprécie dans cette région.
Une paire du même (grand) domaine
Domaine Le Roc des Anges – Côtes Catalanes – Imalaya – 2016
Un monocépage de carignan gris, vignes âgées de 60 ans, sur granits.
L’or de la robe est bien marqué et tend vers le vieil or.
Très intense, le nez est axé sur la pomme, qui cache un peu un fond exotique et une touche d’hydrocarbure.
La bouche est riche en attaque, avec même une sensation de sucres résiduels, puis une austérité certaine s’installe. Le vin paraît donc dissocié et de plus la tendance oxydative du nez se confirme nettement.
Sans doute
ED.
Domaine Le Roc des Anges – Côtes Catalanes – Iglesia Vella – 2014
Un monocépage de grenache gris, vignes âgées de presque 70 ans, sur schistes.
La robe est claire, de couleur paille.
Le nez marque plus par son élégance que par son volume, affichant de beaux fruits blancs et des accents pétrolés dignes d’un grand riesling.
Cistercienne et racée, la bouche joue dans le registre classique du domaine, que j’apprécie particulièrement. Elle est bâtie sur une tension au laser qui lui assure une droiture accentuée par une aromatique minérale. Mais le vin ne se départit pas pour autant d’une belle envergure, et l’allonge est bien entendu superbe.
Très Bien +(+)
C’est le vin qui s’est d’après moi le mieux accordé (4 / 5) avec un tartare de Saint-Jacques, gagnant en rondeur sans perdre en relief.
Une paire éclectique
Domaine Le Soula – Côtes Catalanes – 2010
Un assemblage éclectique également, avec les deux grenaches, le maccabeu et du sauvignon !
L’or de la robe est dense et brillant.
Très expressif et complexe, le nez exhale des senteurs de fruits jaunes, de brioche, de fleurs lourdes et de pralin.
La matière puissante et savoureuse s’impose avec une belle présence, tout en étant soutenue et mobilisée par une remarquable acidité. Toutes les caractéristiques d’un grand vin sont présentes et se marient harmonieusement. La très longue finale est couronnée par des amers classieux.
Excellent et donc de loin le blanc de la soirée.
Domaine de l’Horizon – Côtes Catalanes – Rosé – 2019
Un piège qui n’en est pas un, la robe trahissant la couleur du vin.
Du coup on retrouve le grenache en monocépage, mais noir.
La robe est d’un rose pale, œil de perdrix.
Bien ouvert, le nez offre de fins arômes floraux et de petits fruits rouges.
La bouche est bâtie sur un équilibre exquis, entre gourmandise et tension. Epurée, toute en dentelle, elle n’est pas du tout décharnée. Les fins amers de la finale font le pont avec le Soula servi en parallèle et le vin tient le choc face à lui, même s’il vaut mieux le goûter avant.
Très Bien +
Bravo à Greg pour la belle sélection faite parmi les bonnes propositions des uns et des autres.
C’était une série de haut niveau, avec une seule déception, sans doute due à un problème de bouteille.
La suite portera sur des Châteauneuf-du Pape rouges, mais sur sable !
Jean-Loup