Est-il est possible que nos amis belges soient davantage privilégiés pour ce qui concerne l'achalandage des vins lors de leurs FAV?
Luc parle de vins que je n'ai JAMAIS vu en FAV dans ma région (Suisse Romande)... à l'exception de Chasse-Spleen qui n'est quand même pas la quintescence de l'absolu dans le millésime. Oh j'ai bien vu Giscours et (très furtivement) Lynch-Bages 2000 - j'ai du soudoyer le caviste d'un grand magasin pour qu'il me mette 6 bt de côté - 24h après l'ouverture des FAV locales, il n'y avait plus rien.. d'intéressant!
Le prix est pour moi relativement secondaire, dans la mesure où j'achète ce que je vais un jour consommer. Par conséquent, il y a peu de chance que je revende un jour ces vins et que mon prix d'achat ait de l'influence sur mon bénéfice de vente.
Bien sûr que payer par ex. Pape-Clément 45 EUR plutôt que 60 va motiver mon achat, mais si Léoville-Poyferré a vu son prix baisser de 36 en primeur à 34 EUR lors des FAV, je m'en f... un peu. L'essentiel est que j'ai eu l'assurance d'en obtenir car je ne suis pas certain (à moins d'habiter du côté de Bruxelles ! ) d'en trouver ultérieurement à ce prix.
Enfin, je pense qu'il faut également mettre en jeu la situation économique internationale et l'offre et la demande.
Le millésime 96 par exemple a vu ses prix baisser lors de sa sortie parceque en 97 et 98, il y a eu des crises financières majeures en Asie et en Russie. Du coup, beaucoup d'Asiatiques "ruinés" offraient leurs actifs (propriétés, voitures de collections, bijoux et ... de grosses quantités de Bdx) à l'encan. J'étais à Hong-Kong et Singapour pour quelques semaines à l'époque et les journaux étaient plein d'annonces du genre. Beaucoup de ces vins sont revenus en Europe / USA et ont fait quelque peu baisser les prix.
1997 était une grossière sur-évaluation qualitative de la place bordelaise. De plus, la situation économique était en plein boum et les gens investissaient en masse dans la viticulture. Par contre, lorsque les gens se sont rendu compte 1-2 ans + tard que le ramage n'était pas à la hauteur du plumage... ça a été le massacre sur les prix!
1998 n'a pas connu de baisse de prix, surtout pour les merveilleux Merlots de la Rive Droite dont on se rend compte aujourd'hui qu'ils sont largement au niveau des 2000. Les gains boursiers ont également largement soutenu les prix des vins à l'époque de leur sortie.
1999 bon millésime, mais pas exceptionnel - a encore profité de la vague spéculative des .com sur les marchés financiers. Lors de la sortie en FAV, les prix étaient généralement + chers... avant de rapidement baisser quelques mois plus tard à l'étalage. Par contre, plus trace des meilleurs étiquettes qui avaient depuis longtemps toutes disparues dans les caves des particuliers!
2000 - l'exemple de l'extrême. Lors des primeurs, les marchés financiers étaient à leur sommet historique! La croissance était vigoureuse, principalement aux USA et l'Asie commencait à sortir du marasme - sans parler du mythe des trois zéros sur l'étiquette et de la qualité du produit. On remarque cependant que les 20 meilleurs châteaux cette année ont multiplié leurs prix par 2.5 en trois ans! Par contre, pour le gros du peloton, ainsi que quelques seconds couteaux prestigieux, les prix ont effectivement stagné. Mais l'environnement économique n'était vraiment pas favorable.. On a donc une évolution des prix à deux vitesses cette année là .
2001 - Millésime de transition. La qualité semble bonne, voire très bonne. Mais la situation économique est mauvaise, voire très mauvaise. La demande ne suit pas, d'autant plus que beaucoup on fait des efforts financiers pour acheter plus de 2000 qu'il n'en faut et sont un peu.. à sec. De plus, 2002 dont la qualité est jugée équivalente, bien qu'aux caractéristiques fort différentes, est sorti à des prix bien plus bas. Enfin, patatras, des rumeurs font état de quelques merveilles en gestation pour 2003. Donc continuation de la baisse des prix en perspective...
En résumé, on ne peut pas tirer de règle générale. Chaque année est différente car en plus de la qualité intrinsèque du millésime et des vins produits, il faut adopter une foule de paramètres exogènes avant de prendre ses décisions. Et la situation conjoncturelle n'est pas le moindre d'entre-eux!
Alain