LPV Belgique : Italie du Sud en Rouge
Préambule
De toutes les académies viniques, le CDR LPV Belgique est probablement une des plus prestigieuses, ce qui lui confère le droit de reprise bien plus tard que ses alter ego franscillones, gunthards panaméens, normands du Nord et autres gentils comités déjà en effervescence la plus totale à l'heure où nous dirigeons nos modestes véhicules vers le lieu de rendez-vous du jour, soit, l'antenne belge des défenseurs du Primitivo di Puglia, sous la haute autorité de son président-maréchal-fondateur-dictateur à vie, j'ai nommé le Fonzie de la botte, Alfonso Primo, Il Maestro.
Le thème du jour est italien (tiens donc ?), plus particulièrement de la seule région qui compte en terme qualitatif dans la péninsule et ses satellites : le Sud. Dands ce cadre, on pouvait s'y attendre, le colosse de Bari a frappé fort, nous préparant 23 crus locaux qu'il soumet à notre sévère appréciation.
Avant de vous plonger dans le vif du sujet, quelques rappels concotés par l'intrétable Alfonso sont soumis à vos esprits avides de savoir. Si par hasard, vous êtes bénis des dieux et vous savez déjà tout ça, une fois, cochez la case "érudit" et passez au point suivant.
Les régions dégustées
Basilicate
Le Basilicate, également appelé Lucanie, est une région souvent négligée de collines arides et de montagnes désolées, qui peuvent être très froides pour une région aussi méridionale. Cependant la fraîcheur des hautes terres offre des avantages pour la viticulture, et les vins montrent des arômes et des goûts enviables. Le Basilicate n’a qu’une DOCG, Aglianico del Vulture, mais celle-ci, au moins, donne aux habitants un motif de fierté. C’est l’un des meilleurs vins rouges d’Italie et il gagne petit à petit des admirateurs un peu partout.
Calabre
La Calabre, qui forme la pointe de la botte italienne, est une région essentiellement montagneuse, marquée par des microclimats variés, entre les collines côtières ensoleillées le long des mers Tyrrhénienne et Ionienne et les frimas des hauteurs des monts Sila et Aspromonte. Deux cépages d’origine grecque dominent (le Gaglioppo pour les vins rouges, le Greco pour les blancs), bien que les types de vins qu’ils produisent puissent varier grandement d’un endroit à l’autre. Le plus connu des vins de Calabre est le Ciro, qui est élaboré dans les collines basses, le long de la côte ionienne entre les anciennes cités grecques de Sybaris et de Kroton (de nos jours, Sibari et Crotone). La légende locale veut que le Ciro soit directement issu du Krimisa, le vin que les athlètes calabrais buvaient pour célébrer leurs victoires lors des Olympiades antiques.
Récemment, le Ciro de Calabre a acquis des touches contemporaines, car les méthodes modernes d’élevage des vignes et une vinification à température contrôlée ont permis de diminuer le taux d’alcool (ainsi que sa propension à l’oxydation) en faisant un vin plus rond, plus généreux en fruit et d’un bouquet plus frais. Le Ciro classique est un vin rouge dont la version Riserva possède un potentiel de vieillissement qui peut dépasser une dizaine d’années pour certains millésimes. Il existe aussi un rosé à boire jeune, et un blanc élaboré à partir du cépage Greco et qui peut montrer une fraîcheur juvénile impressionnante. Le Melissa, une zone DOC adjacente, produit des vins rouges et blancs similaires au Ciro. Cependant, les vins rouges élaborés à partir du même Gaglioppo venant d’altitudes plus élevées, à Pollino, Donnici et Savuto par exemple, sont plus légers en corps et en couleur, avec quelque fois des parfums et des goûts frais, qui rappellent les rouges des Alpes. Le cépage sombre Greco Nero est aussi utilisé pour élaborer certains vins rouges de Calabre. Des expériences récentes ont également montré une classe inattendue pour des vins rouges issus de l’antique cépage Magliocco, ainsi qu’un style convaincant avec du Cabernet Sauvignon. Le Chardonnay et le Sauvignon se sont aussi montrés très prometteurs sur les collines calabraises. Parmi les blancs, le rare Greco di Bianco s’affirme comme un vin blanc moelleux aussi exquis que rare. Elaboré à partir d’un cépage local de Greco qui pousse près de la côte ionienne autour de la ville de Bianco, il a une texture riche et veloutée ainsi qu’un intéressant arôme citronné. Le Greco du Gerace, presque identique, est un vin n’ayant pas d’appellation DOC, qui porte le nom antique de son lieu de production. Le Mantonico di Bianco, qui vient du même endroit, est un vin ambré similaire à du Sherry avec des pointes d’amandes et d’agrumes dans le bouquet et les arômes.
Campanie
Dans l’Antiquité, les Romains admiraient la « Campania Felix », qu’ils considéraient comme la meilleure des régions viticoles. Ils adoraient les vignobles du long de la côte de Naples où était produit le Falernian, le plus recherché des vins de l’Empire. Ils appréciaient également les vignobles du Vésuve et les collines boisées d’Avellino. Auparavant, les Grecs avaient reconnu la nature privilégiée de l’endroit, y introduisant des cépages qui se distinguent encore aujourd’hui, tels l’Aglianico, le Greco et le Falanghina. Cependant, il y a peu de temps encore, il semblait que les producteurs de vin de Campanie, à quelques exceptions près, avaient oublié la gloire passée, puisque les cultivateurs délaissaient la terre et que les vinificateurs ignoraient, pour la plupart, les appellations DOC. Aujourd’hui, pourtant, après un long passage à vide, la Campanie vit une renaissance grâce à laquelle la qualité de sa production s’est remarquablement améliorée.
Les choses changent vraiment dans les vignobles de Campanie, où un nouvel esprit d’accomplissement et de fierté a été soutenu par l’introduction de techniques modernes de vinification. La preuve de cette nouvelle ère nous est donnée par l’augmentation rapide de la production de vins en DOC, y compris la première DOCG du sud, le Taurasi. Le volume de DOC produit s’est réellement multiplié ces dernières années. Mais la modernisation n’a pas balayé pour autant le respect de la tradition. En Campanie, la majorité des producteurs tâchent d’utiliser autant que possible les cépages locaux, y compris une gamme prestigieuse de « cépages archéologiques », des cépages qui remontent à l’Antiquité. Le plus noble des cépages rouges est l’Aglianico, qui participe à l’élaboration du Taurasi ainsi que du Falerno del Massico et d’autres encore. Le Taurasi a été surnommé le « Barolo du sud », du fait de son importance et de son aptitude au vieillissement, bien qu’il ait sans conteste un style propre. Le cépage Greco, très répandu dans les provinces du sud, atteint des sommets avec le Greco di Tufo. Le Fiano, apprécié des Romains, est à la base de l’inimitable Fiano di Avellino. Le Falanghina, qui semble avoir été à l’origine de la version blanc du Falernian, est devenu le cépage se développant le plus dans la région. Les zones d’appellation DOC de Campanie comprennent également les îles légendaires de Capri et Ischia, ainsi que la Penisola Sorrentina récemment rendue à la vie, et la Costa d’Amalfi qui présente d’impressionnants vignobles en terrasses, tout le long de la côte entre Sorrente et Amalfi.
Pouilles
La région des Pouilles, le talon de la botte italienne, est une longue bande de terre relativement plate, où la production de vin est très importante. Autrefois, cette région a souvent surpassé en volume la Sicile et la Vénétie, mais aujourd’hui, l’ancien surnom de « cellier de l’Europe » que revendiquaient les Pouilles n’a plus de raison d’être. Comme les marchés traditionnels pour les vins de coupage ont diminué, les producteurs des Pouilles accordent à présent plus d’importance à la qualité. Certains produisent de bons, et même d’excellents vins : des rouges secs et équilibrés, des blancs et des rosés, ainsi que des vins doux issus d’une large gamme de cépages, tant indigènes qu’importés.
Les Pouilles comprennent 25 zones DOC, plus que toute autre région du sud de l’Italie. Cependant, tout comme ses voisins, la région ne produit qu’un petit pourcentage de vins classés (tout juste un peu plus de 2%). Malgré une sensible amélioration, les vins des Pouilles ont encore besoin de se faire une réputation d’excellence bien définie, même s’ils sont largement appréciés à l’extérieur du pays. Pour schématiser, on peut diviser la région des Pouilles en deux secteurs viticoles distincts si l’on trace une ligne entre Brindisi et Tarante. Au nord, le terrain comporte une série de collines et le climat est tempéré, et même relativement frais sur les hauteurs du plateau de Murge. Les vins secs de la région sont modérément corsés, tout en étant très fruités, dotés d’une bonne acidité et d’un bouquet très ample. Habituellement, les vins rouges sont produits avec les cépages locaux Uva di Troia et Bombino Nero, ainsi que le Montepulciano et le Sangiovese. Les vins blancs sont en majorité produits avec le Verdeca, bien que l’on trouve aussi du Bianco d’Alessano, de la Malvoisie, du Trebbiano et du Bombino Bianco. La zone DOC la plus importante du nord des Pouilles est Castel del Monte, la seule appellation qui jouisse d’une réputation internationale. On y produit un bon rosé et des rouges corsés, à boire jeunes, mais qui gagnent en complexité avec l’âge. Partout ou presque, au nord, on privilégie les vins rouges sous les appellations DOC Rosso Canosa, Rosso Barletta et Rosso di Cerignola. Juste au nord de la ligne Brindisi-Tarante, ce sont les vins blancs qui prédominent, surtout ceux qui proviennent de la vallée d’Itria - Locorotondo et Martina Franca - où l’on trouve ces maisons aux toits coniques que l’on appelle les trulli. Partout dans la région, des expériences sont menées avec les cépages internationaux comme le Chardonnay, le Pinot Bianco et le Sauvignon pour les blancs ; le Cabernet, le Merlot, le Malbec et le Pinot Nero pour les rouges. Au sud de la ligne Brindisi-Tarante se trouve le « Salento », une péninsule plate qui s’étire entre les mers Adriatique et Ionienne à l’extrémité est de l’Italie. Bien que la région soit chaude, elle n’est pas vraiment torride, grâce à l’influence de la mer, de ses courants et des vents qui soufflent à travers l’Adriatique en provenance des Balkans. Traditionnellement, les vins de Salento étaient des vins puissants, très foncés, issus des cépages Primitivo, Negroamaro et Malvasia Nera. Mais on accorde une attention de plus en plus grande à des vins rouges et rosés plus frais, ainsi qu’à des vins blancs étonnamment éclatants et fruités. Le Primitvo di Manduria, le cépage de Salento qui mûrit le plus tôt, est un cousin du Zinfadel de Californie. Bien qu’autrefois on l’ait surtout utilisé comme vin de coupage, le Primitivo, qui est produit actuellement par toute une nouvelle génération de producteurs, a fait preuve d’une classe indéniable et peut soutenir la comparaison avec ses cousins américains. Parmi les nombreux vins DOC de Salento, le Salice Salentino se distingue pour ses vins rouges robustes et pour ses rosés très fins. Néanmoins, les vins d’appellations, tels que le Squinzano, le Brindisi, l’Alezio et le Copertino peuvent parfois faire preuve d’une classe inattendue. L’appellation Salento IGT s’applique à des vins rouges qui ont souvent un nom particulier. Les vins blancs sont aussi très prometteurs, en particulier le Chardonnay, bien que Salento soit aussi réputé pour ses vins rosés aux saveurs florales, qui se classent parmi les meilleurs d’Italie.
Sicile
La Sicile regorge, entre autres choses, de contrastes. Aussi, peut-être n’est-il pas surprenant que cette île antique dispose de l’une des industries du vin les plus progressistes, ni que la région, qui se distinguait autrefois principalement pour ses Marsala et Moscato à la fois puissants et doux, s’oriente maintenant vers des vins plus légers et plus fruités, essentiellement blancs mais également rouges. La Sicile, la plus grande île de la Méditerranée, possède plus de vignobles qu’aucune autre région d’Italie. Cependant, avec la tendance actuelle à privilégier la qualité plutôt que la quantité, la production de vin a récemment diminué, pour être légèrement inférieure à celle de la Vénétie Une grande partie des DOC est représentée par le Marsala, un vin créé il y a deux siècles par les négociants anglais. Le Marsala reste la fierté de la Sicile en dépit de sa banalisation, encore récente, liée à son utilisation fréquente en cuisine ou à son aromatisation avec divers sirops. Il connaît depuis peu un regain d’intérêt parmi les connaisseurs, qui favorisent le Marsala Vergine sec et le Superiore Riserva, dont les arômes chaudement complexes les placent parmi les meilleurs vins fortifiés d’Europe.
La seule autre DOC produite en quantité significative en Sicile est le pâle et très sec Bianco d’Alcamo, qui fait maintenant partie de l’appellation plus large Alcamo. Le Moscato di Pantelleria, issu de l’île lointaine au large des côtes tunisiennes, est parmi les plus riches et les plus réputés des vins doux italiens dans ses versions Naturale et Passito Extra. Le Malvasia delle Lipari, produit dans les îles volcaniques Eoliennes est un vin de dessert aussi rare qu’exquis. Les vins blancs secs et les vins rouges de l’Etna, dont les vignes ornent les pentes du volcan, peuvent montrer de la classe, de même que le rouge pâle bien que puissant de Cerasuolo di Vittoria. La production des autres DOC traditionnelles comme le Faro, un rouge sec, et les vins doux de Moscatos de Noto et de Syracuse, a été très faible, ces derniers temps. Mais il est certain que le volume de vin de première qualité va augmenter prochainement, avec l’addition récente, sur la liste des DOC, des appellations Contessa Entellina, Eloro, Menfi, Sciacca, Sambuca di Sicilia, Contea di Sclafani et Santa Magherita Belice. Certains vins de plusieurs producteurs siciliens de renom n’ont pas eu la classification en DOC, bien que la plupart d’entre eux soient maintenant couverts par l’appellation IGT Sicilia ou par d’autres appellations. Des projets sont en cours pour créer une DOC qui couvrirait la totalité de la région de la Sicile. Près de 75% des vins de Sicile sont produits par des coopératives, mais un nombre de plus en plus important de domaines privés s’applique à créer des vins de première qualité. Les méthodes d’élevage de la vigne dans les collines ensoleillées et bien tempérées ont été modifiées pour réduire les rendements afin de produire des vins ayant un caractère et une individualité réels. Récemment, des maisons importantes du nord et du centre de l’Italie ont investi dans des vignobles situés sur l’île. Les cépages internationaux comme le Chardonnay, Sauvignon Blanc, Cabernet Sauvignon et les Pinots se sont montré très prometteurs en Sicile. Toutefois, certains des meilleurs vins de l’île restent issus des cépages locaux notamment de Nero d’Avola (ou Calabrese), Nerello Mascalese et Perricone (ou Pignatello) pour les rouges, et Inzolia et Grecanico pour les blancs. La Sicile a pris la tête dans la production de vin dans le Sud moderne, les producteurs semblant de plus en plus décidés à tirer parti de l’exceptionnel potentiel qui était déjà admiré il y a des millénaires par les Grecs et les Romains.
Sardaigne
Son isolement au milieu de la Méditerranée a fait de la Sardaigne la région présentant le caractère le plus typique. L’histoire de l’île a été influencée autant par les étrangers, en particulier les Espagnols, que par les Italiens continentaux. Les vins de l’île racontent leur propre histoire, fréquemment avec un accent espagnol. Les vigoureux cépages méditerranéens sont là sous la forme de clones de Moscato et de Malvoisie, mais plusieurs variétés y sont uniques en Italie comme le Giro, le Cannonau, le Nuragus, le Monica, le Semidano et le Vernaccia di Oristano.
Les Sardes ont récemment procédé à une réduction drastique des vignobles et des volumes de production, et ont amélioré notablement la qualité générale des vins. Parmi les DOC, les blancs prévalent par rapport aux rouges, puisqu’ils sont presque deux fois plus nombreux. La zone de vignobles la plus productive de l’île est le Campidano, la plaine fertile et les collines douces au nord-ouest de la capitale, Cagliari, qui est aussi le principal port. Les vins qui y sont produits, Giro, Malvasia, Monica, Moscato, Nasco et Nuragus, portent le nom de Cagliari dans leur appellation. Les pentes boisées du nord de la péninsule de Gallura et la zone côtière du nord-ouest autour de Sassari et Alghero sont renommées pour leurs excellents vins blancs. Le Vermentino domine les vins secs, notamment dans la DOCG Vermentino di Gallura, alors que le Torbato se distingue également dans la DOC Alghero. Le Vermentino, un cépage présent également en Ligurie et dans certaines parties de la Toscane, donne un blanc très stylé dans les collines de Gallura, bien qu’il puisse être produit dans toute l’île sous l’appellation DOC Sardinia. Le Moscato peut être soit tranquille, soit pétillant, mais il est toujours doux, notamment celui de Sorso Sennori, des collines de Gallura et de la ville de Templo Pausania dans le nord. Le Malvasia peut être doux, mais il est probablement plus intéressant lorsqu’il est sec, produit dans la ville de Bosa et les collines de Planargia dans l’ouest de l’île, ainsi que sous l’appellation Cagliari. Un autre blanc doux raffiné est le Semidano, dont l’appellation DOC couvre toute l’île de Sardaigne, bien que celui qui vient de la ville de Mogoro soit le plus réputé. Le plus typique des vins sardes est probablement le Vernaccia di Oristano. D’un vin d’une origine incertaine issu de la plaine plate et sablonneuse de la rivière Tirso à côté de la ville d’Oristano, il devient un vin ambré comparable au Sherry avec une gamme très riche de nuances dans le bouquet et les arômes. Le cépage blanc le plus répandu est le Nuragus que l’on pense avoir été amené par les Phéniciens. Son nom dérive des tours préhistoriques en pierre connues sous le nom de nuraghe. Le Nuragus est à l’origine d’un vin blanc sec moderne, léger et vif mais assez peu aromatique. Les cépages rouges les plus importants de l’île sont le Cannonau, de la famille du Grenache importé d’Espagne, le Carignano et le Monica, également espagnols d’origine. Le Cannonau et le Monica peuvent être sec ou doux, mais la tendance favorise le sec, un peu adouci par rapport à ses proportions traditionnellement héroïques. Les vignobles dans la rude région côtière de l’est autour de Nuoro sont renommés pour leur riche Cannonau rouge. Les vins les plus réputés viennent des villes d’Oliena, Jerzu et Dorgali ainsi que des collines côtières du Capo Ferrato. Le Cannonau fait également un bon vin doux, qui peut rappeler le Porto. Une étoile montante parmi les vins rouges est le Carignano del Sulcis, originaire du sud ouest, où certains domaines ont émergés récemment avec un style particulier. Le Giro de Cagliari, légèrement doux est une curiosité parmi les rouges. En plus de ses 20 appellations DOCG et DOC, la Sardaigne a 16 appellations IGT, plus qu’aucune autre région.
Les cépages
Aglianico
On attribue souvent l’épithète de”Barolo del Sud” à l’Aglianico.
Son éclectisme en fait l’un des plus importants cépages méridionaux, et de ses grappes naissent des vins de grande qualité: des rosés vifs, fruités et agréables à boire aux rouges bien structurés, souples et à longue conservation. Ce vin est principalement répandu dans les régions de la Campanie, de la Basilicate, des Pouilles et du Molise.
La variété a été très probablement amenée en Italie par les colons grecs au VIIIème siècle avant J.C. et on considère que le terme Aglianico est une variation du mot Hellanico ou Hellenico, successivement transformé, comme le suggère le célèbre ampélographe Attilio Scienza, en Aglianico sous la domination espagnole, qui dura dans cette partie de l’Italie du XVème au XVIème siècle.
En effet, dans le parler ibérique, le double “l” se prononce “ill”, en italien “gl”.
Une autre hypothèse suggère par contre que le nom dérive du mot latin aglaia signifiant splendeur.
Quelle que soit son étymologie, le terme Aglianico fut pour la première fois utilisé dans une lettre datant de l’année 1559, dans laquelle Sante Lancerio, caviste du pape Paul III, décrivant les vins d’Italie au Cardinal Guido Ascanio Sforza, s’exprima ainsi sur l’Aglianico: “Le vin Aglianico provient du Royaume de Naples, où il se fait bon Grec”.Andrea Bacci, médecin de Paul III, avait lui aussi son mot à dire sur cette variété: “Il est préparé avec du raisin plutôt sec, rendu vigoureux par le rouvre et conservé dans d’excellentes conditions.
Il ne peut qu’en résulter un vin parfumé et délicieux: agréable au goût, très plaisant et stable, aux hautes propriétés nutritives, fortifiant pour l’estomac et les membres plus qu’apéritif …”.
Cannonau
Le Cannonau fut probablement amené en Sardaigne par les Espagnols en 1400. Â Séville on connaissait cette variété sous le nom de Canonazo. Aujourd’hui en Espagne ce raisin est plus connu comme Garnacha ou Granaxa.
Dans le Sud de la France, en Val d’Aoste, en Algérie et en Tunisie, ce cépage est dénommé Grenache. Le climat sec et ventilé de la Sardaigne est idéal pour le Cannonau.
Après l’invasion du phylloxéra, ce cépage devint la variété la plus répandue pour la replantation. Il conquiert ses lettres de noblesse au début du XXème siècle et représente aujourd’hui la vigne synonyme de l’œnologie insulaire.
Le Cannonau est utilisé dans la production de rouges, de rosés et de vins à degré en alcool soutenu.
La zone DOC du Cannonau de Sardaigne comprend la totalité de la région, qui est à son tour divisée en trois sous-zones: Oliena (centrée sur les communes d’Oliena et Orgosolo en Province de Nuoro), Capo Ferrato (qui inclut les communes de Castiadas, Muravera, San Vito, Villaputzu et Villasimius en Province de Cagliari) et Jerzu (centrée sur les communes de Jerzu et Cardedu en Province de Nuoro).
Le Cannonau de Sardaigne a un degré d’alcool minimum de 12,5° et vieillit pendant au moins six mois. S’il atteint un degré en alcool de 13° et qu’il a vieilli pendant au moins deux ans, il peut être étiqueté “riserva”.
Le Cannonau liquoreux (ou à degré d’alcool élevé) est décliné en deux variantes: doux Naturel (une version douce, avec un degré d’alcool de 16° minimum) et sèche (avec un degré d’alcool de 18° minimum).
Ces deux versions doivent vieillir en tonneaux pendant au moins six mois.
Malvasia nera
Malvasia di Casorzo
Cette variété est cultivée dans la commune de Casorzo en Province d’Asti.
Les raisins de ce cépage entrent à 90% dans l’élaboration d’un vin rouge doux et aromatique, appelé justement Malvasia di Casorzo. Les variétés de Freisa, Grignolino et Barbera constituent le pourcentage restant. La couleur de ce vin va du rouge cerise au rouge rubis. Il se décline également en version pétillante et en une veloutée version vin passerillé.
Malvasia di Schierano Nero
Cette variété se trouve principalement en Piémont, avec des cultures concentrées sur la Province de Turin, et constitue le cépage majoritaire de la Malvasia di Castelnuovo Don Bosco DOC. Dans la production du vin, on peut ajouter de petites quantités de Freisa. La couleur du vin tend au rouge cerise, et il est légèrement doux. Il se décline également en version légèrement pétillant et mousseux.
Malvasier (Malvasia N.)
Le Malvasier a été planté en Trentin-Haut-Adige depuis des siècles. Il fait partie de la DOC Alto Adige (ou Südtirol) Malvasia (Malvasier). A partir de ces vignes, on produit un vin sec, rouge rubis, aux reflets orangés, corsé et de bonne acidité
Malvasia nera di Brindisi
Comme on le peut le déduire de son nom, cette variété se trouve dans les Pouilles, surtout dans les Provinces de Lecce, Taranto et Brindisi et elle est employée principalement dans l’élaboration de vins rosés, parmi lesquels les DOC Pugliesi suivantes: Alezio, Leverano, Copertino, Lizzano, Nardò, Salice, Salentino et Squinzano.
Malvasia Rosa Rs.
On considère que c’est une variation clonale de la variété blanche: la Malvasia di Candia Aromatica. Elle se trouve surtout en Province de Piacenza où elle est particulièrement utilisée comme base pour des rouges doux et pétillants.
Carignano
Bien qu’il soit également planté en petites quantités en Toscane, Marches, Latium où il accentue la couleur de certains rouges et rosés, c’est en Sardaigne que le Carignano
a connu sa plus forte expansion.
Probablement introduit dans l’île
par les Espagnols au XIVème siècle,
il a trouvé son environnement idéal dans l’aire de Sulcis, en Province
de Cagliari.
Il représente le cépage majoritaire de la DOC Carignano del Sulcis Rosso.
Lorsque le degré en alcool de ce vin atteint 12,5° minimum et qu’il a vieilli pendant trois ans, il peut être étiqueté “riserva”. Des versions de vin rosé et légèrement pétillant sont également produites avec le raisin Carignano.
Nerello Mascalese
La désignation Nerello concerne une vaste famille de vins siciliens. Le Nerello Mascalese est une sous-variété, dont on pense qu’elle est originaire des pentes volcaniques de l’Etna. Dans les années 50, ce cépage était cultivé dans les Provinces de Messine et de Catania.
Dans les années 80, il s’était propagé sur l’ensemble de la Sicile, en devenant la deuxième variété la plus plantée (après le Nero d’Avola). Son raisin est rarement vinifié pur, mais il est à la base de nombreuses DOC de la région.
Nero d'Avola
Certaines variétés autochtones italiennes ont une séduisante note sauvage, qui les rend plus intéressantes par rapport aux cépages italiens classiques répandus dans le monde entier. Leurs arômes authentiques et uniques sont en évolution continue: des échos et des suggestions qui se chevauchent et se relaient sur le palais, avec une élégance alléchante. Le Nero d’Avola est un de ces protagonistes. Sa fragrance est toujours agréable, avec des nuances de myrtille et de baies sauvages.
Les tanins sont moelleux, de même que le corps.
Comme toutes les variétés plus élégantes des vins autochtones, le Nero d’Avola est en mesure de satisfaire tous les désirs de son vinificateur.
Si ce dernier cherche une solution jeune qui soit satisfaisante, le Nero d’Avola la lui donnera.
Si, par contre, il pense produire un vin léger, avec de bonnes potentialités de vieillissement, le Nero d’Avola ne le décevra pas.
Giacomo Tachis, wine-maker passionné de tout ce qui est sicilien, a décrit à plusieurs reprises le Nero d’Avola comme le Baron, le Prince, le Roi, l’Empereur de la viticulture sicilienne.
Ce cépage est cultivé presque exclusivement en Sicile, où il est vinifié seul ou associé à d’autres cépages.
En assemblage, il est de plus en plus associé au Cabernet, au Merlot, au Sangiovese ou au Syrah afin de produire des vins exceptionnels et pleins de charme, dont la plupart ne fait desquels ne font partie d’aucune DOC.
Le potentiel du Nero d’Avola a attiré l’attention de producteurs d’autres régions, qui ont commencé à investir dans les vignes siciliennes, avec l’intention de produire des vins agréables, à prix moyens et bas. Lorsqu’on parle aujourd’hui de grands vins, on a tendance à penser à leur puissance, à leur importance, à leur force musculaire et à leur vive agressivité.
C’est par conséquent un véritable plaisir que de déguster un vin comme celui-ci, qui fait revenir à l’esprit des mots longtemps oubliés, comme race, séduction et classe.
Il est utile de rappeler aux amateurs de vin que la longévité et la structure ne doivent pas être alourdies par les lourds tanins et par les sensations opprimantes de la barrique.
Aujourd’hui, de nombreux producteurs ont choisi de faire des vins moelleux, mais de bonne garde, issus à 100% de Nero d’Avola.
En outre, les viticulteurs de toute la région se sont mis à explorer quelles répercussions peuvent avoir les différences relatives au site, au terrain et aux méthodes d’élevage sur le développement de ce cépage; les vinificateurs quant à eux, sont en train d’expérimenter divers procédés de vinification et de vieillissement.
Cette variété entre l’élaboration d’une vingtaine de vins siciliens à DOC.
Primitivo
Le Primitivo a peut-être des origines dalmates. D’autres recherches soutiennent par contre qu’il a été introduit dans les Pouilles (la région italienne où il est le plus cultivé) il y a plus de 2000 ans. D’autres encore, dont l’ampélographe Antonio Calò qui s’est donné pour but d’arriver aux origines de cette variété, affirment que le Primitivo est arrivé dans les Pouilles à la fin du XVII° siècle et que la zone cultivée avec ce cépage a subi une forte expansion au XIX° siècle, quand les vignobles décimés par le phylloxéra furent encépagés avec cette variété.
Des études effectuées à l’Université de Californie à Davis ont démontré que le Primitivo et le Zinfadel ont le même ADN.
Voici le commentaire d’un producteur originaire des Pouilles : “Ils sont comme des jumeaux séparés au moment de la naissance, un qui aurait grandi a Manhattan et l’autre dans le Bronx” (en refusant évidemment de préciser lequel des deux).
L’Union Européenne considère le Zinfadel et le Primitivo comme deux variétés identiques, avec la possibilité d’user indifféremment de ces noms en étiquette.
Calò soutient que la variété a été probablement importée en Californie vers la moitié du XIX ° siècle par Agoston Haraszthy, l’exploitant hongrois qui s’occupa en Amérique de viticulture, d’élevage, de minières d’or et de politique entre autres. Le succès du Primitivo sur les marchés étrangers n’a pas été immédiat, au contraire, et bien du temps s’est écoulé avant de consolider derrière cette image, également celle des Pouilles et plus généralement celle du Sud.
Au début, on le considérait comme un cépage simplement approprié à améliorer d’autres vins, le Primitivo est aujourd’hui une vedette de la scène internationale œnologique.
Les changements de cette variété ne sont pas seulement dus aux liens avec son alter ego californien, mais surtout aux importantes interventions effectuées sur les procédés de vinification en cave et dans les vignes. La vendange précoce est emblématique ainsi que la réduction drastique des rendements. Elles ont conduit à des vins plus souples, plus fruités au titre moins agressif.
Les producteurs cherchent actuellement la possibilité de faire vieillir cette variété en chêne, même si à bien regarder, le Primitivo est certainement en mesure de produire des vins stimulants, fruités et bien structurés, sans avoir besoin de recourir au vieillissement en fût.
Negroamaro
Le Negroamaro pourrait avoir été amené en Italie par les Grecs ou bien avoir eu une origine autonome sur les côtes des Pouilles. C’est sans nul doute la vigne la plus importante de la région, et elle constitue le cépage majoritaire de nombreuses DOC locales. Le cépage est intensément planté autour des villes de Lecce et Brindisi où il est généralement uni à la Malvasia Nera di Lecce, au Sangiovese et au Montepulciano pour produire des vins rouges élégants et des rosés.
La DOC Lizzano est élaborée en diverses versions à partir de Negroamaro, et bénéficie pleinement de son caractère fruité et rond. Les vignes de la zone se trouvent dans la partie située au nord du Golfe de Taranto et entourent la ville. Le Rosso di Cerignola, aimable et gracieux, dont la zone de production se trouve en Province de Foggia, est également issu de Negroamaro et Uva di Troia. Quand le vin titre au moins 13° et qu’il a vieilli pendant deux ans minimum, il peut être étiqueté “riserva”. Le Negroamaro entre en petite quantité dans l’élaboration des vins des zones de Gioia del Colle et d’Ostuni.
[size=large]Les vins dégustés[/size]
01 : Sicilia IGT "Branciforti" 2008 (SICILIA)
Propriétaire : Firriato ; Encépagement : 100% Nero d'Avola ; Prix : 5.75€ (source locale)
02 : Sicilia IGT “Feotto “Syrah” 2008 (SICILIA)
Propriétaire : Feotto dello Jato ; Encépagement : 100% syrah ; Prix : 5,20 € (source internet)
03 : Rosso di Sicilia IGT “Nero Di Lupo” 2008 (SICILIA)
Propriétaire : Azienda Agricola Cos ; Encépagement : 100% Nero d'Avola ; Vin élevé en amphore puis mis en bouteille pour la vente ; Prix : 17 € (source internet)
04 : Aglianico del Vulture DOCG “Serpara” 2003 (BASILICATA)
Propriétaire : Terre degli Svevi ; Encépagement : 100% Aglianico ; Prix : 15.90€ (superiore.de)
05 : Taurasi DOCG “Radici” 2005 (CAMPANIA)
Propriétaire : Mastroberardino ; Encépagement : 100% Aglianico ; Prix : 19.90€ (superiore.de)
06 : Aglianico del Vulture DOCG « Vigna Della Corona » 2000 (BASILICATA)
Propriétaire : Az.Agr. Le Querce ; Encépagement : 100% Aglianico ; Prix : 50 € (Licata)
07 : Isola dei Nuraghi IGT “Turriga” 2004 (SARDEGNA)
Propriétaire : Antonio Argiolas ; Encépagement : 85% Cannonau, 15% Malvasia, Carignano, Bovale ; Prix : 46.50 € (superiore.de)
08 : Isola dei Nuraghi IGT “Barrua” 2006 (SARDEGNA)
Propriétaire : Agri Punica ; Encépagement : 85% carignano, 10% cabernet sauvignon, 5% merlot ; Prix : 32.25 € (superiore.de)
09 : Sicilia IGT « Cuvée “Harmonium” 2003 (SICILIA)
Propriétaire : Firriato ; Encépagement : 100% Nero d'Avola ; Prix : 23.72€ (Caviste)
10 : Etna Rosso “Feudo di mezzo” 2006 (SICILIA)
Propriétaire : Terre Nere ; Encépagement : Nerello Mascalese, Nerello Cappuccio ; Prix : 27,95 (Licata)
11 : IGT Rosso del Salento “Notarpanaro” 2004 (PUGLIA)
Propriétaire : TAURINO ; Encépagement : 100% Negroamaro ; Prix : 12.50 € (Licata)
12 : IGT Rosso del Salento “Malvasia Nera SUD” 2005 (PUGLIA)
Propriétaire : Feudi Di San Marzano ; Encépagement : 100% Malvasia Nera ; Prix : +- 8 € (source internet)
13 : Salice Salentino DOC “Pezzo Morgana” 2005 (PUGLIA)
Propriétaire : Li Veli ; Encépagement : 85% Negroamaro,15% Malvasia Nera ;Prix : 16.99 € (licata)
14 : Salice Salentino DOC “Riserva” 2005 (PUGLIA)
Propriétaire : Leone de Castris ; Encépagement : 85% Negroamaro, 15% Malvasia nera ; Prix : 10 € (local)
15 : Primitivi del Salento IGT “Primitivo” 2001 (PUGLIA)
Propriétaire : Allora (Calatrasi) ; Encépagement : 100% primitivo ; Prix : 10 € (Licata)
16 : Primitivo del Salento IGT “Artas” 2006 (PUGLIA)
Propriétaire : Castello Monaci ; Encépagement : 100% Primitivo ; Prix : +- 10 € (source internet)
17 : Salento IGT “Amativo” 2007 (PUGLIA)
Propriétaire : Cantele ; Encépagement : 60% Primitvo, 40 % Negroamaro ; Prix : 18.69€ (local)
18 : Primitivo del Tarantino IGT “Sinfarosa” 2006 (PUGLIA)
Propriétaire : Az. Agr. Sinfarosa- Accademia dei Racemi ; Encépagement : 100% Prilmitivo ; Prix : +- 12 € (source internet)
19 : Primitivo di Manduria DOC 2006 (PUGLIA)
Propriétaire : Az. Agr. Felline (Academia Dei Racemi) ; Encépagement : 100% Primitivo ; Prix : 10 € (Pasqualinno)
20 : Primitivo di Manduria DOC 2007 (PUGLIA)
Propriétaire : Azienda Agricola Attanasio Giuseppe ; Encépagement : 100% Primitivo ; Prix : 14€
21 : Primitivo di Manduria DOC “Dunico” 2005 (PUGLIA)
Propriétaire : Masseria Pepe-accademia dei Racemi ; Encépagement : 100% Primitivo ; Prix : 15.90€ (superiore.de)
22 : Primitivo di Manduria DOC “Sessantanni” 2004 (PUGLIA)
Propriétaire : Feudi Di San Marzano ; Encépagement : 100% Primitivo ; Prix : 15.99€ (Champion)
23 : Primitivo di Manduria DOC “ES” 2008 (PUGLIA)
Propriétaire : Gianfranco Fino ; Encépagement : 100% Primitivo ; Prix : 36.50 € (superiore.de)
Tableau des appréciations du groupe
Le tableau ci-dessous, certifié honnête et conforme aux lois terrestres sur l'honneur, la vertu et le bon goût, est susceptible d'être modifié au fur ou à mesure que les plus harassés par le travail trouveront le précieux temps de nous envoyer leur bilan. Ceci ne concerne pas les "Illuminati" qui, troublés par un accès de méditation transcendentale, ont perdu leur notes.
Place aux commentaires avec Olivier "Superbiker" pour ouvrir le bal....