Bonjour à tous,

Depuis ce matin, je me pose beaucoup de questions sur mon avenir professionnel.

Petit récapitulatif pour ceux qui ne me connaissent pas bien.

J’ai été conseiller en voyages d’affaire pendant 13 ans.
Suite à un licenciement pour raison économique, j’ai décidé de me reconvertir et essayer de faire un métier en rapport avec ma passion du vin.
J’ai pensé à faire soit caviste, soit vigneron. Après plusieurs mois de réflexion, j’ai opté pour vigneron (ouvrier viticole dans un premier temps).

En 2013-2014, j’ai donc entamé une formation BTSA Viticulture-Œnologie au CFPPA de Mâcon-Davayé.
Durant cette formation, j’ai appris à faire du vin (en théorie). Au cours des stages que j’ai effectué, je me suis rendu compte également que j’étais plus fait pour la vigne que pour la cave, malgré le scepticisme de certains de mes camarades de classe et de mon maître de stage.
Néanmoins, je me suis accroché. Après la fin de ma formation (Juillet 2014), j’ai envoyé plusieurs candidatures spontanées. J’ai atterri dans un « célèbre » domaine situé dans le vignoble de Côte-Rôtie et de Condrieu.
Depuis 5 mois, je suis donc ouvrier viticole au sein de ce domaine. Au cours de ces 5 mois, j’ai appris beaucoup de chose mais aussi mesuré la difficulté du travail. Là encore, je me suis encore accroché (je me suis même étonné moi-même:) dans l’espoir de décrocher un contrat plus stable qu’un contrat saisonnier.
Hier avec mon chef de culture, on a décidé d’un commun accord de faire une pause (d’un mois environ).

C’est là que me sont venues plusieurs questions :

Est-ce que je continue avec ce domaine pour faire une saison quasi-complète ?

Est-ce que je tente finalement de devenir caviste ?

Est-ce que je tente de me lancer à mon compte, en louant quelques hectares de vignes dans le Beaujolais ?

Ce projet d'installation est très tentant mais me faire peur également. Je pense que j’ai toutes les connaissances pour le faire mais j’ai aussi peur de me planter. Certains diront que je n’ai pas le profil pour le faire mais on n’est pas à l’abris d’une surprise.

Si je penche pour l’idée de tenter l’aventure d’avoir mon propre vignoble, je suis preneur de tous les bons conseils que vous pourriez me donner.

Clément Charignon écrivait:

> Est-ce que je tente de me lancer à mon compte, en
> louant quelques hectares de vignes dans le
> Beaujolais ?
>
> Ce projet d'installation est très tentant mais me
> faire peur également. Je pense que j’ai toutes les
> connaissances pour le faire mais j’ai aussi peur
> de me planter. Certains diront que je n’ai pas le
> profil pour le faire mais on n’est pas à l’abris
> d’une surprise.
>
> Si je penche pour l’idée de tenter l’aventure
> d’avoir mon propre vignoble, je suis preneur de
> tous les bons conseils que vous pourriez me
> donner.

Il y a tant de parcelles à louer en Beaujolais? c'est vrai beaucoup ont mis la clef sous la porte (peu rentable), établir un ou plusieurs baux auprès d'un notaire (fermage ? métayage ?)

Il faut investir en matériel et autres mais tu dois savoir ce qu'il te faut et combien cela coute? et savoir combien d'hectares tu peux faire tout seul, sinon prendre un ouvrier ponctuellement.

Vendanger, il te faudra du personnel (des couts aussi), et tes raisins tu en fais quoi? trouves un bon vigneron qui te rachètera tout cela pour faire de la bouteille.

Bon courage Clément.

Stéphane

Bonjour Stéphane,

Ma première est idée est de travailler seul. Je pense que c'est jouable avec 3 ha.
Merci pour l'idée de la vente au négoce. Je n'avais pas pensé à cette possibilité.

Vendanger, il te faudra du personnel

Peut être que quelques LPViens seraient intéressés.

Clément,

tu sembles t'orienter vers le beaujolais, as-tu pensé à contacter des vignerons du beaujolais travaillant seuls pour échanger avec eux sur le métier de vigneron "soliste" dans sa globalité ?
En effet, il me semble que pour appréhender la gestion d'un domaine seul de 3ha, il serait bon que tu rencontres quelques solitaires qui pourront t'éclairer sur leurs vies.
Pour en avoir parlé avec certains (je te préciserai si tu veux par MP), la tâche est rude si l'on part de rien, et nombreux sont ceux qui ont jeté l'éponge, peut-être faudrait-il regarder du côté de vignerons proches de la retraite souhaitant transmettre leur savoir et éventuellement t'aider quelques temps à t'installer ?

Attention le beaujolais n'est pas la région la plus simple à travailler même si les vignes sont encore accessibles à l'achat. Physiquement c'est dur (densité haute, taille gobelet très basse, parfois pentes importantes) donc ça prends du temps et ça se valorise difficilement si l'on ne se démarque pas rapidement.

C'est vrai Laurent, d'autant que ce secteur a beaucoup bougé ces dernières années avec beaucoup de jeunes vignerons talentueux et réussir à sortir du lot va être de plus en plus difficile.
Gérer seul un domaine dans le beaujolais, même que 3ha, semble très compliqué !

Je conseillais le Bugey par MP à Clément.
Encore moins cher que le Beaujolais et avec un beau potentiel, proche de chez lui, etc.

Faut voir la rentabilité, comme il veut commencer par de la location et vendre sa production, il n'a pas parlé de faire de la bouteille, l'hl de Beaujolais se vend plus cher que l'hl Bugey et pour le travail guère d'écart en cout, c'est un calcul à faire.
Stéphane

En relisant ton post, je me dis quand même que ce serait sage de travailler au moins une saison complète dans ce domaine pour être sûr que le métier te plairait dans sa globalité.
Rien ne remplace l'expérience et le terrain.
Le métier de caviste, c'est complètement autre chose, je n'ai pas l'impression que c'est ce que tu recherches vraiment.

Pas de secrets, il faut rencontrer des gens qui font ces métiers, cavistes, vignerons dans différentes régions...
Discuter avec eux pour cerner ce qui te correspond.

Bonjour Clément,

Ce qu'il faut étudier dans un premier temps c'est évidement les ressources dont tu disposes.
Les temps sont durs un peu partout, je ne veux pas paraître négatif mais il faut savoir que quand tu commences il te faut des fonds et que parfois certains sacrifices sont obligatoires dans les premières années. Savoir que les banques sont de plus en plus réticentes si tu ne disposes pas d'un apport conséquent...

Une chose peu être bête mais si tu vis en couple, ta compagne est elle prête à assumer votre quotidien si toi tu n'y arrives pas pendant quelques temps.
Te renseigner auprès de certains qui font beaucoup eux même en commençant de presque rien comme Patrick à Cornélie par exemple.

Bon courage en tout cas dans tes démarches.
Julien

Merci à tous pour ces premiers conseils et messages de soutien.

Hello Clément,

Je te proposerais bien d'ouvrir un domaine à deux mais ce n'est pas pour tout de suite pour ma part

Relisant ton post, je proposerais comme dit plus haut de faire une saison complète dans le domaine dans lequel tu es actuellement. Au plus tu en vois, au plus tu auras l'expérience et le recul, et au plus ta décision sera mûrie, je pense.

Bon courage en tous les cas, ce n'est jamais simple de se sentir "à la croisée des chemins"!

Amicalement,

Thibault

T'es courageux en tout cas Clément, je suis admiratif, vraiment !!

Pour avoir bossé quelques années dans les vignes, je peux dire tout mon bonheur à ne plus y travailler aujourd'hui. Même s'il y a ici et là des journées ensoleillées où l'on peut alors se dire que l'on fait le plus beau métier du monde, il y en a beaucoup d'autres nettement plus dures (pluie, neige, froid glacial) qui vous font vous demander pourquoi vous êtes dans cette galère... Quand se rajoutent à cela la recherche de prospects, les salons qui vous coûtent plus cher qu'ils vous rapportent, les clients enfin trouvés qui tardent à payer les factures, le banquier qui s'impatiente, le matériel qui casse au moment où vous deviez traiter... ça ne me fait pas du tout rêver. Mais bon, je ne veux pas te décourager, hein

En Beaujolais, tu peux aller voir Julie Balagny qui travaillait auparavant sur un domaine (Terre des Chardons) avant de se lancer dans l'aventure individuelle. L'expérience n'a pas l'air de tout repos.

[size=small]En Beaujolais, tu peux aller voir Julie Balagny qui travaillait auparavant sur un domaine (Terre des Chardons) avant de se lancer dans l'aventure individuelle.[/size]

J'y pensais, Eric l'a écrit !

Clément Charignon écrivait:

---

> Je pense que j’ai toutes les connaissances pour le faire mais j’ai aussi peur

Si tu as déjà les ventes avant de produire, alors tu as la connaissance essentielle.
Si la réponse est non, alors il te manque LA connaissance.
Et je dis çà sans vraiment plaisanter.

3 ha est un bien mauvais calcul: impossible à amortir, impossible de dégager un revenu. Faut voir plus grand.

Une saison complète au sud de Lyon te permettrait de voir des trucs importants: gérer la pression des maladies, et aussi la question des vendanges et de la maturité de récolte.
Et puis......savoir comment ça marche vraiment, en pratique, dans la cave, ça serait pas mal si tu veux t'installer + tard....

La grande interrogation reste la raison de cette pause d'un mois décidée avec le chef de culture !
Cela permettrait d'éclairer un peu la situation... Notamment pour faire une saison complète.
bon courage !

Bonsoir Clément
Votre réflexion et les pistes que vous voulez explorer ont un écho particulier pour la conseillère Popole Emploi que je suis... non pas en lien avec la loi de mars 2014 sur le conseil en évolution professionnelle, mais plus curieusement lié à une lettre de Laurent Maynadier sur sa page FB (17 juin 2014).
La voici
Bonne lecture et bonne continuation
Agnès, sérieuse

Depuis mon installation en 1995 et l’achat de 9.1418ha de vignes à l’abandon, j'ai toujours pris des risques en les assumant.
Sans Marie mon épouse rien n’aurait été réalisé, aujourd’hui, et alors que la chance semble nous favoriser je reste en alerte. En raison des investissements réalisés pour faire progresser le domaine, nécessaires mais lourds, en raison du contexte économique. Le facteur humain est aussi prépondérant car la confiance ne se décrète pas, et entamer une aventure aussi périlleuse que celle de la gestion, ou la création d’un domaine viticole peut être rapidement un désastre si les acteurs ne sont pas armés pour faire face.
Cet état des lieux effectué il faut se rendre compte de plusieurs choses : le foncier n’a jamais été aussi accessible, l’offre dépassant largement la demande. Les taux d’intérêts sont particulièrement bas.
En ce qui me concerne je n’ai pas pour ambition de grossir démesurément, et n’absorberai jamais tout le foncier disponible. Enfin je ne suis pas contre une augmentation du prix des vignes si une arrivée de nouveaux vignerons inversait le rapport offre/demande. A l’inverse je considère que l’absence de sang neuf sclérosera l’appellation et mènera à sa paupérisation, à son isolement.
Je m’inscris donc dans la transmission avant tout.
Cette vision est pour moi essentielle, car les vignes sont plantées par les parents pour leurs enfants, car je suis papa depuis peu, probablement aussi car 12 générations de vignerons m’ont précédées à Fitou, et ouvert les yeux. Enfin je ne conçois pas un instant de devenir une espèce en voie d’extinction et achever ma vie dans le zoo du « Champ des Sœurs »
Je propose donc de m’impliquer directement aux côtés de ceux ou celles qui voudront cultiver des vignes sur le village de Fitou (il y a des vignes à vendre ou en fermage).
Se lancer en pluriactivité sur 1 ou 2ha pour se tester est une approche seine avec des contraintes de travail et financières acceptable. Loin de moi l’idée de me faire financer des vignes ou de les prendre en fermage. Les personnes seront entièrement autonomes. Je ne recherche pas d’associé et ne m’impliquerai que si je sens battre mon cœur pour un ou des projets. Je peux aussi embaucher ponctuellement une personne pour lui assurer un complément d’activité avec les risques que cela comporte, je n’ai pas les moyens d’être un mécène.
Je propose aussi aux autres vignerons de l’appellation Fitou de réfléchir et dépasser le cadre de leur intérêt personnel pour aller plus loin. Les caves particulières comme coopératives doivent être rajeunies avec des gens qui ont une culture du vin et aiment ce métier.

Clément, tout d'abord, je tiens à te féliciter pour le courage que tu as eu d'entreprendre une reconversion professionnelle, ce n'est jamais évident. Je suis pour encourager la France qui travaille et qui veut s'en sortir. Bravo, et c'est sincère.

Cependant, il y a plusieurs choses qui me chagrinent concernant ton post introductif. Tout d'abord, "je me suis rendu compte également que j’étais plus fait pour la vigne que pour la cave, malgré le scepticisme de certains de mes camarades de classe et de mon maître de stage". Passe encore pour les camarades, mais qu'un maître de stage s'interroge...et bien moi, ça m'interroge.
Puis tu rajoutes: "Hier avec mon chef de culture, on a décidé d’un commun accord de faire une pause (d’un mois environ)." Celà veux dire que deux professionnels de la vigne sont quand même pour le moins circonspect à ton égard, et ce en un laps de temps assez rapproché.
Enfin, tu rajoutes que tu t'es énormément accroché. Tant mieux. Mais celà montre la pénibilité, le changement, les difficultés que tu as du rencontrer. Seras tu capable de les affronter encore plus longtemps, et de façon encore plus intense quand tu auras une pression financière due à ton installation?
Ceci me fait peur pour toi. Loin de moi l'idée d'être un oiseau de mauvaise augure ou de passer pour le rabat joie de service, mais je serais toi, j'attendrais un peu avant de m'installer. Essaie de faire une nouvelle saison, dans ce fameux domaine, ou un autre, acquiert de l'expérience...Et surtout, prend un peu de recul. Car te lancer comme celà, avec les mises en gardes que tu as reçu préalablement me paraît être extrêmement périlleux, d'autant que tu n'es pas à 6 mois / 1 an près pour celà.

Ta décision sera la bonne décision, je ne suis rien pour toi. Fais simplement attention. Prend ce message comme un message bienveillant. Je te souhaite de tout coeur de réussir. Bon vent et bon courage à toi. Sincèrement.

Je suis pour encourager la France qui travaille et qui veut s'en sortir

C'est beau comme un vin Nicolas.

Moi j'ai cru que tu voulais ouvrir un vignoble en Loire à la croisée des chenins...

[size=small]Je suis déjà sorti[/size]

Thibault

Joli jeu de mot, Benoît.
Attention, tu vas finir comme michel.

Ce jeu de mot me rappelle un vin qui m'a bien plu : un Touraine Domaine de la Garrelière "Le Chenin de la Colline".

Je suis parfaitement en phase avec le message de Flo. La viticulture est un métier de patience et il faut être patient avant d'intégrer les tenants et aboutissants.

Tiens nous au courant. Bon courage.

François

Bien le bonsoir, Clément
Mon sentiment, comme ça, hein, en passant, à l'arrache comme on dit, c'est que tu te poses un peu trop de questions. Il n'y en a qu'une : t'as le feu sacré ou tu ne l'as pas (question de vie ou de mort, si tu vois ce que je veux dire). Si tu l'as tu fonces, si tu ne l'as pas tu appuies sur la pédale de frein. Et puis passe un petit MP aux pros du forum, je suis certain qu'ils se feront une joie et un devoir de te rencarder si tu leur demandes poliment (ça sert aussi à ça, déjà qu'on les brime parce qu'ils ne peuvent pas faire de pub)

Attention, tu vas finir comme michel.

Je ne me sens pas encore complètement fini...J'ai certes atteint mon plateau de maturité mais j'espère le conserver encore un peu...

Clément, ta MP est pleine. Je te disais juste que tu pouvais m'appeler Thibault, pas Benoît

Thibault

hannibal écrivait:

---

> Bien le bonsoir, Clément
> Mon sentiment, comme ça, hein, en passant, à
> l'arrache comme on dit, c'est que tu te poses un
> peu trop de questions. Il n'y en a qu'une : t'as
> le feu sacré ou tu ne l'as pas (question de vie ou
> de mort, si tu vois ce que je veux dire). Si tu
> l'as tu fonces, si tu ne l'as pas tu appuies sur
> la pédale de frein. Et puis passe un petit MP aux
> pros du forum, je suis certain qu'ils se feront
> une joie et un devoir de te rencarder si tu leur
> demandes poliment (ça sert aussi à ça, déjà qu'on
> les brime parce qu'ils ne peuvent pas faire de
> pub)

Tout à fai d'accord avec Hannibal.
Pour se lancer dans un tel projet, il faut être motivé à 100%. Les questions viennent quand on doute, ce n'est pas un bon départ.
Voilà qui me fait penser à mon boss. Après plus de 20 ans d'adhésion à une fruitière, il a décidé de faire son vin. Quand je lui ai fait part de mon admiration devant une telle aventure financière, il m'a répondu : "Parfois il vaut mieux ne pas réfléchir."

A ta place (mais je ne l'occupe pas, bien sûr) je reprendrais une place de salarié. Tu gagneras autant (pour ne pas dire plus) et ça te donnera du temps pour réfléchir à ton avenir.

Clément, ta MP est pleine. Je te disais juste que tu pouvais m'appeler Thibault, pas Benoît

Vous êtes tellement sympas tous les deux que je finis par vous confondre.

Appelle moi Thibault ou Benoît aussi, tu verras je suis un mec sympa ...