De retour d'un voyage de 3 jours en Bourgogne : Côte de Nuits, Côte de Beaune et Chalonnais, voici les commentaires recueillis auprès de plusieurs vignerons sur le millésime 2004.

Apparemment, la nature s'est "vengée" en 2004, entendez par là  que suite à  la canicule de 2003 et son cortège de baies grillées, flétries, riches (c'est peu dire) en sucre, à  l'acidité très basse, les rendements se sont envolés.

Diplomatiquement expliqué : les vignerons ont retrouvé le sourire (à  Côte Rôtie aussi, nous confiera le collaborateur d'un vigneron avec forces gestes à  l'appui du style : un large sourire jusqu'aux oreilles).

La vigne a produit beaucoup de grappe mais les attaques d'oïdium ont été virulentes et nombreuses.

En nous balladant dans le vignoble, nous remarquons que certaines parcelles sont encore chargées en grappe.

Explication du viticulteur (en se gardant bien de citer le nom du propriétaire de ces parcelles) : certains n'ont pas fait de vendange en vert ni en juillet, ni en août.
Résultat : les viticulteurs ont vendangé la quantité que les cuves allaient pouvoir recevoir et ont laissé le reste (= quantité quasi équivalente de grappe) sur les pieds de vignes.
Rendement estimé de ce qui a été vendangé : au bas mot entre 60 et 80 h/ha. Cela signifie donc que le rendement réel de la vigne a oscillé autour de 120/160 h/ha ...

De plus, l'oïdium s'est manifesté. Un viticulteur nous a confié n'avoir jamais autant traité (4 traitements) sa vigne sur toute sa carrière qu'en 2004. La personne a 70 ans.

Et puis des anecdotes fleurissent.

La commission des "sages" de l'INAO se balladant dans les parcelles en août afin d'observer l'évolution du cycle végétatif et déterminer le ban des vendanges aperçoit une parcelle d'un domaine hyper médiatisé (ce n'est pas le DRC, ni le CLos de Tart) et constate que la vigne est noire.

Elle n'a pas subi de traitement anti oïdium et devrait logiquement être déclassée.
Que nenni ! Feu vert pour vendre sous l'appellation concernée.

En conclusion, si il faut trier les cuvées de 2003 en Bourgogne en évitant
les cuvées en blanc aux finales marquées par l'amertume due à  un excès d'acidification et en rouge (certaines cuvées déjà  mises en bouteille montrent des tanins durs), le tri devra, me semble-t-il, être encore plus sévère sur 2004.

Quelques indications sur le millésime 2003 en Bourgogne.

Les blancs sont très (trop ?) charmeurs et très fruités mais il faudra surveiller leur évolution.

Les rouges sont remplis de fruits, aromatiquement bien développé avec des tanins enrobés. Leur évolution semblent garantie mais ils offriront assez tôt beaucoup de plaisir au dégustateur.

Ah oui au fait : certains ont même chaptalisé en 2003.
Vous voulez dire acidifier ?
Non, non monsieur, je dis bien chap-ta-li-ser !

Dur à  admettre si nous ne connaissions pas le sérieux du viticulteur qui nous a transmis, dépité, cette information ...

Bonne chance et faites le bon choix.

Olivier

Merci Olivier pour ces commentaires intéressants!

Le choix s'annonce effectivement difficile...

Laurent