Bon, voilà un semblant de CR, je débarque bon dernier. Le plaisir pris au cours de cette soirée est à peu près proportionnel au temps mis pour arriver à me mettre à ce CR : colossal. Un énorme merci à oliv pour l’invitation, et à tous pour votre bonne humeur !
Heureux d’avoir rencontré Bruno, legui, Quentin et le réjouissant Daniel Popp à qui j’avais l’honneur de faire face - et évidemment de revoir ceux que je connaissais un petit peu. Ce qui est vraiment chouette dans ce groupe, et assez étonnant, c’est d’arriver à instaurer une ambiance aussi joviale, tout en restant aussi franc du collier dans les avis sur les vins.
Et avec l’espèce de trou noir qu’on a connu en milieu de dégust, ça a dézingué sévère, vallait mieux pas avoir l’égo logé au fond de la bouteille.
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Bon, ceci dit, on est pas venu pour beurrer les sandwichs, non plus. Hop :
Nifor Palm Wine, vin de palme
Robe entre le Smecta et le lait de coco.
Le vin le plus ouvert de la soirée. C’est puissant… ça sent les apéricubes au jambon, les gateaux apéro arôme bacon. C’est ignoble.
La question qui anime la table est de savoir si le nez est pire que la bouche. Ca se discute.
En tout cas, c’est diablement long… et on ne détesterait pas que ce soit plus court. (une petite pensée pour le fameux mot de Pierre Overnoy sur le fait que l’important ce n’est pas la longueur, mais la qualité de la longeur...)
Heureusement qu’oliv nous avait conseillé d’utiliser un autre verre que celui prévu pour la suite, parce que c’est tenace, en plus.
Domaine Kientzler, Riesling GC, Geisberg, 2006
Nez assez fermé, sur les agrumes, la résine de pin, discret.
La bouche est assez austère, citrique, la finale est un peu plus expressive, sur le pain d’épices.
Bon vin, belle structure, mais dans un style assez rigoriste, pas là pour déconner. Sans doute à attendre.
Bien
Domaine Marcel Deiss, Schoffweg, 2005
Un nez un peu curieux, qui m’évoque des vins « nature ». L’aromatique est un peu confite, exotique, miellée, assez exubérante, assez évolué aussi. Un peu baroque, comme nez.
La bouche est nettement plus convaincante, ronde mais pas pesante, assez cristalline.
C’est bon, sans doute des accords intéressants à faire, mais ce n’est pas tout à fait mon style. Un vin que j’avais déjà goûté, mais pas tout à fait comme ça.
Bien malgré tout.
Domaine Pierre Morey, Meursault, Les Tessons, 2008
Le nez porte sur des notes grillées, et plus discrètement les agrumes, le beurre frais. Elevage présent, mais agréable.
La bouche est tendue, « électrisante », avec une belle matière étirée par une trame acide considérable. On retrouve en finale les notes grillées du nez.
Très bien (+)
Bu trop jeune, évidemment, mais promis à un bel avenir.
Domaine Daniel Barraud, Pouilly Fuissé, Les Craies, 2008
Le nez ne me semble pas sans rapport avec le précédent, sur le grillé. Le fond de l’affaire est cependant différent, avec des arômes plus mûrs, plus confits, et une pointe d’alcool.
La bouche est plus ronde, moins tendue, mais équilibrée, assez gourmande.
Bon vin, mais l’effet de séquence lui est défavorable, la tension du précédent lui donnant un côté peut-être un peu pataud qui est sans doute exagéré.
Bien (+)
Domaine Ossian, Rueda, 2008
Encore un nez sur un grillé assez fin, des fruits jaunes frais, élégant.
La bouche est grasse, équilibrée, là encore élégante.
Je suis un peu perdu, mais c’est (très) bon.
Bien + / Très bien
Domaine Jean Pierre Gaussen, Bandol, 2008
Nez de colle UHU, alcooleux, très désagréable.
La bouche est grasse, molle, violemment amère.
Glp.
Bof
Vin de Moldavie, Les Terres Noires, Cabernet Sauvignon, 1999
Trou noir dans mes notes. Des souvenirs fuyants. Pourtant, c’était marquant, un truc pareil. Je crois que j’ai refoulé le souvenir de ce vin.
Là, on entre dans un long tunnel, à peu près tout se goûte bizarre...
Château Musar, 2001
Nez curieux, très mûr, confit, grosse volatile.
Bouche alcooleuse, grasse, et en même temps marquée par une grosse acidité. Aromatique sudiste, très confite, qui contraste avec cette acidité haute.
Curieux vin, assez extrême, bourré de défauts, mais qui peut malgré tout avoir un certain charme. En l’état, je n’accroche pas vraiment.
Assez Bien (+)
Villa Tondonia, Rioja, Reserva 2001
Nez compliqué de prime abord, sur le vieux bois, la ronce, un peu d’alcool, genre fruits à l’eau de vie.
La bouche présente une matière légère, une acidité sensible, et des tannins malgré tout assez présent. On est encore sur un vin atypique.
A l’aération, l’amélioration est nette, et je me mets à lui trouver beaucoup de qualités, tant dans l’aromatique qu’en bouche, qui semble s’étoffer. Cela reste particulier, mais avec un charme certain. Un vin qu’il faut aller chercher.
Bien+
Trévallon, Bouches du Rhône, 2004
Nez de barbe à papa, bonbon, fruits noirs (cassis) et en même temps un peu végétal.
Bouche dure, avec des tannins secs. Pas terrible.
Bof
Grosse surprise à la vue de l’étiquette…
BAMA, Margaux, 1996
Le nez est plus fruité, assez évolué (épices douces, sous-bois) mais un peu brouillon.
Bouche à l’acidité haute, moyennement expressive, qui manque un peu d’unité.
Assez bien
Là encore, une certaine déception à la vue de l’étiquette…
Rauzan-Gassies, Margaux, 1990
Nez relativement similaire, peut-être un plus sous-bois, ronce.
Bouche pas beaucoup plus convaincante, moyennement puissante, longueur modérée.
Assez bien
Là, ça commence à être dur, l’impression s’installe que rien ne peut bien se goûter…
Weingut Dr Thanisch, Riesling Auslese, Bernkasteler Lay, 1988
Nez assez évolué, le fruit est encore là (ananas, mangue), quelques épices, résine de pin. Pas fou, mais agréable.
La bouche est tendre, l’équilibre entre les sucres - bien intégrés - et l’acidité est bon, mais il ne possède pas cet équilibre souverain propre aux grands rieslings mosellans, il manque un peu de ressort.
Bien -
Château Filhot, Sauternes, 1983
Très joli nez, sur l’abricot, les agrumes confits, le thé noir, les épices douces.
En bouche, le gras est rapidement équilibré par une belle fraîcheur. La finale n’est pas très longue, mais elle est nette, sans aucune lourdeur.
Un vin élégant, très agréable.
Bien+
Château d'Yquem, Sauternes, 1983
La robe est assez similaire au vin précédent, le nez également, peut-être un peu plus fermé.
L’attaque est un peu plus vive, avec une acidité certaine. Mais c’est dès le milieu de bouche que le gouffre se creuse. Là où le vin précédent vit gentiment sa vie, celui-ci décolle littéralement, et prend un volume impressionnant en bouche. La complexité aromatique est remarquable, et la longueur immense. Superbe vin, la comparaison entre les deux est parfaite.
Excellent
Premier Yquem à maturité en ce qui me concerne, et c’est chouette que ce soit à l’aveugle. (merci Raph !)
Un vin qui sauve l’impression générale. De jolis blancs, puis un loooong tunnel sur les rouges (pourtant, sur le papier, la série était jolie…), et ce duo de 1983 qui tombe à pic !
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Un grand merci à tous pour cette superbe soirée !
Mathieu