Sincères, les LPViens versaillais essaient de l’être, y compris dans leurs CR, et toujours pas de Joseph parmi nous…
Eh oui, à nouveau un thème alliant les blancs d’une appellation aux rouges d’une autre. Denis étant un homme rigoureux, il a pris les choses dans l’ordre : ce sera donc blancs de Sancerre et rouges de Saint-Joseph. Match retour une autre fois ?
Before : une bulle
Champagne – Domaine Charlot Père et fils – Cuvée spéciale
L’étiquette indique aussi « Brut nature » et « Non dosé » : tout est dit !
Ce Champagne à base de pinot meunier frappe par le caractère oxydatif marqué au nez et l’extrême tension de la bouche. Un vin au fort caractère, un peu desservi par la trop grande abondance de la bulle et par son profil monolithique.
Bien +
Première paire de blancs : un millésime jeune mais prometteur
Domaine Vincent Gaudry – Sancerre – Mélodie de Vieilles Vignes – 2014
Robe paille.
Très intense, le premier nez est racinaire et développe une certaine amertume (gentiane). A l’aération c’est plus agréable avec quelques notes crayeuses et de fruits blancs.
La bouche est bien tendue, sur une matière déliée, le caractère crayeux du nez ressortant quelque peu. Elle prend un peu d’ampleur sur la finale qui montre un caractère salin mais également de l’amertume.
Je suis surpris par ce qui apparaît comme un manque de maturité sur ce millésime et j’aurais parié sur un 2013.
Bien (+)
Domaine Vincent Pinard – Sancerre – Petit Chemarin – 2014
Robe paille.
Nez intense mais moins que le Gaudry, en revanche plus fin, sur la menthe, les agrumes et de légères notes de buis.
Le profil de la bouche est tendu et longiligne, bien représentatif du millésime, mais avec aussi un caractère végétal, ce qui l’est moins. La belle persistance saline laisse présager un bel avenir à ce vin bu un peu trop jeune.
Bien +(+)
Triplette de blancs : les trois stars de Chavignol sur un grand millésime
Domaine Edmond Vatan – Sancerre – Clos de la Néore – 2010
Robe paille légèrement soutenue.
Le nez s’ouvre bien à l’aération sur un cocktail de fruits blancs et jaunes, où une note mentholée apporte sa touche de fraîcheur.
Large et pleine, la bouche donne une impression de de sérénité et de grand équilibre grâce à sa vivacité, encore accentuée en finale.
On a fait un grand saut vers le haut !
Très Bien ++
Domaine Gérard Boulay – Sancerre – Clos de Beaujeu – 2010
Robe dorée.
Très intense, le nez est bâti sur un fond de fruits exotiques mais des arômes grillés dominent, donnant une impression de boisé.
La bouche est dotée d’une belle matière et d’une grande minéralité, mais le grillé est là encore très prégnant, accompagné d’une petite amertume, avant une finale salivante.
Très Bien
Domaine François Cotat – Sancerre – Culs de Beaujeu – 2010
Bouteille ouverte 12 h à l’avance et carafée pendant une bonne heure.
Robe d’un or dense.
Le nez assez démonstratif, comme souvent chez François Cotat, possède une aromatique de fruits exotiques complétés par des épices et l’émergence précieuse d’une touche mentholée.
La bouche est riche et confortable, certainement par ses quelques sucres résiduels, d’un grand volume et d’une belle sapidité. La superbe persistance se clôt sur une finale qui rebondit en s’affinant grâce à sa vivacité.
Très Bien ++ / Excellent, si on n’est pas rebuté par les SR.
Cette triplette a été vraiment d’un grand niveau. Seule la cuvée de Gérard Boulay a été un peu en-dessous alors que j’apprécie en général beaucoup sa production et que j’y ai rarement (jamais ?) trouvé ce côté grillé dominant…
Deuxième paire de blancs : deux grandes cuvées dans un millésime difficile
Domaine Gérard Boulay – Sancerre – Comtesse – 2007
Bouchon très sensible au nez, moins en bouche où une belle matière laissait présager quelque chose de très bon. Je suis d’autant plus déçu que j’avais organisé en avril 2015 une horizontale de Sancerre sur ce millésime et que les trois cuvées de Boulay étaient sorties dans le peloton de tête, et en particulier cette cuvée classée deuxième pour moi.
ED
Domaine François Cotat – Sancerre – La Grande Côte – 2007
Lors de cette même dégustation horizontale d’avril 2015 ce vin ne s’était pas montré à son avantage, noté Bien +(+) puis Très Bien après cinq jours d’ouverture…
Robe d’un or moyen.
Le nez est intense sans plus, sur une aromatique inhabituelle pour cette cuvée, très fraîche car on y retrouve des agrumes, de la menthe, de la craie et même des notes végétales.
La bouche est sur la finesse, pas du tout sur l’opulence, bâtie sur une trame droite et minérale, d’une longueur honnête.
Bien ++
Troisième paire de blancs : deux grandes cuvées dans un millésime moyen
Domaine Edmond Vatan – Sancerre – Clos de la Néore – 2004
Robe d’un or dense.
Puissant et complexe, le nez allie avec brio des fruits jaunes et exotiques à des touches poivrées et d’autres légèrement fumées.
Puissance et finesse font corps dans une bouche grasse et minérale à la fois, où la très belle sapidité se prolonge dans une finale salivante et saline.
Excellent
Domaine Alphonse Mellot – Sancerre – Edmond – 2004
Robe d’un or dense, avec des reflets ambrés.
Le nez démonstratif est très riche, sur des fruits surmûris et compotés.
La bouche n’est pas en reste, bâtie sur une belle charpente, constituée d’une matière riche et habillée d’un boisé encore très présent. La finale est plus serrée.
Un style particulier qu’on peut ne pas apprécier (comme tous les styles, d’ailleurs !).
Très Bien +
Première paire de rouges : deux belles cuvées dans un très beau millésime jeune
Domaine Gallety – Côtes du Vivarais – La Syrare – 2015
Vous l’aurez noté, il s’agit d’un pirate, non par son cépage car c’est un 100 % syrah, mais par son appellation.
Robe sombre et jeune.
Les arômes explosent littéralement au nez, avec des fruits noirs, de la violette et des épices, sans doute exacerbés par une pointe de réduction.
La bouche est ronde, charnue, fruitée, bref très gourmande et engageante, même si la complexité n’est pas (encore ?) au rendez-vous. La longue finale est plus pointue.
Bravo à Philippe qui lui trouve un côté sudiste : on doit être effectivement à une centaine de kilomètres plus au sud que les autres vins !
Bien ++ / Très Bien
Domaine Gonon – Saint-Joseph – 2015
Robe très sombre et très jeune par ses nets reflets violacés.
D’une belle intensité, le nez paraît toutefois un peu comprimé, prêt à encore plus libérer ses senteurs lardées, de fruits noirs et de réglisse.
La bouche est encore dans une phase d’austérité, aussi bien par sa charpente, sa grosse matière, ses arômes lardés et d’encre, que par ses tanins encore saillants.
Ce vin affiche un grand potentiel mais sur le coup il pâtit de la gourmandise de son camarade de jeu. La fin de cette dégustation confirmera que ce n’est qu’un problème d’apogée. J’en ai en cave et un rapide coup d’œil à mon logiciel de gestion de cave fait apparaître que ma première est prévue pour 2022 : ce sera un minimum !
Bien +
Deuxième paire de rouges : deux belles cuvées dans un très beau millésime plus à point
Domaine Yves Cuilleron – Saint-Joseph – Les Serines – 2010
Robe sombre et jeune.
Le nez intense fait preuve d’une certaine complexité par des notes de tabac qui viennent se rajouter aux arômes plus classiques de mûre, d’épices et de suie.
La bouche fait preuve d’un équilibre maîtrisé, entre une rondeur bien charnue, un beau fruité et des tanins souples. La persistance superlative est toute en fraîcheur.
Très Bien +(+)
Domaine du Monteillet – Saint-Joseph – Cuvée du Papy – 2010
Robe sombre et jeune.
Le nez s’ouvre généreusement sur des fruits noirs et des épices, mais également des arômes de cuir, voire animaux, qui me plaisent moins.
La bouche est également sur l’austérité, d’une austérité certes classieuse mais qu’on aurait plus attendue dans un Bandol par exemple. La matière est bien charnue, rehaussée de petits tanins un rien amers. La finale sur le café est plus avenante et savoureuse.
Il va falloir que je corrige mon logiciel de cave et retarde un peu l’ouverture de mes bouteilles…
Bien ++
Troisième paire de rouges : deux belles cuvées dans le même très beau millésime
Domaine Michel Chapoutier – Saint-Joseph – Les Granits – 2010
Robe très sombre et assez jeune.
Tout d’abord assez mutique, le nez s’ouvre à l’aération mais pour laisser échapper des arômes lardés, mais d’autres pas tous engageants, tels que du yaourt aux fruits noirs (arômes lactiques) ou du caramel (élevage).
En bouche, les marqueurs d’un élevage appuyé, tels que la vanille et le caramel, prennent le pas sur le fruit. C’est un style très international qui peut plaire…
Bien +
Domaine Jean-Louis Chave – Saint-Joseph – 2010
Bouteille ouverte et épaulée deux bonnes heures avant service.
Robe très sombre et jeune.
D’entrée très intense, le nez est d’abord dominé par des arômes animaux. Mais à l’aération dans le verre il se montre complexe et très joli : cassis, violette, notes de fumée, touche de vanille…
La bouche est classieuse et aboutie, même si naturellement ce vin pourra aller beaucoup plus loin. La chair dense et au grain très fin possède un superbe volume et la longue finale de grande tenue invite à une autre gorgée, d’autant que l’acidité sous-jacente apporte équilibre et élan.
Quasiment un grand vin, sans doute un grand vin dans cinq ans !
Très Bien ++ / Excellent
Quatrième paire de rouges : deux belles cuvées dans un autre très beau millésime
Domaine Pierre Coursodon – Saint-Joseph – L’Olivaie – 2005
Robe sombre, ni jeune ni évoluée.
Généreux et très avenant, le nez embaume les arômes fruités (mûre) et floraux (violette).
Harmonie et élégance qualifient cette jolie bouche bien ronde, à la chair fruitée et fine, à la très belle acidité et aux tanins soyeux, ponctuée par une finale à la fois goûteuse et classieuse.
Très Bien ++
Domaine Guigal – Saint-Joseph – Vignes de l’Hospice – 2005
Robe très sombre et jeune.
Le nez très intense combine des arômes de type acétique, allant presque jusqu’à l’écurie et des arômes chocolatés. Ceux qui l’avaient goûté à l’ouverture de la bouteille deux heures plus tôt n’avaient ressenti cette déviance.
La bouche est exempte de ce défaut et apparaît hors normes par sa puissance incroyable et sa matière massive. La finesse n’est pas absente mais passe au second plan. Heureusement son acidité permet d’espérer un meilleur équilibre pour dans 5 à 10 ans.
Très Bien en l’état.
Cinquième paire de rouges : deux belles cuvées dans des millésimes plus anciens
Domaine Gonon – Saint-Joseph – 2006
Bouteille carafée pendant deux heures.
Robe sombre aux reflets tuilés.
Le nez est très expressif et d’une grande élégance, d’un lardé très fin se fondant bien avec de beaux fruits noirs.
La bouche affiche la même élégance, en plus d’une belle gourmandise. Sa trame tendue et longiligne n’est pas dénuée d’une chair à la matière mûre. Une finale persistante, sapide et salivante complète ce très joli tableau.
Un vin parfaitement à son apogée.
Très Bien ++
Domaine Bernard Faurie – Saint-Joseph – Vieilles Vignes – 2004
Robe sombre et évoluée.
Le nez très intense dévoile quelques arômes lactiques et d’autres animaux, sur un fond de fruits noirs suffisamment perceptible.
Dès l’attaque la belle matière dense et riche emplit la bouche, puis l’acidité est ressentie de façon légèrement dissociée. Des tanins relativement asséchants gâchent un peu la deuxième partie de la bouche : disparaîtront-ils à l’avenir ?
Bien ++ / Très Bien
After : un sucre
Coteaux du Layon – Domaine Jo Pithon – Les 4 Villages – 2005
La robe est très ambrée.
Le nez intense signale un beau botrytis et dévoile des notes d’écorce d’orange.
La bouche frappe par sa fraîcheur et son sucre minimaliste mais non absent. C’est droit, long et d’une buvabilité redoutable. Très bien pour terminer un repas bien arrosé.
Bien ++
Cette dégustation qui n’a regroupé que des grands noms est pour moi un succès : j’ai autant apprécié les sincères que les sans Joseph !
Un grand merci à Denis pour son organisation millimétrée. Des commentaires assez différents sur certains vins
: cela confirme que nous sommes tous différents.
Pour le mois prochain, à vous de trouver le thème : ce ne sera pas la plaine chiencourtaise…
D’autres ont déjà donné la solution, sinon je suis sûr que vous n’auriez pas trouvé !
Amitiés œnophiles,
Jean-Loup