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Changement d'année en douceur

  • Eric B
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Changement d'année en douceur a été créé par Eric B



Habituellement, je fêtais le passage à la nouvelle année avec mes amis de Saint-Yrieix. Mais il était écrit que 2020 serait atypique jusqu'à la dernière seconde. Pour diverses raisons, j'ai dû changer mes plans : j'ai profité du calendrier pour faire un long weekend chez mes amis Véronique et Didier (= Did 91, trop rare sur LPV). Comme moi, ils sont fans de vins et de gastronomie. L'idée était donc de se faire plaisir. Mais en douceur, car nous n'avons plus 20 ans, et devons être en pleine forme le lundi qui suit.



Le jeudi soir, donc, nous avons commencé avec un "classique" de bibi : les rouleaux de jambon cru garnis de pommes rôties et de noisettes. Si ce n'est que le jambon fumé artisanal était une pure merveille et que j'ai utlisé un peu d'huile de Kaloupilé venant de la Réunion qui apportait une aromatique incroyable de fumée de pétard, et de grillé et d'épices évoquant certains blancs bourguignons.



L'idée était d'accompagner un champagne Harmonie 2007 de Follet-Ramillon, la nouvelle coqueluche de LPV. Et c'est vrai que le rapport qualité/prix est imbattable (23.00 € pour un vin élevé 11 ans sur lattes, c'est presque irréel).

Sa robe est intensément dorée, avec des bulles très fines. Le nez est complexe, sur la noisette grillée, la brioche toastée, le citron confit, les épices douces... La bouche est élancée, tendue par une fine acidité traçante, déployant une matière dense, mûre, vineuse, de belle ampleur, soulignée par des bulles délicates, caressantes. Le tout est harmonieux, dans un style racé / corsé qui plaira plus à l'amateur qu'à MMme Toulemonde. La finale est fraîche et nette, alliant l'amertume de l'agrume confit à des notes grillées et épicées



Ayant vu des beaux blancs de poireaux, du saumon fumé artisanal et quelques citrons dans le frigo, j'ai proposé à Véronique de préparer des poireaux brûlés "à la Fréchon" (recette ICI ). Lors de leur passage sous le grillé, ils avaient du mal à rester en place. Quelques fèves en porcelaine ont résolu le problème.



Voilà la saumon fumé artisanal avant transformation. Nous en avons mangé quelques tranches avant d'attaquer les poireaux, tout en dégustant deux Chablis de 2008.

Chablis 1er Cru Montmains 2008, domaine Droin : la robe est jaune paille, brillante. Le nez est fin, minéral, sur le citron confit légèrement fumé, avec légère touche"yaourtée". La bouche est ample, tendue par une fine acidité, et délivre une matière ronde, charnue, équilibrée. On sent une belle maturité, mais la fraîcheur est omniprésente. La finale dévoile de nobles amers, avec un retour du citron confit, complété par la pierre chaude et des notes beurrées/grillées.

Chablis Grand Cru Valmur 2008, Jean-Claude Bessin :
la robe est proche du précédent. Le nez est mûr, expressif, sur les fruits jaunes rôtis et la bergamote confite. La bouche est très ample, aérienne, déployant une matière subtilement moelleuse, enveloppante, à la fraîcheur diffuse. En deux mots, c'est la classe. La finale est plus "pierreuse" que le Montmains, complétée par le citron confit et un peu de fumée.



Voici le poireau brûlé fini. C'est une version plus simple que la recette d'origine. Celle-ci ne contient que du saumon fumé, une crème de citron que j'ai préparée dans l'après-midi et du citron confit au sel (que j'ai dessalé sous l'eau car vraiment trop de sel). C'est néanmoins très bon, car le meilleur dans ce plat, c'est le poireau cuit comme en papillotte dans sa pellicule brûlée



J'avais mis sous-vide une partie de mon pâté (en) croûte mangé lors de mon réveillon de Noël. Il était aussi bon que la semaine précédente. Le matin avant de partir, j'avais préparé la même "grémolata" à base de carotte, de betterave, d'agrumes et de pistache grillée.



Didier m'avait proposé de choisir dans son "livre de cave" un vin pour l'accompagner. Allez, pourquoi pas une Marestel 2005 de Dupasquier ? Cela fait très longtemps que je n'en ai pas dégustée. Sa robe est entre l'or et le cuivre. Le nez évoque le miel de châtaignier et l'écorce d'orange (ça fait un peu pain d'épices). La bouche allie ampleur et tension, conjuguant une fine acidité à une matière mûre et moelleuse. Un très léger perlant apporte une fraîcheur bienvenue. La finale gagne en concentration et en expressivité, dominée par le miel et les épices, et une touche d'encaustique. Un peu trop évolué à mon goût. L'accord avec le pâté est à peine moyen.



Eh oui, on passe déjà au dessert. Je vous ai dit qu'on était en mode raisonnable ;) C'est un sorbet au litchi fait "à la minute" par Véronique, saupoudré par un crumble aux amandes et zeste d'agrumes (citron, citron vert, combava) que j'ai préparé cet après-midi.



Et pour l'accompagner, un Gewurztraminer SGN Furstentum 2005 d'Albert Mann. La robe, cette fois, est carrément cuivrée, avec une impression de viscosité. Le nez est intense, sur la rose confite, le Berawecka, les épices douces. La bouche est longiligne, intense, déroulant une matière concentrée et voluptueuse. La finale est une explosion d'épices, avec un sucre présent, mais parfaitement intégré. Le pauvre dessert est totalement écrasé par le vin. Mais ce n'est pas bien grave ;)


Le lendemain midi, nous avons fait simple, avec du boudin du pays basque. D'abord servi froid ....


Puis chaud, avec du potimarron (une mienne idée – ça s'avère très bon !)



Avec ce plat, nous "confrontons" deux vins : J'ai amené un Moulin à Vent Héritage du Tremblay 2014 de Paul Janin, et Didier a sorti de sa cave une Côte-Rôtie Les Grandes Places 2006 de Clusel-Roch. J'avais choisi le vin, car Véro, même bu à l'aveugle, déteste le gamay. Je voulais voir s'il y avait une chance qu'elle apprécie celui-ci qui ne me semble pas trop typique du cépage. Elle l'a trouvé pas mal pour un gamay, ce qui revient quasiment à une médaille d'or aux Jeux Olympiques !

Sa robe est grenat translucide évoluée. Le nez est fin, sur les fruits rouges confits, le sous-bois automnal et les épices. La bouche est élancée, aérienne, avec une matière soyeuse, très douce, qui vous enveloppe le palais. La finale est plus terrienne, avec une fine mâche sur la cerise noire et le sous-bois.

La robe du Côte-Rôtie est également grenat évolué, mais en plus dense. Le nez est fin, profond, fumé, mêlant le cassis à la fourrure, le poivre à l'eucalyptus. La bouche est de grande ampleur, harmonieuse, avec une matière fine et enrobante. Celle-ci gagne rapidement en intensité et en vinosité, tout en gardant des tanins très fins. La finale est puissante, dominée par le poivre et les épices, avec une persistance sur le cèdre, l'eucalyptus et le poivre cubèbe. Je ne comprends bien pourquoi, mais Véro l'a préféré ;-)




Nous sommes passés aux fromages de caractère...




L'occasion d'ouvrir le Côtes du Jura blanc 1999 du Château d'Arlay que j'ai amené. Didier connaît bien les vins du domaine. Il a souvent croisé Alain de Laguiche lorsqu'il travaillait bénévolement sur le stand d'un producteur de Madiran

Sa robe est d'un or intense, mais pas spécialement évoluée pour un vin de 21 ans. Le nez est riche, atypique même pour un Jura, sur la pâte d'amande, la fleur d'oranger et le beurre noisette. La bouche est élancée, tendue par une fine acidité, tout en offrant une matière mûre, charnue, veloutée même, à la fraîcheur aromatique diffuse.La finale est la fois concentrée et suave, sur les fruits secs et des notes fumées/épicées.

Vendredi après-midi, nous sommes partis au centre équestre pour s'occuper du cheval de Véro qui avait besoin de se détendre les pattes. La température extérieure était glaciale. Nous en sommes revenus épuisés. Tout ce dont nous avions envie, c'était d'une bonne soupe chaude. Après celle-ci, je me suis tout de même laissé tenter par un bout de saumon fumé, et j'ai regoûté les deux Chablis : ils n'avaient pas changé.



Le lendemain midi, la forme et la faim étaient revenues. Nous avons pris l'apéro au Condrieu Les Vignes de Jacques Vernay 2011 du domaine Ogier. (sans cacahuètes, nous sommes raisonnables). Didier sait que je ne suis pas fan de viognier et a donc tenté de me convaincre que c'est un formidable cépage. Ça marche plutôt moyen : même si je le trouve mieux que la plupart de ses congénères, je trouve ça un peu too much. Mais il aura une seconde chance ce soir avec un poulet curry/coco.



Nous attaquons avec un délicieux pâté de couenne maison (qui contient aussi du veau et du canard) qui ne va pas faire un pli. Cela nous permet de fnir le duo de vins rouge d'hier.



Puis c'est confit de canard (également maison) avec des pommes de terres cuites au four et à la graisse de canard. Avec ça, bien sûr, un Madiran, cher au coeur de mes hôtes.



Didier a ouvert un Madiran la Tyre 2001 d'Alain Brumont. Sa robe est grenat très sombre, quasi opaque, avec quasiment aucun reflet d'évolution malgré les 19 ans de la bête. Le nez est plutôt discret, sur les fruits noirs mûrs (avec cassis majoritaire), le cèdre, avec une touche de sous-bois et de fumée. La bouche est à la fois (très) ample et longiligne, avec une matière d'une impressionnante densité qui vous envahit le moindre recoin de votre palais. Mais d'une façon étonnamment douce et civilisée : vous êtes happé et immergé dans celle-ci. Si vous n'avez pas pris une fourchetée de confit, la finale vous balance du tanin à la tonne difficilement supportable pour mon palais de fillette. Par contre, il suffit de se prendre sa dose de bon gras, et hop, les tanins perdent leur dureté pour se faire soyeux, et prolongent alors superbement la bouche, sans le moindre à-coup. Bref, il ne faut pas juger un Madiran hors contexte gastronomique.



Lors de notre "entretien préparatoire au séjour", j'avais demandé à Véro et Didier ce qu'ils aimeraient découvrir comme vins. Un riesling allemand était en haut de la liste. J'en ai donc amené un. Le samedi matin, nous avons pris un ananas Victoria au marché, juste mûr comme il fallait. Il est servi le plus simplement possible, avec juste en bonus le crumble préparé jeudi.



Mosel Graacher Himmelreich Riesling Spätlese 2012, Willi Schaefer : la robe est or clair, brillante. Le nez est intense, sur le citron vert, l'ananas, le ftuit de la passion, avec une touche de citronnelle. La bouche est vive, tendue comme un arc de compèt', avec une fraîcheur omniprésente qui vous saisit dès l'attaque et ne vous lâche qu'une fois la dernière goutte avalée, et encore... Un léger perlant renforce encore celle-ci. L'aromatique – ananas confit, mangue – semble indiquer une matière bien mûre, mais cette dernière reste limpide, cristalline, avec un sucre des plus discrets alors qu'on est techniquement sur un liquoreux. Dans la finale tonique et intense, le citron vert réapparaît, accompagné par le gingembre et le combava, avec toujours un sucre très discret

L'après-midi, nous nous sommes baladés en forêt. Il faisait moins froid que la veille, et cette fois-là, nous en sortîmes revigorés. Nous avons donc fait un vrai repas.


D'abord un carpaccio de noix de Saint-Jacques à la vanille et au citron vert





Puis un curry de poulet au lait de de coco, champignons et carottes.

Les deux ont été accompagnés du Condrieu bu le midi. Cette fois-ci, le contexte fait qu'il m'a nettement plus plu. J''ai donc noté mes impressions.

Sa robe est jaune paille. Son nez est très (trop ?) expressif, sur l'abricot, la violette, le chèvrefeuille , la noix de coco et la vanille. La bouche est très ample, avec une matière douce et aérienne qui vous nappe et caresse le palais. Mais affiche également une belle tension, quand bien même on recherche une trace d'acidité. La finale est savoureuse, légèrement mâchue, sur la pêche jaune et la noix de coco grillée, avec une persistance sur la vanille et les épices.



Je n'ai pas photographié le dessert (un sorbet minute à la mangue), mais juste la bouteille qui l'accompagnait, sortie de la cave de Didier : ce Vin de Constance 2008 de Klein Constantia a une robe entre l'acajou et le cuivre. Le nez est riche, sur le caramel, le muscat confit, le safran, la truffe, avec une pointe d'encaustique. La bouche est aussi tendue qu'elle est voluptueuse, avec une matière onctueuse, sensuelle et une fine acidité traçante en arrière-plan. C'est d'une intensité aromatique impressionnante, sur le même registre qu'au nez, et cela se renforce encore dans une finale impressionnante, avec en bonus de l'orange confite, de la rose fanée, des notes de rancio, puis la truffe qui perdure longuement. Le meilleur Constantia que j'ai pu boire.

Le lendemain, je suis rentré tranquillement dans le Limousin, quasiment seul sur la route. J'en ai profité pour récupérer une bouteille de Champagne achetée la veille à un LPVien. On ne se refait pas...

Eric
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10 Jan 2021 17:57 #1

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Réponse de Silène sur le sujet Changement d'année en douceur

Belles photos et belles descriptions ! Que de beaux plats et de beaux vins ! Eric, tu as l'art de nous donner faim... et soif ! :D
10 Jan 2021 18:20 #2

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