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LPV Baron Le Roy : le retour du pinot noir

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LPV Baron Le Roy : le retour du pinot noir a été créé par Hpesoj

LPV Baron le Roy : le retour du pinot noir
Nous nous retrouvons ce mercredi d’octobre pour une soirée consacrée... au pinot noir, pour faire original. Sur la base des diverses propositions j’ai concocté une petite sélection type « Bourgogne contre le reste du monde » même si la taille de l’échantillon ne nous permettra pas bien sûr de tirer de conclusion trop générale. Suite à quelques empêchements de dernière minute, nos rangs se vident malheureusement un peu mais seront complétés par des invités de notre hôte du soir, dont un observateur extérieur du cercle Lutèce en la personne de Jean-Claude.

En attendant le dernier arrivé, Jean-Pierre nous sert une bulle liminaire.

Vin n°0
Robe dorée tirant sur l’orangé. Premier nez plutôt expressif sur des notes d’orange, un léger beurre. Etonnamment je trouve qu’il a plutôt tendance à se calmer à l’aération. Attaque suave à la texture agréable mais qui s’affine et se prolonge, laissant une impression de dépôt un peu acide (la fameuse « empreinte calcaire » que certains emploient je pense) sur le palet. On hésite, chardo (pour moi avec cette droiture en milieu et fin de bouche), pinot noir, voire meunier pour les agrumes bien mûrs… il s’agit d’un Champagne des Frères Mignon sur 2016, à majorité de pinot noir sur Cumières.

On commence par une première paire.

Vin n°1

Robe très claire, avec de bons reflets violacés quand-même. Ça pinote clairement (tant mieux vu la thématique), sur une cerise affirmée, avec des notes florales et un côté fumé relevé par Jean-Claude. La bouche est à la fois délicate et très pleine, enveloppante, longue, un côté presque beurré (mais tout en finesse !). C’est délicieux de l’avis général.

Vin n°2

La robe est sur les même tons, mais légèrement plus dense. Pas de cerise de ce côté, on nous annonce de l’olive, du cuir. Je trouve qu’il y a du fruit quand-même mais c’est clair que par rapport à l’essence de pinot dans le verre voisin, ça fait plus sudiste ! Certains évoque un côté « amandé », voire des notes de colle (Cléopâtre, pour ceux à qui cela évoque quelque chose…). Je trouve le vin assez velouté en bouche mais c’est clair qu’il n’a pas l’élégance et la délicatesse de son voisin. Pêlemêle, certains le trouvent un peu rustique et serré, avec un côté pommadé (dans l’aromatique, la texture ou les deux ?), tout le monde est d’avis que cela chauffe un peu en bouche.

Le vin n°1 est vite pronostiqué sur un beau 1er cru « voire plus », en côte de Nuits même si d’aucuns voudraient y voir un côte Chalonnaise, quand au n°2 on se perd en conjectures, sur un terroir chaud voire très chaud certes, en Mâconnais ou Chalonais, la Californie proposée par Romain ne fait pas l’unanimité (si je comprends bien le vin reste quand-même trop fin et l’élevage pas assez ambitieux malgré tout). Dominique Laurent est évoqué par Jean-Pierre pour ce style « concentré / élevé » (pour utiliser des termes moins péjoratifs).Comme je dis que c’est le même millésime, c’est la panique : on me propose des millésimes chauds jeunes (18) ou moins (09 ou 15), des millésimes plus frais quoique récents (16/17, avec un penchant pour 17)…

Le verdict tombe, il s’agit à gauche d’un Fixin 1er cru les Arvelets 2017 de Berthaut Gerbet, à droite d’un Enclos 2017 de la Terrasse d’Elise, un pirate en Mourvèdre des Terrasses du Larzac donc, tous deux sur 2017. Bien sûr, quand le mourvèdre est annoncé, je me fais accuser des tous les maux car « bien sûr, si on change les termes de l’énoncé, le raisonnement n’est plus le même » etc… Au final, tout le monde s’accorde sur la grande qualité du Berthaut Gerbet, et son accessibilité malgré sa jeunesse, ce qui va dans le sens de ce qu’on lit par ici à propos de 2017. Je me sens désolé pour l’Enclos qui n’a pas été présenté sous son meilleur jour dans cette confrontation, mais dont une ouverture plus à l’avance (6h pourtant) est prescrite, ainsi qu’un peu de vieillissement (Laurent, qui n’a pas pu être des nôtres malheureusement, préconise par exemple 6 à 8 ans, voir fil afférent, je le savais je dois avouer). En tous cas, sur cette paire en particulier, on ne peut pas dire que le pirate ait fait grand effet même s’il n’a pas été explicitement désigné comme tel. 

Vin n°3

On passe à un vin isolé, à la robe très peu colorée, qui brique légèrement. Je passe un peu à côté je dois dire, enfin je le considère plutôt fermé aromatiquement. Autour de la table on annonce quand-même un côté ronce / séveux, voire fraise / grenadine un peu artificiel. La bouche présente une certaine droiture, voire est un peu stricte : attaque légèrement fruitée prolongée par un côté acidulé, avec une nette accroche tannique mais qui file droit, avec un côté légèrement alcooleux qui ne demande qu’à se révéler un peu lorsque la température monte.

On me parle d’un millésime un peu évolué, pour la couleur surtout. Les gens sont perdus, c’est chaud et assez tannique mais sans côté confit, et à la fois l’acidité est importante avec un côté strict… sur cette base Gabriel part plutôt sur 12 ou 14 pour le couple fruité / acidulé, 08 ou 11 sont évoqués par Jean-Claude, qui finit par soupçonner que nous ne sommes pas en Bourgogne, voire même en Italie, voire pas en pinot noir… Et de fait il s’agit d’un Langhe Nebbiolo 2019 de Fratelli Alessandria !

Deux pirates sur trois vins, mais que fait le MC ??? Heureusement il reste encore 5 vins pour se rattraper, à commencer par une paire que j’annonce fièrement comme une « pseudo-paire » !

 Vin n°4

Le contraste est frappant entre les deux robes de la paire. Malgré les mêmes tons de rouge tirant sur un peu sur la brique, on a ici un cœur plein et opaque tandis que c’est complètement translucide dans le verre de droite (cf ci-dessous). Le nez est incroyable, puissant et changeant : cela commence par très beau fruit rouge avec un brin de côté fermier (volatile ? Mais peut-être qu’en non-aveugle je m’auto-suggère), de laurier. Puis c’est vite épicé, envoûtant, évoquant une parfumerie orientale, avec un côté résineux évoqué par certains. Au final, ce qui reste ce sont surtout des notes capiteuses de fleurs (je trouve de l’hibiscus, d’autres de la rose) et de feuilles (tabac à cigare pour Romain) séchées, sur un fond de fruit (et sa tarte d’après Jean-Pierre). On lui trouve un côté un peu putassier, pourtant j’ai l’impression que tout le monde est plutôt scotché par ce nez, en bien (moi) ou en moins bien (d’autres, mais pas tout le monde !). On s’est tellement attardés sur ce nez que nous n’avons pas vraiment évoqué la bouche, que je trouve assez pleine, une légère sucrosité peut-être suggérée par l’aromatique mais qui ne me marque pas tant que cela. Cela reste enveloppant, assez fin tout de même, long aussi. 

Vin n°5

On est donc ici aussi sur un rouge très légèrement évolué, mais plutôt translucide au coeur, on a l’impression troublante d’observer le négatif du verre de gauche. La cerise est bien là, ça pinote pour la deuxième fois de la soirée ! Mais je trouve qu’on a ici une note légèrement gênante qui se superpose, un côté cendre froide, sans que cela soit terrible. La bouche est jolie, sur la cerise, assez droite mais pas très pleine et présente même une relative austérité, voire maigreur pour les plus durs d’entre nous (effectivement, je lui trouve en effet un petit côté auxerrois).

Si à gauche les gens sont perdus, à droite on part assez vite sur Gevrey pour Jean-Pierre (pris à son propre piège !), peut-être le sancerrois pour Gabriel qui parle de notes d’amande, Jean-Claude pense que c’est Bourguignon. Le vin de gauche évoque des Ermitage de Chave à certains pour son côté oriental, mais d’autres trouvent que c’est quand-même trop aérien et le consensus reste sur plutôt sur du pinot. J’annonce que c’est une fausse paire, avec des vins d’âge similaire mais de millésimes différents, on part assez vite sur un pivot autour de 15 (15 à gauche, 14 ou 16 à droite), voire 09/10 pour certains.

Bien sûr le résultat final est difficile à pronostiquer puisque ces deux vins n’ont pas un mais un demi millésime d’écart ! Il s’agit d’un Montsecano Pinot noir 2015 provenant de la Vallée de Casablanca à gauche et d’un Fortuni pinot nero 2014 en IGT Toscana à droite. Tout le monde est impressionné qu’on puisse faire un tel vin en Toscane, si frais. L’association l’a peut-être desservi mais certains le préfèrent tout de même par son style bourguignon, moi j’adore ce qu’offre le Montsecano même si ce n’est clairement pas ce qu’on attend d’un pinot noir classique (entendre « un Bourgogne »).

S’ensuit une « vraie » paire (ainsi qu’une décroissance rapide du volume et de la précision de mes notes).

 Vin n°6

A gauche, la robe est assez translucide, rouge brique. Au nez, c’est (une nouvelle fois ?) très pinotant, sur la cerise et son noyau. La bouche est superbe, douce et enveloppante malgré un côté acidulé qui lui donne du peps, des tanins poudreux se font légèrement sentir en finale.

Vin n°7

A droite, si elle reste assez claire, la robe est tout de même un peu plus dense et plus jeune. Le vin est assez peu expressif au nez, sur un fruit un peu mâtiné de notes d’élevage, l’aromatique se révélant un tout petit peu plus en bouche. Certains le trouvent un peu chaleureux, un peu trop « élevé » (on évoque Bruno Clair) aussi. Ça reste assez fin et gourmand de mon point de vue, mais c’est sûr que le vin souffre un peu de la comparaison avec son comparse.

Pas de grand débat dans mes notes, on se risque sur Vosne pour le vin de gauche qui s’avère être un Chambolle-Musigny Les Véroilles 2014 du domaine Bart. A droite, le Sancerre Charlouise 2014 de Vincent Pinard est tout de même plutôt pronostiqué en Bourgogne à nouveau si ma mémoire n’est pas trop inventive.

On termine la thématique avec un vin n°8 à la robe plus sombre, un peu brique, légèrement trouble. Je trouve que la caractéristique qui démarque ce vin est un nez un peu viandé (d’autres parlent d’un côté animal, ou encore plutôt sanguin). Il y a du fruit aussi certes, mais ce n’est pas dominant comme sur certains vins précédents. En bouche, le vin est plutôt puissant et tannique, il a un côté séveux qui rappelle la rafle pour Jean-Pierre. Ça hésite entre 09 d’un côté, 07 ou 11 d’un autre… quand 10 est révélé, il se dit que le vin doit provenir d’un « gros » terroir car il a déjà 11 ans mais semble en avoir encore sous le pied, Jean-Claude dit qu’il n’est pas sûr qu’on soit en Côte de Nuits (mais s’assure que je le note d’un coup d’œil discret). Il s’agit en effet d’un Pommard 1er cru les Epenots du domaine Jean-Louis Moissonet-Bonnard.

Pour les fromages, Jean-Pierre nous a sorti un blanc dont on identifie assez vite qu’il doit s’agir d’un chardonnay bourguignon (principalement en raison de son apporteur). Le vin est frais et nettoie bien la bouche mais on part plutôt sur la Côté de Beaune car pas de signe de coquille d’huître. Il y a pas mal de matière, on part sur Puligny pour dire un nom… il s’agit en fait d’un Bourgogne Côte d’Or 201? du domaine Henri Germain, un beau vin pour une appellation régionale.

Quelques conclusions personnelles :

- deux coups de cœurs pour ma part (le Berthaut-Gerbet et le Bart) : une révélation pour moi, je (re)trouvé le pinot que j’aime, délicat mais plein à la fois (et au final qui n’aurait pas forcément besoin de tant d’années pour être délicieux ?), il faut vraiment que je me mette à rechercher ça !
- en dehors de ça j’ai beaucoup aimé le Montsecano aussi, qui a une vraie personnalité propre
- de mon point de vue, les challengers à la Bourgogne et les pirates n’ont pas vraiment renversé la table, même si le Fortuni et le Charlouise ont pu faire illusion sans souci sur leur origine. Petite déception avec l’Enclos 2017, dans ce contexte du moins, promis j’attends les prochaines quelques années et je les bois comme un Languedoc, pas comme un ersatz de pinot ! ^^

Au final une très jolie série, et une soirée à l’avenant. Merci à Jean-Pierre pour l’accueil et à ses invités du soir qui sont venus compléter les rangs clairsemés de notre cercle. Et vivement la prochaine !

Joseph

PS : pour l'instant je laisse le CR : en attendant de tout reporter dans les rubriques idoines.
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21 Oct 2021 16:39 #1

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Réponse de didierv sur le sujet LPV Baron Le Roy : le retour du pinot noir

Comparaison intéressante entre les VEROILLES de BART et CHARLOUISE de PINARD
Deux des mes domaines incontournables
Peux tu développer les commentaires e dégustation stp ?

Didier
21 Oct 2021 18:54 #2

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Réponse de supervedro sur le sujet LPV Baron Le Roy : le retour du pinot noir

(Laurent, qui n’a pas pu être des nôtres malheureusement, préconise par exemple 6 à 8 ans, voir fil afférent, je le savais je dois avouer). 
 

Effectivement si j'avais pu te mettre un des enclos 13 ou 11 qui me restent en cave, on se serait bien marré!
ça avait l'air encore d'être une super soirée, j'espère pouvoir rapidement me rejoindre à vous!
Laurent

"Le vin c'est comme une boîte de chocolats..."
22 Oct 2021 09:30 #3

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