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Weekend à Bordeaux avec La RVF

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Weekend à Bordeaux avec La RVF a été créé par bdc

J'ai eu la chance de participer la semaine dernière à un magnifique séjour organisé par La Revue des Vins de France au cours duquel nous avons pu visiter (et déguster!) 9 châteaux prestigieux du Médoc et de Sauternes, le tout mené avec brio par Olivier Poels.

Château Batailley



On démarre par Pauillac avec la visite fort intéressante du Château Batailley (5e GCC) suivi d'une dégustation de deux de leurs trois vins sur le splendide millésime 2016. Vous vous en doutez, des Pauillac aussi jeunes c'est encore dur, mais je suis surpris par la buvabilité de leur second vin, les Lions de Batailley, et le plaisir immédiat que procure ce dernier. Leur premier vin, servi dans la foulée, est nettement supérieur selon moi, mais il aura également besoin de beaucoup plus de temps pour parvenir au même degré d'accessibilité que les Lions. Un vin résolument de grande garde composé de 85% de Cabernet Sauvignon et qui, je pense, deviendra grandiose à maturité.

Nous poursuivons la dégustation par un déjeuner mémorable au château avec Mr Castéja en personne. Le repas est délicieux et nous avons l'immense honneur de déguster Château Batailley sur trois vieux millésimes. 2005 ne me parait pas encore totalement en place (comme c'est souvent le cas sur ce millésime à Bordeaux). Le 89 est quant à lui resplendissant! L'archétype du grand Bordeaux à maturité, avec tout le soyeux, la longueur et les jolies notes tertiaires bien présentes mais pas ostentatoires. Le 75 est intéressant également mais il a très clairement passé son heure de gloire. Très grand moment de manière générale, ça restera gravé dans ma mémoire.

Château Margaux



Le plus prestigieux des châteaux visités, et paradoxalement la plus grosse déception également. Le château lui-même fait bien évidemment rêver, mais la visite fut peu captivante, presque transactionnelle, et la dégustation quelque peu décevante. Nous commençons par le Pavillon Rouge 2010 qui, à mon sens, ne présente pas beaucoup d'intérêt malgré la qualité du millésime. La côte iDealwine actuelle de ce vin est de 178 €, ce qui me paraît être de la folie pure au vu de la qualité très discutable de ce second vin. Nous attaquons ensuite Château Margaux sur le millésime 2006. Bien que la magie n'opère pas totalement, on a tout de même un magnifique toucher de bouche, des tanins parfaitement intégrés, et de manière générale un vin beaucoup plus abouti que le Pavillon Rouge. À revoir peut-être dans quelques années ou sur un millésime plus généreux mais en l'état, je n'ai pas retrouvé l'émotion que d'autres 1er GCC ont pu me procurer par le passé.

Château Beychevelle



Nous terminons cette première journée à Saint-Julien au Château Beychevelle (4e GCC) où nous logerons ensuite, perspective qui m'enchante car l'endroit est féerique. Le chai est impressionnant de modernité et contraste bien avec le grand classicisme du château lui-même. Nous avons l'occasion de déguster (entre autres) leurs primeurs 2021, ce qui est une expérience tout à fait inédite pour moi et qui confirme l'extrême difficulté et mon incapacité à juger des Bordeaux si jeunes. C'est très instructif de pouvoir écouter les commentaires d'un dégustateur chevronné tel qu'Olivier Poels sur ce genre de vins dont le potentiel m'est totalement inaccessible à ce stade. Fort heureusement, les vins servis durant l'excellent repas sont beaucoup plus accessibles sur des millésimes plus anciens dont 2009 et 2001. Nous finissions malheureusement sur une petite déception avec le 1981 en magnum totalement décharné et déséquilibré.

Château Lynch-Bages



Nous débutons cette deuxième journée à Pauillac avec la visite de l'ultra-moderne et gargantuesque chai du Château Lynch-Bages (5e GCC) imaginé par l’architecte Chien Chung Pei. C'est extrêmement impressionnant, tant au niveau de sa taille que de son approche industrialisée à l'extrême. Le bâtiment lui-même manque de charme et d'authenticité à mon goût, mais on ne peut nier l'efficacité de cette usine, car c'est bien de ça qu'il s'agit. Le nombre de barriques entassées est lui aussi démesuré, je n'ai jamais rien vu de tel. On passe ensuite à la dégustation, à mon sens mal calibrée. Pauillac nécessite vraiment une vingtaine d'années pour révéler sa magie, et je suis donc surpris de déguster un 2016 horriblement tannique avant de poursuivre sur un 2005, presque tout aussi rigide. Je suis plus frustré par cette dégustation que je ne devrais l'être, mais j'ai du mal à comprendre ces choix à l'heure où le Bordeaux Bashing bat son plein, entre autres provoqué par ces grands vins totalement inaccessibles dans leur jeunesse. Ces Châteaux se doivent d'éduquer leur clientèle et de leur faire comprendre la magie que leurs vins procurent à maturité plutôt que de servir à 10:45 du matin sans aération préalable des millésimes qui s'ouvriront dans 25 ans. Je comprends tout à fait qu'ils ne peuvent pas servir du 1990 à chaque visite, mais il me paraît envisageable de faire déguster des millésimes peut-être plus faibles mais toutefois plus accessibles aujourd'hui que les opulents 2016 et 2005. Leur blanc servi en dernier est bienvenu pour se rincer les gencives imprégnées de tanins.

Château Léoville Poyferré



Saint-Julien apparaît après coup d'une douceur phénoménale en comparaison et Mme Cuvelier nous régale lors d'un déjeuner (une fois encore grandiose) de quelques millésimes, eux, tout à fait accessibles, dont un 2004 resplendissant, millésime pourtant souvent resté dans l'ombre du célèbre 2005. La guide (californienne mais parfaitement bilingue) fut particulièrement intéressante et énergique, nous donnant contrairement aux autres domaines davantage d'explications et d'exercices pratiques sur la vigne et les cépages utilisés.

Château Haut-Bages Libéral



Retour à Pauillac avec le 5e GCC Château Haut-Bages Libéral dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'ici. Ce fut la grande surprise du séjour, avec un domaine extrêmement progressiste mené en biodynamie par Claire Villars-Lurton qui nous explique avec une passion palpable les progrès et innovations techniques entamées depuis 40 ans. Le domaine ne fait que 30 hectares et on est très loin ici des chais grandioses de Château Margaux et Lynch-Bages, tout est plus plus rustique, à taille humaine, et quelque part plus charmant. La parcelle est accolée aux vignes de Latour et Pichon Baron mais le profil des vins me paraît fort différent bien que le terroir soit, je présume, très similaire. Les vins sont éclatants, précis, et offrent déjà une grande buvabilité malgré leur jeune âge. Je ne serais pas étonné qu'ils récoltent une étoile dans le prochain guide vert, c'est vraiment très prometteur. Nous repartons tous avec une bouteille de 2014 en cadeau que j'aurai beaucoup de plaisir à déguster dans quelques années en me remémorant cette visite passionnante!

Château Giscours



Nous terminons en beauté cette deuxième journée bien chargée avec un dîner absolument grandiose au magnifique Château Giscours (3e GCC) à Margaux. Je ne suis pas un grand adepte de cette appellation, mais j'ai malgré tout pris énormément de plaisir sur ces vins d'une élégance folle. Le 2010 était magnifique et déjà bien ouvert mais c'est sans conteste le 1990, servi en fin de repas, qui sera la star de la soirée. Probablement le meilleur vin bu sur ces trois jours, qui plus est servi à température adéquate (± 16°) contrairement à de nombreux autres domaines. Les commentaires pointus de Jérôme Poisson tout au long du repas ont également permis de mieux comprendre les millésimes et de les apprécier en ayant plus de contexte sur leurs spécificités et leur histoire.

Château de Rayne Vigneau



Nous entamons cette troisième et dernière journée à Sauternes avec Rayne Vigneau que je ne connaissais que de nom. Visite intéressante où nous avons eu l'occasion de déguster leur primeur 2021 directement depuis la barrique, ce qui était une grande première pour moi. La verticale dégustée par la suite sur 6 millésimes ne m'a malheureusement pas convaincue. J'ai trouvé ces vins extrêmement lourds, parfois un peu patauds, et il est indéniable qu'une bonne quinzaine d'années supplémentaires seront nécessaires à atteindre un niveau de sucrosité acceptable, même pour le 2002 dégusté en dernier et qui commençait à peine à se patiner. L'opulence de ces vins m'a rappelé Rieussec que je n'apprécie pas particulièrement non plus.

Château Sigalas Rabaud



Notre périple se termine avec l'un de mes Sauternes favoris: Sigalas Rabaud. Nous avons l'honneur de visiter le domaine et de déjeuner en compagnie du Marquis de Lambert des Granges qui nous régale d'histoires passionnantes sur le domaine et son terroir unique. Le Marquis a beau avoir 90 ans, il possède la même énergie et la même vivacité que ses vins! Il faut croire que le Sauternes, ça conserve. Au-delà de leur Sauternes que je connais bien et dont j'apprécie particulièrement la fraîcheur, nous dégustons également La Demoiselle de Sigalas, un vin blanc sec qui a vu le jour sous la direction de la fille du Marquis, Laure, par ailleurs très active dans la création d'une nouvelle appellation pour ces sauternes secs. C'est intéressant, et je suis surpris de constater qu'on est sur tout à fait autre chose qu'un Pessac blanc. La magie demeure toutefois pour moi dans leurs Sauternes qui, servi sur un plateau de fromages, confirme tout le bien que je pense de ce domaine. J'espère sincèrement que le Sauternes retrouvera de l'intérêt auprès du grand public car la qualité de ces vins (et de Sigalas en particulier) mérite amplement qu'on s'y attarde davantage.
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13 Jui 2022 14:44 #1

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Réponse de Vaudésir sur le sujet Weekend à Bordeaux avec La RVF

Chez Lynch-Bages ils auraient pu vous ouvrir un ou 2 Ormes de Pez bien plus accessible , mais quand j'y suis passé il y a 7/8 ans ce n'était deja pas glorieux ( heureusement rien payé  ) .
Et le Lafaurie 2009 c'était comment ? 
Stephane 
13 Jui 2022 16:03 #2

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Réponse de francois999 sur le sujet Weekend à Bordeaux avec La RVF

Merci pour ce beau reportage
Lynch bages : Je trouve que ce vin a produit des vins tres tres tannique depuis 2005... 
Mais des 2021 que j'ai pu gouté c'est celui qui avait le plus de fond ...
Pas étonné des resultats sur giscours et leoville poyferré

Francois // chaque avis est subjectif et la somme des subjectivités fait une objectivité (F Mauss)
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13 Jui 2022 17:50 #3

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