Cette dégustation a constitué la troisième étape de mon marathon de dégustations de la semaine, et on continue à monter en nombre de bouteilles.
Comme chaque année, mon club Amphores de Bourges organise un petit jeu, avec des questions théoriques et des questions pratiques (recherche à l’aveugle du cépage, de la région, voire du millésime).
Je suis préposé au service et forcément pas à l’aveugle. Mes notes seront donc succinctes et je donnerai quand même un avis sur la difficulté pour trouver le cépage, unique ou prépondérant, pour chaque vin. Cet avis est forcément très biaisé…
Domaine Vincent Carême – Vouvray Brut – Plaisir ancestral – 2020
Ce vin pétillant est non dosé, et titre 13, 5 ° !
La robe arbore un bel or.
Le nez intense est axé sur le fruit, avec de la pomme verte prégnante, une infime touche grillée et une autre végétale.
La bouche présente un fruité plus discret et une bulle posée, et est bâtie autour d’une acidité vertébrale qui l’emmène jusqu’à une finale plus généreuse et sereine.
Bien +(+)
Trouvable mais pas facile (une seule équipe a trouvé).
Château de Tracy – Pouilly-Fumé – Mademoiselle de « T » – 2022
La robe est de couleur paille soutenue.
Le nez vraiment très intense, presque puissant, sauvignonne en affichant un caractère variétal : buis et bourgeon de cassis, teinté de quelques notes de fruits jaunes (venant du millésime chaleureux ?).
L’attaque est ronde, une belle vivacité prend ensuite le dessus, mais l’aromatique en rétro-olfaction reprend malheureusement celle du nez. La finale assez longue fait ressortir un côté végétal un peu caricatural.
Assez Bien + car sans défaut mais je n’ai pas apprécié.
Pour moi, évident (la majorité des équipes ont trouvé mais pas toutes ; ah, la dure loi de l’aveugle…).
Domaine William Fèvre – Petit Chablis – 2021
La robe hésite entre paille et or, et moi aussi…
Ouvert sans plus, le nez associe senteurs marines (c’est plus facile quand on connait l’origine du vin) et fruits blancs.
La bouche s’équilibre entre une chair d’un bon volume et une grande tension. La longue finale bénéficie d’un beau retour salin.
Bien ++ / Très Bien
Trouvable, mais pas simple car le caractère chablisien, même si ce n'est pas du kimméridgien, l’emporte sur les attributs du chardonnay.
Domaine Laurent Perrachon et Fils – Moulin à Vent – Terres Roses – 2021
La robe n’est pas très sombre et bien violacée, sur les bords et même en partie au cœur du disque.
Le nez intense offre des fruits noirs, une inflexion de violette et une sensation pierreuse.
La bouche se révèle gouleyante et fruitée, mais d’une maturité un peu juste. La vivacité appréciable et les tanins souples du cœur de bouche ouvrent sur une finale d’allonge honnête mais assez végétale.
Bien
Pas facile, même si beaucoup d’équipes ont trouvé, mais on pouvait aussi s’orienter vers du cabernet franc.
Domaine Gérard Courbis & Fils – Saint-Joseph – 2021
La robe est bien sombre et jeune.
Expressif et typé, le nez propose un univers floral (violette), fruité (cassis) et épicé (poivre).
La bouche bien en chair est dotée d’une grande fraîcheur qui évite de tomber dans la mollesse. Le toucher se montre soyeux, rien ne dépasse, l’aromatique est avenante : bref, on apprécie, d’autant que la finale assez persistante garde densité et sapidité.
Très Bien (+)
Classique, et d’ailleurs la majorité des groupes ont trouvé.
Domaine Alphonse Mellot – Côtes de la Charité – Les Pénitents – 2020
Il s’agit d’un monocépage de pinot noir.
Très sombre, la robe laisse percevoir des reflets violets de jeunesse.
Le nez est doté d’une grande intensité et livre des fruits noirs finement compotés, nuancés d’une note de chocolat et d’un trait mentholé qui apporte une touche de fraicheur dans cet univers très sudiste.
La bouche est rondement assise sur une grosse matière au fruité expressif, elle-même tenue par une belle charpente. Cette sensation chaleureuse qui confirme le nez vient aussi d’un caractère capiteux (14,8 ° !) et de tanins denses et solides. Une fraicheur bienvenue lui permet de garder le cap jusqu’à une finale plus en finesse.
Très Bien
Introuvable ; je pense que j’aurais annoncé un Châteauneuf-du-Pape à l’aveugle...
Château Saint-Georges – Saint-Georges Saint-Emilion – 2009
La robe est très sombre et bien tuilée sur la frange.
Très intense et classieux, le nez exhale du tabac et du cuir noble, sur une base de fruits bien noirs très avenants.
La bouche est au diapason, harmonieuse et fondue, toute en équilibre : fruité encore jeune, acidité calibrée et tanins apaisés s’associent pour offrir un ensemble abouti et délicieux. La finale d’une belle persistance est l’élégance même.
Très Bien +(+) déjà et promis à un bel avenir pour au moins dix ans.
Région très facile, cépage dominant merlot (80 %) trouvable et trouvé par de nombreuses équipes.
Mas Amiel – Muscat de Rivesaltes – 2020
Le nez très généreux et enjôleur affiche des arômes muscatés prégnants, juste complétés par des touches furtives de rose et de litchi. On retrouve donc la dualité classique muscat – gewurztraminer.
La bouche montre une belle densité, plus en fruit qu’en sucre, ce qui aboutit à un équilibre intéressant, d’autant que la tension n’est pas en reste. Une légère sensation d’alcool peut faire pencher vers un VDN et élimine donc le gewurztraminer.
Heureusement, car la finale s’étire sur de fins amers complexifiants, plus caractéristiques du gewurztraminer.
Très Bien (+)
Très trouvable et … très trouvé
Une dégustation intéressante, avec ses hauts et ses bas en qualité et en typicité, mais c’est difficile d’être sûr de la typicité des vins sans les avoir goûtés avant…
Un grand merci à l’ami Claude qui a organisé ce beau programme !
Jean-Loup