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académie des vins anciens - séance du 4 octobre

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Mes commentaires ne couvrent pas tous les vins, puisque chacun a bu 12 vins sur une trentaine. J'ai un peu triché en en buvant plus.
On ne peut pas prétendre à une vérité de jugement puisque les conditions de ma dégustation étaient assez précaires puisque je surveillais ce qui se passait.
Lisez plus le ton général que la précision descriptive.
François Lory a aimé les deux Santenay, ce qui prouve le pouvoir de l'oxygène dans le verre, qui a transformé plus d'un vin.

Dans une belle salle de l’hôtel Crillon, avec une équipe que l’on sent rôdée, attentive, efficace s’est tenue la première séance officielle de l’académie des vins anciens, forte, malgré les grèves de transport handicapantes, de 43 académiciens de la première promotion.
J’ai ouvert tous les vins apportés parfois tard, ce qui fait que tous n’ont pas disposé du repos nécessaire avant une belle dégustation. Mais globalement la tenue des vins fut remarquable. Nous étions répartis en six tables de six à huit personnes et chaque bouteille était affectée à deux tables et quatre tables pour les magnums. Après le discours de bienvenue rappelant les objectifs de l’académie, nous avons goûté une bonne douzaine de vins chacun sur les excellents et goûteux fromages de Bernard Antony et des chocolat de Oriol Balaguer, le El Bulli du chocolat. J’ai goûté un peu plus de vins que d’autres, car lorsque j’allais vérifier si tout allait bien, on me tendait souvent un verre pour que je partage l’émotion d’un vin. Voici quelques rapides impressions sur les vins de cette soirée.
Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964. Dégorgé en 1994. Champagne magistral. Intense au nez, c’est sa longueur en bouche et sa plénitude qui marquent le palais. Du champagne Salon 1983 je n’ai eu qu’un demi centimètre cube, insuffisant pour me faire une idée, mais il fut apprécié, comme ce magnum de champagne Diebolt-Vallois 1976 millésime que j’avais déjà goûté dans la cave de Jacques Diebolt, et dont la seule gorgée que j’eus ici n’était pas très expressive, silhouette entraperçue, qu’un examen, s’il avait été à ma table, eût mieux située.
Le "Y" d'Yquem 1962 en demie bouteille avait à l’ouverture un nez de liquoreux, au cousinage avec Yquem affirmé. Un voisin de table n’accrochait pas à ce vin dans les premières gorgées mais fut conquis dès que ce magistral vin fut pleinement ouvert. Grand sec devenu plus doux. Très belle expression gustative
Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1986. Une générosité, un envahissement en bouche par la pureté du Riesling absolu. Une leçon de chose. Le 1976 m’avait ému récemment et le 1990 hier. Celui-ci est aussi d’une belle lignée. Le Riesling Hugel m’avait été annoncé par Jean Frédéric Hugel comme de 1953. Je l’avais gardé en cave dans son emballage. Au moment de l’ouvrir, je constate que l’étiquette dit 1961. J’ouvre, et le bouchon me dit 1981. Les académiciens qui l’ont bu pensent que c’est plutôt 1981. Et quand aux vendanges tardives annoncées, on ne les a pas retrouvées dans le verre. Voilà un bien joli mystère que je vais aller vérifier sur place en répondant à l’aimable invitation du généreux donateur de cette bouteille au goût fort bon, élégant, mais assez loin de ce que dit son étiquette.
Le Montrachet maison Bichot 1935 n’était pas à ma table, comme le Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1955. Je n’ai fait que sentir le 1935, superbe, dans une évolution évidente mais fort racé. J’ai eu un verre rescapé du Corton Charlemagne éblouissant de présence aromatique au mûrissement élégant.
Le magnum de Gruaud Larose 1975 avait une légère trace de poussière au nez, mais quand on attendait suffisamment, le vin reprenait de la rondeur fruitée, sans être véritablement puissant. Le Mouton-Rothschild 1990 fut plus apprécié à une autre table qu’à la notre, alors qu’il s’agit de la même bouteille. Ce vin que j’ai plusieurs fois apprécié chez moi, sujet de controverses sur les forums de vins, m’est apparu ce soir limité. Un peu même impression avec le Sociando Mallet 1975 qui a un beau nez, une belle attaque et finit en sourdine.
Le Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1975, d’après ce que j’ai entendu, était fort bon et le Château Fombrauge 1962 selon des sources forcément autorisées en a surpris plus d’un par sa belle qualité.
Le Lafite Rothschild 1964 que nous avons goûté était magnifique. Il est en pleine évolution vers sa séniorité. Mais il est tellement typé, expressif, roué comme un bourgogne que j’ai pris un plaisir intense en le buvant.
Le Vega Sicilia Unico 1966 était extrêmement bouchonné, très probablement à cause d’une période trop longue où son auteur l’aura gardé après avoir ôté la capsule. Même si le vin accusait moins de faiblesse en bouche, nous n’avions pas le vin qu’il fallait avoir. Je n’ai pas écouté aux portes du Lynch Bages 1964, donc je n’en sais rien. Les deux Santenay Clos de Tavannes Fauconnet 1959 apportés par un académicien fort aimable et compétent qui m’assista lors des ouvertures de bouteilles avaient un niveau franchement trop bas. Des nez très fatigués dont l’un s’est révélé un peu bouchonné. Je ne les ai qu’à peine goûtés, sans pouvoir porter un jugement, car c’est la « bouteille à moitié pleine ou à moitié vide ». Objectivement, des vins usés. Un convive m’a fait une farce en m’arrêtant du bras, en me disant à propos de Santenay : « goûtez comme Palmer 1961 est sublime». Je ne suis pas tombé dans ce piège souriant.
Le Monthélie 1947 apporté au dernier moment (après mon discours !) fut un vin éblouissant, ce qui prouve que si l’oxygène joue un rôle crucial, il n’a pas de monopole. Pas d’étiquette, pas de propriétaire recensé. Mais un de ces goûts virils de forêt, de champignon, voilà pour la fatigue, mais aussi de vrai charme. Un beau vin de découverte.
Le Palmer 1961 a décoché à l’ouverture son parfum inimitable en un temps qui frôle le faux départ au 100 mètres. C’est spectaculaire. Riche, puissant, de longueur infinie, c’est un vin immense que mon abnégation sans bornes m’avait poussé à affecter à deux tables autres que la mienne.
Le Palmer 1959 était très différent. J’avais en tête que je préférais le 1959 au 1961. Or ici, ce 1959 objectivement intelligent, romantique à souhait, ne peut rivaliser avec la puissance insolente du 1961.
Le Pape Clément 1929 était ma bouteille officielle d’académicien, puisque j’en avais ajouté d’autres. Je suis naturellement plus critique envers une bouteille dont je suis l’auteur et ce vin, où l’on sent les qualités potentielles, que j’aurais sans doute révélées en procédant à une mise en valeur comme dans mes dîners (présence sur place huit jours avant contre un voyage le jour même), ne m’a pas plu. Le message est là, mais caché, voilé. C’est dommage.
Le Martha's Vineyard Heitz Cellars Cabernet 1990 de Californie n’était pas à ma table. Son parfum diffère fortement de nos senteurs hexagonales. La goutte que j’en eus sans préparation gustative ne m’a pas parlé comme elle aurait dû.
On m’a dit que le Château Talbot 1934 fut sublime. L’odeur quand je l’ai ouvert était splendide.
Des cierges devraient être mis dans toutes les chapelles de la capitale puisque j’avais décidé de ne pas être à la table où apparaîtrait cette bombe sexuelle absolue : le Château Chalon Marius Perron 1959. Le Seigneur m’a récompensé car j’en eus un petit verre. Quand je bois cela avec un sublime Comté de 2001, plus rien n’existe autour de moi, même pas les charmantes académiciennes, minoritaires de notre académie.
Le cadeau de François Mauss empêché d’être avec nous fut une surprise colossale pour les participants de quatre tables puisque nous avions deux bouteilles de Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989 invraisemblable de puissance ensoleillée. Chaud, sensuel, charmeur et long en bouche, un vin de pur plaisir. Jamais personne ne croirait qu’un Montlouis puisse atteindre ces sommets là. La goutte de Yquem 1994 à ce stade de la soirée me parla peu, alors que le château Filhot 1929 trompettait de bonheur. Quel vin raffiné tout en délicatesse élégante ! Un de mes plus grands plaisirs de la soirée fut de voir le sourire de son auteur, ravi de constater que sa bouteille était bue par des convives heureux de la boire et suffisamment connaisseurs pour en saisir les finesses. Le but de l’académie était atteint grâce à ses yeux rieurs, émus, joyeux d’avoir partagé un de ses trésors.
Le château Rabaud 1947, réunion à cette époque de Sigalas Rabaud et de Rabaud Promis causa une émotion similaire avec son apporteur assis à ma table. Une couleur comme j’en ai rarement vu de plus belles, comme les chaussures de Berluti quand elles sont sages (est-ce que ça arrive ?) et une profondeur en bouche absolument charnelle.
Les deux Fargues 1989 que j’avais apportés chantaient une chanson que j’aime car je retrouve la patte de ceux qui faisaient Yquem en même temps. C’est un grand Sauternes, même très grand. Deux Banyuls 1949 de ma cave ont accompagné les chocolats au café. Bois mouillé, pruneau sont des caractéristiques du Banyuls paraissant comme ouillé tant il ne fait pas son âge. Diabolique combinaison de pur plaisir.
Les discussions se prolongeaient, les cartes de visite s’échangeaient, les impressions d’avoir participé à un grand moment éclairaient tous les visages. Il va falloir maintenant tirer les leçons de tout cela, réfléchir au nombre de participants, nombre de bouteilles, mets d’accompagnement, fréquence, bouteilles à rassembler. Cette première séance semble d’un équilibre qui s’est trouvé spontanément. Comme avec un vin, ne forçons pas le talent. Quand c’est bon, on ne change pas grand-chose. Alors, à la prochaine séance…
05 Oct 2005 18:57 #1

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C'est toujours un plaisir de vous lire. Un point me turlupine depuis vos premiers messages et je me permets de le mettre en avant: pourquoi apporter tant de soins a la garde, a l'ouvertue et au service des bouteilles si c'est pour les amener au dernier moment dans une telle soiree et les priver d'un repos quasi-obligatoire ?

La chaine n'est-elle pas aussi faible que le plus faible de ses maillons ? Je veux ben comprendre les problemes logistiques que cela engendre, mais personne n'a dit que toucher le nirvana eait facile.

Anthony
05 Oct 2005 19:09 #2

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Pour réunir cette assemblée, j'ai émis plus de 250 mails de mise au point.
J'ai eu des bouteilles dans les quatre coins de Paris. Et tout le monde a livré tard. J'ai reçu des bouteilles à l'entrée seulement, et une plus d'une demie-heure après le début.

Dans mes dîners, je contrôle tout le processus, car les vins sont de ma cave.

Ceci dit je constate que la première remarque est une critique.

En ce qui me concerne je suis ravi que tous les participants aient été heureux, car une grande majorité entrait pour la première fois dans ce monde de vins. Un Montrachet 35 ou un sauternes 47 et 29, ce n'était pas tout le monde qui y avait eu accès. Donc l'académie a été utile. Et cet homme si heureux que son Filhot 29 soit bu comme il convient, ça me remplit de bonheur.

François Lory était content. C'est plus important que les problèmes logistiques.

Je voulais que l'on partage. On a partagé et tout le monde était joyeux. Alors, la Véga Sicilia bouchonnée ou le Santenay qui se découvre tard, ça s'oublie.
Pour une première, ça a dépassé mes espérances. Je suis heureux.
05 Oct 2005 19:28 #3

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Francois, la 1e remarque etait en fait un compliment car je vous repetais ma joie de vous lire.

J'ai remarque que vous payez attention aux moindres details dans vos degustations et que le controle de la chaine etait d'une precision horlogere. Voila pourquoi ce point m'a interpelle.

Anthony
05 Oct 2005 19:36 #4

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OK j'ai mal compris.
ça arrive !
05 Oct 2005 19:47 #5

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Réponse de gerardmansoif sur le sujet Re: académie des vins anciens - séance du 4 octobre

Toujours ce plaisir de vous lire et cette sémantique, que dire ? Fermons les yeux, nous y sommes, merci pour cette découverte.

La certitude tue, le doute te préserve.
05 Oct 2005 22:14 #6

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: académie des vins anciens - séance du 4 octobre

Ca me rappelle le sommelier d'un grand hotel madrilène qui me disait :"Le Vega Sicilia Unico est le plus grand vin du monde.......quand il n'est pas bouchonné!"

Je lui laisse la responsabilité de son affirmation, mais dans ce cas il semblerait qu'il n'ait pas tort:)
05 Oct 2005 22:27 #7

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Réponse de milleret sur le sujet Re: académie des vins anciens - séance du 4 octobre

gerardmansoif a écrit:
> Toujours ce plaisir de vous lire et cette
> sémantique, que dire ? Fermons les yeux, nous y
> sommes, merci pour cette découverte.

Pourquoi ne pas recevoir Mr Audouze lors d'une soirée de notre club de Chambéry ....il va certainement dans les stations de ski en hiver .
05 Oct 2005 22:46 #8

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Réponse de gerardmansoif sur le sujet Re: académie des vins anciens - séance du 4 octobre

N'est - ce pas avec quelques flacons pour une soirée au club, Monsieur Audouze, la Savoie et ses stations mondialement connues vous tendent les mains, s'il vous plait, pourriez vous faire une halte à Chambéry, dès que vous voyez le panneau "CHAMBERY" vous avez quitté la France et Welcome en Sabaudia.

La certitude tue, le doute te préserve.
05 Oct 2005 23:08 #9

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Je me souviens il y a quelques années d'un repas chez des amis (à la cave fort belle..). Il nous fut servi côte à côte un Palmer et un Margaux 1959. C'était en somme en demi-aveugle puisque les bouteilles avaient été carafées. Je ne fus pas surpris de constater que Margaux 59 écrasait littéralement Palmer de sa classe. Pris tout seul, Palmer aurait probablement été jugé très bon, mais mis en concurrence avec son cousin d'appellation.. y'avait pas photo!

Bravo pour cette première de l'Académie. Longue vie à cette bande de passionnés!

Alain
06 Oct 2005 09:44 #10

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