Chinon – Bourgueil 2002
Lundi 10 octobre 2005
Une production Ganesh Club
Le contexte :
- L’occasion de goûter des vins rouges de Loire et de découvrir les sœurs jumelles de la Touraine, sur un millésime représentatif, ni trop chaud, ni trop froid.
- Les vins sont carafés avant la dégustation et servis à la température ambiante d’une belle soirée toulousaine d’automne (18°C).
- L’ordre de service est aléatoire et les vins sont goûtés à l’aveugle mais découverts par séries de 4.
- Nombre de dégustateurs : 15.
- Jacques Prandi (JP), Laurent Gibet (LG), Pascal Perez (PP).
- Une dégustation préparée par Sylvain Delcroix et Pascal Perez pour le club Itinéraire des Vins.
- Les commentaires de dégustation sont synthétisés par Jacques Prandi.
Les vins :
1. Bourgueil – Domaine de la Butte – Mi-Pente 2002 :
JP14 – PP15 – LG(13,5)+
- La robe est très sombre, pourpre avec des reflets violacés.
- Liqueur de mûre, cassis, boisé marqué et graphite se mêlent au nez, relevé par de timides notes florales.
- En bouche, la structure est serrée, sur des épices et une certaine fraîcheur, de l’amertume ressort en finale. Pour certains, trop d’extraction qui conduit à un vin au caractère un peu international, d’autres lui trouvent de jolis tannins.
2. Chinon – Couly-Dutheil – Clos de l’Echo 2002 :
JP13 – PP14 – LG13
- Robe beaucoup plus claire, jeune.
- Nez sur les fruits rouges, groseille, cassis, avec du végétal et une pointe éthérée, plutôt fin.
- En bouche, le vin est très poivré, acidulé et végétal. La matière est mince et le vin est plutôt anodin, bien que sans défauts.
3. Bourgueil – Domaine de la Chevalerie – Cuvée des Busardières 2002 :
JP14 – PP14,5 – LG14
- Robe pourpre à reflets violacés, très jeune.
- Le nez présente une pointe de poivron, de beaux fruits rouges (framboise, mûre, bonbon à la fraise), du boisé et quelques nuances florales.
- L’attaque est douce, un peu lactée, la bouche est lisse avec un peu de chaleur alcoolique.
4. Bourgueil – Pierre et Catherine Breton – Les Perrières 2002 :
JP15,5 – PP15,5 – LG15,5
- La robe est pourpre, assez profonde.
- Le premier nez est sur le cuir, animal, puis viennent les épices et un coté herbacé, c’est plaisant et complexe
- En bouche, la matière est belle, sur un fruit intense mais un peu mat, toutefois rehaussé de notes poivrées. Le vin est juteux, assez rond et d’une belle longueur, un peu de minéralité pointe en finale, bien soutenue par l’acidité. C’est un vin très gourmand, mais que l’on peut trouver un petit peu trop lisse et glissant.
5. Bourgueil – Domaine du Bel Air – Grand-Mont 2002 :
JP15 – PP15 – LG14
- La robe est rubis soutenu.
- Des arômes floraux, d’encre, puis de banane au rhum (presque banane flambée) se dégagent à l’aération, le nez est un peu lourd, bien que profond, avec un petit aspect lactique qui déplait à certains.
- La matière est belle, avec un peu de sucrosité et un boisé fumé bien présent. Le vin est structuré, plutôt viril avec de beaux tannins, mais divise l’assemblée. Si certains le trouve très correct, voire bon, d’autres n’y voient aucun intérêt.
6. Chinon – Charles Joguet – Clos de la Dioterie 2002 :
JP14 – PP14 – LG14,5/15
- Rubis sombre.
- Le nez est frais, avec de l’orange, de la rose et des notes végétales (poivron, petit pois).
- On a un beau fruit en bouche, sur la fraise, avec du volume et de l’élevage. Le vin est frais mais l’acidité semble un peu dissociée et le vin manque de profondeur.
7. Chinon – Château de Coulaine – Cuvée Diablesse 2002 :
JP16 – PP16 – LG14
- Une robe toujours assez sombre, sans être opaque.
- Le nez est un peu pharmaceutique (camphre), légèrement voilé et assez peu expressif.
- La bouche est fraîche, avec une belle matière, on trouve de l’orange, de la fraise et de la minéralité. Grande finesse et élégance pour un vin qui ne s’exprime pas complètement mais semble très prometteur. Dans ce style de cuvée peu (ou pas) soufrée, Laurent le trouve banal et préfère largement la version de P. et C. Breton.
8. Chinon – Bernard Baudry – La Croix Boissée 2002 :
JP16,5 – PP16,5 – LG15,5/16+
- On retrouve une robe très sombre et opaque.
- Au nez, une belle floralité, du cacao, cerise, amande, menthe et une grande fraîcheur pour un nez encore un peu retenu.
- La matière est concentrée mais fraîche, de la réglisse et une belle minéralité pour un vin de bonne longueur. La bouche est suave et l’élevage transparent. Finale ferme et bel avenir prévisible.
9. Bourgueil – Yannick Amirault – La Petite Cave 2002 :
JP16,5 – PP16 – LG15,5+
- Robe très sombre, opaque, à reflets violacés.
- Un gros fruit très mûr s’impose au nez, souligné par des notes de boisé, légèrement animales et réglissées.
- La bouche est concentrée, très fraîche et juteuse avec de l’encre et de la minéralité. Bonne allonge et tannins élégants. Le boisé est présent mais intégré, dans un style assez moderne mais réussi et prometteur.
10. Chinon – Philippe Alliet – Coteau de Noiré 2002 :
JP16,5 – PP16 – LG16
- Encore une robe très sombre, presque opaque.
- Le nez est profond et très expressif, animal, cuir, de la suie et du graphite, mentholé, souligné par le bois et la minéralité.
- Assez massif en bouche avec un fruit frais (mûre, groseille). Le vin est tonique et juteux, il est long avec un beau grain tannique et une finale sur la réglisse et la minéralité.
11. Bourgueil – Domaine des Ouches – Les Ouches 2002 :
JP13 – PP13,5 – LG13,5/14
- Robe très sombre, opaque.
- Un fruit très mûr au nez, accompagné de café, l’élevage est bien présent, accompagné de notes végétales (fève).
- On trouve une grosse matière en bouche, avec une structure tannique importante. Le vin est très extrait, mais sans charme, les tannins sont rugueux, presque asséchants et amers.
12. Chinon – Château de la Grille 2002 :
JP14 – PP14,5 – LG14
- Robe rubis, beaucoup plus claire que les deux vins précédents.
- Le nez est très végétal (poivron) avec une note amylique.
- C’est assez simple en bouche, très coulant, sans défaut mais sans relief non plus, certains trouvent un peu d’amertume en finale.
Conclusion :
- Un parcours intéressant pour des vins que l’on goûte rarement tous ensemble. Les vins se goûtaient bien, malgré leur jeunesse, certains ont vraiment divisé les dégustateurs.
- Parmi toutes ces cuvées, sélectionnées à priori chez les ténors des deux appellations, on trouve des expressions très différentes qui ont alimenté les échanges sur la « typicité ». Pour schématiser, on peut identifier deux catégories de vins :
- des vins sur l’élégance, la légèreté et l’acidité, au risque de paraître parfois un peu creux, mais « typiques » des cabernets ligériens,
- des vins plus ambitieux, plus sombres, plus extraits et plus structurés, d’une facture qu’on peut qualifier de plus moderne mais qui s’éloignent, pour certains, des canons de la Loire.
- Certaines cuvées de producteurs bien connus déçoivent particulièrement ce soir (Clos de l’Echo de Couly-Dutheil, Clos de la Dioterie de Joguet). Il serait intéressant de les revoir dans quelques années au vu de certaines expériences récentes concluantes (Clos de la Dioterie 1990, superbe l’année dernière)
- A l’inverse, Ph. Alliet (Coteau de Noiré), B. Baudry (la Croix Boissée) et Y. Amirault (La Petite Cave) sont au niveau de leur réputation et proposent des vins complets, gourmands avec un bon potentiel de vieillissement.
- Dans la série des vins « naturels » (avec peu ou pas de soufre), la Cuvée Diablesse du Château de Coulaine est une bonne surprise alors que le vin de P. et C. Breton représente une belle réussite.
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