Nous avons 1228 invités et 37 inscrits en ligne

Ganesh n° 7 : repas/dégustation à Bordeaux

  • Guest
  • Portrait de Guest Auteur du sujet
  • Visiteur
  • Invité
Repas chez Vincent Mercier
Samedi 5 novembre 2005

Une production Ganesh Club

Le contexte :
Encore une très belle rencontre sur Langon à l’initiative de Vincent.
Participants : Gilles et Josianne Lestrade, Eric et Sophie Fonta, Roger et Annabelle Tauzin Vincent (VM) et Sophie Mercier, Jacques Prandi (JP), Laurent Gibet (LG), Pascal Perez (PP).
Le repas, solide, est composé de :
- Saumon en sauce
- Lamproie à la bordelaise
- Rôti de porc
- Plateau de fromages
- Tarte au chocolat
Les commentaires de dégustation sont synthétisés par Laurent Gibet.

Les vins :
1. Champagne - Salon 1988 :
VM18 - JP18 – PP18 – LG18
- Une légère oxydation sous-tend des senteurs nobles et très complexes : pomme, écorce d’orange, épices, badiane, agrumes, noix.
- Profil azuréen, riche et plein, solidifié par une belle minéralité (on pense à la force de certaines cuvées de Selosse), nullement exempt de vinosité même s’il n’inclut pas de raisins rouges. Dosage très léger et superbe amertume dans une finale formidablement persistante.
- Encore une fois, cette maison propose ici un beau et grand champagne, auguste, encore très jeune (certains ont pu penser à 1996), même si d’autres devinent le millésime en raison de quelques signes ténus d’évolution (goûts spécifiques et bulle légèrement atténuée).

2. Rheingau – Dr. Nägler - Rüdesheimer Berg Rottland Riesling 2001 (Lot 03/02 – 12,5°) :
VM15,5 - JP15,5 – PP14,5 – LG15,5
- Olfaction typée, déclinant des notes classiques mais réussies de minéral, d’agrumes, de fruits blancs et exotiques et de fleurs, de fumée légère.
- Bouche à l’avenant, rassasiante, immédiate de par son expression fruitée, mais qui de l’avis général manque de profondeur. Un peu de sucre résiduel.

3. Chablis GC Les Preuses - Dauvissat 1996 :
VM17 - JP17 – PP17 – LG17
- Impeccables senteurs de minéral, de miel, d’agrumes, de végétal, de caramel léger, de champignon (mousseron), de parmesan aussi pour ce nez disert.
- La bouche, congruente dans cette signature très chablisienne, fait preuve d’un superbe comportement : minéralité, équilibre, pureté, longueur concourent à une expression élancée et typée, d’une noblesse indéniable (même si la puissance du grand cru est ici seulement modérée). Au finale, bel unanimité des notes.

4. Pessac-Léognan – Château Malartic-Lagravière 1998 :
VM15,5 - JP15 – PP15 – LG14
- Nez particulièrement parfumé, pour des notes plutôt baroques de bourgeon de cassis, de rose, de pamplemousse, d’ananas et une végétalité (buis) qui signe le sauvignon.
- Bouche ample, mentholée, marquée par le bois et l’alcool. Personnellement, j’ai du mal à m’enthousiasmer pour ce vin interpellant par ses odeurs mais ennuyeux dans son spectre gustatif monotone et variétal.

5. Meursault - Coche-Dury - Rougeots 2000 :
VM(15) - JP13 ? – PP13,5 – LG(12,5)
- Prestation aromatique désarçonnante en raison d’un joug du bois atterrant en l’état, ne laissant place qu’à des notes malheureusement répulsives de vanille et de caoutchouc brûlé.
- Bouche à l’avenant, atone, acide (certains pensent à un beau jus massacré !). Un vin désespérément sous l’éteignoir, un peu indécidable. A revoir, bien entendu.

6. Patrimonio – Domaine Leccia - Petra Bianca 1999 :
VM13,5 - JP12 – PP11 – LG11
- Quelques maigres émanations de fraise, de cerise, de garrigue.
- Matière rachitique, sèche, brûlante, revêche, décidemment très usée. Vincent est moins sévère.
- On a pu penser à un petit sangiovese.

7. Palette – Château Simone - Rouge 1989 :
VM14,5 - JP14 – PP13,5 – LG12
- Odeurs de pruneau et de tabac pouvant rappeler un tawny.
- Bouche efflanquée, victime d’indigence, tarie en terme de structure (car elle possède quelques restes non négligeables en termes d’arômes). Jacques trouve qu’elle est mince et austère, manquant de gras.
- On a évoqué un Collioure un peu victime d’insolation.

8. Afrique du Sud - Hartenberg - Shiraz 2001 :
VM15,5 - JP14,5 – PP15,5 – LG13,5/14
- Le nez assez lacté mêle des notes de fleurs, de cassis et d’eucalyptus.
- Bouche dans un style de syrah australienne, capiteuse, presque épaisse, qui peut déplaire en raison de ce caractère de confiserie. De belles qualités tout de même : équilibre, caractère géographique affirmé.

9. Cornas - Clape 1995 :
VM16/16,5 - JP16 – PP16 – LG15
- Nez pour le coup très syrah du Rhône septentrional : cassis, fleurs, lard fumé (après des notes de réduction initiales prononcées).
- Bouche fraîche (acidité presque protubérante), un peu raide (contractée, le 96 a été goûté bien plus aimable), dont l’expression fruitée reste revigorante toutefois (toujours ce débat sur le culturellement acceptable, en comparaison de la syrah sud-africaine).

10. Ribera del Duero - Perez Pascuas - Vina Pedrosa Reserva 1990 :
VM15,5 - JP15 – PP15 – LG14
- Nez lacté, pour des notes de bourbon, de cerise et d’amande.
- Bouche assez ferme, correctement réalisée mais manquant de classe et de longueur. On a évoqué un vin de la Rioja. Qualités de finesse, équilibre et fraîcheur selon Pascal (même si le vin reste simple). Vincent nous affirme qu’il s’est mieux goûté le lendemain.

11. Barbaresco - Prunotto - Montestefano 1989 :
VM13,5 - JP12 – PP12 – LG12
- Nez de barolo : cerise, amande, cassis, champignon.
- Bouche rappelant aussi un (mauvais) barolo : tannins féroces (et un creux en milieu de bouche), amertume. Plus transalpine que transpyrénéenne cette fois-ci. Finale légèrement cadurcienne sur de la menthe et du sous-bois (tannins secs). Rudimentaire, désagrégée. Grosse déception pour cette cuvée qui possède pourtant une belle carte de visite.

12. Pomerol – Château Clinet 1989 :
VM17 - JP17,5 – PP18 – LG17,5
- Exhalaisons bordelaises, très « rive droite » : menthol, feuilles mortes, tabac, pruneau.
- Beau jus serré et velouté à la fois (dominante merlot ?), douillet, qui ne semble pas encore exprimer tout son potentiel (manque d’éclat fruité). Cette réserve et cette fermeté indiquent un fort potentiel.

13. Saint-Estèphe – Château Cos d’Estournel 1989 :
VM17,5 - JP18 – PP18 – LG18
- Nez aux fragrances mûres, profond, avec du minéral, du cassis, et des accents végétaux que certains dégustateurs attribuent à une origine « rive gauche ».
- Bouche puissante, complète, fine et longue, plus expressive et verticale en l’état, de très bon niveau. Encore pleine de promesses mais plus accessible que celle de Clinet 1989.

14. Chambolle-Musigny – Domaine de Vogüe 1993 :
VM16/16,5 - JP15 – PP16,5 – LG15,5
- Panel aromatique indiquant un pinot terrien, au fruit acidulé, très légèrement lacté.
- Il ne faut chercher aucune féerie dans ce profil taiseux et dur (marque du domaine – voir l’acariâtre Chambolle Amoureuses 96 ou certains vins jeunes de Grivot ou Gouges), mais bel et bien présent (Volnay ?, Pommard ?). Cela dit, 1993 est un millésime conférant souvent de la rigidité et le vin a bien vieilli. Est-il possible d’imaginer qu’il se fondra dans les années qui viennent ? Pour Pascal : de la réserve et un équilibre inattaquable.

15. Chambertin Clos de Bèze – Armand Rousseau 1990 :
VM17,5/18 - JP17,5 – PP18 – LG17,5
- On a ici affaire à une expression plus profonde et complexe, plus racée, le vin montant clairement en puissance dans le verre pour des senteurs déterminées et typées : animalité, végétal, terre, rose, …
- Bouche puissante, pure, digne d’un grand cru en raison de cette capacité d’élévation du pinot sur un terroir vertueux honoré par un vigneron hors norme, même si ce soir le vin ne produit pas l’envoûtement déjà ressenti à une autre occasion (la fameuse transparence ultime du pinot noir).
Chambertin GC Clos de Bèze Armand Rousseau 1990. (Buerehiesel fin 2003)
Notes : DS18 – PC18 - PP18,5 – LG18.
Ici aussi, la bourgogne comme on l’adore, racée, minérale, subtile, arachnéenne, avec ce profil organoleptique caressant unique. Senteurs de venaison, de fleurs séchées. Bouche délicate mais dense, quintessencielle. Enorme potentiel. Même haut niveau, en moins éthéré, plus terrien que l’admirable Chambertin 90 bu chez Vincent Mercier en mai 2003.

16. Recioto della Valpolicella - Trabucchi 1998 :
VM15 - JP13 – PP12,5 – LG13
- Senteurs de figue, de tabac, d’amande, de cerise, de cacao. Volatile dissuadant pas mal de convives (qui la jugent irrespirable).
- Bouche dépréciée par une ruralité sommaire, rappelant un petit VDN, dotée d’un fruit doux mais un peu approximative (sucre mal intégré, astringence).

17. Bonnezeaux - Angeli - VV 1990 :
VM15/15,5 - JP13 – PP13,5 – LG13,5
- Notes de raisins secs, de zeste d’orange, de coing, d’ananas, de fruits confits (angélique).
- La bouche, simpliste, déçoit en raison de son amertume, de son manque total d’harmonie (avec en prime de désagréables flaveurs de géranium).

18. Sauternes - Château Sigalas-Rabaud 1988 :
VM17,5 - JP17 – PP16,5 – LG17,5
- Le commensal est ici accueilli par un très joli nez qui dissipe des senteurs de jaune d’œuf, d’épices, de fruits (poire, mandarine).
- Bouche bien délicate, très « Barsac », pure, portée par une acidité sans faille. L’élégance supplante avantageusement la puissance. Ici aussi, Vincent nous dit que le vin est encore superbe le lendemain.

19. Madeira - Justino's Malvoisie 10 years old sweet :
VM15,5 – JP15 – PP14,5 – LG16
- Nez prodiguant des senteurs incitantes de figue, de fraise confiturée, de viande rance.
- Bouche gourmande, dont les goûts et l’acidité marquée (mais totalement au service du vin) évoquent un Madère, tout en fringance savoureuse.

Conclusion :
- Encore une très belle soirée gastronomique, avec des bas (des vins récalcitrants, qu’il conviendra de revoir si possible) mais surtout des hauts réjouissants :
- Un grand Salon, comme d’habitude, sur un millésime costaud.
- Un chablis de Dauvissat remarquable, sur un cru dont Jacques nous rappelle qu’il est (contrairement aux Clos) de puissance généralement limitée.
- 2 excellents vins de Bordeaux de 1989, stylés, fins et frais, qui n’ont pas encore déployés toutes leurs vertus.
- Un clos de Bèze de Rousseau toujours aussi magistral (lui non plus n’a pas atteint son acmé).
- Un Sauternes très fin, plein de lumière.
15 Nov 2005 11:26 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck