Maison Jacquesson (Juin 2005)
Jean-Hervé Chiquet nous reçoit avec un enthousiasme rare et nous connecte bille en tête aux enjeux du domaine. Il nous propose ensuite la dégustation de champagnes à la fois solides, généreux et élégants.
Ressort ici l’image d’une équipe en prise directe avec le terroir et ayant une véritable vision de son avenir, une idée précise des directions dans lesquelles elle souhaite faire évoluer la maison.
Une première volonté est, à l’opposé des autres maisons visitées, de réduire la production pour mieux en assurer la maîtrise et ainsi se rapprocher de la philosophie d’un récoltant-manipulateur.
Un autre axe est de produire des cuvées parcellaires.
La maison possède ou détient des bailles sur 30 Ha de vignes à Hautvillers, Dizy, Aÿ, Mareuil-sur-Aÿ, Avize et Oiry.
Elle achète des raisins pour 10Ha de surface.
Sa production est d’environ 330 000 bouteilles par an.
L’offre, amenée à se sophistiquer, s’étage ainsi :
Cuvée 7xx : le BSA de la maison qui, de façon originale, ne recherche pas le goût constant mais le meilleur possible à chaque réalisation ; le premier opus de cette cuvée a été le 728 (bâti sur une base de 2000) et désormais le 729 (base 2001) a pris le relais ; elle est composée de 40% de chardonnay, 35 à 40% de pinot noir et le reste en pinot meunier ; 60% de vin de base et 40% de vin de réserve rentrent dans sa composition,
Grand Vin Signature : le millésimé constitué de 40 à 60% de pinot noir et le complément en chardonnay,
Grand Vin Signature Rosé : ce rosé millésimé est voué à disparaître après le millésime 1997,
Avize : un B de B millésimé extra brut et issu de 3 parcelles (dont Champ Caïn) de la célèbre commune de la Côte des Blancs ; les millésimes déjà commercialisés ou à venir sont 1990, 1993, 1995, 1996, 1997 et 2000,
Avize Champ Caïn : un B de B millésimé issu de la parcelle éponyme et destiné à prendre la suite de l’Avize après le millésime 2000 ; les premiers représentants attendus sont le 2002 et le 2004,
Corne Bautray : un B de B millésimé non dosé et issu d’une parcelle de Dizy ; millésimes sortis ou attendus : 1995, 2000, 2002 et 2004,
Vauzelle Terme : un B de N millésimé extra brut et issu d’une parcelle d’Aÿ ; millésimes sortis ou attendus : 1996, 2002 et 2004,
Le Clos : un B de N millésimé issu d’un clos attenant à la maison, en plein Dizy ; millésimes à sortir : 2000 (100% pinot meunier), 2002 (100% pinot meunier) et 2004 (pinot meunier + pinot noir),
Les Terres Rouges Rosé : un rosé de saignée millésimé ; millésimes à sortir : 2002 (100% pinot meunier), 2003 (70% pinot meunier et 30% pinot noir) et 2004 (70% pinot meunier et 30% pinot noir).
Les cuvées parcellaires ne sont produites qu’à quelques milliers d’exemplaires chacune.
Une attention et une rigueur particulières sont apportées aux vignes (taille courte, …).
La maison ne conserve que la cuvée, toutefois amputée de ses 50 premiers litres considérés comme moins nobles. Le pressurage est effectué à l’aide de pressoirs traditionnels verticaux.
La première fermentation alcoolique et la fermentation malolactique (systématiquement effectuée) sont conduites dans de gros foudres, la maison recherchant une oxydation ménagée de ses vins.
D’après Jean-Hervé Chiquet, le batonnage des lies associé à l’ouverture des portes chais l’hiver suffisent à cristalliser l’acide tartrique des vins et donc à les clarifier naturellement, ce qui les dispense d’un passage au froid et d’une filtration.
Un collage est effectué avant la mise en bouteille.
Pendant la garde sur lattes, les bouteilles sont bouchées par des capsules. Le remuage est automatique.
Le dosage maximum appliqué est de 6 g/l pour le BSA.
Vins dégustés :
1.
Jacquesson cuvée 730 :
JP15,5 - PP16 - LG ?
Nez fin : citron, pomme, fleurs, végétal, banane (fermentaire). Bouche grasse, avec des saveurs de fruits exotiques. La mousse est citronnée, dérangeante pour moi en raison de son ingérence et de son acidité stridulante. Jean-Hervé Chiquet table sur une logique meilleure intégration des différents composants dans quelques temps.
2.
Jacquesson cuvée 729 :
JP15 – PP15 – LG15,5
Senteurs séduisantes : fleurs, pomme cuite, épices. Eclat et précision pour ce substrat crémeux et nerveux à la fois. La bulle est fine et bien plus harmonieuse en effet, avec de l’allonge. Le vin se met tranquillement en ordre de marche.
3.
Jacquesson Avize Grand Cru 1996 :
JP18 – PP18 – LG17,5/18
Notes grisantes et mûres : fruits exotiques, fleurs, lierre, augmentées d’une minéralité racée et d’une subtile touche évoluée (miel). Cette cuvée adamantine et enjouée possède à la fois une grande richesse de constitution et une colonne vertébrale acide plutôt intraitable qui l’équilibre parfaitement. L’intégration de la bulle est digne des plus grands vins produits dans la région.
4.
Jacquesson Signature 1995 :
JP17,5 - PP16,5/17 - LG16,5
Odeurs exquises, assez instantanées : noix de coco, genêt, pomme cuite, citron. La bouche est solide et goûteuse, mais n’a pas l’harmonie de la précédente. Elle s’accordera bien avec une viande blanche nappée d’une crème aux morilles.
5.
Champagne Jacquesson Avize Grand Cru 1995 : à table à la "table Kobus" d'Epernay
JP17 – PP17 – LG16,5
On retrouve ici un vin de grande qualité. Le nez est bien mûr et délicat : fleurs, agrumes, lierre, brioche. La bouche est crémeuse, vive, minérale, presque saline, pour des saveurs de fruits secs, de zeste d’agrumes. Puissante comme le 96 bu au domaine, avec un peu moins d’éclat cependant. Difficile de concurrencer ce millésime d’anthologie.