Pour cette dernière de l’année, on hésitait entre prestige et prestige – prestige…
On n’a pas tranché mais le résultat a dépassé les attentes : pour moi la plus belle des éclectiques de LPV78 !
Il faut dire que Mathieu avait mis les petits plats dans les grands, avec un apéritif varié et copieux, des Saint-Jacques purée de choux-fleurs et piment d’Espelette, et des souris d’agneau confites de compétition, mogettes et purée maison.
Quant aux fromages et au dessert, ceux qui arriveront au bas de ce CR pourront comprendre que l’on n’avait pas vraiment faim en sortant.
Côté liquide, aucun GO ; on s’était simplement concerté sur le nombre de vins par type (trois bulles, cinq blancs, cinq rouges, deux jaunes et deux sucres), et le résultat a été inattendu en termes de convergences !
Allez c’est parti, la soirée sera longue et douce…
Champagne De Sousa – Cuvée des Caudalies – Blanc de blancs
Dégorgement 16 décembre 2011, dosage 7 g/l.
La robe est parée d’un or moyen.
Le premier nez est plutôt intense, le second va en offrir plus. D’abord sur les agrumes et les fruits blancs, les fruits secs apparaissent à l’aération.
La bouche est superbe, harmonieuse, gourmande, posée et légèrement joufflue en attaque (7 g/l, on n’a plus l’habitude ! mais ce n’est en rien gênant). Une belle vivacité et une bulle crémeuse l’animent, le style joue sur l’élégance et l’allonge jusqu’à une finale saline de toute beauté.
Excellent
Champagne Roses de Jeanne – Inflorescence – Blanc de noirs
100 % pinot noir, dégorgement avril 2011, V 09.
Une première coïncidence avec ces deux Champagne dégorgés en 2011 !
L’or de la robe est tout aussi dans la moyenne.
Le nez se libère immédiatement en développant des arômes de croûte de fromage et de grillé sur une base fruitée mêlant fruits jaunes et fruits secs.
La bouche conjugue ampleur et saveurs charmeuses, avec une bulle qui se fait caressante. Elle donne une impression de densité certaine, voire d’impact. Une bonne relance est assurée grâce à la fraicheur prégnante et la finale s’imprègne de salinité et de fins amers.
Excellent
Un grand bravo à Greg qui a trouvé d’entrée le domaine !
Champagne Egly-Ouriet – Brut Grand Cru – 2002
Assemblage 70% pinot noir et 30% chardonnay. FA en barriques, pas de malo. Vieillissement 118 mois sur lattes. Dégorgement mai 2013, dosage 2 g/l.
La robe soutenue tire vers le vieil or.
Très intense, baroque et complexe, le nez envoute par son bouquet de fruits secs, de fruits confits et de bois précieux, ainsi que par sa touche épicée.
La bouche est énorme : tous les curseurs sont très hauts mais avec cohérence et sans excès. La bulle évanescente n’est là que pour rappeler que c’est un Champagne, en soulignant les qualités du vin. La matière riche et serrée, donnant presque une sensation de mâche, se déploie avec ampleur, bien gainée par une acidité structurante. La persistance est magnifique, mettant en avant un raffinement supplémentaire ses accents minéraux.
Excellent + et certainement pour moi un des plus grands Champagne jamais dégustés !
Mazette, quelle triplette de Champagne ! Et ponctuée par un tel grand vin !
Bon, il va falloir redescendre (un peu) sur terre, avec les vins tranquilles…
Domaine de la Pousse d'Or – Puligny-Montrachet 1er Cru – Le Cailleret – 2014
La robe est bien dorée.
Expressif et élégant, le nez propose des fruits jaunes bien mûrs, pouvant même évoquer la banane, teintés d’un grillé très fin et d’une touche de minéralité.
L’enveloppe de la bouche est ample et habillée d’une belle pellicule de gras. La sapidité la rend très aimable et c’est dans la finale effilée que l’acidité ressort, participant à l’allonge conséquente.
Très Bien ++ pour ce vin réussi dans un millésime où l’on aurait craint un manque de chair.
Domaine Bernard Boisson-Vadot – Meursault – Les Grands Charrons – 2010
L’or de la robe est bien marqué.
Le nez se livre sans retenue en déployant des fruits jaunes, du pralin, un léger toasté, de la vanille et un ensemble rappelant l’élevage mais sans ostentation.
La bouche séveuse a beaucoup de fond et se nappe d’un voile de gras. L’aromatique en rétro-olfaction est engageante et généreuse, avec un boisé pas encore tout à fait digéré. La persistance superlative se réalise en force.
Très Bien +(+) mais encore un peu jeune, avec de beaux espoirs pour dans cinq ans.
Domaine des Comtes Lafon – Meursault – 2017
La robe se situe entre paille et or.
D’abord moyennement intense, le nez évoque le Chablisien par ses fruits blancs et surtout ses notes de croûte de fromage et de champignon.
La bouche s’avère un modèle de finesse et de subtilité. Bien tendue, on y retrouve une aromatique et une minéralité toutes chablisiennes. La finale claire et limpide s’étire longuement après une parfaite prise d’élan grâce à l’acidité.
Très Bien ++ / Excellent et déjà étonnamment prêt à boire, comme pour beaucoup de blancs de Bourgogne de ce millésime, mais avec un avenir bien tracé devant lui pour longtemps.
Deux Meursault servis l’un derrière l’autre et sans concertation, de très bon voire de haut niveau mais tellement différents !
Weingut Franz Hirtzberger – Wachau – Spitzer Honivogl – Grüner Veltliner – Smaragd trocken – 2008
La robe arbore un or ambré.
Très intense et luxuriant, presque baroque, le nez exhale des fruits confits teintés de gentiane.
La bouche est pêchue, assise sur une matière aux extraits secs abondants et riche par son aromatique ainsi peut-être que par quelques SR qui traineraient. Mais une acidité tonique et une fine amertume conjuguent leurs efforts pour garder l’ensemble dans l’axe et bien le relancer.
Très Bien ++ / Excellent
Weingut FX Pichler – Wachau – Grüner Veltliner – Smaragd M trocken – 2008
La robe se présente sous un or clair.
Le nez très intense montre quelques arômes finement pétrolés mais aussi des senteurs racinaires plus typées du cépage, le tout étant assis sur une base fruitée bien mûre.
La bouche est FORMIDABLE, alliant puissance et tension, et aussi une grande gourmandise (mais oui !) avec une sucrosité ténue. On ressent une énorme vibration qui nous transporte dans un univers peu exploré, en tout cas pour moi, jusqu’à une finale qui s’élargit encore tout en persistant pour notre plus grand plaisir.
Excellent (+)
Cette fois-ci la paire était voulue et les deux vins se sont révélés dans deux styles encore très éloignés. Mais quel cépage ! Et qui peut donner d’aussi grands vins dont un exceptionnel !
Il est temps de redescendre encore une fois un peu, en attaquant les rouges par une curiosité.
Domaine François Cotat – Vin de Table – Chavignol – 2017
Cette cuvée n’a pas fait sa malo, ce qui est rarissime pour un rouge.
La robe est claire et bien tuilée.
Moyennement intense, le nez pinote gentiment, avec ses senteurs de petits fruits rouges, la cerise bien sûr, et la framboise. Quelques touches florales et poivrées apportent un complément intéressant.
La bouche est dans la continuité, vive et d’une grande franchise de goût, celui-ci étant bien fruité, avec des tanins inexistants et une finale chic et choc qui force la sympathie.
Très Bien et pas plus car cela reste assez simple. Cependant cette cuvée peut très bien vieillir sur beaucoup de millésimes comme en témoigne
cette verticale
organisée par l'ami Claude.
On change de registre, tout en restant en Loire, avec ce :
Clos Rougeard – Saumur-Champigny – 2013
La robe est assez sombre et montre un beau dégradé sur les bords du disque qui a commencé à se teinter des couleurs de la maturité.
Très expressif et classieux, le nez exhale des fruits noirs mais aussi de la framboise, du poivron bien mûr et du piment d’Espelette.
La bouche s’affirme avec ampleur et race, déploie une aromatique très engageante, et prend assise sur des tanins fondus. L’ensemble affiche une grande fraîcheur, tout en raffinement, sur une chouette allonge de grande pureté.
Très Bien ++ et peut encore durer cinq ans sans problème, mais c'est déjà à point.
Domaine Jean-Louis Chave – Hermitage – 2004
La robe sombre est marquée par une certaine évolution, sans faire son âge.
Intense mais pas explosif, le nez joue dans l’élégance, mêlant fruits noirs et épices douces bien prégnantes.
La bouche se campe sur des tanins à la fois denses et doux et sur un grain serré. L’aromatique plutôt aristocratique et la belle vivacité concourent à un ensemble racé, d’autant que la finale très persistante s’oriente vers plus de délicatesse.
Excellent et à boire
Domaine Auguste Clape – Cornas – 2011
La robe bien sombre a perdu ses reflets de jeunesse sans gagner ceux d’évolution.
Le nez livre avec une belle générosité une aromatique de fruits noirs, de camphre et d’épices, pour un ensemble à la fois classieux et séducteur.
La bouche fait preuve d’un équilibre abouti : complètement fondue, conjuguant amplitude et finesse, aux saveurs foisonnantes et appétentes. Pour ne rien gâter, bien au contraire, la finale couronne le tout par son caractère élancé, sans aspérité et élégant.
Excellent et à point mais les joueurs peuvent encore attendre pour espérer un rien de plus de complexité.
Domaine Jamet – Côte-Rôtie – 2011
La robe sombre parait encore assez jeune, avec ses reflets violacés sur la frange.
Très intense, le nez présente une aromatique inattendue, avec des tonalités pierreuses bien présentes et des épices, les fruits noirs restant au second plan.
La bouche a choisi le camp de la rigueur et parait sévère par ses arômes de cendre et par son acidité prégnante. Heureusement, le toucher moelleux apporte un peu de confort et la persistance est très appréciable et plus civilisée.
Très Bien +
Si j'en avais une en cave, j'essaierai d'attendre cinq ans pour voir si cette acidité peut se gommer un peu.
Après trois Meursault, trois Rhône septentrionaux !
La paire grand Cornas - grande Côte Rôtie avait été prévue par son apporteur, mais la confrontation avec l’Hermitage était inattendue. En tout cas trois grands domaines.
Et une grosse surprise : si on m’avait dit que dans les deux derniers vins l’un était un Clape et l’autre un Jamet, je les aurais certainement inversés… J’ai en effet rarement rencontré un Cornas de Clape aussi aimable ni une Côte-Rôtie de Jamet aussi stricte…
Plateau de fromages apporté par François (il manque un comté de compétition sur le plateau, par manque de place) : il était persuadé qu’Oliv serait présent…
C’est donc le moment des jaunes. Chouette, tout le monde en est fan à LPV78 !
Domaine Macle – Château-Chalon – 2000
L’or de la robe est à peine ambré.
Le nez explose avec puissance, associant le curry et le céleri, mais pas la noix, arômes bien complétés par de beaux fruits jaunes.
La bouche est de grande classe. Il y a tout dans ce vin magnifique : richesse, raffinement, acidité, volume, texture fine, sapidité folle, allonge incroyable et même une gourmandise certaine !
Excellent +
Quel pied ! Et bien entendu à boire ou à garder trente ans, sans attendre beaucoup d'évolution supplémentaire.
Domaine Marie-Pierre Chevassu-Fassenet – Château-Chalon – 2007
L’or de la robe est cette fois-ci très nettement ambré.
Le nez très intense développe avec finesse un bouquet racinaire, sur une base plus classique de fruits jaunes et de fruits secs.
La bouche joue dans l’élégance, avec une matière en demi-corps et une bonne tension qui lui assure de la vitalité sur la longueur.
Très Bien +(+) mais ce n’était pas un cadeau de passer en paire avec le Macle.
Domaine Labet – Macvin du Jura
Cette mistelle est composée de 2/3 de jus de raisins frais et de 1/3 de vieux Marc élevé deux ans en fûts de 228 l, et issue d’un assemblage à 60 % de 2020 et 40 % de 2018.
La robe est particulièrement ambrée.
Le nez puissant évoque irrésistiblement le marc, avec des raisins secs très purs et un trait végétal.
Très corsée et assez capiteuse, la bouche se révèle riche en sapidité et en sucres, d’une grande concentration. Cet ensemble aurait pu tomber dans la lourdeur si une tension salvatrice n’avait pas permis un rééquilibrage. Certes l’acidité n’est pas ressentie en tant que telle mais elle est bien là, au second plan, au service du vin pour le mobiliser et le guider.
Très Bien +(+)
Un Stilton de compétition lui propose également son appui et c’est une immense réussite (4,5 / 5) car il affine la bouche et la tonifie encore plus.
Tarte confectionnée par Vivien (au top !) :
pommes du jardin, gelée de mûres de ma marraine, noix du jardin, raisins secs, soupçon de cannelle
Domaine Lajibe – Jurançon – Serres-Seques – 2018
La robe attire par sa belle couleur vieil or.
D’une intensité débordante et d’une belle définition, le nez offre du coing, de la pomme bien mûre et des nuances florales qui apportent de la fraîcheur.
La bouche de grande harmonie est habillée d’une liqueur légère, presque en suggestion, d’autant que la trame vive et la gourmandise fruitée jouent les premiers rôles. L’ensemble se révèle d’une formidable digestibilité et d’une superbe persistance, laissant un palais bien net qui, même en fin de dégustation, appelle à une nouvelle gorgée.
Excellent
L’année se termine donc bien !
Un immense merci à Mathieu pour son accueil, et à tous pour les apports généreux et sans faute, ainsi que pour l’ambiance toujours aussi amicale et jeune.
Au fait, c’était prestige ou prestige – prestige ? On s’en fout, c’était bon !
A l’année prochaine !
Jean-Loup