C’est Arnaud qui nous a reçus, en relativement petit comité (certains avaient préféré aller au ski…
), pour ce double thème qui lui tenait à cœur.
Mais comme nous sommes tous de grands amateurs de bulles et de jaunes, on en a rajouté pour l’apéro et pour accompagner les fromages, sans oublier un sucre pour le dessert…
Pour accompagner les bulles et les blancs, des gnam-gnam variés avec charcuterie, rillettes de thon, parmesan, …
Paire de bulles : deux vins siciliens du millésime 2016
Et pourtant, les deux apporteurs ne s'étaient pas concertés, même pas sur le pays !
Marco De Bartoli – Metodo Classico – Sicilia – Terzavia – 2016
Arnaud nous avait déjà proposé un effervescent de ce domaine, mais moins intéressant que ce Brut en monocépage Grillo.
La robe de couleur vieil or est vraiment trouble et inquiète un peu…
Très intense, le nez est d’abord dominé par un grillé envahissant, puis il laisse percevoir des agrumes, du champignon et des arômes fermentaires.
La bouche bien tendue adopte un profil longiligne. Elle est parée d’un fruité léger mais bien plus franc et frais que les senteurs du nez. Certains y voient même une certaine gourmandise.
Très Bien
Vigneri di Salvo Foti - Metodo Classico Rosè – Sicilia – Vinudilice – 2016
Ce rosè (sic) est issu de vignes situées à 1 300 m d’altitude !
La robe affiche une couleur saumonée intense.
Très expressif, le nez exhale des fruits rouges, une touche briochée puis des notes de pot-pourri.
La bouche se révèle classieuse, évoluée mais aboutie, animée d’une belle vivacité et de saveurs épicées, presque orientales. La finale impactante est relevée par quelques jolis amers.
Tout le monde était parti sur un beau Champagne...
Très Bien +(+)
On attaque donc le premier thème.
Première paire : deux domaines qui ont eu des points en commun
Domaine Saint-Sylvestre – Languedoc blanc – 2019
L’or de la robe est bien marqué.
Le nez, d’une intensité moyenne, propose des fruits à coque et un léger grillé.
La bouche est arrondie par une belle matière et un boisé un peu plus présent qu’au nez. L’ensemble reste équilibré, notamment grâce à une vivacité très correcte et une légère amertume qui se fait plus présente dans la finale bien goûteuse.
Très Bien +
Domaine de Montcalmès – Languedoc blanc – 2018
La robe est parée d’un or encore plus marqué.
Le nez est bien ouvert mais tellement dominé par le bois que l’on ne parvient pas à déceler autre chose.
C’est du même tonneau en bouche, si j’ose dire
, celle-ci se montrant assez écœurante par son aromatique de noix de coco. Le domaine indique un vieillissement en fûts de chêne et en demi-muids de un vin ou deux vins pendant 24 mois, mais on parierait sur un pourcentage supérieur de fûts et seulement de un vin pour ce millésime car le 2013 et le 2017 bus récemment étaient autrement plus équilibrés. Le style riche et concentré, ne pouvant renier le millésime, n’est par ailleurs pas contrebalancé par suffisamment d’acidité.
Bien sans plus, en pensant aux amateurs du genre.
Deuxième paire : deux Limoux de haut de gamme.
Toques et Clochers, Sieur d’Arques – Limoux – Haute Vallée – 2014
La robe est moyennement dorée.
Le nez est légèrement liégeux et la bouche confirme nettement le goût de bouchon.
ED
Domaine Les Hautes Terres – Limoux – Céleste – 2016
La robe se présente sous un or moyen.
Bien expressif, le nez offre des fruits jaunes teintés d’une minéralité caillouteuse et d’une touche de croûte de fromage : on se croirait à Chablis !
L’attaque large et habillée d’un léger gras est vite rattrapée par une acidité dynamisante et fuselante, qui propulse loin la bouche, jusqu’à une finale saline.
Très Bien +(+)
Troisième paire : deux grands vignerons.
Domaine d’Aupilhac – Languedoc blanc – Les Cocalières – 2016
L’or de la robe est bien soutenu.
Affichant une belle générosité, le nez développe une aromatique qui mêle de la mirabelle, de la pêche, de l’amande et des notes pétrolées.
La bouche ronde et chaleureuse me paraît même un peu capiteuse, comme pour beaucoup de dégustateurs, alors que le vin ne titre que 12,5 ° (! ?). L’acidité un peu en retrait peut expliquer une partie de cette sensation. L’allonge parait en tout cas être obtenue plus par sa force que par son acidité.
Très Bien (+)
Mas Jullien – Pays d’Hérault – 2014
La robe arbore un or bien marqué.
L’intensité du nez, d’abord moyenne, va un peu grandir à l’aération, mais c’est sa complexité qui est son point fort : cocktail de fruits blancs et jaunes en fond de tableau, et arômes balsamiques, épicés et d’herbes aromatiques au premier plan.
La bouche généreuse et ample offre une matière concentrée, bien recentrée par une acidité mûre. La finale persistante et élégante confirme que ce vin est en haut du panier des blancs du Languedoc.
Très Bien ++ / Excellent
Un peu déçus d’avoir eu un blanc bouchonné, certains descendent dans la cave d’Arnaud pour remonter une bouteille hors thème.
Le Domaine d’Henri – Chablis 1er cru – Vaulorent – 2020
L’or de la robe est assez clair.
Très intense, le nez développe des fruits jaunes bien mûrs, complétés par des accents briochés et de massepain.
Un léger perlant en bouche contraste avec un corps charpenté et cossu, et une matière opulente et enrobée d’un léger gras. La finale s’avère plus élancée et minérale, mais on ne peut s’empêcher d’évoquer la Côte de Beaune. Ou alors c’est un premier cru de Chablis aux caractéristiques plus sudistes, comme Mont de Milieu ou Fourchaume / Vaupulent. Que nenni ! C’est bien Fourchaume mais sur Vaulorent, dont l’exposition donne habituellement des vins droits au style bien chablisien. On attribuera donc cette sensation au millésime et au style de ce nouveau domaine prometteur.
Très Bien +(+) même si pas typé Chablis.
On peut maintenant passer à une autre couleur, qui fait l’objet du 2ème thème, assez large.
Les rouges seront servis avec de l’échine de porc façon agneau de 7h, mais cuite pendant 10 h : succulent ! Bravo Arnaud !
Première paire : deux vins sans nebbiolo en 2016
Podere Le Boncie – Toscana – Le Trame – 2016
La robe n’est pas vraiment sombre et du coup dénote plus facilement des traces d’évolution.
Intense et appétent, le nez affiche un panier de petits fruits noirs et rouges, avec des accents de prunes plus marqués, et sertis de notes sanguines.
La bouche joue dans la finesse, avec des tanins fondus et soyeux, une très belle vivacité, un fruité pur et une finale effilée, savoureuse et gourmande qui appelle une nouvelle gorgée.
Très Bien ++ / Excellent et on démarre fort !
Azienda Agricola Arianna Occhipinti – Cerasuolo di Vittoria Classico – Grotte Alte – 2016
Peu sombre également, la robe a gardé ses atours violets de jeunesse.
Le nez d’une grande générosité est très floral, mais n’oublie pas les fruits, ni des arômes de cuir qui dénotent un début d’évolution vers le tertiaire.
Avec la bouche, on passe de l’autre côté du miroir, la finesse laissant la première place à la puissance. La bouche se montre en effet charpentée et habillée d’un manteau de tanins, forts heureusement arrondis et distingués. De même l’aromatique est plus austère qu’au nez, tout en restant classieuse, l’acidité bien calibrée et la finale toute en densité.
Très Bien +(+)
D’après moi ce vin a souffert de la comparaison avec son vis-à-vis tellement élégant et aimable. Mais il est surtout trop jeune. A attendre cinq à dix ans et on en reparlera !
Deuxième paire : deux Barolo, toujours sur le millésime 2016
Giulia Negri – Barolo – Serradenari – 2016
Les reflets de la robe claire trahissent un début d’évolution.
D’une belle intensité, le nez évoque un univers Reynaldien avec des petits fruits rouges purs et de la rose enivrante.
Une grande acidité structure la bouche, mais une acidité mûre, bénéfique et non stridente. La matière charnue au grain assez serré et au fruité acidulé est habillée de petits tanins aiguisés et canailles, mais fins. La finale évanescente est d’un grand raffinement.
Très Bien ++ / Excellent dès à présent, ce qui est rare pour un Barolo aussi jeune, mais je parierais également sur un bel avenir.
Elio Sandri – Barolo Riserva – Perno – 2016
La robe assez sombre est déjà tuilée sur le bord du disque.
Le nez d’intensité moyenne mais profond est axé sur une aromatique froide, avec du fumé, presque de la cendre, sur un fond de fruits noirs et de cuir.
La bouche rappelle l’austérité classieuse des Pauillac. Elle est corpulente et dense, y compris en tanins, complétée avec bonheur par une bonne fraîcheur. Mais là encore, ce vin semble pâtir de la comparaison avec son compère par manque de confort fruité. Sa noblesse est tout de même un atout dès à présent et gage de belles promesses.
Très Bien +(+)
Troisième paire : deux grands vins issus du nebbiolo, dans la force de l’âge
Azienda Agricola Antoniolo – Gattinara – 2004
La robe claire montre de beaux reflets tuilés qui gagnent vers le centre du disque.
Le nez allie générosité, noblesse et complexité : des épices, un fruité patiné, du menthol, du bois précieux, c’est beau !
La bouche a atteint un équilibre magnifique, avec une chair savoureuse, des saveurs abouties, un toucher satiné, de l’ampleur, de la fraîcheur et de la longueur.
Excellent
On me souffle que ce domaine produit deux cuvées encore plus ambitieuses. En tout cas celle-ci est parfaitement à point !
Poderi Aldo Conterno – Barolo Bussia – Cicala – 2005
D’intensité moyenne, le nez offre de beaux fruits noirs teintés de notes balsamiques.
La bouche est large, avec du coffre, une matière encore imposante renforcée par des tanins solides. L’élevage est aussi présent mais la finale plus en finesse laisse présager un avenir radieux pour ce vin de grande noblesse.
Très Bien ++
Décidément, les trois paires étaient à chaque fois constituées d’un premier vin jouant sur l’élégance et d’un deuxième sur la puissance, un peu trop jeune mais lui permettant d’aller encore plus loin.
Arnaud avait en fait ouvert une autre bouteille, d’un cépage donnant a priori des vins moins corsés. Il avait donc prévu de le boire seul et en premier… Mais après l’avoir goûté, il a décidé de le servir en dernier !
Azienda Agricola Mascarello Giuseppe e Figlio – Barbera d’Alba – Scudetto – 2013
La robe sombre parait encore assez jeune, avec quelques reflets violacés.
Primesautier, très présent et chaleureux, le nez exhale des fruits noirs empreints d’arômes lactiques.
La bouche puissante et crémeuse (mais c’est de la crème double !) développe une aromatique fatigante avec une sensation sucraillonne, et en même temps une acidité pénétrante et dissociée : énorme contraste !
Bien + quand même car il y a du vin, trop ?
Et voici des fromages de compétition : un Appenzell et un comté de 33 mois.
Paire de vins jaunes
Domaine des Marnes Blanches – Côtes du Jura – Vin Jaune – 2012
La robe se pare d’un vieil or clair.
Le nez puissant délivre un message intéressant, avec du céleri et des épices (curry), mais quasiment pas de noix, ainsi que des notes moins attendues de fumée et de tourbe.
La bouche associe rondeur et tension, saveurs épicées et florales, élégance et allonge.
Très Bien ++
Domaine Stéphane Tissot – Arbois – Vin Jaune – Les Bruyères – 2014
La robe est très proche, d’un vieil or clair, mais aux tonalités légèrement rosées.
Très intense et fin, le nez exhale une aromatique de noix et d’épices variées.
C’est en bouche que ce vin passe dans la division supérieure ; grasse, concentrée, noble, dotée d’un grand volume et d’une vivacité sous-jacente mais structurante qui l’allonge.
Ce vin associe l’aromatique d’un vin jaune à la structure d’un grand vin blanc.
Excellent
Pour finir et accompagner la superbe tarte aux pommes de Vivien, nappée de confiture de myrtilles, un sucre… allemand, bien sûr !
Weingut Bürgerspital zum HL Geist – Würzburger Abstleite – Riesling Auslese – Franken – 1993
La robe claire se teinte d’un bel ambre.
Puissant et complexe, le nez déploie des arômes exotiques, de citron, d’orange et de menthe.
La bouche épurée et subtile présente une extrême finesse, tant en saveurs qu’en sucrosité. Avenante et gourmande, elle est mobilisée par une belle acidité et dure suffisamment pour apprécier son raffinement.De manière étonnante, c’est sur le dessert que la matière se révèle.
Très Bien ++
Un très grand merci à Arnaud pour son accueil, le très beau plat et son rôle de MC !
Concernant la dégustation, je ne suis pas sûr que les réfractaires aux blancs du Languedoc (et du Sud en général) aient changé leur point de vue.
Et une confirmation que l’Italie est un très grand pays de rouges, avec souvent des vins de grande garde, certains de la série s’étant révélés trop jeunes.
A bientôt les amis !
Jean-Loup