Le quotidien romand 24H (je crois du samedi 29 mars) a consacré un article sur une dégustation de vins chiliens fait par quelques experts locaux (des producteurs et spécialistes).
C'est court et cela ne permet pas vraiment à l'amateur de vins d'en apprendre beaucoup plus sur la viniculture du pays andin, si ce n'est l'histoire de la résurection du Carmenère.
L'auteur et les intervenants font du Chili viticole un portrait, ma fois assez juste, d'un pays où l'on produit "des vins d'oenologue et non des vins de vigneron". Il rajoute "Bonne qualité générale mais dont on se lasse rapidement", point sur lequel je suis en désaccord (mais chacun ses goûts !)
Là ou l'article me dérange plus, c'est sur certaines phrases spécifiques. Morceaux choisis:
"Ces vins sont des produits de climat et de cépage, mais pas de terroirs" .... si le climat et le cépage ne sont pas partie intégrante du terroir, alors qu'en reste-t'il ?
"L'exportation exige de forts rendements donc nous vaut des vins standards" .... faux, les rendements ne sont pas plus haut au Chili que dans les autres pays et à niveau de gamme égal. Ce qui change c'est la surface de production.
"Le Chili produit des vins de masse, pourtant de petits producteurs y vinifient encore des vins de premier ordre" .... c'est en fait le contraire. Le Chili se sort petit-à -petit de sa production de masse pour les basses couches de la population et recherche l'innovation, le plaisir et la qualité via de nouveaux domaines qui privilégient la qualité sur la tradition.
"Ces vins manquent de structure et sont trop boisés" .... alors la, je ne sais pas comment il fait car s'il y a une chose que les vins chiliens ont, c'est de la structure (certaines fois trop en fait) et les amateurs ont reconnu depuis quelques années que l'autilisation de bois neuf s'est assagit et est nettement mieux intégrée au service du vin. On n'a pas du boire les mêmes vins ...
"Les goûts mentholés sont nombreux, ils plaisent au public mais ne sauraient convaincre nos professionnels" .... on se contredit ! Le mentholé des vins du Maipo est amené par des plantations d'eucalyptus qui font partie du paysage et qui confèrent aux vins ce côté empyreumatique .... ça fait partie du terroir ....
"Le nombre de goûts de bouchon a été important" .... marrant car en 2 ans, je suis tombé sur moins de 5 bouteilles bouchonnées. Il faut je crois regarder les conditions de stockage en Suisse dans les super-marchés pour trouver un début de réponse (ce que l'auteur suggère toutefois).
"Les rouges manquent de charme, issu de vignes trop jeunes et accusant souvent des sucres résiduels" .... je ne vais pas mettre ma main au feu (Vincent m'acheverait vu que je suis pas vigneron mais simple consommateur), mais je crois fortement que l'auteur et le panel de dégustation a été incapbale de faire la différence entre vin caractérisé par sa douceur du fait de l'ensoleillement, du fruit ultra-mûr et du haut degré alcoolique et sucre résiduel ....
Last but not least, les vins dégustés sont tous dans une fourchette de prix entre 6 et 15 francs suisses .... et donc, bien entendu, quasiment tous des vins de type "variétal", bas de gamme, sans passage en barrique et dont le but est effectivement de satisfaire les masses.
Alors messieurs les journalistes, si vous voulez faire une dégustation de vins bas de gamme pour évaluer ce segment de marché, allez-y. Mais ne prétendez-pas vous faire une image de la scène viticole d'un pays seulement en dégustant ce qui s'y fait de moins bien et de moins original. Est-ce que j'irais dire que les vins du L&R sont déplorables ..... car après avoir bu 3 vins du pays d'Oc acheté en linéaire et 2 rosés qui m'ont troué le ventre, j'en déduit que rien de bon ne se fait ......
C'est fou le nombre d'abbérations que l'on peut trouver dans un si petit article.
C'était la séquence coup de gueule ....
Saludos,
Anthony