Les vins ont été servis à température idéale, soit légèrement frais. Ils ont été présentés par séries de deux, étiquettes découvertes. L’ordre des CR reflète l’ordre de service des vins.
Nous avons ensuite eu l’occasion de revenir sur les vins au cours du repas et d’observer leur évolution à l’air et au réchauffement.
J’ai ramené quelques fonds de bouteilles avec moi et les ai regoûtés sur deux jours.
Saumur-Champigny, Les Clos Maurice 2005 , Maurice Hardoin
Robe soutenue qui annonce le fruit, que l’on retrouve au nez, associé à des notes animales. La bouche, de corps moyen, nous offre un fruit gourmand et mûr, sur une structure tannique fine et souple. La finale est un peu abrupte. Un vin très agréable pour son fruit, mais sans réelle complexité ou profondeur.
Chinon, Les Varennes du Grand Clos 2005, Charles Joguet
Nez de réglisse, de fumée, de fruits noirs, de violette, de viande, sur légères notes boisées. A l’ouverture, nous nous étions demandés si ce vin n’avait pas un léger bouchon. En général, quand on se pose la question, c’est que le vin est bouchonné mais j’ai emporté le reste de la bouteille chez moi et je l’ai dégusté sur deux jours sans déceler la moindre impureté.
Le vin s’exprime au palais avec beaucoup de race et de fraîcheur : tonique, frais, racé, sur une colonne vertébrale minérale, serrée et d’une belle vivacité. Il associe une noblesse austère à la séduction de la matière fruitée et des tannins mûrs. La structure est dynamique et la matière goûteuse. Belle finale, vive et persistante, sur des tannins fermes, sans rusticité.
Peu flatteur et d’accès difficile, c’est à mon avis une très belle bouteille qui avait été un peu mise sous l’éteignoir dans la dégustation en série par des vins plus denses à l’élevage plus flatteur. Un vin de race qu’il faut aller chercher.
Chinon, l’Huisserie 2005, Philippet et Claude Alliet
Robe intense et soutenue. Très beau nez, puissant, intense, sur les fruits noirs et des notes de suie et de fumée, de réglisse, de chocolat. En bouche, la puissance ne concède rien à l’harmonie. La trame est serrée, la matière concentrée, veloutée, pleine et profonde, sur un sillon minéral qui tient l’ensemble, jusque dans la belle finale. L’élevage est parfaitement intégré. Beau vin racé qui a convaincu l’assemblée.
Chinon, Clos Guillot 2005, Bernard et Mathieu Baudry
Nez fruité, touche très fraîche (menthol ?). Bouche plutôt souple, bien dessinée, sur le fruit. Finale tonique et d’une longueur que n’annonçait pas la bouche. Très joli vin, moins dense et plein que les plus impressionnants de la série, mais d’un équilibre d’école.
Chinon, Clos Marie 2005, Pascal Lambert
Superbe nez, étoffé et complexe, regorgeant de fruit mûr, sur des nuances de réglisse,
Bouche dense, aux tannins mûrs, moins explosive et dense que L’Huisserie, elle développe une remarquable dynamique en milieu et en fin de bouche, où les tannins racés confinent à la sécheresse, sans jamais succomber à l’astringence.
Chinon, Les Varennes du Grand Clos 2003 (Franc de pied), Charles Joguet
Nez déroutant, difficile à cerner, dans lequel on perçoit de beaux arômes de fruits.
Bouche séduisante, sur des tannins fins et une belle expressivité. Le fruit est déjà un peu évolué. Beaucoup d’équilibre et de fraîcheur dans ce vin suave.
Chinon, Le Coteau de Noiré 2003, Philippe et Claude Alliet
Superbe nez complexe, aux notes fumées qui ne sont pas sans évoquer un Pessac. L’élevage est encore perceptible. Bouche suave, aux tannins fins et enrobés. Beaucoup de goût, d’équilibre, une fraîcheur inattendue, même si le fruit est déjà un peu évolué. Si les tannins ne trahissent pas le millésime, la matière apporte une sensation de confit et de maturité qui évoquent un millésime solaire. Le toucher est suave, mais la matière manque un peu d’équilibre. Finale longue et goûteuse. Le caractère Bordelais de ce vin étonne. Certes, le cépage et le millésime y sont probablement pour quelque chose….à moins que ce ne soit l’élevage
Chinon, La Croix Boissée 2003, Bernard et Mathieu Baudry
Ce vin affiche un bel équilibre et beaucoup de naturel. C’est dense, puissant, sapide, avec pas mal de fraîcheur. A l’inverse du Coteau de Noiré de la même année, aux très beaux tannins, mais trahis par sa matière, ce Baudry a une très belle matière, mais ce sont les tannins un peu secs en finale qui trahissent le millésime
Saumur-Champigny, Domaine de Villeneuve, Le Grand Clos 2005, Jean-Pierre Chevallier
Nez marqué par la barrique neuve, où l’on retrouve des nuances de fruits noirs et de poivron rouge. Belle construction en bouche, très expressive et équilibrée, aux tannins intégrés. Il n’y a rien à redire à ce vin, c’est de la belle ouvrage, mais je le trouve personnellement un peu stéréotypé et linéaire.
Saumur-Champigny, La Marginale 2003, Thierry Germain
Très très beau nez construit autour de notes fruitées et fumées et présentant une réelle complexité. Superbe. La finale est crayeuse, un peu abrupte, sur des tannins encore un peu sauvages, mais l’évolution caléidoscopique du vin au nez et en bouche apportent un complexité et une profondeur qui signent le grand vin.
Saumur, Château de Fosse-Sèche, Clef de voûte 2004, Guillaume Keller
Le nez est d’emblée peu expressif. Très original, sur des notes d’herbe médicinales. La bouche est plus fluide que sur les 2005, mais quelle minéralité ! L’ensemble est encore un peu brut de décoffrage, mais la texture serrée, séveuse et nerveuse, impressionne par sa dynamique. Au premier verre, je n’ai pas aimé, mais peu à peu, j’ai perçu les qualités de cette bouteille qui se situe aux antipodes des vins flatteurs et stéréotypés. A mon avis, c’est un très beau vin, mais il faut se donner la peine de prendre le temps de le comprendre (et éviter, dans la mesure du possible, de le servir à côté de 2005). Je pense qu’il peut faire merveille à table.
Chinon, Le Coteau de Noiré 2005, Philippe et Claude Alliet
Nez puissant, sur un boisé ostentatoire. Ca me fait penser à un Pavie de la Loire (cela dit sans aucune connotation péjorative). En effet, si le bois est flatteur, il participe à la composition d’un très beau bouquet, associant fruits noirs, minéral et une touche balsamique. C’est franchement beau et ça pourrait évoquer un Pessac ou un grand italien, mais on regrette aussi une touche internationale qui doit rendre difficile à situer ce vin à l’aveugle.
Le boisé est un peu toasté, sans excès, mais le vin à du répondant. La bouche est de velours, sur des tannins enrobés dans une matière veloutée, onctueuse. L’ensemble est très goûteux, dense et puissant, sur une trame minérale. La finale est longue, regorgeant de petits fruits et de cerise noire. Un vin impressionnant, qui manque un peu de buvabilité à mon goût. Il m’a séduit au premier contact mais à la longue, je l’ai trouvé un peu fatiguant. Cela dit, j’en mettrais bien quelques bouteilles en cave
Chinon, La Croix Boissée 2005, Bernard et Mathieu Baudry
Robe très soutenue. Nez frais, fruits mûr mais frais (baies des bois, mélisse, touche de végétal), fleurs. Un bouquet de raisin fermenté aux antipodes de celui du vin qui précédait (et qui me plaît tout autant., voire plus car il a l’avantage de l’originalité) Et surtout, il donne soif
Bouche équilibrée, fruit mûr et frais, sans la rondeur suave du Noiré, tannins serrés, toucher velouté, grande noblesse dans le style et l’expression. Suave et racé. Sa densité et sa puissance ne l’empêchent pas de rester frais. Longue finale tonique qui explose de fruits.
Chinon, Coteau de Noiré 1996
Très beau nez, complexe, déjà marqué par de très belles notes tertiaires, sur le tabac, le jus de viande, le fruit confituré, avec une tension sous jacente apportée par des tannins de caractère sertis dans une trame serrée et fine. On retrouve en bouche la belle palette aromatique du nez, sur une bel équilibre, de la densité sans lourdeur, de la buvabilité et une très belle finale, bien dessinée, sur les petits fruits et la réglisse. Un régal.
Coteaux du Layon Rablay, Domaine des Sablonnettes, J. Ménard, Les Erables 1996,
Magnifique nez de liquoreux, fruits exotiques, mangue, abricot, sensation de botrytis. Bouche très équilibrée, sans lourdeur, mais après le nez, j’attendais un peu plus de puissance et d’explosivité. Belle bouteille tout de même.
Merci à Melake pour cette soirée très instructive et ces remarquables bouteilles.
Yves Zermatten