Quelques membres du bureau d’Amphores avaient eu la chance de rencontrer Guillaume Sorbe dans son chai en mars 2020. L’idée d’en faire profiter les membres du club était donc naturelle et cela a pu se faire le 8 février dernier.
Il a présenté en détail son domaine et sa philosophie, ce qui a été fort apprécié. Mais je ne reprendrai dans ce CR que ce que je n’avais pas déjà rapporté
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Guillaume Sorbe loue au total 17 ha à Reuilly et Quincy, même s’il n’en exploite que 6 ha pour la vigne, ce qui lui permet de créer peu à peu un espace de polyculture – élevage, avec des espaces en friche, un verger, des ruches, des chevaux, des poules et des moutons !
Bien entendu le lieu avait été choisi pour ses qualités de terroir pour la vigne, avec notamment le Coteau de Chéry, ses argilo-calcaires mêlés aux marnes et sa pente à 80 % (« on ne monte pas en courant et on descend doucement »).
Il lui a fallu aménager le paysage, en enlevant 15 à 20 t de cailloux par an à la main, mais en protégeant la nature, par exemple en conservant un beau cormier centenaire.
Six personnes travaillent en moyenne sur l’année au domaine.
Les vinifications sont naturelles, sans apport de technique, avec seulement un accompagnement et une surveillance. La fermentation alcoolique totale est systématiquement recherchée pour faciliter la stabilisation des vins.
Les temps d’élevage ont augmenté au cours de ces trois dernières années et devraient maintenant se stabiliser.
En fait tous les choix à la vigne et en cave sont faits en gardant sa devise en tête : « Moins mais Mieux ». Cela n’a pas empêché ce qui était évoqué il y a trois ans : la perte des appellations Quincy et Reuilly, en raison d’un manque de typicité (par rapport aux autres) et d’une administration tatillonne.
Touraine – Le S – 2020
Le vin est issu d’une association avec un vigneron dont les vignes se situent près de Saint-Aignan.
La vendange est faite à la machine, les rendements sont de 50 hl/ha, la fermentation alcoolique est lancée vers 15 – 16 °C.
La robe est bien pâle.
Intense et très pur, le nez offre du pamplemousse teinté d’une belle floralité, pour un ensemble très engageant.
La bouche est dans la lignée, développant avec beaucoup de finesse une aromatique aérienne. L’acidité lui procure un profil ciselé jusqu’à une finale savoureuse, où les agrumes ressortent, de longueur satisfaisante.
Bien ++ / Très Bien pour ce vin simple mais d’une efficacité et d’une buvabilité redoutables.
Pouilly-Fumé – 2020
Le terroir ne comprend pas de silex, ¼ du vin est élevé en fûts neufs, mais de 300 ou 400 l et rincés pour ne pas trop le marquer.
La robe est de couleur paille.
Le nez d’une belle intensité est plus orienté vers les fruits blancs et les fleurs, agrémenté de quelques touches d’agrumes et d’anis.
La bouche présente une silhouette plus ronde, avec une matière crayeuse qui a du fond et dotée d’une aromatique apaisée. Une bonne vivacité allonge la finale qui fait preuve d’une certaine salinité.
Très Bien pour ce vin qui n'a pas la même qualité d'évidence mais qui est doté d’une certaine personnalité.
Les deux fleurons du domaine arrivent ensuite, toujours en monocépage sauvignon, avec des rendements très constants même si les conditions climatiques sont différentes, autour de 42 hl/ha, et des vendanges effectuées à la main.
Il n’y a pas de refroidissement après pressurage et les fermentations sont donc lancées vers 20 °C. Les élevages durent un an par parcelle en fûts neufs, puis deux ans en masse en cuves (avec de l’azote injecté pour chasser l’oxygène).
Argos – Vin de France – 2018
Les vignes sont situées sur les villages de Quincy et de Brinay, avec un sol composé d'argiles, de limons, de sables et de graves alluvionnaires.
La robe de couleur paille est habillée de reflets verdâtres.
Très intense, le nez exhale d’abord des arômes grillés puis des fruits blancs, de la menthe, des agrumes bien mûrs, ainsi qu’une note vanillée.
La bouche présente un bel équilibre qui repose sur un trépied solide : chair, tension et aromatique. La matière est mûre sans excès d’alcool, dotée d’une bonne densité, avec une finale longue et effilée plus marquée par l’acidité.
Très Bien +
Orphée – Vin de France – 2018
Les vignes de Reuilly sont situées sur un sol comprenant plus de marnes et d’argiles.
L’or clair de la robe est bien brillant.
D’une grande intensité et très classieux par sa sensation crayeuse, le nez montre une belle complexité avec des fruits blancs, des agrumes et de la réglisse.
La bouche parfaitement construite présente aussi un équilibre parfait, chaque paramètre bénéficiant d’une intensité plus grande, avec notamment plus de volume et de sève. La finale de grande persistance est très précise et elevée par une fine salinité.
Très Bien ++ pour ce très beau vin !
Toison d’Or – Vin de France – 2018
Le pinot gris est répandu à Reuilly, pour faire du rosé.
Mais Guillaume Sorbe n’apprécie pas trop le rosé et il a donc décidé de le vinifier en blanc.
La robe présente un or clair.
Le nez d’intensité moyenne, flatteur mais peu complexe, propose des fruits jaunes et de légers accents fumés.
La bouche se montre pleine et confortable, d’une aromatique plus présente qu’au nez, mais avec un niveau d’acidité minimum, surtout quand on le compare à celui des vins précédents. La finale manque aussi d’un peu de peps mais elle est relancée par des épices et de fins amers.
Bien ++ et donc je ne suis pas fan mais ce vin a été servi un peu plus chaud que les autres, alors que son cépage l’accepte sans doute moins.
Odyssée – Vin de France – 2018
C’est le seul rouge du domaine, de monocépage pinot noir, issu de vignes situées sur le secteur de Reuilly.
Les rendements sont faibles, entre 25 et 30 hl/ha, et l’élevage a été allongé à deux ans.
La robe est assez sombre, en tout cas pour un pinot noir, et pas brillante.
Le nez intense et séducteur explore la gamme des petits fruits rouges, avec de la framboise, de la groseille, de la cerise et de la fraise, tout en évoquant également un univers floral.
La bouche adopte un profil droit et long. Elle est dotée d’une grande vivacité et d’un fruité moins expressif en rétro-olfaction mais très pur. La finale de belle persistance se déploie en élégance.
Très Bien (+) et un bel avenir devant lui !
Un grand merci à Guillaume Sorbe pour cette magnifique dégustation, agrémentée d’explications qui nous ont fait vivre la création puis l’expansion du domaine et toucher du doigt la philosophie qui l’anime.
Jean-Loup