A moi de donner quelques impressions.
L’ambiance fut bien plus amicale que technique, et ce n’est pas plus mal.
Mes notes se sont donc trouvées un peu éparses, peu aidées en cela par mon arrivée tardive charge de travail oblige (c’est aussi mon excuse d’être le seul en costume ).
Mais mes comparses (Freddy (Clément) ; Olivier (Huggy) ; Jean-Pierre et Pascal) absorbés qu’ils étaient par la « performance » française à l’écran j’ai pu rattraper le temps perdu.
(Bon j’arrête là l’ironie contre l’équipe de football tricolore et ses supporters, car comme on me l’a fait remarquer, battre l’Espagne c’est tip top alors que se faire battre par l’Ukraine c’est moins bien…).
1ère série les “VINS ROUGES DIVERS“ :
Je goûte les 3iers rapidement afin de rattraper mes comparses qui m’ont patiemment attendus mesmérisés qu'ils sont par le petit écran.
Les bouteilles sont déjà ouvertes depuis 5 heures sauf la dernière de la série que j’ai apportée et qui sera goûtée par tout le monde après avoir été débouchée une 40aine de minutes auparavant.
Ils sont bus à l’aveugle.
1. Marcel Richaud, Cotes du Rhône Village “Ebrescade 1996“ :
Robe : Sombre
Nez : petits fruits noirs un peu éteint. Pointe kirschée.
Bouche : une entrée douce avec une pointe un peu alcoolisée. Le fruit noir est présent avec un petit côté Porto sans pour autant pouvoir parler de madérisation car la trame se montre loin de présenter des saveurs cuites ni même confiturées.
Vraiment un petit vin agréable surtout pour quelques euros seulement.
2. Gauby, Côtes du Roussillon “Calcinaire 2004“ :
Robe : Sombre
Nez : fruits cuits (pruneau, figue), graphite.
Bouche : Agréable attaque harmonieuse, sur le fruit noir avec un petit côté chaleureux qui me réveille des papilles fatiguées par ma journée. Un joli grain, mais rien de transcendant ni dans la nuance, ni dans la finale. Pour autant sur le moment c’est là encore joli et on l’imagine sans peine avec un bon petit plat.
N’est-ce pas ce que l’on demande à un vin après-tout ?
Puis Jean-Pierre, me presse de goûter un vin carafé depuis plusieurs heures et qu’il me présente comme son coup de cœur du moment.
3. Olivier Bernstein, “Mas de la Deveze 2004“ :
Robe :Prune
Nez :Un peu mûre sans tomber dans le fruit confit.
[b[Bouche :[/b]Elle est plutôt fraîche et fruitée, avec une jolie longueur et une petite acidité qui sous-tend une jolie finale. Jean-Pierre a raison d’aimer ce vin qui s’il n’est pas fait de dentelle a une vraie profondeur.
4. Guigal, Côte Rôtie “La Mouline 2000“ :
Robe : D’un rubis soutenu.
Nez : Epices, bourgeon de cassis, fruits mûrs.
Bouche : De la mâche et un grain perceptible qui roule avec suavité sur la langue. C’est très équilibré et plein de matière, mais manque de longueur. On décèle de jolies nuances, mais sans l’amplitude que l’on souhaiterait. C’est étrange cette impression de sentir physiquement sur le palais les ingrédients d’un grand vin presque en 3 dimension, tout en ne le trouvant pas totalement expressif.
En fait le vin est un peu froid, camouflé par de l’aluminium, la bouteille ne s’est pas suffisamment réchauffée depuis sa sortie de cave.
Puisqu’il est déjà très très prometteur, nous la laissons une fois découverte pour le dîner 2 heures plus tard.
2H plus tard : Le vin est toujours aussi nuancé et bien moins comprimé. Il n’est pas si sudiste, l’alcool et la chaleur étant tout à fait maîtrisés au profit de jolis notes fruitées, de schiste et d’épices discrètes. De là à le trouver typiquement Côte-rôtie il y a un pas. On ne le trouve pas totalement 100% syrah (de la grenache s’est-elle glissée ?). Quoi qu’il en soit, pour ma 1ère découverte de ce mythique (et souvent décrié) cru, je dois remercier la personne qui m’a offerte cette très belle bouteille.
Millésime récent, mais tout à fait mûr tout en laissant supposer par sa longue aération qu’il tiendra parfaitement les années qui viennent.
Nous passons à la 2nde série “LES MEDOC 2001“ :
Là encore bus à l’aveugle.
1. Château Millet 2001 (un Grave) :
Robe : Moins soutenue que les précédents vins, plus rubis clair, quelque peu évoluée.
Nez : Assez peu expressif, fruits noirs discrets, craie, tabac un peu humide.
Bouche : Désaltérant, léger sans être fluet. L’attaque est ronde. Le vin est plutôt fruité et doucement tannique. Un peu anguleux, mais la trame reste serrée.
Le vin est plaisant, sans surextraction. Il souffre juste d’un déséquilibre en fin de bouche et d’une finale peu soutenue.
Sur le moment nous le trouvons tous plus qu’honnête, plutôt même moyen ++.
Il a tout de même ce côté Bordeaux, qui lui donne le minimum de complexité pour laisser présager un bon moment (surtout à 6€ comme nous l’indique Jean-Pierre).
Je le trouve étonnament prêt à boire pour un vin d’à peine 5 ans.
2. Sirène de Giscours 2001 :
Robe : Elle est soutenu quoique présentant un léger disque évolué (mais le vin est ouvert depuis longtemps).
Nez : Pas très expressif. A l’aération il délivre des notes légèrement empyreumatiques, du kirsch, une pointe briochée, une très légère nuance épicée et terreuse.
Bouche : Attaque un peu stricte. Le vin est plus complexe que le précédent avec des tanins serrés. Puis le milieu se fait plus soutenu avec des saveurs grillées et torréfiées et du fruit noir. La longueur est plaisante, mais je suis bizarrement moins séduit par le goût de ce vin, qui offre pourtant plus de matière, que par celui du précédent.
Il pâtit d’une finale légèrement amère et alcooleuse.
Nous pensions que cette dureté le plaçait en « simple » appellation Médoc, et nous sommes surpris de découvrir un Margaux.
3. Château Giscours 2001 :
Robe : Jeune, rubis avec des reflets lumineux.
Nez : Baies noires et rouges, du cuir et un peu de cèdre.
Bouche : L’attaque est pulpeuse et équilibrée, avec du fruit noir et une certaine minéralité. Les tannins sont présents et joliment enrobés. Il y a une jolie trame sur un petit fond poivré, mais je trouve les saveurs un brin rigides et comprimées tout en délivrant une honnête longueur. Le vin pêche par un petit creux en milieu de bouche relevé par une finale bien plus fraîche et fruitée.
Je sens que j’ai affaire à un cran qualitatif supérieur, mais je reste sur ma faim.
Lorsque l’étiquette est dévoilée je suis un peu déçu ayant mieux goûté ce vin lors de sa sortie.
Mais je reste confiant car on sent de la réserve.
4. Chateau Lafon Rochet 2001 :
Robe : Très sombre et profonde, avec de jolis éclairs.
Nez : Assez fermé. A l’aération une pointe de groseille et de mûre sur un fond de graphite.
Bouche : Je suis surpris par une forte présence de poivron, que d’autres ne trouvent pas. Fort heureusement il s’estompe rapidement laissant place à un vin tannique et juteux. Très sapide, le vin est équilibré et complexe. Malgré une virilité certaine il délivre de la nuance. Il devrait offrir de magnifiques dégustation dans quelques années.
Nous sommes très surpris (et déçus en bien cette fois) en découvrant l’identité de ce vin.
Nous décidons comme avec la Mouline de lui laisser le privilège d’être regoûter tout au long de la soirée et pendant le repas.
Souvent médiocrement noté nous le verrons évoluer ici avec grand plaisir.
5. Château Beychevelle 2001 :
Robe : Rubis sans trace d’évolution.
Nez : Fortement sur l’épice et le graphite.
Bouche : Suave et assez ronde. Des tanins malgré tout présents, mais sans déséquilibre sur le fruit noir et le cuir.
Je le trouve un brin moins vivant que le Lafon Rochet. Il est peut-être aussi plus fatigué par sa très (trop ?) longue aération.
Une jolie longueur finale sur l’épice et le fruit mûr velouté ponctue convenablement le tout.
Je pense à un Saint-Julien et pour une rare fois je ne me trompe pas.
6. Château Léoville-Barton 2001 :
Robe : Presque noire avec des éclairs rubis lumineux.
Nez : Assez muet, mais à l’aération du kirsch et des épices font enfin surface.
Bouche : L’attaque est veloutée, mais peu expressive. Puis le vin se développe par strates relativement viriles, mais goûteuses. Là encore mon aluminium a fait des merveilles dans cette soirée estivale. Le vin est frais, un peu trop et ne permet de déceler toutes ses nuances
Il faut encore l’attendre un peu. C’est ce que nous ferons.
Il sera bien mieux disant, mais tout en étant aristocratique et suave je le trouve tout de même fermé.
7. Château Pape-Clément 2001 :
Robe : Pourpre profond.
Nez : Un bouquet parfumé sur un éventail allant des petits fruits noirs, au tabac et au schiste, en passant par un très discret fumé et même une pointe crémeuse hypnotique.
Bouche : Elle est tout simplement lyrique. Des tanins enrobés délivrant un véritable velours gustatif sur la langue. Les saveurs se déploient sur un nuancier très abouti. C’est mûr, plein, avec une finale longue et veloutée.
Quelle présence et quel plaisir !
Juste avant de commencer le repas (il doit déjà être 23 heures) et entre quelques saveurs libanaises (agneau, poulet, épinard, fromage) nous nous apprêtons à goûter la bonne cuisine de Jean-Pierre avec les quelques vins qu’il nous tarde de regoûter encore et encore.
Juste avant Pascal nous passe son rouge « pirate », un Bordeaux dit-il, mais pas un 2001 :
8. Château Citran 1995 :
Robe : Très évoluée avec un disque tirant sur le marron.
Nez : Des notes de fruits noirs, légèrement confiturés ainsi que de fortes notes tertiaires de terre et de champignon, mais pas trop fortes ni écoeurantes.
Bouche : Le vin est plus léger que ces derniers prédécesseurs. Il a encore des choses à dire, mais est plus simplet avec un côté subtilement, mais objectivement madérisé.
Ce n’est pas désagréable et repose même les papilles.
Le repas très plaisant basé en entrée sur les produits de la mer nous permet de lancer la dégustation de la
3e série, les BLANCS SECS :
1. Jean-Louis Chave, “Hermitage Blanc 1998” :
Robe :Claire et luisante.
Nez :Un 1er nez sur l’alcool et l’anis avec un petit côté savagnin trompeur. Puis l’amande et les épices prennent le pas.
Bouche :Elle est onctueuse et un poil chaleureuse. Mais très équilibrée et profonde.
C’est la première fois que je goûte un Hermitage blanc de chez Chave et je ne suis pas déçu. C’est un cadeau de la même personne qui m’a offert La Mouline que je suis heureux de partager avec ce petit groupe ce soir. Je dois avouer que cette personne a du goût.
Cette fois, nous trouvons le vin un peu chaud et nous le remettons au frais pour en profiter plus tard.
½ heure plus tard la trame est toujours serrée sur des notes de cumin, de fleurs, d’amande et même une petite pointe de curry qui s’estompe au profit d’agrumes confits. C’est ample, même puissant et de grande longueur. J’aime beaucoup tout comme Huggy et Clément. Jean-Pierre est moins à la fête n’aimant pas ce type de vin tout simplement.
En respirant sur 2 heures le nectar offre de plus en plus.
Un vin blanc aussi viril que complexe bâti pour la durée.
2. Bruno Sorg, “Riesling GC Pfersigberg 1995” :
Robe : Jaune pâle, sans trace d’évolution.
Nez : Amande, agrume, craie, à peine une pointe pétrolée.
Bouche : Attaque fraîche et précise. J’ai l’impression d’un pinot gris pas trop extrait.
Pas de faille dans ce vin excessivement agréable sans sucre résiduel, ni perlant dérangeant.
Le vin est minéral, avec de jolis notes florale sous-tendu par une fine acidité équilibré et non parasitaire.
La finale n’est pas somptueuse, mais le liquide laisse une impression très suave en bouche.
C’est loin d’être le plus beau et complexe Riesling, mais c’est une très beau vin blanc de 10 ans d’âge frais et loin d’être simple. Son acidité maîtrisée arrivait à point nommé à ce moment de la dégustation.
Il s’est parfaitement marié avec les Saint-Jacques.
3. Mittnacht Klack, “ Riesling GC Schoenenbourg 2001” :
Robe :
Nez :
Bouche : Je ne retrouve plus mes notes……….. (sic)
Nous passons au plat principal, l’épaule d’agneau à la lavande que Jean-Pierre a porté vers nos assiettes de main de maître.
C’est le moment privilégié de retourner vers le Lafon-Rochet, le Léoville-Barton, le Pape-Clément et La Mouline. Ils tiendront leurs promesses révélés par plus d’air et le relais des plats. Nous ne sommes que 5, il reste donc beaucoup de vin. Cela tombe bien, car gourmand, et surtout n’aimant pas gâcher je sors les lamelles de poulet et d’agneau grillés libanais subtilisés lors de ma dernière réunion
. Ce n’est pas à la hauteur de la cuisine maison de Jean-Pierre, mais une fois ses bons petits plats engloutis
nous n’avons plus le choix
.
Donc jusqu’à 4h du matin nous aurons l’occasion de revenir vers les plats, les sujets de discussion, et les vins.
4e et dernière série LES LIQUOREUX :
1. Thévenet, ”Botritys 2001” :
Robe : Or scintillant
Nez : Rôti, florale, trace d’abricot et d’agrume. C’est tout simplement alléchant. C’est une prouesse après tout ce que nous avons goûté (plats inclus).
Bouche : L’entrée est équilibrée et très fraîche. Pas la moindre trace de pourriture grise. Pendant une demi seconde on a presque l’impression d’avoir un Beaume de Venise, et très vite on part sur un côté ¼ de Chaume. La bouteille porte bien son nom. Un grand botrytis très liquoreux et d’une grande délicatesse.
Jean-Pierre nous apprend qu’il s’agit d’un vin qu’il a trouvé au salon du vin bio.
Cette ½ bouteille est chère 30€, mais quel nectar ! Un plaisir, parfaitement équilibré et sans fausse note.
2. Patrick Beaudouin, ”Coteaux du Layon SGN 1999” :
Robe : Ambrée, mais lumineuse.
Nez : Sur le miel et l’abricot.
Bouche : Moins exotique et hypnotique que la bouteille précédente. C’est un liquoreux agréable, mais moins pur et précis qu’il serait souhaitable (un peu de pourriture grise ?). Il est déjà 2h du matin, et le sucre résiduel paraît quelque peu lourd. Le vin est certes harmonieux, mais la finale donne une impression un peu trop extraite.
Un SGN un peu « jusqu’au boutiste » qui sans tomber dans les excès sucrés que la Loire produit parfois pâtit de l’aspect aérien du vin précédent.
Peu mieux faire.
Jean-Pierre nous indique qu’il souhaitait en réalité nous faire goûter une autre cuvée bien plus prometteuse dont je ne me rappelle pas du nom.
Une glace à la vanille et aux herbes aromatiques (MAISON des mains de Jean-Pierre
) sur fond de tarte fine aux pommes ponctue magistralement la fin de soirée.
Voilà une soirée simple et magnifique passée en toute convivialité en espérant que nous avons laissé les lieux suffisamment propres pour que l’épouse de Jean-Pierre ne l’expulse pas le lendemain.
Soulignons encore une fois la grande générosité de notre hôte, qui à non seulement sorti pour nous beaucoup de bouteilles, mais qui également n'a pas été avare de son temps pour nous sustenter avec goût et savoir-faire
A refaire absolument.